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PAUVRETÉ EN AFRIQUE ONT ÉTÉ INÉGAUX

L’Afrique a enregistré quelques progrès en matière de réduction de la pauvreté. Huit pays - Cabo Verde, Gabon, Gambie, Lesotho, Maroc, Mauritanie, Namibie et Tunisie - ont réduit la pauvreté de moitié et sont en passe d’atteindre l’objectif d’élimination de la pauvreté fixé dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Mais en Angola, aux Comores, en Côte d’Ivoire, à Madagascar, à Sao Tomé-et-Principe, au Sénégal et au Soudan du Sud, la pauvreté s’est aggravée (figure 4.2).

Figure 4.2 Change in extreme poverty rates in selected African countries, 2002¬–2010 to 2011¬–2019

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

2011-2019

2002 -2010 CIV

GMB STP

AGO

SSD MDG

SEN

LSO GHA NAM

La pauvreté a diminué de plus de deux fois entre 2011 et 2019 par rapport à la période 2002-2010

La pauvreté a diminué en 2011-2019 par rapport à 2002-2010

La pauvreté a augmenté en 2011-2019 par rapport à 2002-2010

CMR

Note : Le taux d’extrême pauvreté fait référence à la proportion de la population dont la consommation moyenne est inférieure à 1,90 dollar en parité de pouvoir d’achat par jour.

Source : Compilation à partir de la base de données des indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale.

Figure 4.2 Évolution des taux d’extrême pauvreté dans certains pays africains, de 2002-2010 à 2011-2019

Alors que la part de la population vivant dans l’extrême pauvreté a diminué depuis 1990, près de 150 millions d’Africains vivent davantage dans la pauvreté aujourd’hui qu’il y a 30 ans (figure 4.3) . Les Africains représentaient 62 % des pauvres du monde en 2017, contre moins de 15 % en 1990 (Christiansen et Hill, 2019). D’ici 2030, près de 86 % de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté se trouvera en Afrique (Banque mondiale, 2020). Ainsi, même avant le début de la pandémie de COVID-19, l’Afrique avait peu de chances d’atteindre le premier objectif de développement durable (éliminer l’extrême pauvreté d’ici 2030).

Figure 4.3 Ratio de la population pauvre et nombre de pauvres en Afrique, années sélection-nées de 1990 à 2018

283,8

395,1 407,9 433,4

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

0 10 20 30 40 50 60 70

1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2015 2016 2017 2018

Nombre de pauvres

Ratio de la population pauvre (%)

Le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a augmenté depuis 1990, mais le rythme de l’augmentation a considérablement baissé depuis 2002 (figure 4.4). Le nombre de pauvres en Afrique a augmenté de 9 millions par an entre 1990 et 2002, de seulement un peu plus d’un million par an entre 2002 et 2014 et de 6,4 millions par an entre 2014 et 2018 (figure 4.5). Cette tendance est appelée à changer radicalement en raison de la pandémie de COVID-19, l’augmentation du nombre de nouveaux pauvres pouvant avoir atteint le chiffre de 55 millions en 2020 (CEA, 2021). En d’autres termes, 12,6 % de personnes de plus devraient tomber dans la pauvreté au cours de la seule année 2020, soit plus que le nombre total de personnes devenues pauvres depuis 1999. À ce stade, il est difficile de prévoir la probabilité que ces personnes sortent de la pauvreté à l’avenir.

Figure 4.3 Ratio de la population pauvre et nombre de pauvres en Afrique, années sélectionnées de 1990 à 2018

Note : La pauvreté s’entend d’une consommation moyenne de moins de 1,90 dollar par jour en parité de pouvoir d’achat.

Source : Données de la Banque mondiale (2020).

