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PENSER L’ACCESSIBILITE DES NOUVEAUX PROJETS POUR UNE ARTICULATION URBAINE QUALITATIVE

INTÉGRATION, ARTICULATION, ACCEPTATION

C. PENSER L’ACCESSIBILITE DES NOUVEAUX PROJETS POUR UNE ARTICULATION URBAINE QUALITATIVE

1. Quelle place pour l’automobile dans les nouvelles opérations de la ville ordinaire ?

Aujourd’hui, les considérations écologiques et les problématiques de congestion automobile sont au cœur des enjeux urbanistiques du XXIème siècle. La ville ordinaire ne déroge pas à ces enjeux, notamment en termes de mobilité. La forte dépendance automobile qui s’y est développée génère aujourd’hui de nombreuses problématiques, problématiques qui s’inscrivent dans les enjeux d’accessibilité des nouveaux projets dans la ville ordinaire. Dès lors, quelle place donner à la voiture dans un territoire qui suffoque déjà face au trafic incessant des pendulaires ? Comment concevoir des projets qui soient accessibles sans pour autant donner une place majeure aux déplacements motorisés ?

Concevoir les nouvelles opérations d’aménagement nécessite de prendre en compte ces problématiques afin de dessiner un projet pertinent vis-à-vis de son contexte proche mais aussi des nouveaux paradigmes en place. La voiture est le premier mode de déplacement dans la ville ordinaire et reste aujourd’hui un besoin essentiel pour de nombreux ménages. Il ne s’agit donc pas de la bannir des nouvelles opérations mais de lui donner une place moins importante, c’est-à-dire penser un système urbain qui puisse fonctionner sans l’automobile.

Cette nouvelle place de la voiture dans les nouvelles opérations peut se traduire par une hiérarchisation des voies qui permettent de clairement identifier les fonctions et usages de ces dernières, le rôle et l’usage de la voiture est clairement défini et influencé par le profil des voies. A contrario des espaces de lotissements, le système viaire des nouvelles opérations doit être facilement compréhensible. Il ne doit pas y avoir d’effet «labyrinthe», il faut éviter les voies sans issue et les boucles qui brouillent les repères et renforcent les logiques de résidentialisation. Il faut apporter plus d’urbanité au paysage routier en le dotant de tous les attributs d’une voie urbaine. Dans le cadre de la ZAC Ferro Lebres, cette hiérarchisation a été pensée. Afin d’assurer une greffe urbaine avec les autres quartiers, une voie principale traverse le site de projet et permet de connecter et d’ouvrir le site sur

PARTIE 3

URBANISME D’ALLIANCE

ENJEUX DE GREFFE URBAINE DANS LA VILLE ORDINAIRE

son environnement proche. La rue sera traitée de manière qualitative avec un alignement d’arbres, de larges espaces piétons, des noues paysagères et une piste cyclable. Les autres voies internes au quartier seront traitées différemment, de façon plus intime, car leur fonction sera différente. Hiérarchiser la place de la voiture dans les nouvelles opérations peut encourager le développement de nouvelles pratiques de déplacements, nouvelles pratiques qui pourront impulser de nouvelles articulations urbaines avec le reste de la ville ordinaire.

2. Les cheminements doux comme agrafe urbaine dans la ville ordinaire

La ville ordinaire est une ville cloisonnée, par un enchainement de propriétés privées, par des logiques urbaines tel le lotissement, par l’absence de maillage inter quartier. L’arrivée d’un nouveau quartier dans la ville ordinaire doit alors permettre une mise en réseau de cette dernière et ce, principalement, via le développement des modes doux. Les nouvelles opérations urbaines planifient presque toutes aujourd’hui un maillage mode doux dans les limites de leur périmètre. Néanmoins, il s’avère que dans la majorité des cas, aucune continuité n’est pensée autour des nouveaux quartiers. Dès lors, la pertinence de ce maillage s’en voit limité, n’encourageant pas le développement de nouvelles pratiques de mobilité.

