• Aucun résultat trouvé

Selon la portion du champ visuel, la sensibilité à la détection d’un mouvement n’est pas la même, mais elle dépend également d’autres facteurs tels que la vitesse la luminance, le type de mouvement… Plusieurs études ont montré que la vision périphérique était plus sensible au mouvement (Ikeda et al, 2005 ; Thompson et al 2007).

Dans le cas d’une perte de la vision centrale, cette faculté ne devrait donc pas être altérée. Tarita-Nistor et al (2008) ont montré que les patients atteints de DMLA sont plus sensibles au mouvement et donc sont plus conscients de leur position posturale.

64 La lecture, qui constitue la plainte principale des patients avec scotome central, a fait l’objet d’un grand nombre d’études. La vitesse de lecture a tendance à diminuer avec l’âge (Lott et al, 2001 ; Seiple et al, 2011). Cependant ceci est amplifié dans le cas d’une perte de la vision centrale, puisque la vitesse de lecture des patients avec une altération de la vision centrale ne représente qu’un tiers à un cinquième de la vitesse de lecture des sujets avec vision normale appariés en âge (Legge et al, 1985). Généralement, la vitesse de lecture est évaluée par une échelle appelée Minnesota Low-Vision Reading Test (MNREAD Acuity Chart).

La DMLA induit, entre autres, une diminution de l’acuité visuelle et une augmentation de la sensibilité à l’encombrement (crowding) puisque les patients doivent se fier à leur vision périphérique qui est plus sensible à l’effet d’encombrement (Strassburger et al, 2011). Fait étonnant, ces facteurs ne sont pas corrélés à la vitesse de lecture (Crossland et al, 2004 a ; Rubin et Feely, 2009). Seule l’atteinte fovéale (à hauteur de 64% ; Legge et al, 1985) et la taille du scotome (à hauteur de 40% ; Rubin et Feely, 2009) le sont de manière significative. Bowers et al (2001) montrent que, lorsque les patients se retrouvent dans des conditions de luminosité optimales (2000 lux en moyenne), leur vitesse de lecture s’en trouve améliorée. Toutefois, il y a une forte variabilité entre les patients, selon le degré d’atteinte maculaire. De plus, en dépit d’une adaptation de la taille des caractères, de l’espacement entre les lettres, d’une amplification optimale de la taille, la vitesse lecture s’en trouve inchangée, c'est-à-dire lente (environ 42 mots/min) et 90% des patients ne lisent pas de manière fluide (donc moins de 85 mots/min) (Falkenberg et al, 2007 ; Rubin et Feely, 2009). Il n’est donc pas possible de standardiser la lecture en compensant les déficiences des patients. Ils suggèrent donc qu’une fixation plus stable peut compenser les difficultés de lecture et de ce fait, une réhabilitation visuelle basée sur un entrainement de la stabilité de fixation serait plus appropriée.

Un grand nombre d’études ont pu montrer que les déficits de vitesse de lecture était en partie dus aux difficultés à maintenir une fixation stable suite à la perte de vision centrale (Crossland et al, 2004 a ; Rubin et Feely, 2009). L’équipe de Crossland (2004 b) a établi un indice appelé « bivariate contour ellipse area » (BCEA) permettant de quantifier la stabilité

65 de fixation. Tout comme les études avec scotomes artificiels (Scherlen et al, 2008), ils concluent que les patients présentent une instabilité de fixation (Crossland et al, 2004 a) et que ceci joue pour 52% de la variance de la diminution de la vitesse de lecture. Les saccades « vers l’avant » y sont également corrélées (54% variance) (Rubin et Feely, 2009). L’instabilité de fixation et l’inéfficacité des saccades sont donc les deux principaux prédicteurs de la vitesse de lecture lente des patients. Cependant, une étude longitudinale sur 12 mois montre que la stabilité de fixation a tendance à s’améliorer au cours du temps et ceci serait accompagné d’une amélioration de la vitesse de lecture (Crossland et al, 2004 a), et peut l’être encore plus avec un entrainement, comme l’avait suggéré Falkenberg (2007). En 2005, Seiple et collaborateurs ont mis au point une technique de réhabilitation visuelle des patients avec perte de vision centrale basée sur les mouvements oculaires. Ce programme se déroulait en 4 phases : 1) dans un premier temps un entrainement basé sur de petites saccades en réponse à l’apparition de points, 2) étendus ensuite à des saccades plus larges. 3) Puis une mise en pratique des saccades avec de simples lettres et des mots courts (3 lettres) et enfin 4) après 8 semaines, la lecture de phrases. Il en résulte une amélioration de la vitesse de lecture, certes modeste, mais qui permet une amélioration de la qualité de vie des patients. Ils en concluent qu’un programme qui se concentre sur l’entraînement des mouvements oculaires, sans pratique directe de lecture permet d’améliorer la vitesse de lecture. En 2011, la même équipe a établi un nouveau programme de réhabilitation visuelle pour la lecture testant 3 modules : 1) conscience de l’utilisation d’une PRL et d’une visualisation excentrée, 2) l’entraînement du contrôle oculomoteur pendant la lecture, 3) les effets de haut niveau de la lecture (lecture sans mouvement oculaire). Chacun d’entre eux se déroulait sur une période de 6 semaines. Une évaluation était effectuée au début du programme et à la fin de chaque module. L’équipe a pu constater que le contrôle des mouvements oculaires seuls, même sans pratique de la lecture, augmentait la vitesse de lecture, permettant de passer d’une moyenne de 73 mots/min à 93 mots/min (Seiple et al, 2005 et 2011).

D’autres études se sont plutôt focalisé sur le « désencombrement » horizontal et/ou vertical (Blackmore-Wright et al, 2013 ; Calabrèse et al, 2010). Si l’interligne est doublé (désencombrement vertical), la vitesse de lecture est légèrement améliorée (+ 7,1mots/min), elle est donc conseillée plutôt dans le cas de patients ayant une lecture très

66 lente (moins de 20 mots/min). L’encombrement vertical ne semble donc pas être un déterminant pour la vitesse de lecture des patients avec une atteinte maculaire (Calabrèse et al, 2010). Toutefois, en combinant une augmentation de l’interligne avec un espacement entre les mots (dés-encombrement vertical et horizontal), la vitesse de lecture est significativement améliorée et réduit le nombre d’erreurs. La combinaison optimale étant un doublement de l’interligne et un doublement de l’espacement entre les mots (Blackmore-Wright et al, 2013).