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La perception visuelle et la théorie de la Gestalt

2. Chapitre 2 : Problématique et Etat de l’Art

2.3 La perception

2.3.1 La perception visuelle et la théorie de la Gestalt

La perception visuelle ou oculaire est l’ensemble des transformations par lesquelles une portion du monde spatial tridimensionnel est perçue par la surface bidimensionnelle et courbe de l’œil, indépendamment des propriétés stéréoscopiques de la vision binoculaire frontale. Du point de vue mathématique, elle est une projection par laquelle la dimension métrique des objets se trouve convertie en dimension angulaire.

La perception des messages visuels dépend de l'acuité visuelle du sujet, c'est-à-dire sa capacité à percevoir des objets selon le rapport entre la grandeur de l'objet et la distance entre l'œil et l’objet. Pour décrire les dimensions d'un objet indépendamment de la distance œil-objet, on précise l'amplitude de l'angle visuel.

Nos perceptions obéissent à un certain nombre de lois : une totalité (par exemple, un visage humain) ne peut se réduire à la simple somme des stimuli perçus ; de même, l’eau est autre chose que de l’oxygène et de l’hydrogène, une symphonie est autre chose qu’une succession de notes. On constate ainsi que le tout est différent de la somme de ses parties, un des principes phares de la théorie de la Gestalt(Köhler, W., 1929).

Les fondateurs de l’école de la Gestalt (Wertheimer, Koffka et Kölher(Köhler, W., 1929), (Gurwitsh, A., 1935), (Guillaume, P., 1937)) affirment qu’une partie dans un tout est autre chose que cette même partie isolée ou incluse dans un autre tout, puisqu’elle tire des propriétés particulières de sa place et de sa fonction dans chacun d’entre eux : ainsi, un cri au cours d’un jeu est autre chose qu’un cri dans une rue déserte ; être nu sous la douche n’a pas le même sens que de se promener nu sur les Champs-Élysées. Ils posent ainsi la question de

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l’organisation perceptive, en considérant que percevoir est autre chose qu’additionner purement et simplement les informations. La « forme globale » (Gestalt) l’emporte sur les éléments qui la composent. Elle est perçue d’emblée, et différenciée du fond sur lequel elle s’imprime. Les lois de la gestalt décrivent les principes de ségrégation figure/fond qui s’applique tant en vision qu’en audition.

Pour comprendre un comportement ou une situation, il importe donc, non seulement de les analyser, mais surtout, d’en avoir une vue synthétique, de les percevoir dans l’ensemble plus vaste du contexte global, avoir un regard non pas plus « pointu » mais plus large : le « contexte » est souvent plus signifiant que le « texte ». « Com-prendre » c’est prendre ensemble. Le tout est perçu avant les parties le formant. La structuration des formes ne se fait pas au hasard, mais selon certaines lois dites "naturelles" et qui s'imposent au sujet lorsqu'il perçoit. Nous citons ci-dessous les principales lois de la Gestalt :

La Loi de la bonne forme : la structure perçue est toujours la plus simple. La bonne

forme est le principe selon lequel les éléments s’organisent en une forme plutôt qu’en une autre, en fonction des attentes perceptives. Par exemple, étant habitués aux figures géométriques, nous aurons tendances à regrouper sous une même forme plusieurs objets disparates s'ils sont placés de manière suffisamment évocatrices. Cet effet nous permet par exemple de voir un peu partout dans les étoiles, des triangles, des trapèzes, etc. Nous avons alors tendance à percevoir d’abord une forme simple, symétrique, stable, en somme, une bonne forme.

La loi de bonne continuité : des éléments sont perçus comme appartenant à un

ensemble cohérent et continu plutôt qu’à un autre impliquant une rupture dans la continuité. Cette loi permet de distinguer un trait coupé comme ne l'étant pas. Ainsi avons nous l'impression d'un carré continu en regardant l'image suivante (Figure 2-1):

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Figure 2-1 : La loi de bonne continuité.

La loi de la proximité : les éléments sont regroupés en fonction de leurs distances

respectives. Nous regroupons d'abord les points les plus proches les uns des autres. Cette loi permet alors au cerveau de regrouper des éléments qui vont ensemble, proche dans une scène perceptive, Figure 2-2. Ce principe permet par exemple de considérer comme un tout, les lettres de chaque mot que nous lisons. Perceptivement, cette scène contient de nombreuses lettres, nous regroupons inconsciemment celles qui sont proches afin de rendre de petits ensembles de lettres cohérents.

Figure 2-2 : La loi de proximité.

La loi de similitude : qui se rassemble s’assemble : on regroupe les éléments

semblables. Si la distance ne permet pas de regrouper les points, nous nous attacherons ensuite à repérer les plus similaires entre eux. Par exemple, les chiffres et les lettres de la figure ci-dessous (Figure 2-3) nous apparaissent ainsi davantage disposés en colonnes qu'en lignes.

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Figure 2-3 : La loi de similitude.

La loi de destin commun : Lorsque des parties sont en mouvement, nous

regroupons ceux qui ont la même trajectoire ou ceux pour lesquels une cohérence de déplacement apparaît.

La loi de clôture : une forme fermée est plus facilement identifiée comme une figure

(ou comme une forme) qu'une forme ouverte. Pour qu'une figure se détache du fond, elle doit être délimitée. Or parfois, cette délimitation n'est pas perceptivement distincte. Un objet placé devant un autre en cachera une partie. Dans ce cas, le système perceptif va créer les contours manquants afin de rendre compte de la figure. Ainsi, l'image ci-dessous (Figure 2-4) nous évoque un visage, bien que perceptivement, l'image soit incomplète. Ces figures illusoires constituent de bons révélateurs du principe de fermeture : le système perceptif crée les contours virtuels qui vont s'ajouter aux contours réels afin de rendre cohérente la scène perceptive, et permettre d'en détacher des éléments par rapport au fond.

Figure 2-4 : La loi de clôture.

Nous abordons la théorie de la Gestalt dans la présente thèse, pour s’y référer dans la suite lorsque nous allons parler des éléments qui constituent une page web. L’information donnée

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par tout élément dépendra de sa place et de son rôle dans la page web, et va obéir à des lois similaires aux lois de la Gestalt, (chapitre 3).