L’augmentation du nombre de pauvres en Afrique en raison de la pandémie de COVID-19 doit être considérée dans le contexte de la tendance à long terme à une réduction lente de la pauvreté. Si l’augmentation en soi n’est pas inhabituelle, l’ampleur estimée de l’augmentation en un an due à la pandémie - près de neuf fois l’augmentation annuelle de 2014-2018 - est exceptionnelle. Elle accentue la difficulté

Figure 4.4 Nombre de nouveaux pauvres en Afrique, entre la période 1990-1993 et la période 2018-2020

Figure 4.4 Nombre de nouveaux pauvres en Afrique, entre la période 1990-1993 et la période

51.2

23.4

26.4 10.3

- 0.7

9 0.8 3.7 8.5 10.4 4 2.6

1990 - 1993 0 50 100 150 200

250 Augmentation Diminution

54.7 (a)

1993 -

1996 2017-

2016- 2018 2015- 2017

2014- 2016 2011- 2015

2008- 2014 2005- 2011

2002- 2008 1999- 2005

1996 - 2002

1999 2018-

2020

Pourcentage

a.Estimation par la CEA de l’augmentation due à la pandémie de COVID-19. La majeure partie de l’augmentation pourrait avoir eu lieu en 2020.

Note : Dans la source originale, les données se réfèrent à l’Afrique subsaharienne. Ici, les données se réfèrent à l’Afrique dans son ensemble, car la quasi-totalité de la pauvreté sur le continent se situe dans la région subsaharienne.

Note : La pauvreté s’entend d’une consommation moyenne de moins de 1,90 dollar en parité de pouvoir d’achat par jour.

Source : Calculs de la CEA à partir des données de la Banque mondiale (2018).

de réduire la pauvreté en Afrique, qui est énorme et variée. Début 2018, le Nigéria a dépassé l’Inde en tant que pays comptant le plus de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, et la République démocratique du Congo pourrait bientôt atteindre la deuxième place.

Les personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans ces deux pays représenteront plus de la moitié des pauvres en Afrique d’ici 2030.

Figure 4.5 Nombre de nouveaux pauvres par an en Afrique depuis 1990

Figure 4.5 Nombre de nouveaux pauvres par an en Afrique depuis 1990

9,3 1,1 6,4

54,7

1990-2002

(12) 2002-2014

(12) 2014-2018

(4) 2018-2020 (2) a Nombre de nouveaux pauvres

(en millions de personnes)

a. La majeure partie de l’augmentation a probablement eu lieu en 2020.

Note : Dans la source originale, les données se réfèrent à l’Afrique subsaharienne. Ici, les données se réfèrent à l’Afrique dans son ensemble, car la quasi-totalité de la pauvreté sur le continent se situe dans la région subsaharienne. Les chiffres entre parenthèses renvoient au nombre d’années.

Source : Calculs de la CEA à partir des données de la Banque mondiale (2018).

PAUVRETÉ

MULTIDIMENSIONNELLE

La pauvreté est un phénomène complexe et multiforme, qui concerne la santé, l’éducation et le niveau de vie. Comme pour la pauvreté monétaire, c’est en Afrique que les privations liées à la pauvreté multidimensionnelle sont les plus importantes, plus de la moitié de la population vivant dans ce type de pauvreté (figure 4.6). D’autres régions présentent également des niveaux de privations non monétaires nettement supérieures à ceux de la pauvreté monétaire. En Amérique latine et dans les Caraïbes, la part de la population dans les ménages vivant dans la pauvreté multidimensionnelle est presque le double de celle des ménages vivant dans la pauvreté monétaire.

Les formes de privation qui touchent les ménages en Afrique se recoupent fortement, 58 % des habitants de la région vivant dans une pauvreté multidimensionnelle (soit 21 % de la population

totale de la région) étant privés au regard des trois dimensions de la santé, de l’éducation et du niveau de vie (Banque mondiale, 2020). Ce chevauchement est plus faible dans d’autres régions : 11 % des personnes vivant dans la pauvreté multidimensionnelle en Amérique latine et dans les Caraïbes sont privées au regard des trois dimensions, tout comme 22 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Plus de 90 % des personnes vivant dans la pauvreté monétaire en Afrique sont également privées d’infrastructures de base, d’éducation ou des deux. Plus de 375 millions de personnes dans la région (37 %) vivent dans des ménages où au moins une personne souffre de malnutrition, et 487 millions de personnes (48 % de la population de la région) n’ont pas accès à l’eau potable. Un des aspects essentiels de la pauvreté des ménages est l’augmentation du coût des produits alimentaires de base.

Figure 4.6 Taux de pauvreté multidimensionnelle et de pauvreté monétaire dans certains