• Aucun résultat trouvé

Perception des problèmes de racisme

B. Description et analyse des séances menées

1) Perception des problèmes de racisme

Ma première hypothèse de recherche était de connaître la perception des problèmes de racisme par les enseignants du premier degré d’Indre-et-Loire (du cycle 2 et 3) pour mieux comprendre sur quels leviers agir. Les 53 professeurs qui ont répondu à l'enquête (cf. Partie II) ne définissent pas le racisme de la même façon mais à partir de mêmes mots suivant une approche idéologique, factuelle (actes) ou plus sentimentale. Nous pouvons observer dans les définitions données que les professeurs du premier degré emploient le terme de « race ». Toutefois, il faut rappeler que la biologie a démontré que les races humaines n’existaient pas puisqu’il n’y a

qu’une seule et unique race humaine. L’Assemblée Nationale64 a d’ailleurs supprimé

le mot « race » dans la Constitution française le 12 juillet 2018. La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme a montré dans son sondage que seulement 9% des personnes ayant été interrogées pensent qu’il existe des races supérieures à d’autres. Les définitions données par les professeurs soulèvent un questionnement. En effet, les enseignants du premier degré voudraient que les élèves de cycles 2 et 3 retiennent une définition compréhensible et claire du racisme pouvant être expliquée à autrui alors qu’eux-mêmes en expriment une représentation assez complexe. Les réponses des professeurs à la question des enjeux pour combattre le racisme sont assez normées. En effet, les réponses aussi respectables soient elles, insistent sur le « respect », le « vivre ensemble » dans une société unie comme si cela

64 Le Monde, « L’Assemblée supprime de la Constitution le mot « race » et « interdit « la distinction de sexe » ».

Mis à jour, juillet 2018. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/07/12/l-assemblee-supprime- dans-la-constitution-le-mot-race-et-interdit-la-distinction-de-sexe_5330615_823448.html

p. 78 faisait partie d'un programme. Il existe donc une certaine différence entre le racisme dans l'imaginaire varié des professeurs et les enjeux d'une lutte à laquelle ils participeraient de manière un peu stéréotypée.

Une seule personne parmi les 53 professeurs des écoles a déclaré participer à la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme. Prévenir, combattre et participer aux semaines d’éducations pour soi, pour la société mais aussi en tant qu’adulte pour former les citoyens de demain est essentiel. La question suivante se pose : « l’Education Nationale devrait-elle faire plus de communications vers les enseignants et futurs enseignants pour participer à cette Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme ? » Les enseignants ne sont pas formés lors de leur formation initiale sur ce phénomène (ou tous autres types concernant la prévention), mais les professeurs doivent se former via une démarche de formation individuelle. D’ailleurs, lors de mes stages, je n’ai observé qu’une seule fois de l’EMC lors d'un débat et pour présenter une affiche par des élèves de CM2 sur l’égalité filles-garçons faisant le tour des classes. L’Education Nationale préconise des programmes de prévention au sein des écoles. Nous pouvons alors nous demander si l’EMC a dans les écoles, la place qu'elle semble mériter. Contrairement aux enseignements comme les Sciences, l’Histoire ou la Géographie, il est rare de voir dans les emplois du temps une place accordée à l’EMC. Toutefois, 39 professeurs ayant répondu à l'enquête déclarent pratiquer un enseignement spécifique de la lutte contre le racisme ce qui est encourageant mais peut-être un peu biaisé par le faible nombre de réponses obtenues sans doute de personnes se sentant motivées par le sujet.

Les résultats de l’enquête n’ont montré aucun effet significatif du type d’école (rurale, urbaine et périurbaine) sur les incidences recensées d'actes ou de propos racistes. Pourtant ceux-ci ont été signalés par la moitié (environ) des professeurs ayant répondu à l'enquête. Ces incidents racistes ont été signalés pour toutes les classes où enseignaient les professeurs (du CP au CM2). Dans la première partie de mon mémoire, nous avions rapporté des expérimentations qui avaient été faites en Australie, où une hypothèse entre deux groupes d’enfants blancs australiens de deux niveaux d’âge différents : des enfants de 5-6 ans (groupe 1) et des enfants de 8-9 ans (groupe 2) avait été testés. Les auteurs pensent que les plus jeunes enfants sont

p. 79 incapables « d’avoir une opinion personnelle distincte » contrairement aux 8-9 ans qui savent faire la différence entre leur avis et celui des autres. Mon enquête ne m’a pas permis de vérifier la véracité de ces affirmations puisqu'il n'y a pas eu plus d'incidences relevées (avec une différence significative) dans une catégorie plus qu'une autre. Néanmoins, le libellé des questions ne permettait pas d'être sûr de l'endroit dans l'école où les incidents avaient été observés et cela devrait être approfondi lors d'une enquête élargie. Il ne semble pas non plus exister dans le cadre de notre enquête aux dimensions limitées, de lien significatif entre le type d’école (rurale, urbaine et périurbaine) ou l'ancienneté des enseignants sur les séances spécifiques pour lutter contre le racisme. Ici, il semble bien que ce type d'action soit lié à de motivations individuelles plus qu'à une approche coordonnée.

« Quelle est, selon vous, l’institution la plus importante dans la lutte contre le racisme ? », cette question très pertinente a été mal comprise par certains professeurs. Effectivement, pour ces participants, ils ont coché la même institution selon l’ordre d’importance une, voire plusieurs fois. Par exemple, un participant a répondu que quatre institutions avaient la même importance.

Cette question aurait sans doute dû être mieux et plus simplement formulée. En effet, la question aurait pu être posée de la façon suivante : « Selon vous, quelle institution est la plus importante dans la lutte contre le racisme, parmi les propositions suivantes ? » Les participants n’auraient alors qu’un seul choix à faire et l’analyse aurait été plus efficace.

A partir de ce premier travail, une enquête élargie pourrait être diffusée par le rectorat avec un questionnaire corrigé et approfondi sur certains aspects comme l'âge des enfants impliqués dans différents types d'incidents racistes. Il pourrait être utile également de faire participer un large panel d'enseignants à la conception d'activités de l'EMC centrées sur la lutte contre le racisme et les discriminations. Ce qui nous conduit à analyser le contenu des actions pédagogiques testées au cours de notre travail.

p. 80