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Chapitre III La mémoire des films et les possibilités d’acquisition liées à la présence de

B- Partie expérimentale

Introduction

Au cours de cette seconde grande partie, nous détaillerons dans un premier temps quelques considérations méthodologiques qui ont permis la mise en place des différents dispositifs expérimentaux de notre recherche. Les critères de sélection des films utilisés dans nos recherches seront introduits, ainsi que les méthodes de mesure utilisées (constitution des questionnaires de compréhension et de mémorisation). Par la suite, les expériences menées dans le cadre de cette thèse seront présentées selon trois axes, la compréhension, la mémorisation et l’acquisition de vocabulaire d’une L2.

Sélection des films (extraits)

Les extraits de film sélectionnés appartiennent au même genre cinématographique (film policier, suspense) et ont été tournés par les mêmes réalisateurs (Hitchcock, Truffaut). Les autres critères de sélection (hormis le genre) sont les suivants :

- durée de la séquence : toutes les séquences sélectionnées ont une durée comprise entre six et neuf minutes, afin de tester la compréhension sur plusieurs aspects du film, tout en générant une durée totale d’expérience relativement réduite (30 à 45 minutes selon le cas) ;

- l’année de production est une contrainte liée principalement à l’âge des participants (lycéens et étudiants), dans le but de limiter les chances qu’ils aient déjà vu le film ;

- le contenu du film présente un bon équilibre entre l'action (images) et les dialogues ;

- langue du film : les extraits sont tous en langue originale anglaise (standard –pas d’accent particulier) ou française (standard également) ;

- les acteurs : les personnages, leurs dialogues et leurs actions, étant centraux dans un film, les acteurs sont peu ou pas connus de la population test (jeunes adultes) ;

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- personnages principaux : la courte durée des extrait (huit minutes en moyenne) doit permettre de bien identifier le rôle et les intentions des personnages, ce qui implique qu'ils sont peu nombreux ;

- dialogues : toutes les séquences contiennent des dialogues élaborés, ni trop denses ni trop rapides (en fonction des contraintes du sous-titrage), et qui permettent d’effectuer relativement facilement des inférences à partir de la situation exposée ;

- action : les séquences comportent peu d’actions spectaculaires afin de ne pas détourner l’attention de manière exagérée sur les images de l'extrait, au détriment des dialogues.

Epreuves de compréhension

Dans la plupart des expériences, la compréhension des séquences est évaluée au moyen de questionnaires à choix multiples, administrés après le visionnage de la séquence (Albou, 1973 ; Bairstow et Lavaur, 2012 ; Laveault et Grégoire, 2002). Au sein de chaque questionnaire, les items portent soit sur des éléments visuels (images), soit sur les dialogues, soit sur la situation en général. Des questions ouvertes semi-dirigées ont été utilisées afin d'évaluer les inférences situationnelles de manière plus précise (voir expérience 2). Dans l’ensemble, les épreuves de compréhension sont comparables entre elles, en termes de contenu, de difficulté et de durée de passation, et portent sur des informations qui se répartissent de manière chronologique sur l’ensemble des séquences présentées.

Pour certaines expériences, notamment celles portant sur le rappel de vocabulaire (chapitre VI), des tâches de complétion de phrases sont également proposées. Celles-ci se présentent sous la forme de phrases issues des dialogues (ou des sous-titres) de l’extrait, auxquelles un mot à été ôté. Généralement, ces phrases du dialogue sont accompagnées d’une ou deux courtes phrases de contexte afin que le participant puisse les resituer au sein de l'histoire. Les indices contextuels fournis lors de cette tâche sont supposés avoir été correctement encodés lors du visionnage de la séquence (Caimi, 2006 ; Lemaire, 2005 ; Tulving, 1983) : il s’agit d’une forme de rappel indicé en situation de contexte spécifique. Par ailleurs, ce contexte est à la fois situationnel (grâce au rappel éventuel du moment du film correspondant au dialogue à compléter) et phrastique (avec les éléments de la phrase à compléter).

