• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE IMPLANTAIRE

4. Suprastructures implantaires en PAEK

4.1. Piliers implantaires en PAEK

4.1.1. Piliers de cicatrisation

Depuis de nombreuses années, les piliers de cicatrisation en titane représentaient le

« gold standard ». Aujourd’hui, l’arrivée des Polymères Hautes Performances peut offrir une alternative.

Il avait été prouvé que les sillons péri-implantaires étaient colonisés par les bactéries, parfois par des agents pathogènes du parodonte, 15 jours après la pose du pilier implantaire. (Berglundh et coll., 1991)

Une étude a testé la biocompatibilité des piliers de cicatrisation en PEEK et comparé l’adhésion bactérienne à la surface des piliers et au niveau du sillon péri-implantaire, par rapport aux piliers en titane. Pour ce faire, les patients de l’étude ont été pourvus d’un pilier en PEEK et d’un pilier en titane (figure 62). Des échantillons ont été prélevés à l’aide de pointe de papier autour de chaque pilier. Puis, une méthode par PCR en temps réel permet de détecter la présence de pathogènes parodontaux et quantifier ainsi la charge bactérienne totale. Les résultats de cette étude ne montrent pas de différence significative entre les deux matériaux, statistiquement parlant. Les auteurs supportent donc l’idée de poursuivre les recherches sur l’utilisation du PEEK en tant que pilier de cicatrisation. (Volpe et coll., 2008)

Figure 62 : Photographie montrant un pilier de cicatrisation en PEEK (gauche) et un en titane (droite). (Source : Volpe et coll., 2008)

Une seconde étude clinique a évalué la réponse tissulaire du parodonte aux piliers de cicatrisation sur une période de 3 mois. Seize patients, ayant au-moins une dent absente en secteur postérieur ou canine maxillaire ou mandibulaire, ont été inclus.

a) b)

Figure 63 : a) Vue occlusale des piliers de cicatrisation en PEEK à trois mois. b) Radiographie à trois mois. (Source : Koutouzis et coll., 2011)

a) b)

Figure 64 : a) Vue occlusale de pilier de cicatrisation en titane à trois mois. b) Radiographie à trois mois. (Source : Koutouzis et coll., 2011)

Les patients ont été éduqués à l’hygiène buccale avec un protocole identique à respecter. Des mesures, de plaque dentaire, de saignement au sondage et de profondeur de sondage, ont été réalisées deux semaines et trois mois après la pose des piliers. Les résultats n’ont montré aucune différence significative entre les matériaux. Les auteurs en ont donc conclu que l’utilisation du PEEK pour la fabrication des piliers de cicatrisation implantaire « n’augmente pas le risque de perte osseuse ou de récession gingivales lors de la période de cicatrisation » par rapport au titane.

(Koutouzis et coll., 2011)

4.1.2. Piliers provisoires

Ces pièces supra-implantaires peuvent être modifiées afin d’y sceller une prothèse provisoire. Disponibles en PEEK et en PEKK depuis quelques années déjà dans le commerce, la biocompatibilité de ces matériaux est la principale cause de leur utilisation en implantologie. En effet, cela permet de minimiser les risques de réponse inflammatoire des tissus mous autour du dispositif implantaire encore en période de cicatrisation. Cependant, leurs propriétés mécaniques et l’usure de ces matériaux sont encore remises en cause.

Santing et coll ont évalué la résistance à la fracture des couronnes en résine vissées sur trois types de piliers provisoires différents, un en PEEK et deux autres en titane.

Chacun de ces piliers a été testé en zone esthétique au niveau de 11, 12, 13 et 14.

D’après les résultats de cette étude in-vitro, il semblerait que la résistance à la fracture des couronnes vissées sur les piliers en PEEK n’ait été significativement plus faible qu’au niveau de l’incisive centrale, environ 95 N pour le pilier en PEEK et 785 N à 1009 N pour les piliers en titane. Pour les autres localisations, la résistance à la fracture était statistiquement similaire entre les matériaux. (Santing et coll., 2012)

Les fabricants mettent à disposition des praticiens des piliers préfabriqués en PEEK ou en PEKK (figure 65 et 66). Dotés d’une base en titane, ces piliers sont disponibles à diverses tailles et angulations. Ils sont modifiables avec une mise en œuvre assez simple et un résultat esthétique satisfaisant pour un coût raisonnable. (Tetelman et Babbush, 2008) Cependant, leur utilisation peut être restreinte en fonction de la difficulté du cas clinique (profil d’émergence des tissus mous et épaisseur du parodonte…). Afin de parer à ces éventualités, des piliers personnalisés sont également envisageables. Sur une base en titane, les piliers sont sculptés en cire puis pressé en PEEK ou en PEKK pour un meilleur maintien des tissus mous ainsi qu’un meilleur aspect esthétique (figure 66). (Gobert, 2013b)

Figure 65 : Schémas d’un pilier préfabriqué (gauche) et d’un pilier personnalisé (droite). (Source : Gobert, 2013b)

a)

b)

Figure 66 : a) Piliers préfabriqués selon la taille et l’angulation en BioHPP®. b) Pilier personnalisé doté d’une base en titane, après une céroplastie le pilier en BioHPP® est pressé. (Source : Bredent, 2013)

Dans la littérature scientifique, quelques cas cliniques présentent également des piliers implantaires d’usage en PEEK.

