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CONSPECTUS SIGLORUM

A (Anchin) Douai, Bibliothèque municipale, 381 C (Cluny) Edition princeps, Paris, 1522

Chr (Chronique) Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 9875

Chr2 (Chronique) Paris, Bibliothèque nationale de France, n. a. lat. 1916

Chr3 (Chronique) Paris, Bibliothèque nationale de France, n. a. lat. 1578

Clun. Bibliotheca Cluniacensis Patr. Patrologia latina

EPISTOLASICUT PRÆCIPERE LETTRESICUT PRÆCIPERE

EPISTOLASICUT PRÆCIPERE

B.H.L.6789.

Sources.—A(1v) ;C(ã2v).

Editions.—B.C.col. 604 [607] ;P.L.col. 47.

Bibliographie.—Citation extensive par E. R. Curtius,La littérature européenne..., p. 626, sur l’anonymat des œuvres ; autre citation par P. Klopsch, « Anonymität... », p. 20 ; brève mention dans le même sens par P. Bourgain, « La poésie à Cluny... », p. 557.

LETTRE DE PIERRE DE POITIERS AU SEIGNEUR PIERRE, VÉNÉRABLE ABBÉ DE CLUNY

À mon seigneur vénérable et à mon père très tendre Pierre, abbé de la sainte Eglise de Cluny, Pierre de Poitiers, pécheur et moine sans force, l’expression de mon amour fi-lial dans le Christ.

Ainsi qu’il vous a plus de le commander, père très aimant, ces petits vers que jadis, dans ma jeunesse, au temps où vous me tirâtes de l’abîme de misère et de la boue profonde1, je composai à la louange du Créateur tout-puissant, de qui vous tenez tout bien, et à la vôtre, à présent j’ai fini par les éditer après correction, et je les ai copiés à leur place, en tête de vos lettres. J’ai ajouté au même endroit vos propres vers par lesquels vous confondîtes puissamment la barbarie brute de nos adversaires ; vos vers ont beau faire pâlir de leur or coruscant le pauvre éclat de mon argent, ils plaisent pourtant beaucoup à mon âme, parce que c’est comme si contre nos ennemis ils tenaient un glaive dégainé.

Si quelqu’un se scandalise à mon égard de ce que j’aie osé intituler quelque chose de mon nom et le placer en tête de vos ouvrages, qu’il sache que je l’ai fait non par une mienne présomption mais par votre prescription, à laquelle je crois

1. VoirNotes complémentaires, p. 345.

EPISTOLA PETRI ·PICTAVIENSIS AD DOMNUM PETRUM VENERABILEM

ABBATEM CLUNIACENSEM

Domno venerabili et patri dulcissimo Petro, sanctæ Clu-niacensis Ecclesiæ abbati, Petrus ·Pictaviensis, peccator et infirmus monachus, filialis in Christo dilectionis affectum.

Sicut præcipere dignatus estis, pater amantissime, ver- 1

siculos illos quos olim juvenis, eo tempore quo me de luto fæcis et de lacu miseriæ eduxistis, in omnipotentis Creatoris, a quo omne bonum habetis, et vestra laude composui, nunc tandem emendatos edidi, et in capite epi- 5

stolarum vestrarum ordinate descripsi. Illos autem vestros quibus æmulorum nostrorum brutam barbariem potentissi-me confutastis ibidem apposui ; qui, licet aureo suo fulgore argenti nostri pauperculum candorem reverberent, mul-tum tamen animo meo placent, quia contra hostes nostros 10

quasi evaginatum gladium tenent. Si quis autem adver-sum me indignatur quod nomine meo aliquid intitulare et libris vestris apponere ausus fuerim, sciat hoc non mea præsumptione sed vestra, cui nefas duco contradicere,

jus-A C Clun. Patr.

Tit. (Incipitadd. A C) epistola petri pictaviensis (pictavensis A) ad domnum (dominumC) petrum (venerabilemadd. A C) abbatem cluniacensemA C Clun. Patr.||SalutatiodomnoA Clun.

