CHAPITRE III :
Expérimentation
Introduction
Ce chapitre est consacré au cadre méthodologique de notre recherche, nous allons présenter, en détails, toutes les étapes que nous avons suivies lors de notre recherche expérimentale : la description des outils de recherche, la présentation de l’échantillon, ainsi que la collecte et le traitement des données obtenues.
Pour atteindre les objectifs de notre recherche, il est plus que nécessaire de suivre une démarche bien déterminée. Dans notre cas, nous avons programmé de suivre deux techniques pour faire notre investigation. Premièrement, nous avons prévu d’aller sur le terrain pour faire deux observations de classe afin de vérifier si les enseignants pratiquent l’APC, puisque c’est un moyen efficace qui nous renseigne sur l’état des lieux de nos écoles. Or, cette observation n’a, malheureusement, pas eu lieu, vu la situation sanitaire actuelle qui a pris la planète de court. Deuxièmement, nous avons choisi de faire une enquête par questionnaire qui est une démarche suivie presque par tous les chercheurs.
Certains trouvent que cette technique a des avantages, puisque, tout simplement, elle permet de collecter les données rapidement, soit sur place soit à distance (en ligne), tandis que d’autres jugent qu’elle n’est pas efficace car on peut trouver des erreurs, les questions et le public sont, parfois, mal choisis, s’ajoute à cela, les résultats dans la plupart des cas ne sont pas fiables.
Dans ce chapitre, nous allons, en premier lieu, évoquer notre question centrale de recherche et les hypothèses que nous avons émises au début de notre recherche. Nous ferons, ensuite, un rappel de notre cadre théorique et une description des différentes étapes de la procédure expérimentale. En dernier lieu, nous présenterons et analyserons les résultats obtenus afin de confirmer ou infirmer nos hypothèses de départ.
III.1. Rappel de la problématique
Comme nous l’avons souligné dans l’introduction générale de notre mémoire, à l’issu de la seconde réforme du système éducatif algérien, les enseignants de tous les cycles ont été soumis à l’application de nouvelles exigences à savoir : l’approche par compétence et la pédagogie de projet en classe de FLE, alors que ces derniers, rencontrent pas mal de contraintes, puisqu’ils n’ont pas été préparés pour les appliquer convenablement. De ce fait, ils ont ressenti un échec, et c’est ce constat de départ qui nous a le plus motivées à choisir cette thématique de recherche et à formuler notre question de recherche comme suit : les fondements théoriques de l’approche par compétence sont-ils, réellement, mis en œuvre sur le terrain ?
Les questionnements partiels de notre recherche sont les suivants :
➢ L’approche par compétence de projet telle que pratiquée dans l’enseignement/apprentissage du FLE est-elle en conformité avec les fondements théoriques de cette même approche ?
➢ Le travail en groupe est-il une modalité d’apprentissage dans une classe de FLE ?
➢ Les enseignants sont-ils suffisamment formés à cette nouvelle approche d’enseignement ?
III.2. But de la recherche
L’objectif visé par notre recherche est bien d’analyser les perspectives de la réforme et les lacunes des pratiques de l’approche par compétence dans l’enseignement/apprentissage du FLE. Les nouvelles méthodes d’enseignement sont, parmi les finalités majeures de cette refonte, car elles facilitent le processus de l’enseignement/apprentissage et accordent à l’apprenant l’opportunité de devenir responsable, de s’auto-construire, et de se préparer pour sa vie professionnelle. Désormais, le rôle de l’apprenant ne consiste plus à rabâcher les cours qu’il a eus en classe, mais consiste plutôt à s’impliquer dans son processus d’apprentissage.
Notre but principal est, donc, de mettre en confrontation les principes de cette approche pédagogique et les pratiques enseignantes des enseignants de français de 4ème AM, et de vérifier si la réforme contribue à l’amélioration de l’apprentissage de FLE.
III.3. Les hypothèses
Nous avons émis, dans notre travail de recherche, des hypothèses que nous allons confirmer ou infirmer après l’analyse des réponses au questionnaire que nous avons soumis aux enseignants de français de 4ème AM
• Notre première hypothèse suppose que la pédagogie de projet telle que pratiquée dans l’enseignement/apprentissage du FLE ne serait pas en conformité avec les fondements théoriques de cette même approche, et que l’école s’articulerait autour des principes de l’approche traditionnelle
• Notre deuxième hypothèse suppose que le travail en groupe ne serait pas pris en compte lors de l’apprentissage dans une classe de FLE.
