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NUTRITIONNELLES ET SANITAIRES DES

Chapitre 3. Analyse descriptive des paramètres de reproduction et des variables nutritionnelles et sanitaires des vaches

1. Les performances de reproduction

L’étude descriptive vise à établir les paramètres de la distribution des principales variables étudiées (paramètres de reproduction, état corporel, dosages biochimiques, enregistrements sanitaires) et à décrire leurs profils d’évolution sur la période allant

du tarissement au 150ème jour de lactation. Elle permettra de comparer les résultats

obtenus à la Réunion avec ceux d’autres études et d’orienter les analyses statistiques ultérieures. Elle fournira également des éléments de discussion dans l’appréciation d’éventuelles conséquences différées sur les paramètres de reproduction.

Le tableau de données initial regroupe les 1690 lactations ayant démarré (vêlage)

entre le 1er juillet 1999 et le 30 juin 2001, dans les 22 élevages suivis. Le Tableau 3-1

présente la distribution des lactations par race et par rang de lactation. Les animaux de race « Holstein » (n=964) et « Croisé Holstein » (n=141) d’une part, et Brunes des Alpes (n=89) et Normandes (n=11) d’autre part ont été regroupés dans les classes « Holstein » et « Mixte », respectivement. Les lactations des animaux de race mixte sont peu nombreux (8.4 % des lactations totales). Les premières lactations représentent 25.1% des lactations totales.

Tableau 3-1 : répartition des lactations par race et rang de lactation.

Rang de lactation

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13

Holstein 395 341 279 194 122 91 63 31 17 7 3 2 3 Mixte 30 28 22 8 9 9 10 9 7 6 4 0 0

1.1. Les performances de reproduction

Les performances de reproduction bovines sont généralement décrites par une batterie d’indicateurs complémentaires entre eux, et ayant chacun leurs intérêts et leurs limites. On distingue généralement les indicateurs de la fertilité des indicateurs de la fécondité. La fertilité est un paramètre physiologique qui représente l’aptitude d’une femelle à être fécondée lors de la mise à la reproduction. Au niveau individuel, elle est appréciée par le rang de l’insémination fécondante alors qu’au niveau d’un troupeau ou d’un groupe d’animaux, elle est estimée par le taux de réussite de l’insémination première et/ou la proportion de fécondations obtenues après au moins 3 tentatives. La fécondité représente l’aptitude d’une femelle à être fécondée dans un certain délai et se mesure par les intervalles vêlage - insémination première et vêlage - insémination fécondante [Seegers, Malher, 1996; Thibier, Goffaux, 1986; Vallet, Paccard, 1984]. Ces intervalles sont généralement considérés comme des mesures optimistes et sont généralement complétés par les proportions de vaches présentant

un intervalle vêlage - insémination première et vêlage - insémination fécondante supérieur à 60 et à 110 jours respectivement. Les intervalles entre interventions successives sont plus rarement utilisés. Ils permettent d’estimer la fréquence des mortalités embryonnaires tardives [Humblot, 1986a; Seegers, Malher, 1996].

Le Tableau 3-2 liste les abréviations qui seront utilisées dans la suite de ce document.