Patr.: dominoC|| pictaviensisC Clun. Patr. : pictavensisA.

10 LETTRESICUT PRÆCIPERE

importun de s’opposer. Moi, je ne balance pas à exécuter vos ordres, en toutes choses comme aussi en celle-là, non par une arrogance complaisante—le Seigneur fasse qu’une telle chose soit toujours loin de moi—mais par une obéissance respectueuse, d’autant que je sais que nombre d’hommes à la religion et à l’humilité avérées se sont déjà appliqués à faire de même avec certains de leurs écrits. Je m’attache à imiter plus ceux-là, avec mon tout petit livret, que certains écri-vains contemporains qui, par je ne sais quelle défiance ou quelle impéritie, suppriment partout leur nom et donnent ainsi dans la démence des auteurs apocryphes, qui pétris-saient tout ce qu’ils faipétris-saient, rapporte-t-on, de mensonge ou d’hérésie, et, craignant la réfutation, n’inscrivirent ja-mais leur propre nom. Que personne donc ne se presse de me juger avant l’heure, mais qu’on me laisse à Dieu et à ma conscience et qu’on inscrive, si l’on y tient, Ovide sans titre1.

Or vous, père très cher, de votre petit enfant, que vous engendrâtes pour le Christ Seigneur par un second bap-tême, que Dieu tout-puissant vous fasse maintenant et pour l’éternité garder sans cesse le souvenir. Portez-vous toujours bien dans le Seigneur.

1. VoirNotes complémentaires, p. 345.

EPISTOLASICUT PRÆCIPERE 11

sione factum esse. Ego vero, cum in omnibus, tum etiam in hoc, vobis obtemperare non dubito, non arrogantiæ studio — quam semper a me longe faciat Dominus — sed obœdientiæ devotione, præsertim cum sciam multos probatæ religionis et humilitatis viros hoc idem de quibus- 5

libet scriptis suis olim studiose fecisse. Quos certe magis in hoc quantulocumque opusculo nostro imitari affecto quam quosdam nostri temporis scriptores qui, nescio qua vel cautela vel imperitia, ubique nomina sua supprimunt, incurrentes apocryphorum scriptorum vecordiam, qui, si- 10

ve de falsitate sive de hæresi quibus, ut fertur, sua omnia fermentabant, redargui fugientes, nusquam propria voca-bula prætulerunt. Non ergo me hinc aliquis ante tempus judicare festinet, sed Deo et conscientiæ meæ me dimittat, et ipse si voluerit Ovidium sine titulo scribat. Vos autem, 15

pater carissime, filioli vestri, quem Christo Domino in se-cundo baptismate genuistis, indesinenter memorem Deus omnipotens hic et in æternum custodiat. Valete semper in Domino.

19 Explicit epistolaadd. A C.

I.

<PANEGYRICUM PETRI VENERABILIS>

PANÉGYRIQUE DE PIERRE LE VÉNÉRABLE

<PANEGYRICUM PETRI VENERABILIS>

B.H.L.6789 ; Walther 14161.

Sources.—A(1v-4v) ;C(ã3-ã5v) ; et pour les vers 249-330 et 385-386,Chr(40-41v),Chr2(54v-56) etChr3(46v-48).

Editions.—B.C.col. 604 [607]-615 ;P.L.col. 47-58.

Bibliographie.—G. Lecointre-Dupont, « Notice... », cite passim lePanégyrique; J.-H. Pignot, Histoire de l’ordre de Cluny..., t. III, p. 461-462, analyse le poème ; M. Mani-tius, Geschichte der lateinischen Literatur..., t. III, p. 901-902, donne une analyse, insistant particulièrement sur l’indépendance des différentes parties du poème ; E. R. Cur-tius,La littérature européenne..., p. 201-202, le mentionne rapidement ; il cite les v. 41-42 à propos de l’idéal de briè-veté ; G. Constable,The Letters..., vol. II, app. Q, p. 331-343, le citepassim; analyse de quelques aspects par P. Bourgain,

« La poésie à Cluny... », p. 557.