Pour l’heure, il est également possible de procéder par une technique d’usinage CFAO pour la fabrication de pilier personnalisé en PAEK. Après scannage et modélisation de l’élément, une machine à usiner réalisera le processus de Fabrication Assistée par Ordinateur (FAO) afin d’obtenir une pièce entièrement sur mesure (figure 67). (Gerard, 2015)

a)

b) c)

Figure 67 : a et b) Modélisation de piliers personnalisés en PEEK BioHPP® par procédé CAO. c) Obtention des piliers personnalisés en BioHPP® usinés par le procédé FAO. (Source : Gerard, 2015)

4.1.3. Cas cliniques

• Piliers préfabriqués en PEEK

Une femme de 73 ans ayant une fracture radiculaire de l’incisive latérale droite (12) bénéficie d’une chirurgie implantaire (figure 68a). Après quoi, une vis de cicatrisation est placée, puis la patiente est dirigée vers son chirurgien-dentiste pour procéder à la fabrication d’une restauration provisoire. La vis de cicatrisation est ensuite retirée afin d’y placer un pilier préfabriqué en PEEK (figure 68b) et procéder au début de sa préparation ; à l’aide d’une fraise diamantée et d’une irrigation abondante, le praticien procède à la réduction occlusale et établit grossièrement le niveau de finition cervicale et des parois proximales (figure 69a). Pour réaliser les finitions du pilier, ce dernier est

Une fois le pilier fini et poli, il est une nouvelle placée sur l’implant pour contrôler l’ajustage et faire d’éventuelles retouches. Puis le praticien procède à l’élaboration de la couronne provisoire. L’accès à la vis est bouché à l’aide d’une boulette de coton, le pilier est recouvert de vaseline afin de faciliter le retrait de la couronne provisoire et finalement la résine de rebasage est placée dans la couronne provisoire et mis en place sur le pilier. Après la prise du matériau, le tout est retiré de l’implant, puis retouché, ajusté et parfaitement poli, avant la remise en place définitive pour la période de cicatrisation. Un réglage occlusal minutieux est primordial afin d’éliminer tous les contacts prématurés et latéraux s’exerçant sur la couronne. Cette dernière est enfin scellée à l’aide d’un ciment provisoire (figure 69b). L’élimination de tout débris de résine ou de ciment est contrôlée minutieusement. Durant quatre mois, la patiente s’est présentée à plusieurs contrôles mensuels afin d’évaluer la stabilité de la restauration. (Tetelman et Babbush, 2008)

Ce cas clinique est un exemple d’utilisation du PEEK pour l’usage d’un pilier préfabriqué lors d’une mise en esthétique immédiate.

a)

b)

Figure 68 : a) Photographie pré-opératoire avec une fracture de 12. b) Vue vestibulaire après la mise en place du pilier préfabriqué en PEEK. (Source : Tetelman et Babbush, 2008)

a)

b)

Figure 69 : a) Vue vestibulaire lors de la préparation du pilier. b) Photographie du résultat final avec la couronne provisoire en place. (Source : Tetelman et Babbush, 2008)

• Pilier personnalisé en PEKK

Le patient a subi un traumatisme sur les incisives centrales maxillaires. Après une fracture radiculaire de 21, celle-ci a été extraite et après cicatrisation un implant a été posé. La 11 quant à elle peut être conservée mais la fracture impose de la couronner.

Un pilier personnalisé en PEKK est fabriqué pour la 21. Pour cela, une céroplastie est réalisée sur la base en titane sur le maître modèle en plâtre (figure 70a). Le titane a été préalablement sablé pour garantir une bonne adhésion au Pekkton®. Puis en suivant rigoureusement les recommandations du fabricant, le pilier modelé est pressé (figure 70b). Le pilier est ensuite sablé et poli avant de réaliser les couronnes provisoires à l’aide de facettes en résine composite. Le pilier est vissé sur l’implant et

L’empreinte définitive sera réalisée par la suite pour la fabrication de deux couronnes céramo-céramiques. Dans ce cas clinique, le pilier personnalisé en PEKK est utilisé comme pilier provisoire et d’usage (figure 72).

Il semblerait que la réponse tissulaire au matériau Pekkton® soit très favorable pour la cicatrisation et « l’intégration » gingivale à la restauration. (Gobert, 2013b)

a)

b)

Figure 70 : a) Céroplastie du pilier sur sa base en titane. b) Pilier en cire sur sa tige de coulée à gauche, et pilier personnalisé en Pekkton après pressée. (Source : Gobert, 2013b)

a)

b)

Figure 71 : a) Photographie vue vestibulaire après la pose du pilier. b) Vue vestibulaire après la pose des couronnes provisoires en résine composite. (Source : Gobert, 2013b)

a) b)

Figure 72 : a) Vue vestibulaire du pilier en PEKK après trois mois de « maturation » gingivale. b) Photographie prise deux mois après la pose des couronnes définitives céramo-céramiques. (Source : Gobert, 2013b)

Documents relatifs