Tableau 3-2 : signification des abréviations utilisées

Critère Abréviation

Intervention (insémination artificielle ou saillie) I

Insémination artificielle IA

Intervention première I1

Taux de réussite de l’intervention première TRI1

Taux de réussite de l’insémination artificielle première TRIA1

Taux de réussite des interventions (tous rangs confondus) TRI

Taux de réussite des inséminations artificielles (tous rang confondus) TRIA

Rang de l’intervention fécondante RIf

Intervalle vêlage – première ovulation VO1

Intervalle vêlage – premier oestrus VQ1

Intervalle vêlage – intervention première VI1

Intervalle vêlage – intervention fécondante VIf

Non fécondation NF

Mortalité embryonnaire précoce MEP

Non fécondation + mortalité embryonnaire précoce NF-MEP

Mortalité embryonnaire tardive MET

1.1.1. Définition et limites des indicateurs de reproduction 1.1.1.1. Les indicateurs de fertilité

Le taux de réussite de l’intervention première (TRI1) est un des critères les plus utilisés dans les études sur la reproduction bovine. Il se calcule par le rapport entre le nombre d’inséminations premières réussies sur le nombre total d’inséminations premières effectuées. Il est considéré comme un des meilleurs indicateurs de la fonction de reproduction [Nebel, McGilliard, 1993]. Toutefois, de nombreux facteurs peuvent affecter ce critère : une qualité insuffisante des gamètes mâles (dilution du sperme, lieu de dépose de la semence) ou femelles (défaut de synchronisation entre ovulation et insémination), un environnement utérin inadéquat (mortalité embryonnaire), ou une détection des chaleurs erronée.

Sa principale limite réside dans l’appréciation de la réussite de la fécondation. En effet, en l’absence de retour en chaleur, la réussite d’une insémination peut être confirmée par différentes méthodes et à différents stades après

l’insémination (dosage de progestérone dans le sang ou le lait au 24ème j

post-insémination, dosage de PSPB sanguin ou échographie à partir du 30ème j

post-insémination et palpation rectale au delà de 45-60 j post-post-insémination) [Grimard et al., 2002; Humblot, 1991]. Dans tous les cas, un retour en chaleur signe l’absence de gestation alors que la survenue d’un vêlage dans un intervalle de temps compatible avec la durée de gestation confirme la fécondation. Une insémination peut aussi être considérée comme « réussie » par défaut si aucune chaleur n’a été détectée au cours des deux ou trois mois postérieurs à sa réalisation. En fonction du stade de diagnostic de la fertilité, le TRI1 peut donc inclure ou non des cas d’interruption précoce de gestation. Dans notre étude, nous avons choisi de nous approcher du sens généralement donné par l’éleveur et nous avons considéré comme réussie toute insémination suivie d’un vêlage ou d’une gestation avancée (supérieure à 3 mois) pour laquelle on dispose d’un diagnostic de certitude (dosage de PSPB et/ou palpation rectale). Ainsi, dans notre étude, une insémination suivie d’une mortalité embryonnaire tardive est comptabilisée dans les échecs alors qu’une insémination suivie d’un avortement clinique est considérée comme réussie. Il faut noter que le TRI1 est également très dépendant de l’intervalle VI1 [Seegers, Malher, 1996].

Chez les femelles fécondées, le rang moyen de l’insémination fécondante traduit directement la durée de la période de mise à la reproduction. La proportion de fécondations obtenues après au moins 3 interventions est le rapport du nombre de

fécondation de rang ≥ 3 sur le nombre total de fécondations. Ces 2 indicateurs sont

sensibles à la politique de réforme appliquée par l’éleveur. En effet, seuls les animaux fécondés sont pris en compte. Comme le risque de réforme des animaux non fécondés après au moins 3 tentatives est supérieur à celui des animaux fécondés, une partie des animaux qui auraient été fécondés après au moins 3 tentatives (s’ils n’avaient pas été réformés) sont soustraits du calcul. De plus, comme pour le TRI1, ce critère suppose une connaissance des critères retenus pour définir l’insémination fécondante.

1.1.1.2. Les indicateurs de fécondité

L’intervalle entre le vêlage et la reprise d’une activité ovarienne cyclique (ou intervalle

vêlage-1ère ovulation) est le critère le mieux adapté à l’étude de l’anoestrus

postpartum. Toutefois, il suppose des mesures rarement envisageables en exploitations (dosage de progestérone dans le lait tous les 3 jours, détection et enregistrement systématique des premières chaleurs). L’intervalle VI1 est donc souvent le seul critère disponible pour approcher la durée de l’anoestrus postpartum sur le terrain. Il n’est cependant pas totalement superposable à l’intervalle