I.

PANÉGYRIQUE DE PIERRE LE VÉNÉRABLE1

sa venue en aquitaine seconde, qu’on appelle aujourd’hui poitou

Battez des mains, dans votre joie riez, Clunisiens, c’est un autre Hugues qui par ses mœurs vous est rendu. Celui-là était noble, né de parents de haut lignage, tout comme, celui-ci, l’origine de ses pères le rend illustre. Celui-là brille par sa noblesse lyonnaise sur tous ceux que respecte et vé-nère la France ; celui-ci, ce sont, issus de la souche des rois de la race latine, les chefs puissants des peuples d’Auvergne

1. Sur la composition et la révision de ce poème, voir l’introduction. La rédaction de l’œuvre s’étale sur plusieurs décennies, depuis la première rencontre de Pierre de Poitiers et de Pierre le Vénérable vers 1125 jusqu’au moment de la mise en collection des œuvres de l’abbé par son secrétaire.

I.

<PANIGERICUM

PETRO VENERABILI DICTUM>

de ejus adventu ad aquitaniam secundam quæ modo pictavia dicitur

Plaudite, felices, hilarescite, Cluniacenses, Redditus est vobis moribus alter Hugo.

Nobilis ille fuit magnisque parentibus ortus, Hunc quoque præclarum reddit origo patrum.

Ille super cunctos quos excolit ac veneratur 5

Gallia Lugduni nobilitate nitet ;

Hunc Latiæ gentis regum de stirpe potentes

·Arverni populi progenuere duces.

A C Chr Chr2Chr3(tres hi codd. versus 249-330 et 385-386 tan-tum habent) Clun. Patr.

Tit. incipit panigericum ejusdem dictum viro venerabili dom-no petro cluniacensi abbati A, incipit panigericum petri pic-taviensis dictum viro clarissimo domino nostro petro abbati cluniacensi C, petri pictaviensis monachi panegyricus petro venerabili (abbati cluniacensis IX.add. Clun.) dictus in primo adventu ejus ad aquitaniam secundamClun. Patr. in capite pagi-næ, quæ hæc habent in principio carminis: incipit panegyricus ||

Rubricade ejus adventuA: in primo adventu ejusC ; Clun. Patr., vide supra|| 7 gentisA Clun.: gentesC Patr.|| 8 arverniC Clun.

Patr.: averniA.

18 PANÉGYRIQUE

qui l’ont engendré. Aux anciens poètes, il s’égale par son esprit pénétrant ; (10) égal à lui, personne ne le sera en notre temps. En prose c’est Cicéron, en vers c’est un nou-veau Virgile1, il dispute comme Aristote ou Socrate ; il égale les premiers et dépasse avec louange les seconds de ceux qui nous formèrent par leurs discours sacrés : Augustin ne dis-tingue qu’avec à peine plus de subtilité ce qui est caché, Jérôme peut à peine lui apprendre quoi que ce soit ; Gré-goire, parlant clair et charmant, ne lui apporte rien, rien non plus Ambroise avec sa rhétorique. Ce que d’un tel génie je pense, je vais le dire en bref, (20) pour ne t’être pas, Lecteur, malappris ou trop disert : musicien, astronome, arithméticien, géomètre, grammairien, rhéteur et dialecti-cien, il est tout cela. Mais maintenant je crains de ployer sous la matière, alors que je veux déclamer ses mœurs in-comparables. Dieu ! que rapporterai-je en premier ? venez à mon secours, Muses, apprenez-moi des chants dignes d’un si grand homme ! À l’esprit vif, il est rare que s’adjoigne la gravité des mœurs, et ces deux traits sont rarement as-sociés ; pour cela, je m’étonne d’autant plus que, même en ses jeunes années, (30) lumière éclatante des jeunes gens, Pierre ait et l’un et l’autre, lui dont à bon droit la jeunesse studieuse déclame la louange — et en effet la louange de notre bouche devient, comme il convient, son honneur à lui. Par le Père éternel il a été donné comme unique lu-mière au monde, sous la gouverne de laquelle les hommes puissent gagner les royaumes altiers du ciel ; en lui simplicité et prudence règnent ensemble, sobriété et pudeur sans fin ;

1. L’idée est parfaitement banale dès l’époque classique : on la trouve, un exemple parmi d’autres, chez Paulin de Nole s’adressant à Ausone,Carm.11, 38-39.

