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1) La notion de cohésion :

La notion de cohésion apparaît tout à fait centrale pour l’étude des groupes restreints. Empruntant le vocabulaire de la physique, elle désigne la force qui maintient ensemble les molécules d’un corps, et donc, par métaphore, la liaison des individus d’un groupe. Il s’agit de « la totalité du champ des forces ayant pour effet de maintenir ensemble les membres d’un groupe et de résister aux forces de désintégration » (89).

Cette cohésion dépend d’un certain nombre de facteurs (89) : a. Des facteurs de cohésion extrinsèques :

Ce sont des facteurs de cohésion antérieurs à la formation du groupe. Nous retiendrons principalement la dépendance hiérarchique ou fonctionnelle du groupe dans un ensemble plus large (entreprise, administration), ainsi que les caractéristiques des individus (âge, sexe, profession, idéologie…). On peut souligner également que les proximités spatiale, sociale, et culturelle constituent une puissante facilitation de la cohésion groupale.

b. Des facteurs de cohésion intrinsèques :

Les facteurs de cohésion intrinsèques comprennent d’abord les facteurs socio-affectifs comme:

- le fait d’avoir un but commun

- l’attrait de l’action collective (qui peut être une source de satisfaction par elle-même au- delà d’un moyen pour atteindre le but commun)

- le sentiment d’appartenance au groupe (qui peut procurer des sentiments de puissance, de fierté ou de sécurité)

- la volonté de se réunir pour communiquer, de s’unir de quelque façon que ce soit à autrui et échapper ainsi à l’anxiété de la solitude

- le jeu d’affinités personnelles : l’attachement d’un individu à un groupe peut, en effet, venir de sympathies électives à l’égard de certains membres

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- la satisfaction de certains besoins personnels (comme les désirs de domination ou de dépendance, les pulsions agressives, le désir de prestige, ou le désir d’être reconnu…)

L’ensemble de ces facteurs socio-affectifs déterminent les processus d’identification des membres à leur groupe et l’intensité du sentiment de « nous ». Poussé à son plus haut niveau, ce sentiment peut conduire à une vision du groupe comme valeur transcendante et absolue et expliquer les sacrifices personnels dont certains sujets sont capables, ainsi que les phénomènes de fanatisme.

Les facteurs de cohésion intrinsèques comprennent également les facteurs socio- opératoires comme:

- la distribution et l’articulation des rôles (qui dépendent des activités du groupe et des aptitudes de chacun)

- la conduite du groupe et le mode de leadership : il semble, en effet, qu’aucune opération de productivité (matérielle ou intellectuelle) ne puisse s’effectuer sans un rôle prééminent de chef ou de moniteur du groupe. Nous reviendrons ultérieurement sur la notion de leader et de leadership.

2) La notion de conformisation/déviance :

La notion de « conformisation » se traduit par la présence, ou l’émergence, dans le groupe, de normes et de modèles collectifs spécifiques. Il apparaît des uniformités dans les conduites, les opinions, les sentiments et même dans le langage des membres d’un même groupe (89).

On considère comme « conduite déviante » toute conduite qui s’écarte des normes, depuis celle du fantaisiste jusqu’à celle du criminel. Les déviations ne se réfèrent pas simplement à toute variation dans les conduites, mais à des variations qui se situent en dehors du champ des conduites tolérées couramment par le groupe pour telle ou telle norme. Si les déviants refusent toute concession, ils sont, en général, isolés, sanctionnés et finalement expulsés du groupe. Il arrive des situations où le déviant entraîne avec lui un courant minoritaire actif qui contribue à la dévaluation des normes et qui formule des propositions, certains changements d’opinions

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puis de conduites. Le déviant peut alors devenir leader et son courant majoritaire, ce qui engendre un nouveau conformisme, par phénomène d’emprise ou de routinisation (89).

3) Fonctionnement dynamique des groupes restreints :

On peut concevoir qu’un groupe, pour être efficace, utilise deux types « d’énergie » : une énergie pour atteindre ses objectifs (qui se doivent d’être attractifs) et une énergie utilisée par le groupe pour assurer sa régulation et le maintien de la cohésion. Pour qu’un groupe reste efficace, il est nécessaire que celui-ci ne dépense pas trop d’énergie à maintenir à tout prix sa cohésion, ce qui laisserait moins d’énergie pour progresser vers ses objectifs. Il y aura alors blocage du groupe et risque d’éclatement pour celui-ci (85).

Enfin, pour qu’un groupe fonctionne, il est nécessaire que s’y instaurent des communications efficaces et satisfaisantes.