vêlage-1ère ovulation et son interprétation reste délicate. En effet, il présente l’inconvénient

majeur d’être très dépendant des pratiques de l’éleveur. La longueur de l’intervalle VI1 dépend de la qualité de la détection des chaleurs par l’éleveur et/ou de la mise en œuvre de traitements hormonaux chez les animaux en anoestrus postpartum. De plus, certains éleveurs peuvent volontairement différer la remise à la reproduction des vaches fortes productrices, malades ou trop maigres. L’intervalle VI1 ne permet donc pas de distinguer à lui seul le statut reproductif de l’animal des pratiques de l’éleveur. Lors de suivi en conditions d’élevage, Seegers et Malher [1996]

recommandent de « renverser » cet intervalle en calculant la proportion de vaches non encore inséminées après x jours.

L’intervalle VIf ne prend en compte que les femelles fécondées. Il est le résultat de la combinaison de plusieurs paramètres, l’intervalle VI1, le taux de réussite de l’I1 et le nombre de retours en chaleurs. C’est un indicateur considéré comme exagérément optimiste en cas de pratique systématisée d’un diagnostic précoce de gestation [Seegers, Malher, 1996]. Des intervalles très longs pour quelques animaux peuvent fausser la moyenne du troupeau (d’où l’utilisation fréquence de la moyenne géométrique). Comme pour VI1, il est recommandé de calculer la proportion de vaches non encore gestantes à x jours. L’intervalle vêlage – vêlage est un indicateur très global que nous n’avons pas utilisé dans notre étude. D’une part, cet indicateur exclut les vaches n’ayant vêlé qu’une seule fois sur la période d’étude et réformées avant d’avoir vêlé de nouveau, ainsi que les animaux en voie de réforme qui ne sont pas remis à la reproduction. D’autre part, les avortements non diagnostiqués accroissent le délai entre 2 vêlages à terme successifs. Enfin, ses variations sont la conséquence directe des variations des autres paramètres. L’intervalle VV est lui aussi un indicateur qui sous-estime largement les problèmes de fécondité des vaches sans toutefois permettre d’en isoler les causes qui peuvent relever tout autant de l’animal que des pratiques de l’éleveur.

L’intervalle entre 2 inséminations successives In et In+1 oscille entre 18 et 24 jours

lorsque In est suivie d’une non fécondation (NF) ou d’une mortalité embryonnaire

précoce (MEP). La non-fécondation est un échec de fertilisation de l’ovule. La

mortalité embryonnaire précoce survient avant le 16ème jour suivant la fécondation et

n’entraine aucune modification de la durée du cycle [Humblot, 1986a]. Elle est donc, dans la pratique, impossible à différencier d’une absence de fécondation. On regroupera donc les NF et les MEP sous l’appellation NF-MEP (Tableau 3-2). Un

intervalle In - In+1 supérieur à la durée maximale d’un cycle normal (24 jours) peut

survenir en cas d’anoestrus post-insémination (NF ou MEP suite à In et animal non

détecté en chaleur lors de l’ovulation suivante) ou en cas de mortalité embryonnaire

tardive (MET). Ce type de mortalité survient après le 16ème jour suivant la fécondation

et entraîne un allongement anormal du cycle (> 24 jours). Toutes les chaleurs qui surviennent dans la période comprise entre 25 et 35 jours suivant l’IA correspondent à des cas de mortalité embryonnaire tardive [Humblot, 1986a]. Au delà de 36 jours, on ne peut plus distinguer un retour en chaleur postérieur à une NF (après plusieurs

cycles successifs) ou une MET. L’intervalle In - In+1 n’a donc une signification

diagnostique qu’au niveau individuel.