I. PANEGYRICUM 19

Vatibus antiquis æquatur acumine mentis, Par illi nostro tempore nullus erit. 10

In prosa Cicero, novus est in carmine Maro, Sicut Aristotiles disputat aut Socrates ; Æquiperat primos, superat cum laude secundos

Qui nos eloquiis edocuere sacris : Vix Augustinus subtilius abdita cernit, 15

Vix hunc Jeronimus ulla docere potest ; Nil huic Gregorius clare blandeque loquendo,

Nil huic Ambrosius rhetoricando tulit.

De tanto sensu breviter quod sentio dicam, Ne tibi sim, Lector, rusticus aut nimius : 20

Musicus, astrilogus, arimethicus et geometra, Grammaticus, rhetor et dialecticus est.

Sed jam pertimeo succumbere materiei, Mores egregios dum recitare volo.

Obsecro, quid primum referam ? succurrite, Musæ, 25

Discite de tanto carmina digna viro ! Ingenio facili gravitas accedere morum

Raro solet, nec sunt hæc duo sæpe simul ; Unde magis stupeo quod et in juvenilibus annis,

Splendida lux juvenum, Petrus utrumque tenet, 30

Cui merito laudem recitat studiosa juventus — Laus etenim proprie nostra fit ejus honor.

A Patre perpetuo datus est lux unica mundo Qua duce celsa poli regna petant homines ; Simplicitas in eo simul et prudentia regnant, 35

Jugis sobrietas atque pudicitia ;

Maxima virtutum comes illi semper adhæret,

12 aristotilesA: aristotelesC Clun. Patr.|| 19 quodA C: quid Clun. Patr. || 21 arimethicusA C Clun. : arithmeticusPatr.||

29 undeA : indeC Clun. Patr.|| 34 celsahominesA: terri-genæ (tetriterri-genæC) cælica regna petantC Clun. Patr.

le plus grand cortège des vertus lui est toujours attaché, il le conserve toujours en soi et dans son apparence. La langue ne peut rapporter combien il est en tous lieux juste (40) et combien il est idoine à toutes les charges. Il n’y a pas besoin de remplir des volumes de beaucoup de mots : il est bref et bon, le poète qui plaît ; celui, Pierre, qui aura bien loué vos actes sera un autre Virgile, un autre Homère. O doux, pa-cifique, clément, affable et apte, nul ne peut dire combien vous vous révélez bon ; que donc la vieillesse chargée d’ans nous laisse une place, sans prétendre posséder seule la règle sacrée. Jeunes âmes à la vertu robuste, venez, (50) c’est à vous, peuples saints, que revient la charge publique, c’est lui-même qui vous invite aux honneurs suprêmes que sa vie sobre lui donna dès son jeune âge. Lui, Cluny, c’est la terre d’Auvergne qui te l’a envoyé, elle par qui notre France ne possède rien de plus fécond ; bienheureuse celle qui a mérité de produire un tel fruit ! Elle a donné à plusieurs Eglises des pères, elle se révèle toujours la génitrice d’hommes illustres : c’est d’elle que t’a été donné Odilon le magnifique, c’est d’elle aussi qu’est venu le doux disciple de Julien (60) qui fut pour l’Eglise de Tours un bon chef1; les prés d’Auvergne se couvrent des fleurs de tes écrits, Sidoine, et tu étais le res-taurateur de l’ancienne langue.

1. Pierre de Poitiers fait sans doute référence à Grégoire de Tours, qui était d’origine auvergnate ; le Julien mentionné est saint Julien de Brioude, dont Grégoire ne fut pas le disciple au sens strict, bien qu’il ait résidé longtemps à Brioude et ait consacré à Julien une partie du livre II de l’In gloria martyrum.

