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Chapitre 4 : Évaluation de la canalisation spatiale du taux de survie adulte chez

3. Perspectives

3.1. Modélisation populationnelle

L’aboutissement ultime de cette thèse aurait pu être l’utilisation d’un modèle populationnelle afin de formaliser la relation inverse entre élasticité et variations des paramètres démographiques. Cependant, il n’a pas été possible d’arriver jusqu’à cette étape. L’utilisation d’un modèle matriciel intégrant les nouvelles estimations des paramètres démographiques pourrait permettre de réévaluer l’élasticité d’eux et ainsi, le lien prédit par la théorie de la canalisation serait testé dans un cadre plus robuste.

3.2. Canalisation du taux de survie et pression de chasse

Suite aux résultats de nos différentes analyses, nous avons estimé un taux de survie adulte constant dans le temps, indiquant très peu de variation dans ce paramètre. Cependant, nous avons noté une diminution du taux de survie des femelles adultes avec collier entre les périodes avant et après la mise en place des mesures de conservation (augmentation des quotas de chasses et instauration d’une chasse au printemps à partir de l'hiver 1998-1999, Giroux et al. 1998). La diminution observée dans notre étude correspond à l’impact des mesures de chasse observé par Calvert & Gauthier (2005). La chasse est une source de mortalité additive chez les adultes de la grande oie des neiges (Gauthier et al. 2001, Calvert & Gauthier 2005, Juillet 2011). Il serait donc intéressant de voir si une canalisation du taux de survie adulte contre la pression de chasse serait possible. Même s’il est courant de penser que la réponse évolutive pourrait être à long-terme (Gamelon et al. 2011), il serait possible de voir apparaitre un tel processus évolutif à la même échelle temporelle que le processus écologique (Pemberton 2010). L’estimation de la variation de ce paramètre démographique selon différentes pression de chasse permettrait d’évaluer cette canalisation.

3.3. Étude de la canalisation dans un contexte de changement climatique

Les changements climatiques pourraient entrainer un décalage de l’aire de distribution des espèces en direction des pôles (Jensen et al. 2008). Ces modifications pourraient entrainer un déclin des populations spécialisées du haut- Arctique selon la capacité de réponse des espèces à ces changements. Sous la théorie de la canalisation pour les espèces longévives, le taux de survie adulte a

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évolué afin d’être peu sensible aux variations environnementales. Cependant, dans un contexte de changement global, les variations pourraient être de grande ampleur en Arctique (augmentation de témpérature de +3 à +6 °C, modification de l'habitat, Kaplan & New 2006). Due à la vitesse de ces changements (prédictions à l’horizon 2050), il est possible qu’une canalisation des paramètres démographiques ne corresponde plus à l’optimum pour la population de grande oie des neiges. L’étude des relations entre variables climatiques et paramètres démographiques ainsi que des interactions trophiques devrait permettre d’appréhender les réponses théoriques et réelles de la population à ces changements et voir si une évolution de la variabilité des paramètres démographiques est à prévoir.

3.4. Études des stratégies reproductives chez la grande oie des neiges

Le chapitre 2 de la présente thèse a permis de mettre à jour des coûts de reproduction et l’existence potentielle de stratégies différentes de reproduction. Il pourrait donc s’avérer utile de développer un modèle prenant en compte ces stratégies. La mise en place d’un tel modèle pourrait se faire en combinant notre modèle multi-évènement à un modèle à effet mémoire, i.e. permettant l’estimation de transition entre t et t+1 en fonction de l’état des individus à t et t-1 (Brownie et al. 1993). Une étude statistique préliminaire de ce modèle en termes d’identifiabilité des paramètres et de robustesse serait toutefois nécessaire avant de songer à l’appliquer aux données de la grande oie des neiges ou d’autres espèces.

3.5. Développement et comparaison de modèles pour l’estimation de la probabilité de nicher

Dans le chapitre 2 de cette thèse, nous avions pour but d’estimer la probabilité de nicher. À cette fin, nous avons développé un modèle multi-évènement basé sur l’échantillonnage du design robuste dans un cadre de multi-évènement avec utilisation d’un état non-observable. Ce modèle nous a permis d’estimer la probabilité des individus d’aller sur la colonie reproductrice, tout en permettant à ces individus de partir de la colonie en cas d’échec de nidification. Ce modèle a permis de s’affranchir de l’hypothèse de population fermée, entre la nidification et le baguage, inhérent au design robuste (Pollock 1982, Kendall et al. 1997), et nous a permis d’utiliser toute l’information disponible pendant l’été, contrairement au modèle multi- état (Pradel 2005). Une seconde étape importante de validation de cette approche serait de la confronter aux approches classiques évoquées ci-dessus à partir de

129 données simulées et/ou réelles afin d’estimer les biais, les forces et désavantages de chacune de ces approches.

Ce modèle développé dans le chapitre 2 utilise les données de capture- recapture des individus marqués à la fois avec une bague à la patte et un collier autour du cou. La marque secondaire sur le cou permet une identification à distance sans capture physique de l’individu. Cependant, différentes études ont montré l’effet négatif des colliers sur les probabilités de reproduction (Schmutz & Morse 2000, Reed et al. 2005). Développer le modèle afin d’intégrer les individus ayant seulement une bague de métal pourrait permettre d’étudier la probabilité de nicher des individus sans biais lié au type de marqueur reçu. De même, l’intégration de la perte de collier (Juillet et al. 2011) dans ce modèle permettrait de réduire encore les biais existants.

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