1.1.2. Les performances de reproduction observées à la Réunion

Les données de reproduction collectées dans le cadre de notre étude sont constituées de 3195 inséminations ou saillies avérées (excluant les interventions sur femelles gestantes ou sans résultat connu), pour 1690 lactations, 1205 animaux appartenant à 22 troupeaux. Les inséminations doubles réalisées après traitement de synchronisation sont comptabilisées comme une intervention unique. Les paramètres de reproduction sont décrits séparément pour les vaches primipares et multipares dans chacune des 2 races (Tableau 3-3 et Tableau 3-4).

Tableau 3-3 : performances de reproduction chez les animaux de race Holstein (2995 inséminations ou saillies, 1548 lactations, 1105 animaux, dans 21 troupeaux)

HOLSTEIN Primipares Multipares

Indicateurs Moy. ICM6 N Moy. ICM6 N

Nb total de lactations 395 1153

I1 manquante (%) 16 62 22 256

I1 manquante pour réforme ou mortalité (%) 4 17 8 92

If manquante (%) 32 127 41 474

If manquante pour réforme ou mortalité (%) 7 26 12 141

Intervalle VI1 moyen (j)1 75 71 - 78 333 74 72 - 76 897

Proportion des lactations avec VI1 > 60 j (%)2 71 67 - 76 395 71 0,69 - 0,74 1153 Proportion des lactations avec VI1 > 90 j (%)2 31 26 - 36 395 36 0,33 - 0,39 1153

Stade où 50% des lactations ont une I1 (j)2 73 71 - 78 395 76 73 - 79 1153

Intervalle VIf moyen (j)1 116 109 - 124 268 119 115 - 124 679

Proportion des lactations avec VIf > 110 j (%)2 62 57 - 67 395 68 65 - 71 1153 Proportion des lactations avec VIf > 150 j (%)2 45 40 - 51 395 52 49 - 56 1153 Stade où 50% des lactations ont une If (j)2 136 121 - 154 395 155 147 – 166 1153

TRI13 (%) 33 28 - 38 332 26 23 - 29 890

TRIA1 sur chaleurs naturelles3 (%) 34 28 - 40 260 28 25 - 31 739

TRIA1 sur chaleurs induites3 (%) 26 16 - 37 69 14 8 - 20 124

Taux de réussite des saillies de rang 13 (%) 33 0 - 99 3 33 15 - 51 27

TRI 4,5 (%) 36 33 - 39 755 31 29 - 33 2193

TRIA sur chaleurs naturelles (%)4,5 36 33 - 40 601 31 29 - 33 1843

TRIA sur chaleurs induites (%)4,5 26 18 - 34 112 17 12 - 22 211

Taux de réussite des saillies (%)4,5 50 35 - 65 42 52 43 - 60 139

Rang de l’insémination fécondante 2,22 2,05 - 2,39 268 2,39 2,27 - 2,51 679

Proportion des lactations où rang If ≥ 3 (%) 32 26 - 38 268 35 32 - 39 679

Intervalle entre I1 et I25 (j) 42 38 - 47 226 37 35 - 39 640

Intervalle entre I2 et I35 (j) 37 32 - 42 124 38 35 - 40 375

Intervalle entre inséminations postérieures à I35 (j) 35 31 - 39 132 37 35 - 40 446

Intervalle entre inséminations4,5 (j) 39 36 - 41 482 37 36 - 39 1461

I1 : insémination première ; If : insémination fécondante ; VI1 : intervalle vêlage – insémination première ; VIf : intervalle vêlage – insémination fécondante ; MET : mortalité embryonnaire tardive ; 1: moyenne géométrique

2: le nombre total des lactations est pris en compte

3: les inséminations aux résultats inconnus ont été exclues (n=8) 4: tous rangs d’insémination confondus

5: les inséminations sur femelles gestantes et au résultat inconnu ont été exclues (n=47) 6: intervalle de confiance à 95% de la moyenne ou du pourcentage

Sur les 22 troupeaux suivis durant 2 années consécutives, 21 possédaient des vaches de race Prim’ Holstein et 4 des vaches de race Brune des Alpes (dont un avec uniquement des animaux de race Brune des Alpes).

