Tarbes,nousconnaissonsun empiriquedont lecabinet de
consultations est des plus
fréquentés.
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Lesbadigeonnages sont répétés,aveclesmêmes précautions, tous
lestroisjours ; l'amélioration devient vite sensible et la guérison
étaitcomplète versla tin octobre.
Le29novembre, nous avons pu nousrendre compte que la
guéri-sonpersistait.
Observation XX (personnelle).
Epithéliomadela régioncarotidienne.
Femme L..., de Ponson-Debat-Pouts (Basses-Pyrénées), âgée de 72ans; pasd'antécédents cancéreuxdanssafamille.Pasde syphilis.
Ily a13 ans, elle eut un épitbélioma de l'angle externe de l'œil
gauche;cet épithélioma futtraitépar un empirique qui appliquaune pâte noire. La réactioninflammatoire fut trèsgrande, toutela face se tuméfia et la malade souffrit terriblement pendant trois jours. Ces phénomèness'amendèrent peu à peu, une escliarre se produisit, et
tombaau bout de quelques jours; un mois après, la guérison était
parfaite; une cicatrice indique encorela place dela lésion primitive.
Deux ans après, une ulcération épithéliomateuse analogue àla
première se forma aucou, en bas etenarrière de l'angle du maxil¬
laire inférieurgauche ; mais la malade, effrayée par le traitement déjàsuivi, nevoulut pas se faire soigner. Le mal s'estétendu peu à
peu,etdepuisun an estdevenulesiège de douleurslancinantes, qui
ontaffaibli la malade en l'empêchant de dormir.
Fatiguéede souffrir, la malade vient nous demanderun calmant,
le 24 septembre dernier : nous reproduisons ci-dessous l'épreuve
photographique
de la lésion que nous avons tirée cejour-là (photo¬graphien.1).
L'épithéliomapartdel'apophyse mastoïdegauche, descend en bas
elenavant pour atteindre l'angle du maxillaire inférieur et gagner lapartiemédiane de l'os hyoïde. Sa longueur est de 10 centimètres
etsalargeur 3 centimètres 5. Ilest limité par une série de
granula-hons grisâtres, inégales, plutôt que par un ourlet. Le centre est
rouvert de croûtes noires, verruqueuses, en partie soulevées et laissantécouler unliquidesanieux. Après avoirenlevé
complètement
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les croûtes, on constate une ulcération de coloration rose, avecdes bourgeons irréguliers, d'où suintent de petitsfilets desang.Labase
est dure; mais la peau seule est intéressée et les mouvementsdu
cou ne sont nullement gênés. Pas de ganglions. Etat généralassez bon, malgré une certaine fatigue accusée par la malade depuisune
année environ.
Le25 septembre, badigeonnage sur toute la surface
épithélioma-teuse. Lamalade accuse un fourmillementpénible pendantles cinq
minutes qui suivent l'application; mais le soir elle n'éprouve
plus
cette douleur tenace qui la tourmentait depuis longtemps etpeut
dormir.
Les28 et30 septembre, deux nouvelles applications.
Le 2 octobre, nousconstatons unelégère amélioration;lesgranu¬
lations limitantes ont diminué de volume; les bourgeonssécrètent beaucoup moins qu'auparavant, et la douleur locale a
disparu. A.
partir decemoment,la maladevientsefairesoignerd'une
façon fort
irrégulière, attendant quelquefoisune dizaine dejours.
Malgré cela
l'amélioration continue. Pendant le mois de novembre que nous
avons passé à Bordeaux, M. le D1' Guichot père lui a
fait quatre
cautérisations.
Le 30 novembre, nous avons tiré une seconde épreuve
photogra¬
phique que nous reproduisons ici (Photographie n° 2).
On voit, par cette gravure, que la lésion a beaucoup
diminue
d'étendue, et est aux trois quarts guérie. Les
granulations isolées
qui persistent encore réclamentla continuation du
traitement. Mais
ilestregrettablepourla malade qu'elle ait étéaussipeu
assidue, et que
des occupations souventpeu importantesl'aientempêchée
de
selais¬
sertraiter. Nous avions eud'abord l'intention de luidonner le
médi¬
cament pour qu'elle fit elle-même les badigeonnages,
mais nous
avons cru plus prudent deles pratiquer nous-mème: nous
sommes
persuadé en effet que, n'éprouvant plus de
douleur, cette femme
n'aurait jamais trouvé un moment pour faire
l'application. Eu
résumé, dans ce cas d'épithélioma cutané, l'acide acétique a
amene
unetrèsgrandeamélioration,et nousavons le droit
d'espérer que lu
guérison pourraêtre obtenue dans unavenir très court.
CHAPITRE VI
Dans le chapitre précédent, nous avons exposé tout au long
les observations des épitheliomas cutanés, traités exclusivement
par des applications d'acide
acétique
cristallisable. Si nous reprenons les résultats obtenus, nous trouvons, sur vingt cas,quinze guérisons constatées; est-ce direque lereste constitue,
àproprement parler, des insuccès? Non; car dans un des casla malade estmorte, enlevée par une maladie intercurrente, avant quela lésionnéoplasique fût tout à fait cicatrisée; dansunautre
cas, qui nous est personnel, l'amélioration, très sensible à l'heure actuelle,nous permet d'escompter la guérison définitive
dans un laps de temps assez court. Restent trois cas, au sujet
desquels
il nous estdifficile d'avoir une opinion; le traitementaété
interrompu
trop vite,à notre avis, pour que nous puissionsnousprononcer sur son effet.
Quoi qu'il en soit, l'efficacité de l'acide acétique pur dans le traitement des épithéliomas de la peau, estamplement démon¬
trée;disons quelques mots du mécanisme de sonaction;voyons comment il arrête cette prolifération désordonnée et envahis¬
sante des cellules cancéreuses.
Le Dr
Broadbent,
en 1886, a montré expérimentalement que,sousle
champ
du microscope, l'acide acétique dissolvait rapi¬dement la cellule néoplasique, et, d'après lui, le même fait doit se produire sur le vivant. Cette opinion fut infirmée,
quelque
temps après, par le Dr Moore. Celui-ci, dans un casdépithélioma
de la lèvre inférieure ayant envahi les ganglions sous-maxillaires, injecta quelques gouttes d'acide acétique con¬centré dans l'un de ces ganglions. 11 ne tarda pas à remarquer que ce ganglion cessait de s'accroître, tandis que les autres
Guichot 4
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continuaient à progresser. L'examen