• Notre avons émis une troisième hypothèse selon laquelle, les enseignants ne seraient pas suffisamment formés à cette nouvelle approche d’enseignement.
III.4. Contexte et échantillon (rappel du cadre théorique)
L’enseignement/apprentissage du FLE en Algérie a connu plusieurs théories d’apprentissage, chaque théorie a une finalité précise, et donne un rôle bien déterminé à l’enseignant ainsi qu’à l’apprenant.
Au départ, l’enseignant s’est appuyé sur la théorie behavioriste pour dispenser ses cours. Or, dans cette théorie, l’apprenant est considéré comme passif, il n’a pas une fonction à remplir pour construire son savoir, c’est-à-dire, c’est à l’enseignant de transmettre l’information aux apprenants et il est considéré comme étant le seul détenteur du savoir. Par contre, les behavioristes ne prennent pas en compte le côté psychologique de l’enfant. C’est pour cette raison là que les didacticiens ont pensé à une autre théorie qui est le cognitivisme. Cette dernière est apparue pour s’opposer aux behavioristes. Désormais, l’apprenant devient un être actif, il peut construire son apprentissage en fournissant un effort cognitif, il collecte, traite et emmagasine l’information, pour l’utiliser quand c’est nécessaire.
Enfin, le constructivisme et le socioconstructivisme sont, à leur tour, apparues. Dans ces deux théories, l’apprenant acquiert du savoir par la socialisation, autrement dit, il enchaîne ses propres informations avec celles des autres pour construire une nouvelle connaissance et pour ainsi faire ses tâches.
Avec l’avènement des nouvelles technologies, l’enseignant est appelé à introduire une nouvelle méthodologie plus efficace que les précédentes, qui est l’approche par compétence. Celle-ci, selon les chercheurs en Didactique des Langues, facilite le processus de l’enseignement/apprentissage de la langue française et ce, à travers l’exploitation de l’outil informatique (les documents authentiques et les supports audio/visuels).
Cette approche a été proposée par la nouvelle réforme, et pour vérifier si les enseignants appliquent vraiment les principes préconisés par cette nouvelle approche, nous avons élaboré un questionnaire que nous avons soumis aux enseignants de français 4ème AM.
Comme nous l’avons souligné dans le paragraphe précédent, notre enquête par questionnaire vise essentiellement les enseignants de français de 4ème année moyenne. Nous avons donc un nombre de 38 sur 41 questionnaires qui ont été remplis et retournés, nous avons recueilli 38 réponses et le pourcentage est donc 93%.
III.5. L’instrument du recueil de données :
Dans le but de confirmer ou d’infirmer les hypothèses que nous avons émises, nous avons élaboré un questionnaire qui comprend un certain nombre de questions posées. Nous avons, donc, rédigé 10 questions claires, compréhensibles liées à notre sujet de recherche en évitant particulièrement les questions ambiguës.
III.6. Le questionnaire
Nous avons rédigé un questionnaire comportant 10 questions de type fermé à choix multiple sur Google forms, et nous l’avons filé au public visé en ligne, pour qu’ils y répondent facilement et rapidement.
Pour chaque question, l’enseignant est amené, donc, à répondre en choisissant une des trois propositions données.
Exemple : (voir questionnaire complet en annexe)
La question 1 : vous êtes enseignants de français parce que : Proposition 1 : c’est 39,5%
Proposition 2 : c’est 42,1%
Proposition 3 : c’est 18,4%
Le pourcentage total est : 100%
III.6. Analyse des réponses au questionnaire.
Question 01
Vous êtes enseignants de français parce que :
✓ Vous aimez enseigner
✓ Vous aimez le français
✓ Un choix personnel
Histogramme 01 : pourquoi avoir choisi d’enseigner le français ? Interprétation 01 :
D’après le graphique ci-dessus, 39.5% des enseignants optent pour l’enseignement de français parce qu’ils aiment tout simplement le français, tandis que 42.1% déclarent aimer le domaine de l’enseignement, et le 18.4% restant assurent que c’était juste un choix personnel.