Tableau 3-4 : performances de reproduction chez les animaux de race Brunes des alpes (250 inséminations ou saillies, 142 lactations, 100 animaux dans 4 troupeaux)

MIXTE Primipares Multipares

Indicateur Moy. ICM6 N Moy. ICM6 N

Nb total de lactations 30 112

I1 manquante (%) 13 4 21 24

I1 manquante pour réforme ou mortalité (%) 3 1 8 9

If manquante (%) 23 7 37 41

If manquante pour réforme ou mortalité (%) 7 2 13 15

Intervalle VI1 moyen (j)1 65 54 - 79 26 72 64 - 79 88

Proportion des lactations avec VI1 > 60 j (%)2 66 58 - 76 30 57 41 - 78 112 Proportion des lactations avec VI1 > 90 j (%)2 40 31 - 51 30 29 18 - 52 112

Stade où 50% des lactations ont une I1 (j)2 67 56 - 93 30 77 65 - 92 112

Intervalle VIf moyen (j)1 86 68 - 109 23 119 103 - 137 71

Proportion des lactations avec VIf > 110 j (%)2 64 55 - 75 30 50 34 - 73 112 Proportion des lactations avec VIf > 150 j (%)2 50 41 - 61 30 22 19 - 47 112 Stade où 50% des lactations ont une If (j)2 109 85 - 145 30 150 122 - 189 112

TRI13 (%) 44 24 - 64 25 32 22 - 42 87

TRIA1 sur chaleurs naturelles3 (%) 33 11 - 56 18 26 14 - 38 53

TRIA1 sur chaleurs induites3 (%) 0 1 25 6 - 44 20

Taux de réussite des saillies de rang 13 (%) 83 51 - 100 6 64 38 - 90 14

TRI 4,5 (%) 46 32 - 60 50 36 29 - 43 197

TRIA sur chaleurs naturelles (%)4,5 39 24 - 55 38 29 21 - 37 127

TRIA sur chaleurs induites (%)4,5 33 0 - 99 3 26 9 - 43 27

Taux de réussite des saillies (%)4,5 78 49 - 100 9 63 48 - 77 43

Rang de l’insémination fécondante 1,83 1,39 - 2,27 23 2,23 1,88 - 2,58 71

Proportion des lactations où rang If ≥ 3 (%) 17 2 - 33 23 30 19 - 40 71

Intervalle entre I1 et I25 (j) 27 17 - 43 14 38 31 - 45 56

Intervalle entre I2 et I35 (j) 33 (20 - 55) 6 40 31 - 52 28

Intervalle entre inséminations postérieures à I35 (j) 45 (22 - 94) 7 41 32 - 53 32

Intervalle entre inséminations4,5 (j) 32 (23 - 45) 27 39 35 - 45 116

I1 : insémination première ; If : insémination fécondante ; VI1 : intervalle vêlage – insémination première ; VIf : intervalle vêlage – insémination fécondante ; MET : mortalité embryonnaire tardive ; 1: moyenne géométrique

2: le nombre total des lactations est pris en compte

3: les inséminations aux résultats inconnus ont été exclues (n=2) 4: tous rangs d’insémination confondus

5: les inséminations sur femelles gestantes et au résultat inconnu ont été exclues (n=3) 6: intervalle de confiance à 95% de la moyenne ou du pourcentage

Dans ce jeu de données, l’insémination est considérée réussie si le résultat est validé par un vêlage ou par un état de gestation avancé (stade > 3 mois). Le TRIA et le TRIA1 ont été calculés pour les animaux inséminés sur chaleurs naturelles et pour les animaux inséminés sur chaleurs induites par un traitement hormonal (implant de progestagène ou double injection de prostaglandine) afin de différencier au mieux les facteurs physiologiques dépendant de l’animal et les facteurs dépendant de l’éleveur (capacité de détection des chaleurs). Le taux de réussite des saillies naturelles est

également calculé. Les saillies naturelles ne représentent que 7,3% des interventions de reproduction et la monte naturelle n’est pratiquement utilisée qu’à la suite d’inséminations non fécondantes multiples [Tillard et al., 2000a].

