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Perception des risques et comportements

Un tiers au moins de l’ensemble des cas de cancer sont évitables par une modification d’un certain nombre des comportements individuels et la prévention constitue la stratégie à long terme la plus efficace pour lutter contre le cancer78 :

 La lutte contre le tabagisme est de loin l’action prioritaire : en France, le tabac est à l’origine de 73 000 décès79, dont 44 000 décès par cancer (90 % de cancers du poumon) ; 18 000 décès par maladies cardiovasculaires ; 8 000 par maladies respiratoires et 2 000 par maladies infectieuses.

 La réduction de la consommation d’alcool a entrainé une réduction du risque de cancer très importante dans la population masculine. Mais cette consommation reste encore trop élevée (3 verres par jour en moyenne) 80et peut encore être réduite de manière importante.

 La vaccination peut éradiquer l’ensemble des infections qui sont des causes de cancer (virus HPV, virus de l’hépatite B).

 La lutte contre l’obésité, associant une alimentation équilibrée et une activité quotidienne, sont également de bonnes mesures de prévention.

Les résultats du Baromètre cancer 2010 soulignent que 2 Français sur 3 estiment qu’il est possible de faire quelque chose «pour éviter le cancer». 6 Français sur 10 déclarent que l’information qu’ils ont reçue sur les facteurs de risque (tabac, alcool, soleil et UV artificiels, activité physique, alimentation) les a incités à modifier leur comportement.

Cependant, les quelques exemples ci-dessous montrent le décalage important qui existe entre les opinions, les intentions et les comportements :

 Le nombre de fumeurs est de nouveau en augmentation comme le révèlent les résultats du Baromètre santé 201081. La proportion de fumeurs dans la population est passée de 31,5 % en 2005 à 33,7 % en 2010 (37,4 % chez les hommes ; 30,2 % chez les femmes). La part de fumeurs quotidiens est passée dans le même temps de 27,1 à 29,1 %).

L’augmentation du nombre de fumeurs est particulièrement importante chez les femmes de 45 à 64 ans (+ 7 points entre 2005 et 2010) et chez les personnes au chômage (+ 6 points).

 Le nombre de Français concernés par une exposition aux UV artificiels est loin d’être négligeable, comme le révèle pour la première fois le Baromètre cancer 2010. Au total, 13,4 % des personnes déclarent avoir fait des UV artificiels au cours de leur vie. Un élément inquiétant concerne les moins de 18 ans : 3,5 % d’entre eux déclarent y avoir eu déjà recours alors que la fréquentation des cabines UV est interdite aux mineurs !

 Actuellement, en France, le surpoids concerne 27 à 32 % des adultes, et l’obésité de 9 à 17 %82.

78 Source : Organisation mondiale de la santé : http://www.who.int/cancer/prevention/fr/ .

79 HILL C, Epidémiologie du tabagisme, 20 mars 2012, La revue du Praticien,, vol 62, pp 325-329.

80 GUÉRIN S, LAPLANCHE A, DUNANT A, HILL C, Alcohol-attributable mortality in France. 4 mars 2013, European Journal of Public Health.

81 BECK F, GUIGNARD R, RICHARD J-B, WILQUIN J-L, PERETTI-WATEL P, Augmentation récente du tabagisme en France : principaux résultats du Baromètre santé, France, 2010, 31 mai 2011, BEH, n° 20-21.

82 INCa, Surpoids, obésité et risque de cancers, janvier 2013, Collection Fiches repère.

 Malgré une augmentation depuis 2004, à peine 1 femme sur 2 (52,7 %) de 50 à 74 ans a participé en 2011 au dépistage organisé du cancer du sein.

 Sur la période 2010-2011, un peu plus de 1 personne sur 3 âgée de 50 à 74 ans (34 % pour les femmes, 30 % pour les hommes) a participé au dépistage organisé du cancer colorectal.

