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II. RÉSULTATS

4. Perception et pratique de la vaccination anti-HPV

4.1 Opinion des médecins généralistes concernant le vaccin anti-papillomavirus

La majorité des médecins interrogés dans cette étude ont exprimé une opinion favorable concernant ce vaccin anti-HPV :

M4 : « Je suis totalement convaincu par ce vaccin. »

M5 : « Totalement pour ce vaccin que je propose à toutes les jeunes filles. » M14 : « Je suis très favorable à cette vaccination. »

Parmi eux, certains médecins ont justifié l’intérêt préventif de cette vaccination, notamment grâce à la protection non négligeable qu’elle confère face au risque de cancer du col de l’utérus :

M3 : « Je pense que le vaccin anti-HPV est plus que nécessaire, parce que si on peut diminuer le taux d’incidence d’un cancer. »

M8 : « Je pense que c’est une nécessité de le faire, car ce vaccin a quand même été conçu pour se protéger d’une maladie cancéreuse. »

Cependant, deux médecins ont nuancé leur position en exprimant une certaine crainte vis-à- vis d’éventuelles complications susceptibles d’intervenir suite à l’administration du vaccin : M7 : « Juste là, j’ai un petit bémol, j’ai lu un article récemment sur le syndrome de Guillain- Barré. Il y en a un peu plus avec le “Gardasil®”. Donc c’est quelque chose qui me freine un peu. »

M11 : « Je le fais, je le conseille, mais j’ai eu quelques réactions chez des jeunes filles à type de malaise dans les jours qui ont suivi ce vaccin, alors que je n’en ai jamais eu avec d’autres. »

4.2 La vaccination anti-papillomavirus en pratique

Choix du vaccin prescrit

Le « Gardasil® » est manifestement le vaccin le plus souvent prescrit par les médecins. Selon l’avis majoritaire recueilli auprès de quatorze médecins, ils justifient cette habitude de prescription par le fait qu’il a été le vaccin mis sur le marché en premier. Il porte un intérêt double, puisque le vaccin Gardasil® garantit un large spectre de protection par sa quadrivalence, notamment vis-à-vis des verrues génitales :

M2 : « Je n’utilise que le vaccin quadrivalent, précisément le Gardasil®. »

M3 : « Personnellement jusque-là, j’ai toujours eu l’habitude de prescrire le Gardasil®, parce qu’il est quadrivalent, et qu’il agit sur les verrues génitales. »

M6 : « Par habitude, le Gardasil® parce que c’est le premier qui était sur le marché. » M15 : « J’utilise le Gardasil® car c’est celui qui propose le plus de couverture vis-à-vis du virus. »

En ce qui concerne le vaccin Cervarix®, l’un des prescripteurs a justifié son choix par le fait que l’immunité induite anti-HPV persisterait plus longtemps :

M8 : « A priori, maintenant je fais plutôt le Cervarix® car la persistance des anticorps serait plus prolongée. »

Un constat encourageant a été par ailleurs observé. En effet, selon les déclarations de certains médecins, l’importance réside dans l’acceptation et l’administration du vaccin aux patientes, et ce quel que soit le choix du vaccin prescrit :

M6 : « Je n’ai pas de préférence entre les deux vaccins, l’intérêt c’est que le vaccin soit fait. »

Recommandations d’âge de proposition de la vaccination

La majorité des médecins interrogés dans cette étude suivent les recommandations officielles du HCSP. Conformément à ces instructions, le vaccin anti-HPV est proposé aux patientes à partir de l’âge de 11 ans. En effet, cela permet non seulement au médecin de combiner le vaccin anti-HPV avec le rappel diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche, mais également de pouvoir administrer le vaccin selon un schéma à deux injections :

M7 : « Je propose le vaccin à l’âge de 11 ans en même temps que le rappel DT-polio- coqueluche. »

Selon l’avis de nombreux médecins, ce protocole vaccinal à deux injections, possible entre 11 et 13 ans, constitue un argument incitatif, permettant une acceptation plus facile par les patientes ainsi que par leurs familles :

M5 : « Je leur explique que “plus tôt ce sera fait, mieux ce sera”, en précisant évidemment que dans ce cas, le vaccin ne se fera que par 2 injections au lieu de 3. C’est un argument qui porte quand même un sacré poids. »

M8 : « Je le propose dès l’âge de 10 ans pour qu’à 11 ans on puisse faire les deux injections simplement. C’est surtout ça qui est intéressant. »

Quelques médecins ne suivent pas encore les nouvelles recommandations dans leur pratique et continuent de proposer le vaccin uniquement à partir de l’âge de 14 ans. Enfin, un médecin a estimé qu’il n’existait pas d’intérêt à proposer le vaccin aux jeunes patientes âgées de 11 à 13 ans car le vaccin n’a qu’une visée préventive.

Circonstances permettant la discussion et la prescription du vaccin anti-HPV

Pour la plupart des médecins, le sujet de la vaccination anti-HPV est abordé systématiquement dès lors que la patiente est en âge de se faire vacciner, et ce quel que soit le motif de consultation :

M2 : « N’importe laquelle, dès qu’elles ont 11 ans. »

M8 : « Je propose le vaccin relativement systématiquement au cours d’une consultation banale où la patiente vient pour autre chose. »

Une occasion très fréquemment décrite par les médecins consiste en la mise à jour des vaccinations obligatoires. Dans ces circonstances, les médecins profitent du rappel DTPolio- coqueluche prévu à l’âge de 11 ans pour coupler à celui-ci la vaccination anti-papillomavirus : M9 : « Quand elles viennent pour les vaccins obligatoires, le rappel des 11 ans. »

M10 : « En général c’est en vérifiant le carnet de santé pour voir si les vaccinations sont à jour ou sinon quand on fait le rappel DT polio. »

M13 : « Je le propose systématiquement à l’âge de 11-13 ans lors du rappel DT polio. » Il convient également d’indiquer que certains médecins préfèrent aborder le sujet de cette vaccination en présence des parents lors d’une consultation pour la jeune fille :

M4 : « En consultation, j’essaie d’en parler quand les mères sont présentes, afin de sensibiliser les parents. »

La consultation portant sur la prescription d’un moyen contraceptif constitue un contexte favorable pour le médecin afin qu’il puisse aborder le sujet de la vaccination anti-HPV : M1 : « Souvent, au moment de la prescription de la pilule. »

Enfin, un médecin a signalé la difficulté liée au manque de contacts médicaux réguliers avec les adolescentes concernées par cette vaccination à l’âge ou celle-ci est conseillée :

M11 : « C’est un âge où on les voit peu. On les voit parfois pour un renouvellement de certificat, je saisis donc l’occasion où je les vois parce qu’on ne les voit pas assez pour faire du systématique. »