Or, dans une démarche de greffe urbaine renforcée, le maillage mode doux peut être un levier intéressant permettant de faciliter l’articulation des nouvelles opérations. En effet, le développement de cheminements réservés aux modes doux, hors des nouveaux quartiers, peut permettre de développer des agrafes urbaines qui participent à l’intégration des nouvelles opérations dans leur contexte, une meilleure accessibilité et contribue donc à une meilleure articulation des flux et à un décloisonnement de la ville ordinaire. De plus, le renforcement des modes doux peut permettre le développement d’une réelle alternative à l’automobile.

S’appuyer sur les enjeux de mobilités douces afin de développer des dispositifs de couture urbaine se traduit par la mise en place de venelles et sentes piétonnes dans les espaces de

la ville ordinaire. Or, cela reste aujourd’hui encore difficile à mettre en place avec les outils dont disposent les pouvoirs publics. La mise en place d’emplacements réservés peut être une des solutions bien que les délais d’aboutissement puissent être extrêmement longs. Dès lors, ne faut-il pas repenser les périmètres d’interventions de manière plus fine afin de pouvoir mettre en place un vrai processus de couture urbaine ? En effet, rendre le périmètre moins strict permettrait de donner plus de souplesse à l’aménageur afin d’encourager ce type de dispositif.

3. Intégrer les nouveaux projets dans des logiques de déplacements plus larges

S’intéresser à la greffe urbaine sous l’angle des mobilités et de l’accessibilité ne doit pas se limiter au développement d’agrafes urbaines autour des nouvelles opérations. En effet, la greffe urbaine se doit d’être également réfléchie à une échelle plus vaste, voir métropolitaine. Comme nous l’avons explicité précédemment, la ville ordinaire est un territoire cloisonné à l’échelle locale mais aussi à l’échelle métropolitaine. L’implantation de nouveaux quartiers dans la ville ordinaire peut, dès lors, être un tremplin au développement d’une nouvelle offre de transports en commun qui vienne irriguer des territoires jusqu’alors peu desservis. A contrario, le développement d’une nouvelle ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) ou d’une nouvelle ligne de métro, sont autant de facteurs qui peuvent participer à l’apparition de nouveaux quartiers, venant alors se greffer à l’infrastructure de transport ou à un nouveau

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INTÉGRATION, ARTICULATION, ACCEPTATION

Illustration 31 _ Sente piétonne, Lardennes Illustration 32 _ Principe d’agrafe urbaine par les modes doux

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maillage métropolitain. Le déploiement des modes doux, et notamment du réseau cyclable, doit également être réfléchi de manière globale. Or, il s’arrête trop souvent à la limite des nouvelles opérations et ne s’inscrit donc que peu dans un maillage plus global.

Dans le cadre de la conception de la ZAC Ferro Lebres, l’arrivée de la ligne Linéo 3 a été un élément déclencheur dans le lancement de l’opération par exemple. Les lignes Linéo mises en place par Tisséo, le gestionnaire du réseau de transports en commun toulousain, sont des lignes caractérisées par un niveau de service supérieur se traduisant par une fréquence plus importante. Elles viennent irriguer la ville ordinaire toulousaine à partir du centre de Toulouse. De plus, afin de penser une greffe urbaine cohérente, il a été demandé à la maitrise d’œuvre d’anticiper le passage d’un futur bus à l’intérieur du quartier. Réfléchir en amont à ce type d’élément est crucial dans la conception urbaine car le passage d’un bus impact un profil de voirie, celui-ci impactant la largeur des voies et des espaces publics. L’anticipation est donc nécessaire dès lors que l’on souhaite penser une articulation modale et urbaine pertinente.

Illustration 33 _ Principe d’accroche au grand territoire

D. PENSER LA PROGRAMMATION URBAINE POUR UNE MEILLEURE ACCEPTATION DES