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L’incertitude inhérente à route analyse de risque, faite justement parce qu’il s’agit de possibili& et non de certitudes, suscite invariablement des craintes chez les gens. Même les meilleures explications ne sauraient dissiper la crainte du cancer ou de toute autre maladie, surtout lorsque quelqu’un d.‘autre leur dit que le risque est «acceptable>>. Ce n’est pas une question de sémantique. Les mots portent leur sens. De plus, il n’est pas facile d’imaginer ce qu’«un excès de cancer pour 106 personnes» signifie réellement, et encore moins de le transposer dans la vie de tous les jours.

Les spécialistes qui ont étudié la perception du risque sont arrivés à la conclusion qu’elle était conditionnée par des facteurs aussi divers et intangibles que la compréhension des événements, l’équité dans la répartition du danger, la capacité de se soustraire à ce danger, la volonté

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d’assumer le risque, le degré d’atrocité des événements, la nature des effets produits, le degré d’innocence des victimes, le nombre d’individus exposés, et ainsi de suite.

De ce fait, la perception d’un risque n’a rien de commun avec une approche statistique scientifiquement rigoureuse. Les scientifiques peuvent calculer les risques, mais les gens vont toujours les appréhender à leur façon, avec leurs propres valeurs.

Les produits chimiques ont mauvaise pr&e, c’est bien connu. Les pesticides n’y échappent pas et la simple mention de l’expression <<potentiel cancérogène>>, si faible ou si improbable soit-il, inquiète beaucoup de monde. Cette perception des gens découle souvent d’analogies avec d’autres situations ou d’autres produits qui ont engendré des problèmes alors qu’ils avaient reçu l’aval des autorités dans le domaine. De là g déclarer coupables par association tous les produits chimiques, y compris les phytocides, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas 2 franchir.

Ainsi, M. Yvon Dénommé laisse entendre qu’il pourrait y avoir un lien entre le taux élevé de cancer sur la Côte-Nord et l’emploi de phytocides comme le 2,4-D alors que, selon le Dr Raynald Bujold (communication personnelle), la principale cause serait le tabagisme. Il en est de même pour le Comité de protection de la. santé et de l’environnement de Gaspé (CPSEG) qui est convaincu de In cancérogénécité des phytocides parce qu’ils sont fabriqués à partir du benzène, lui-même ‘un hydrocarbure cancérogène reconnu.

Pourtant, l’aspirine aussi est fabriquée ?I partir du benzène sans pour autant être cancérogène. Des substances aussi naturelles que l’adrénaline en contiennent également.

Semblables associations peuvent paraître incongrues, mais la crainte est bien réelle quand les gens croient, à toit ou à raison, que leur santé et celle de leurs enfants sont menacées. Et les processus d’autorisation et de contrôle des

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produits chimiques sont incapables de modifier la perception que des accidents comme ceux de Bophal, de Seveso ou de Saint-Basile-le-Grand ont contribué à créer chez les gens.

M. Yvon Dénommé fait référence, par exemple, à des «erreurs du passé»

alors que des produits chimiques dûment autorisés par les autorités en place se sont avérés nocifs. Il rappelle a ce propos le DDT dont les effets négatifs en Amérique du Nord ont largement dépassé les avantages. Plus près de nous, on peut rappeler le cas de la mousse isolante d’urée formaldéhyde, mieux connue sous le nom de «MIUFx, qui a également causé beaucoup de problèmes. De telles situations n’ont rien pour accroître la confiance des citoyens envus les autorités et les processus qu’elles mettent en place pour

protéger le public.

Dans le cas présent, les gens considèrent que les phytocides sont effectivement une menace. M. Martin Canapé, par exemple, rappelle à sa manière que l’être humain est le dernier maillon de la chaîne alimentaire:

M. Denis Ross, pour sa part, demande j Hydro-Québec de chercher d’autres moyens, «peut-être pas plus dispendieux [.. .] qui ne. mettront pas en péril la nature» (séance du 13 octobre 1993, p. 60).

Les nombreuses incertitudes qui caractérisent le dossier ne sont pas de nature à apaiser ces craintes. Drms leur mémoire, les représentants du milieu de la santé ont justement relevé plusieurs de ces incertitudes:

- la c«nnaiss~mce partielle de la toxicité chronique des mélanges de produits, des métabolites des phytocides, de leur toxicité et de leur dégradation dans l’environnement;

a l’incertitude entourant l’utilisation des pesticides en général et le processus d’homologation en particulier;

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* l’absence de données complètes et certaines sur les conséquences de l’exposition des animaux et des personnes aux pesticides;

- les nombreux changetients réalisés dans le secteur d’activité des pesticides en raison des découvertes fréquentes.

En dépit de ces carences, le ministère de l’Environnement du Québec considère allerplus loin, lepromoteurr~epeutplusfounzird’infornzntio~z. nous n’en avons plus, donc on dit, à cette étape-ci, l’ensemble de des connaissances actuelles, ils ont reconnu, sans pour autant infirmer l’analyse faite par Hydro-Québec, que l’incertitude entourant le dégagement chimique des emprises demeure très grande.

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