Commentaire 01
D’après les résultats obtenus, nous pouvons dire que la majorité des enseignants enseignent le français par amour au domaine de l’enseignement, tandis qu’une minorité aime tout simplement cette langue. Donc, nous pouvons juger qu’il vaut mieux aimer la langue pour pouvoir la pratiquer dans le domaine de l’enseignement.
Question 02
Quelle sensation avez-vous lorsque vous enseignez le français ?
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5,00%
10,00%
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20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
vous aimez enseigner vous aimez le français un choix personnel
Série 1
Histogramme 02 : Motivation pour l’enseignement du FLE Interprétation 02
Le graphique ci-dessus nous montre qu’un pourcentage important (65.8%) des enseignants questionnés se sentent motivés lorsqu’ils dispensent les cours de français, et 26.3% enseignent cette langue avec assez de motivation, tandis qu’une minorité de 7.9% déclarent ne pas être suffisamment motivés.
Commentaire 02
D’après les résultats que nous avons obtenus, nous avons remarqué qu’une grande partie des enseignants enseignent la langue française avec autant d’engagement et de motivation, ce qui va contribuer à bien dispenser leurs cours et à amener l’apprenant à suivre, tandis que les autres enseignants optent pour l’enseignement du FLE sans pour autant se sentir suffisamment motivés.
Donc, à partir de là, nous soulignons l’importance de la motivation dans l’enseignement/apprentissage de la langue étrangère puisque c’est cette motivation qui aide et stimule l’apprenant dans son processus d’apprentissage.
Question 03
Les contenus des manuels correspondent-ils aux besoins communicatifs des apprenants ?
0,00%
Histogramme 03 : l’adéquation entre les contenus des manuels et les besoins communicatifs des apprenants
Interprétation 03
D’après le graphique ci-dessus, il y a une minorité de 13.2% qui affirme que les contenus des manuels correspondent aux besoins communicatifs des apprenants. Or, 60.5% trouvent que ces programmes correspondent peu aux besoins communicatifs des apprenants et 26.3% ont répondu par non.
Commentaire 03
Les résultats obtenus montrent que la majorité des enseignants trouvent que les manuels ne correspondent pas aux besoins communicatifs des apprenants
Question 04
Les programmes actuels correspondent-ils au niveau de compétence des apprenants ?
0,00%
10,00%
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30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Oui Un peu Non
Série 1
Histogramme 04 : l’adéquation entre les programmes actuels et le niveau de compétence des apprenants
Interprétation 04
À partir de cette représentation graphique, nous constatons qu’il n’y a que 13.2% des enseignants enquêtés qui affirment que les programmes conçus par la seconde réforme correspondent vraiment au niveau de compétence des apprenants, alors que 52.6% répondent par un peu, tandis que les 34.2% qui restent trouvent que ces programmes ne correspondent pas du tout aux besoins et au niveau des apprenants.
Commentaire 04
Peu d’enseignants trouvent que les programmes qui ont été conçus dans cette nouvelle refonte répondent vraiment aux compétences des apprenants, c’est-à-dire, l’apprenant désormais, n’aura plus de difficultés à acquérir du savoir avec ces nouveaux programmes, alors que 34.% déclarent que ces programmes sont mal choisis et dépassent le niveau de compétence des apprenants , alors que normalement, avant d’opter pour un changement, il faut, d’abord, aller sur le terrain pour déterminer les difficultés dont dispose l’apprenant et identifier ses besoins langagiers, et penser, ensuite, à concevoir des programmes qui doivent être en adéquation avec les besoins et le niveau des apprenants.
Question 05
Les projets des élèves (les réalisations concrètes) proposés dans le manuel sont-ils bien choisis ?
0,00%
Histogramme 05 : le choix des projets dans le manuel Interprétation 05
D’après ce graphique, un pourcentage de 21.1%, affirment que les projets des élèves (les réalisations concrètes) proposés dans le manuel sont bien choisis, tandis que 63.2% répondent par un peu et 15.8% restant constatent que ces projets sont mal choisis.
Commentaire 05
D’après ces résultats, nous constatons que les projets proposés aux élèves dans le manuel ne sont pas pertinents et ne visent pas à développer les compétences nécessaires à l’apprentissage de la langue étrangère.
Question 06
Les activités proposées dans les manuels peuvent-elles être réalisées en l’absence de l’enseignant ?