Les campagnes de prévention, qui permettent d’informer les populations, ne suffisent pas à faire changer les comportements. Il est donc important de comprendre les limites des actions actuelles et de proposer des approches nouvelles, comme le souligne le Baromètre cancer 2010 «… Ces résultats confirment l’intérêt d’une approche préventive qui appréhende la santé dans sa globalité et qui ait conscience des interactions qui existent entre les différentes thématiques.»

Avis du Conseil économique, social et environnemental

Dans un avis du 14 février 2012 portant sur les « Les enjeux de la prévention en matière de santé »83, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) souligne que pour être effective, la politique de prévention doit être assimilée par tous et prendre en compte les aspirations, les réticences ou les refus de la population. Il affirme ainsi qu’il n’y a pas de stratégie collective gagnante sans adhésion des individus. Pour que la prévention devienne un élément clé du système de santé, le CESE préconise notamment :

 de promouvoir la responsabilité collective dans les activités économiques, au niveau de l’habitat et du cadre de vie, en rendant accessible une alimentation saine ;

 de construire un parcours de prévention «citoyen» en aménageant des rendez-vous de prévention tout au long de la vie et en assurant la traçabilité des informations de prévention tout au long de la vie ;

 de promouvoir la sensibilisation à la prévention en matière de santé de tous les intervenants qui se situent aux confins du médical et du social (assistances sociales, aides à domicile, acteurs de la vie associative, réseaux sociaux, etc.) et la formation des professionnels médicaux et paramédicaux, afin de diffuser la culture de prévention ;

 d’associer la population à la définition et à la mise en œuvre d’une politique de prévention, afin de favoriser l’acceptation de cette politique et de lutter contre la désinformation qui peut être propagée par les différents lobbys via des sites commerciaux sur Internet ;

 de renforcer le volet prévention dans la prochaine loi de santé publique, en définissant quelques objectifs transversaux, même si leur déclinaison opérationnelle relève de plans spécifiques : la future loi devra concilier l’approche d’un continuum de prévention, de prise en charge globale de l’individu avec une approche plus thématique déclinée au sein des plans de santé publique.

83 ÉTIENNE J-C, CORNE C, Les Enjeux de la prévention en matière de santé, 2012, Conseil économique, social et environnemental.

Sans attendre la prochaine loi de santé publique, la prévention est déjà inscrite comme la première des cinq grandes priorités du troisième Plan cancer84. Les actions qui seront inscrites dans ce nouveau Plan devront concerner tout à la fois :

 la prévention primaire, afin de réduire l’incidence des cancers ;

 la prévention secondaire, afin d’en minimiser la gravité ;

 la prévention tertiaire, afin d’en diminuer les séquelles.

Sa préparation, confiée au professeur Jean-Paul Vernant a déjà commencé et des recommandations sont attendues pour l’été 2013. Il est important que chacun à son niveau puisse s’exprimer85.

Mais face au retard important de notre pays dans la lutte contre le tabagisme et pour la réduction de la consommation d’alcool, il est nécessaire que des mesures soient prises sans attendre la mise en place de ce nouveau Plan cancer, prévue pour 2014 : augmentation du prix du tabac et de l’alcool, instauration d’un prélèvement solidaire tabac ou encore mise en place du paquet neutre, suppression de la mention «l’abus d’alcool est dangereux pour la santé » au profit de «l’alcool est dangereux pour la santé».

84 Intervention de François Hollande, président de la République, lors des 4èmes rencontres annuelles de l’INCa : www.e-cancer.fr/linstitut-national-du-cancer/colloques/rencontres-de-linca-2012 .

85 Espace de contribution pour la préparation du troisième Plan cancer : http://www.e-cancer.fr/toutes-les-actualites/2755-plan-cancer/7379-preparation-du-prochain-plan-cancer-ouverture-dun-espace-de-contributions-en-ligne .

La Ligue contre le cancer compte sur votre vécu pour pousser nos responsables politiques à impulser une politique de santé cohérente, bénéfique à tous et ne laissant personne dans l’injustice. » Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer

Conclusion