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Nous avons évalué la performance au test de statistiques de deux manières différentes : (1) en additionnant le nombre de bonnes réponses sur 10 (i.e., score total) et (2) en calculant un score de précision qui correspond au nombre de bonnes réponses divisé par le nombre de questions tentées. Ce score de précision varie de 0 à 1 et peut être interprété comme un pourcentage de bonnes réponses. Sur chacun de ces deux scores, nous avons réalisé une ANOVA 2 (Soi activé : indépendant vs. interdépendant) X 2 (Type de menace : menace pour soi vs. menace pour le groupe). Pour tester directement nos hypothèses, nous avons réalisé (pour ces deux scores), des analyses de contrastes orthogonaux deux à deux (cf. Tableau 3) en utilisant la méthode des régressions multiples.

Tableau 3. Codes des contrastes orthogonaux utilisés dans l’Etude 2. Contrastes

planifiés

Soi Indépendant Soi Interdépendant

Menace pour soi Menace pour le groupe Menace pour soi Menace pour le groupe

C1 -1 -1 1 1

C2 1 -1 0 0

C3 0 0 1 -1

Note: Le contraste C1 correspond à l’effet principal de la construction de soi, il permettra de vérifier s’il y a une différence significative entre les participantes IND et les participantes INT. Les contrastes suivants correspondent à la comparaison entre les conditions menace pour soi et menace pour le groupe pour les participantes IND (C2) et INT (C3).

Nombre de bonnes réponses

L’analyse de variance sur le nombre de bonnes réponses (Mgénérale = 4.99, ET = 1.92)

révèle une interaction Soi activé X Type de menace significative : F (1, 76) = 4.77, p = .032, (η²p = .06). Cette analyse ne révèle pas d’effet principal du soi activé et pas d’effet principal du

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type de menace, Fs < 1, (η²ps = .00), ns. Le contraste C2 (différence entre la menace pour soi et la menace pour le groupe pour les participantes IND) est quant à lui tendanciel : β = .58, t(76) = 1.92, p = .058. Ainsi, les participantes IND ont tendance à obtenir plus de bonnes réponses dans la condition menace pour soi (M = 5.50, ET = 1.50) que dans la condition menace pour le groupe (M = 4.40, ET = 1.73). Aucune autre différence n’est significative, βs < .01, ts < -1.17, ps > .25 (Figure 2).

Figure 2. Performance au test de statistiques en fonction du soi activé et du type de menace (Etude 2).

0 1 2 3 4 5 6

Menace pour soi Menace pour le groupe

Nom bre de bo n n es rép on ses Type de menace Soi Indépendant Soi Interdépendant

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Score de précision

Le score de précision est une mesure complémentaire au nombre de bonnes réponses car il permet d’estimer la proportion de bonnes réponses. Les analyses réalisées sur le score de précision (Mgénérale = 0.57, ET = 0.21) révèlent une interaction Soi activé X Type de menace

significative : F (1, 76) = 5.85, p = .02 (η²p = .07). Ainsi, de même que pour le nombre de bonnes réponses, les participantes IND réussissent mieux dans la condition menace pour soi (M = 0.67, ET = 0.16) que dans la condition menace pour le groupe (M = 0.51, ET = 0.22), le contraste C2 étant significatif : β = .08, t(76) = 2.55, p = .01. Aucune autre différence n’est significative, Fs < 1.41, ps > .24.

Ces résultats sur la performance vont dans le sens contraire de nos hypothèses. En effet, nous nous attendions à un effet délétère de la condition menace pour soi pour les participantes IND, car cette menace est dirigée vers les caractéristiques individuelles, activées justement par le soi indépendant. Inversement, nous nous attendions à un effet délétère de la menace pour le groupe pour les participantes INT, car cette menace est dirigée vers les informations groupales, davantage saillantes avec l’activation du soi interdépendant. Toutefois, contrairement à nos attentes, nos résultats indiquent que l’activation du soi indépendant rend les participantes plus performantes dans la condition menace pour soi que dans la condition menace pour le groupe. Inversement, l’activation du soi interdépendant rend les participantes plus performantes dans la condition menace pour le groupe que dans la condition menace pour soi.

87 DISCUSSION

L’objectif de cette étude était d’examiner le rôle modérateur de la construction de soi sur les effets de la menace pour soi et de la menace pour le groupe. Cette étude portait sur les femmes et le stéréotype d’incompétence en mathématiques dont elles sont la cible. Nous nous attendions à ce que l’activation du soi indépendant (IND) rende les participantes moins performantes dans la condition menace pour soi que dans la condition menace pour le groupe. Inversement, nous nous attendions à ce que l’activation du soi interdépendant (INT) rende les participantes moins performantes dans la condition menace pour le groupe que dans la condition menace pour soi.

Les résultats que nous avons obtenus ne vont pas dans le sens de nos hypothèses. En effet, nos résultats indiquent que les participantes IND obtiennent des performances plus élevées dans la condition menace pour soi alors que les participantes INT obtiennent des performances plus élevées dans la condition menace pour le groupe.

Ces effets inattendus peuvent s’expliquer de deux manières différentes : d’une part par un effet de concordance/discordance entre la perception que le participant a de lui-même et la situation, et d’autre part par une différence de motivation en fonction des conditions. Tout d’abord, nous pensons qu’il y a concordance entre la perception de soi et la situation lorsque les informations saillantes correspondent aux informations ciblées par le type de menace. Par exemple, l’activation du soi interdépendant rend saillantes toutes les appartenances groupales et toutes les informations relatives à l’individu en tant que membre de son groupe. Ces informations sont celles qui sont ciblées par la menace pour le groupe et non par la menace pour soi (pour laquelle il y a donc discordance). Nous pensons que la concordance entre les informations saillantes et la situation permettraient à l’individu de faire face efficacement à la

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situation menaçante. Autrement dit, lorsqu’il y a concordance, l’individu disposerait des ressources appropriées pour faire face à la situation, alors que la discordance ne le permettrait pas.

La seconde explication possible suggère une différence en termes de motivations. Nous pensons que l’activation du soi indépendant rendrait les participantes moins motivées à réussir dans la condition menace pour le groupe car cette situation (conformément à la procédure utilisée ici) diminue l’importance de leur réussite personnelle en moyennant les performances des femmes et celle des hommes. En appliquant le même raisonnement, nous pensons qu’inversement, l’activation du soi interdépendant rendrait les participantes moins motivées à réussir dans la condition menace pour soi que dans la condition menace pour le groupe. Limites

La limite principale de cette étude réside dans le choix des conditions que nous avons comparées. Comme dans toute étude portant sur les effets de la menace du stéréotype, nous pensons qu’il est important de comparer les résultats des deux conditions diagnostiques (i.e., menace pour soi et menace pour le groupe) à une condition non-diagnostique (i.e., non- menaçante). D’autre part, dans cette étude, nous n’avons pas fait de comparaisons avec un groupe contrôle, c'est-à-dire un groupe pour lequel nous ne manipulons pas la saillance de la construction de soi. La comparaison avec un groupe contrôle aurait permis de déterminer le sens de l’influence de la saillance de la construction de soi ; de déterminer si celle-ci augmente ou diminue les performances.

L’ensemble des critiques faites à cette étude constitue le point de départ dans l’élaboration de l’étude suivante (Etude 3). Ainsi, dans la section suivante (Chapitre III), nous allons présenter une étude portant sur le rôle modérateur de la construction de soi en fonction

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des différentes menaces, tout en intégrant une condition contrôle (i.e., dans laquelle la construction de soi n’est pas manipulée) et une condition non-menaçante.

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