La distribution des intervalles VI1 et VIf n’étant pas symétrique, la moyenne a été établie à partir des transformées logarithmiques des intervalles (moyenne géométrique). Il en sera de même dans tout ce travail. La moyenne des intervalles VI1 et VIf exclut les animaux sortis du suivi avant d’avoir présenté une insémination première (I1) ou une insémination fécondante (If) respectivement. Au contraire, le calcul des proportions de lactations présentant un intervalle VI1 > 60 j ou un intervalle VIf > 110 j prend en compte la totalité des lactations, y compris les lactations « censurées », c-à-d celles d’animaux morts, réformés ou sortis du suivi

au-delà du 60ème ou 110ème jour de lactation sans avoir fait l’objet d’une I1 ou d’une If.

Le stade de lactation à partir duquel 50% des lactations ont présenté une I1 ou une If a été calculé en cumulant les probabilités instantanées de survenue de l’I1 et de l’If (estimateur de Kaplan-Meier). Il inclut donc, lui aussi, la totalité des lactations, censurées et non censurées.

La discordance apparente observée chez les Holstein multipares entre l’intervalle VIf moyen (118 j) et le stade à partir duquel 50% des animaux ont été fécondés (155 j) est liée à la fréquence des animaux sortis du suivi avant d’avoir été fécondé (41%). La proportion de lactations sans If est très variable selon les études (9 - 35%) [Lee et al., 1989; Maizon et al., 2004]. Dans une étude menée dans un seul troupeau laitier sur une période de 12 années [Suriyasathaporn et al., 1998], les proportions d’I1 et d’If censurées atteignaient 28 et 40% respectivement. Cependant, ces derniers résultats étaient directement dépendants des conditions d’étude puisque les I1 et les

If réalisées au-delà du 135ème et du 184ème jour de lactation, respectivement, étaient

automatiquement censurées.

Dans notre cas, plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer ce taux élevé de données manquantes. Le taux de mortalité annuel moyen (calculé selon la méthode décrite par Faye et Pérochon [Faye, Pérochon, 1995]) sur ces données s’élève à 4.8% (87 décès pour 1805 animaux-années). Il est nettement supérieur à celui observé dans les élevages bovins laitiers bretons (0.96%) [Faye, Pérochon, 1995]. Parmi les 87 lactations terminées par la mort de l’animal, 72 ne présentaient pas d’If, soit 83%). Par ailleurs, à la Réunion, les intervalles VI1 et VIf sont longs en moyenne. Par conséquent la probabilité qu’un animal ayant vêlé sur la période d’étude atteigne la date de clôture du suivi sans avoir été inséminé ou fécondé de nouveau est plus élevée.

Il est peu probable que le taux de réforme contribue à l’accroissement de la fréquence des perdus de vue. Le taux de réforme annuel moyen (calculé avec la même méthode que le taux de mortalité annuel moyen) s’élève à 7.2% (131 réformes). Pour obtenir une valeur plus réaliste du taux de réforme, il faudrait inclure

les animaux ayant vêlé avant le 1er juillet 1999, et ayant été réformés sans avoir vêlé

de nouveau. Si on inclut ces animaux (217 au total), on obtient un taux de réforme annuel moyen de 12.6% (257 réformes observées sur 1422 animaux). Ce taux reste nettement plus faible que celui généralement observé dans les élevages tempérés (19.3% des lactations [Dohoo, Martin, 1984c] ou 31.6% des femelles [Rajala-Schultz,

Gröhn, 1999a]), probablement en raison des difficultés rencontrées par les éleveurs pour acquérir des animaux de renouvellement.

