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5. CLINIQUES – SYMPTOMATOLOGIE DE LA SEP

5.3 L ES DIFFERENTES PHASES DE LA S YMPTOMATOLOGIE

5.3.1 Phase initiale

La phase initiale caractérise le commencement de la maladie. De ce fait, la variabilité inter-individuelle des symptômes y est encore plus prégnante que dans la phase d’état où la maladie étant plus installée, les symptômes communs entre les patients SEP sont plus nombreux. Dans la phase initiale, les premières manifestations cliniques sont monosymptomatiques dans 45% des cas. Si l’on classe les différents symptômes initiaux les plus fréquents, en fonction de leur fréquence d’apparition, on obtient le classement suivant :

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Troubles moteurs (≈ 40% des cas) > Troubles visuels (≈ 20% des cas) ≥ Troubles sensitifs (≈ 20% des cas) > Troubles du tronc cérébral (≈ 18% des cas) (104).

5.3.1.1 Dérèglements Moteurs

Les troubles moteurs sont ceux qui apparaissent le plus fréquemment lors d’une poussée en phase initiale (≈ 40 %). Ils sont la conséquence de l’altération de 2 voies neurologiques bien distinctes : la voie pyramidale et la voie cérébelleuse.

➢ L’altération de la voie pyramidale va entrainer un trouble moteur, qui peut être uni ou bilatéral. A cela peut s’ajouter un trouble spastique (dérèglement du tonus musculaire qui engendre des spasmes incontrôlés). Ces dérèglements se traduisent par une lourdeur et une faiblesse des membres inférieurs. La marche est altérée, les distances parcourues sont réduites, la pratique de la course à pied est grandement contrainte, voire impossible. Ces signes cliniques s’expriment avec une intensité extrêmement variable. Ils irradient plusieurs territoires et peuvent s’exprimer sous forme de paraparésie, monoparésie, hémiplégie, paraplégie (dans les formes les plus sévères).

➢ L’altération de la voie cérébelleuse cause des troubles de l’équilibre, de la coordination des mouvements, une hypotonie, et une dysarthrie (voix scandée). Cette atteinte peut s’accompagner de troubles vestibulaires causant des vertiges, nausées lors des changements de position ou rotations de la tête (104-105).

L’ensemble de ces troubles entrainent des répercussions majeures sur la qualité de vie des patients. La modification des capacités motrices entraine, à terme, une sédentarité qui, par voie de conséquence, va déclencher de nombreuses autres altérations fonctionnelles que nous verrons prochainement.

5.3.1.2 Dérèglements Oculaires (NORB)

Chez environ 20 % des patients, le premier symptôme évocateur de la SEP est un trouble visuel : la névrite optique rétrobulbaire (NORB). Elle survient chez environ 50 % des patients SEP au cours de la maladie (104).

La NORB se définit comme une baisse de l’acuité visuelle (BAV) unilatérale. Elle peut engendrer une altération du champ de vision, une dyschromatopsie d’axe rouge/vert, une altération du contraste, et une douleur oculaire ou orbitaire évoluant en quelques heures ou quelques jours. La vision des couleurs, en particulier la désaturation rouge et la vision à faible

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contraste sont les plus touchés. Cela peut se traduire chez certains patients, par l’apparition d'un « angle mort » ou d’une « tache floue » (20).

Cette anomalie visuelle résulte de l’apparition d’une plaque de démyélinisation dans une zone cérébrale affectant la fonction du nerf optique. Au cours de la poussée, dans les deux tiers des cas, l’examen du fond d’œil ne laisse transparaitre aucune anomalie visible (névrite optique rétrobulbaire). Néanmoins, dans le tiers de cas restant, on détecte un œdème papillaire, une excavation ou une pâleur papillaire (papillite) (20).

Ce signe clinique évolue, de manière générale, vers une résolution spontanément favorable, avec une rémission visuelle intervenant en moyenne dans les 3 à 6 semaines suivant la fin de la poussée (106).

5.3.1.3 Dérèglements Sensitifs

Comme nous avons pu le voir précédemment, les troubles apparaissent dès la première poussée chez environ 20 % des patients atteints de SEP. Ces dérèglements s’expriment par une sensation de picotement, de fourmillement, d'hypoesthésie pouvant aller jusqu’à l'anesthésie. Les patients se plaignent également d’une impression de ruissellement d’eau sur certaines parties du corps, accompagnée parfois d’une sensation d’étau, de vêtements trop serrés (107).

Ces troubles sensitifs peuvent provoquer des douleurs, de type décharge électrique. Le signe de Lhermitte est très caractéristique de ce type de trouble. Il se définit comme une sensation de décharge électrique de courte durée, le long de la colonne vertébrale, parfois des membres se produisant lors de la flexion du cou. Il est le reflet d’une atteinte médullaire cervicale. La réalisation d’une IRM médullaire permet d’objectiver sa présence (108).

La modification de la sensibilité profonde et/ou superficielle chez le patient SEP, va venir amplifier les difficultés motrices acquises ou futures. L’ensemble de ces dérèglements sensitifs, au même titre que les troubles moteurs et visuels, vont donc provoquer une altération progressive et non négligeable de la qualité de vie chez les patients SEP.

5.3.1.4 Dérèglements du Tronc Cérébral

Pour finir, la primo-poussée de SEP peut se caractériser par l’expression de troubles émanant du tronc cérébral. Le tronc cérébral étant une structure anatomique recouvrant un grand nombre de nerfs et d’organes. Les atteintes peuvent donc avoir de multiples localisations. Dans le cas de la SEP, ces atteintes se focalisent sur 3 cibles privilégiées :

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• L’atteinte des nerfs oculomoteurs se manifeste par une diplopie, et un nystagmus. • L’atteinte du nerf trijumeau provoque une névralgie faciale (névralgie du trijumeau)

qui doit faire évoquer le diagnostic de SEP quand elle survient chez un sujet jeune. • L'atteinte vestibulaire se caractérise par des vertiges (grand vertige rotatoire), des

nausées et des troubles de l'équilibre, comme nous avons pu le voir précédemment. (107).

Après avoir présenté les principaux troubles survenant lors de la phase initiale de la sclérose en plaque, nous allons maintenant aborder les différents dérèglements physiologiques qui surgissent et évoluent pendant la seconde phase de cette maladie : la phase d’état.

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