4) La communication :

Le terme de communication désigne l’ensemble des processus physiques et psychologiques par lesquels s’effectue l’opération de mise en relation des personnes en vue d’atteindre certains objectifs (85).

Les individus qui communiquent sont caractérisés par leur histoire personnelle. L’aptitude à communiquer sera d’autant plus grande que les interlocuteurs partageront le même univers symbolique et les mêmes cadres de référence (85). Selon les termes d’Anzieu, de « l’homogénéité du groupe » dépendra l’efficacité des communications et donc la pérennisation du groupe (101).

La taille du groupe semble avoir aussi un impact sur l’efficacité des communications. Tout d’abord, un groupe de discussion exige la présence d’au moins trois personnes et un maximum de 12 à 15 personnes. Les groupes de 3 à 6 individus semblent être les plus adaptés pour la résolution de problème(s). Les groupes de 12 personnes, eux, semblent plus appropriés à un échange varié d’idées, opinions et informations sur un problème général (85).

101 5) Les conflits dans le groupe :

La dynamique de groupe est souvent marquée par l’apparition de conflits. Certains apparaissent au grand jour, tandis que d’autres demeurent latents, exerçant alors une influence paralysante sur le groupe. Les conflits se distinguent selon leur nature. Ils peuvent être substantiels, c’est-à-dire en rapport avec une opposition intellectuelle entre les participants du groupe quant au contenu de la discussion. Ou alors les conflits peuvent être affectifs (entre personnes), de nature émotionnelle, en rapport avec les luttes interpersonnelles tendant à favoriser telle ou telle décision. Souvent, des conflits en l’apparence substantiels masquent très adroitement des conflits affectifs où, parfois, même les personnes concernées ne sont pas conscientes de leur implication émotionnelle dans de tels conflits (85).

6) Les facteurs d’harmonie dans le groupe :

Plusieurs facteurs peuvent limiter les situations de conflit en amenant dans le groupe une certaine harmonie ainsi qu’un sentiment d’épanouissement. Parmi eux, nous pouvons citer la confiance réciproque, la tolérance, l’estime, la sympathie, le respect des opinions des autres, la volonté de coopération, l’appui réciproque, l’acceptation des critiques, le tact, la solidarité, la connaissance et la perception explicite des buts du groupe… Tous ces éléments contribuent à constituer une défense conte les angoisses persécutives et dépressives des membres (85).

7) Le leader et les types de leadership :

a. Définition du leader :

Le leader d’un groupe apparaît comme étant le membre du groupe exerçant la plus forte influence. Celui-ci a une double fonction : socio-opératoire et socio-affective. La première concerne la poursuite des buts et la réalisation des tâches propres au groupe. Quant à la fonction socio-affective, elle permet le maintien d’une activité efficace grâce au climat psychologique qui règne au sein du groupe, son « moral ». Ce climat dépend notamment des relations qui se tissent entre les différents membres (89).

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A cet égard, le leader va réaliser plusieurs types d’interventions (89) :

- les interventions visant la stimulation et le soutien du groupe en incitant les membres à participer au maximum, ainsi que la sécurisation du groupe dans les cas où des tensions apparaissent entre les membres

- les interventions visant la facilitation sociale en rétablissant les processus de communication entre les participants, notamment par la recherche d’un langage commun, par l’expression des inquiétudes et des points de vue

- les interventions visant l’évaluation des processus de groupe en appréciant, par exemple, l’évolution des niveaux de satisfaction ou d’insatisfaction individuelles et collectives, ou, en cas de conflit, en en repérant les sources afin d’en faciliter l’issue.

b. Les modes de leadership :

En tenant compte des conduites du leader vis-à-vis des membres du groupe, une classification des types de leadership peut être proposée (89) :

- Le type autoritaire : visant à influencer autrui directement et par pression externe. Il comprend les chefs dits « autocratiques » qui s’imposent par intimidation et sanction sans se préoccuper des réactions d’autrui, et les chefs dits « paternalistes » désirant à la fois être obéis, respectés et même aimés

- Le type coopératif : consistant à associer autrui aux prises de décisions. La distance entre le leader et les autres membres est beaucoup moins grande.

- Le type manœuvrier : consistant à influencer autrui indirectement et si possible à son insu.

- Le type élucidateur : visant à mettre le groupe en situation de décider collectivement après une prise de conscience de ses problèmes et processus. Cette attitude exerce une influence catalytique en facilitant la mise en œuvre des ressources internes du groupe. Elle se rattache à l’attitude dite « non-directive » préconisée en psychothérapie par Rogers.

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- Le type laisser-faire : constituant une sorte de démission d’autorité par un chef pourvu d’un statut nominal et qui se désintéresse de l’activité du groupe ou se laisse déborder par lui