1.1.2.1. Comparaison avec des valeurs « objectifs »

Les paramètres de reproduction observés à la Réunion sont assez loin des objectifs standards habituellement retenus dans le cadre d’une gestion efficace de la reproduction et d’une productivité optimale en région tempérée [Bonnes et al., 1988; Esslemont, Peeler, 1993; Ferguson, 1991; Ferguson, 1996; Nebel, McGilliard, 1993; Seegers, Malher, 1996; Serieys, 1997; Steffan, 1987; Thibier, Goffaux, 1986; Vallet et al., 1997; Vallet et al., 1998] (Tableau 3-5).

Tableau 3-5 : objectifs moyens habituellement fixés pour des élevages de même type (race Prim’ Holstein, de type intensif) réputés sans trouble de reproduction ; la fourchette couvre la plupart des valeurs mentionnées dans la bibliographie.

Indicateurs Valeurs observées Objectifs

Primipares Multipares Indicateurs de fertilité

TRIA sur chaleurs naturelles (%) 36 33 60 – 70 (>55) TRIA1 sur chaleurs naturelles (%) 34 28 > 50 - 70 TRIA1 sur chaleurs induites (%) 26 14 40 - 60 Rang de l’insémination fécondante 2,22 2,39 < 1,7 Proportion de femelles avec rang If ≥ 3 (%) 32 35 < 15 - 20 Indicateurs de fécondité

Intervalle VI1 moyen (j) 75 74 40 - 70 Intervalle VIf moyen (j) 116 119 80 - 90 (< 110) Proportion des lactations où VI1 > 60 j (%) 71 71 < 15 - 25 Proportion des lactations où VIf > 110 j (%) 62 68 < 15 - 25

Le TRI1 sur chaleurs naturelles est bas et la proportion d’animaux ayant des intervalles VI1 et VIf supérieurs aux valeurs objectifs (60 et 110 jours respectivement) élevée. Chez les vaches multipares de race Holstein, le taux de réussite de l’insémination sur chaleurs induites (tous rangs confondus) n’est que de 14%, soit le tiers de la valeur « objectif ».

Ces valeurs « objectif » doivent cependant être relativisées. Les objectifs présentés sont des valeurs moyennes pour le troupeau. Ils sont généralement obtenus dans des élevages sans problème de reproduction. Ainsi, sur des vaches laitières n’ayant manifesté aucun désordre de reproduction, Téféra et al. [Tefera et al., 1991] a obtenu un taux de réussite de l’insémination de 64%. En réalité, les troupeaux sans problème d’infertilité sont peu nombreux. Dans une enquête menée à grande échelle dans les Ardennes, seuls 5 troupeaux laitiers sur 483 ont présenté des résultats voisins des objectifs pour l’ensemble des critères utilisés [Vallet et al., 1997]. De plus, dans les grands troupeaux laitiers, entre 20 et 30 % des animaux seulement ne présentent aucune anomalie de la reproduction [Tefera et al., 1991].

1.1.2.2. Comparaison avec les résultats d’autres études

Les performances de reproduction observées sur des vaches adultes de race Holstein ou Brune des Alpes, dans des conditions réelles d'exploitation (hors élevage expérimentaux), en région tempérée et en région chaude (climat tropical, subtropical ou de type méditerranéen) ont été comparées avec celles de la Réunion (Tableau 3-6 et Tableau 3-7). Les comparaisons des résultats moyens de reproduction entre différents sites d’étude présentent des limites liées essentiellement aux méthodes de calcul des critères utilisés. Le taux de réussite de l’insémination peut varier selon le stade de diagnostic de la fécondation et la méthode de calcul de la moyenne des intervalles peut différer ou n’être pas décrite d’une étude à l’autre (moyenne arithmétique ou géométrique).

Zones tempérées

Chez les animaux de race Holstein, le TRIA1 est inférieur et le rang de l’insémination fécondante supérieur à ceux observés en zone tempérée, où les conditions sont