0,00%
10,00%
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30,00%
40,00%
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60,00%
70,00%
Oui Un peu Non
Série 1
Histogramme 06 : la réalisation des activités proposées dans le manuel en l’absence de l’enseignant
Interprétation 06
D’après ce graphique, 23.7% des enseignants trouvent que les activités proposées dans les manuels peuvent être réalisées en l’absence de l’enseignant, et la majorité (50%) ont répondu par un peu, pendant que 26.3% confirment que l’élève n’est pas en mesure de réaliser ses activités sans la présence de l’enseignant.
Commentaire 06
Un nombre réduit d’enseignants affirment que l’apprenant, à l’ère de la réforme, est en quelques sortes, apte à réaliser ses activités sans aucune aide de son enseignant, il peut donc, se débrouiller en faisant appel à ses propres compétences pour résoudre les activités proposées dans le manuel, alors que la majorité des enseignants n’ont pas la même vision des choses. De là, on déduit que les activités n’ont pas été choisies en fonction du niveau de l’apprenant.
Question 07 :
Les activités proposées dans les manuels favorisent-elles le travail collaboratif ?
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
Oui Un peu Non
Série 1
Histogramme 07 : activités proposées dans le manuel et travail collaboratif Interprétation 07
D’après le graphique ci-dessus, 26.3% déclarent que les activités proposées dans le nouveau manuel favorisent le travail de groupe, tandis que la majorité (50%) a répondu par un peu et les enseignants qui restent (23.7%) ont dit que le paramètre de travail de groupe n’a pas été pris en compte dans ce nouveau manuel.
Commentaire 07
Nous soulignons donc, d’après les résultats obtenus, que les activités proposées dans les nouveaux manuels ne favorisent pas le travail de groupe.
Question 08
Les enseignants ont-ils bien compris les implications de l’approche par compétences ?
0,00%
10,00%
20,00%
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Oui Un peu Non
Série 1
Histogramme 08 : le degré de compréhension des implications de l’APC Interprétation 08
Parmi les enseignants questionnés 39.5% d’entre eux confirment avoir bien compris les implications de l’approche par compétence, ce qui leur permet de l’intégrer facilement en classe de FLE, 44.7%
ont répondu par un peu, alors que les 15.8% qui restent n’ont rien compris de ces implications.
Commentaire 08
À partir de ces résultats, nous faisons le constat que ce ne sont pas tous les enseignants qui vont pouvoir se familiariser avec les nouvelles implications de l’approche par compétences.
Question 09
Comment vos élèves assimilent-ils avec la pratique de l’approche par compétences ?
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10,00%
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Oui Un peu Non
Série 1
Histogramme 09 : approche par compétence et assimilation des connaissances Interprétation 09
D’après ce graphique, 47.4% d’enseignants trouvent que leurs élèves assimilent assez rapidement avec la pratique de l’approche par compétence, tandis que, 23.7% constatent que leurs élèves assimilent rapidement, et 28.9% déclarent que leurs élèves assimilent lentement.
Commentaire 09
D’après les réponses obtenues, nous pouvons juger que les élèves assimilent assez rapidement avec la pratique de l’approche par les compétences.
Question 10
La réforme a-t-elle contribué à l’amélioration du niveau des élèves ?
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50,00%
Rapidement Assez rapidement Lentement
Série 1
Histogramme 10 : le rôle de l’APC dans l’amélioration du niveau des apprenants Interprétation 10
D’après ce graphique, 21.1% des enseignants trouvent que cette seconde réforme a contribué à l’amélioration du niveau des élèves, 55.3% répondent par un peu, et enfin 23.7% disent qu’elle n’a aucunement contribué à améliorer le niveau des élèves, on peut dire qu’elle a été préconisée aléatoirement.
Commentaire 10
Peu d’enseignants trouvent que cette réforme participe à l’amélioration du niveau des élèves, tandis que beaucoup d’entre eux jugent que cette réforme a été recommandée d’une manière aléatoire sans pour autant prendre en compte le niveau des apprenants. C’est pourquoi, il est primordial de faire, d’abord, un état des lieux de l’enseignement/apprentissage du FLE à l’école algérienne, et penser, ensuite, à proposer une réforme.
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons interprété toutes les données collectées et à partir de là, nous avons déduit que la majorité des enseignants déclarent que la nouvelle refonte n’était ni à l’égard des apprenants ni à l’égard des enseignants et qu’elle n’a pas vraiment apporté une contribution pour améliorer le niveau des apprenants comme prévu.
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