Intus et exterius semper eam retinet.

Lingua referre nequit quam sit discretus ubique Quamque sit ad cuncta congruus officia. 40

Non est opus multis implere volumina verbis : Qui brevis et bonus est, ille poeta placet ; Cum bene, Petre, tuos aliquis laudaverit actus,

Alter Virgilius, alter Omerus erit.

Mitis, pacifice, clemens, affabilis, apte, 45

Quam bonus existas dicere nemo valet ; Præbeat ergo locum nobis annosa senectus,

Ne regimen sacrum sola tenere velit.

Robusti juvenes animi virtute, venite, Vos, populi sancti, publica cura decet, 50

Hic est ad summos qui vos invitat honores, Quos sibi primævo sobria vita dedit.

Hunc, Cluniace, tibi tellus ·Arvernica misit, Qua nichil uberius Gallia nostra tenet ; Felix, quæ tantum meruit producere fructum ! 55

Pluribus Ecclesiis edidit ipsa patres, Semper clarorum genitrix solet esse virorum :

Inde tibi datus est Odilo magnificus, Prodiit hinc etiam Juliani dulcis alumpnus

Qui bene Turonicæ præfuit Ecclesiæ ; 60

Arva tuis scriptis vernant Arverna, Sidoni, Et veteris linguæ tu reparator eras.

48 ne A : necC Clun. Patr. || 53 arvernicaC Clun. Patr. : avernicaA.

22 PANÉGYRIQUE

quand il revint pour restaurer la paix dans les monastères

Dis-moi, ô Muse, qu’y a-t-il pour que l’Aquitaine batte ainsi des mains et ne puisse plus dissimuler ses trans-ports ? Pourquoi même toi, qui naguère étais tous chagrins, chantes-tu maintenant, le visage riant, des chants de liesse ? Au temps passé, nous n’avions de goût que pour les pleurs, et nous ajoutions sans fin des larmes à nos larmes1; c’est tout ce que nous avait laissé ce saint homme, (70) qui après Dieu le Père était toute mon espérance. Peut-être la rumeur te murmure-t-elle qu’il revient ? Qu’il soit l’heureuse cause de ta liesse ; pour moi, je ne peux pas croire à un monstre de mensonge qui ne dit jamais ou presque le vrai. Mais qu’ai-je entendu ? déjà l’on dit qu’il est proche, son amour pour nous le transporte ; abandonnez vos chaînes, coupables ; Poitiers, exulte, parce qu’à présent tes murs s’éclairent ; et toi, noble demeure des faubourgs2, même si tu comptes des hérétiques et des séditieux, (80) si tu recherches la paix, Pierre, ta paix, est là ! Angériens, vous dégainez en vain vos épées, tout votre effort sera stérile ; ne savez-vous pas, misérables, pour qui vous préparez vos traits guerriers ? Il est celui que nul ne peut vaincre à la guerre. Voulez-vous savoir quelles armes sur notre chef remportent la victoire ? Rendez-vous à lui, bientôt il sera vaincu ; croyez-moi, de grâce, croyez-m’en, de grâce, compagnons, et soumettez vos nuques roides à

1. Ce vers de Pierre de Poitiers inspire visiblement Pierre le Vénérable, Carm. apol.230. D’autres parallèles peuvent se faire entre les deux poèmes : au vers 88 de Pierre de Poitiers se rapporte le v. 218 de Pierre le Vénérable, au v. 294 le v. 420, au v. 322 le v. 12, au v. 390 le v. 306 (etCarm.18, 34).

2. VoirNotes complémentaires, p. 345.

I. PANEGYRICUM 23

quando iterum pro reformanda monasteriorum pace advenit

Dic michi, Musa, quid est quod sic Aquitania plaudit Nec sua gaudia jam dissimulare potest ?

Cur etiam tu, quæ nuper mærere solebas, 65

Nunc hilari facie carmina læta canis ? Tempore transacto, solummodo flere juvabat,

Et lacrimis lacrimas addere continuas ; Has etenim solas nobis pius ille reliquit,

Qui sub Patre Deo spes mea tota fuit. 70

Hunc fortasse tibi venturum fama susurrat ? Felix lætitiæ causa sit iste tuæ,

Ast ego fallaci non possum credere monstro Quod vix aut numquam dicere vera solet.

Quid tamen audivi ? jam fertur proximus esse, 75

Portat eum pietas, ponite vincla, rei, Pictavis, exulta, quia jam tua mœnia lucent,

Tuque, suburbani nobilis aula loci, Quamvis scismaticos habeas et seditiosos,

Si pacem quæris, pax tua Petrus adest ! 80

Angeriacenses, frustra producitis enses, Omnis conatus vester inanis erit ; Nescitis, miseri, cui bellica tela paratis ?

Hic est quem bello vincere nemo potest.

Vultis scire quibus dux noster vincitur armis ? 85

Reddite vos illi, mox superatus erit ;

Credite, quæso, michi, michi credite, quæso, sodales, Vestraque dura pio subdite colla patri ;

72 isteA: istaC Clun. Patr.|| 75 quidA: quodC Clun. Patr.||

75 audiviA C Clun. : audivitPatr.|| 81 angeriacensesA Clun.

Patr.: augeriacensesC.

notre père aimant1; il viendra pacifique : ne rejetez pas la paix ! (90) Il veut réconcilier vos coupables. Est-ce ainsi que vous vous souvenez de la douceur et de l’amour qu’il mon-tra même aux frères en fuite ? Est-ce ainsi que vous vous souvenez de la doctrine spirituelle que sa langue habile vous donna si souvent ? Les joies de la fête sacrée se redoublaient quand un tel ange était notre hôte ; en ce temps, il n’y avait pas un d’entre nous pour qui sa grâce ne fût pas généreuse : un amour fervent battait dans un cœur saint, (100) qu’il donnât des biens aux bons ou prît en pitié les coupables.

Quelles louanges, Dieu très-haut, quels vœux vous rendrai-je, vous à qui il a plu de soulager ma tristesse ? Que fuient à présent les larmes, que s’apaisent les longs soupirs : Pierre est là, notre très grand salut est revenu ; vous l’envoyez de nouveau, bon Roi, aux peuples d’Aquitaine, alors que vous voulez pacifier votre Eglise. Epaulez votre serviteur, Roi très invaincu2, afin qu’il vous rapporte dans l’action de grâce des gains doublés ; il vous a plu parmi beaucoup pour être votre porte-étendard (110) et donner à vos soldats des lois civiles, pour nous instruire, nous enseigner dans la lutte que par les arts saints l’on peut vaincre les Ethiopiens3. Ainsi, conservez-le longtemps pour nous, pour qu’il attire à vos royaumes des peuples nombreux !

Etoile du matin qui rayonnez sur terre d’une lumière céleste, étendez, de grâce, votre main aimante vers mes pa-roles, acceptez, dans l’amour qui vous est habituel, les vers de votre poète, et lisez les petits poèmes d’un très petit

1. Cf. Ex. 32, 9 et Act. 7, 51.

2. VoirNotes complémentaires, p. 346.

3. Le terme d’Ethiopien est utilisé par les Pères pour désigner un homme « noir de péché », adaptant ainsi au christianisme un sens figuré déjà attesté auparavant ; ici, les

« Ethiopiens » sont plus probablement les vices eux-mêmes.

Pacificus veniet, nolite repellere pacem ! Vult iterum vestros conciliare reos. 90

Sic memores estis dulcedinis ac pietatis Quam profugis etiam fratribus exhibuit ? Sic memores estis doctrinæ spiritualis

Quam vobis totiens lingua diserta dedit ? Tunc geminata sacri fulgebant gaudia festi 95

Cum tantus nobis angelus hospes erat ; Non fuit inter nos sub eodem tempore quisquam

In quo non ejus gratia larga foret :

In quo non ejus gratia larga foret :

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