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Pour finir, un troisième type de tâche a été utilisé prenant en compte le délai de rétention entre le visionnage du film (suivi du premier questionnaire) et la phase de restitution (Chapitre V). Après avoir évalué la compréhension une première fois grâce à un questionnaire traditionnel à choix multiple, celle-ci est réévaluée quatre semaines plus tard. Pour cette seconde évaluation, un questionnaire de rappel indicé a été proposé, comportant des images extraites du film ainsi que la question originalement posée lors du premier test, mais sans les choix multiples cette fois (Schmid et Baccino, 2001). L’utilisation d’un rappel indicé reposant sur des images extraites du film offre deux avantages : les images proposées permettent de fournir au participant un contexte visuel assez proche du premier questionnaire. De plus, selon le modèle de l'apprentissage multimédia de Mayer (2005), l’apprentissage impliquerait de construire de manière active des connexions entre les représentations verbales et imagées. Ainsi, la présentation d'informations visuelles (images) devrait permettre de réactiver, dans une certaine mesure, les informations verbales associées de par leur contigüité temporelle et sémantique.

La complexité des items des épreuves de compréhension a été évaluée par le biais de deux méthodes. La première a consisté en une analyse détaillée de la séquence choisie. Cette analyse permet de recenser les éléments importants liés aux images et aux dialogues qui sont présents dans la séquence, sous forme écrite et à l’aide de phrases courtes (voir exemple, annexe 1). Chacune de ces phrases est alors formulée comme un item potentiel, constituant ainsi une première version (généralement assez longue) de ce que sera le questionnaire final de compréhension. Celui-ci est administré en tant que pré-test à des participants qui ont vu l'extrait de film dans leur langue maternelle (et dont on suppose qu'ils ont eu une bonne compréhension). Les résultats sont alors analysés en termes de réponses correctes : les items se démarquant de la moyenne par plus ou moins deux écarts-types sont retirés du questionnaire car jugés trop simples ou trop complexes. Les items restant sont répartis tout au long de la séquence, en respectant l'ordre chronologique de leur apparition à l'écran (en évitant que certains items ne référent à des informations temporellement contigües).

La seconde méthode consiste à faire visionner deux fois la séquence par une population au cours d’un pré-test (voir annexe 2). Lors d’une première phase, les participants voient une version muette du film sans la bande son. Il leur est ensuite demandé de formuler à l’aide de phrases simples tous les éléments (visuels) dont ils se souviennent. Lors de la seconde phase, les mêmes participants voient à nouveau la séquence, mais cette fois avec la bande son dans leur langue maternelle et il leur est demandé de rappeler un maximum

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d’éléments, si possible différents du premier rappel, en utilisant toujours des phrases courtes. L’hypothèse sous-jacente à cette technique est que, lors de la présentation de la version muette, les participants ne pourront rappeler que des éléments liés aux images (puisqu’ils n’ont pas accès aux dialogues), ainsi que quelques éléments liés à la situation (inférences basées sur l’interprétation qu’ils font des éléments visuels).

Lors de la seconde phase, le fait qu’ils aient accès aux dialogues et qu’il leur soit demandé de rappeler des éléments différents de la première fois, devrait permettre de récupérer les éléments principaux des dialogues (et de restituer des informations visuelles non formulées lors du premier rappel), ainsi que de produire plus d’inférences sur la situation évoquée par le film. Les réponses sont traitées qualitativement (regroupement d’items similaires cités par les différents participants), puis quantitativement (nombre de fois où une même information est rappelée). Les items s’écartant trop de la moyenne sont éliminés et les items restants sont sélectionnés, en fonction du type d’information auquel ils se réfèrent (visuel, dialogue ou situation) et de leur position temporelle au sein de la séquence.

Les recherches menées dans ce travail sont organisées en trois grands chapitres : dans un premier chapitre, trois études portent sur la compréhension des films en fonction des langues à l’écran, du niveau de maîtrise de ces langues par les participants et du type d’information à traiter. Dans le second chapitre, deux expériences abordent les effets de la présence de sous-titres sur le traitement d’informations ayant différents niveaux de complexité et d’interaction entre elles, ainsi que les effets liés au délai entre le visionnage du film avec l’épreuve de compréhension et l'épreuve de mémorisation. Le troisième chapitre aborde la question de l’acquisition de vocabulaire d'une langue étrangère (ou L2) par le moyen de films sous-titrés, tout en prenant en compte la fréquence et le niveau de complexité des mots issus des dialogues.

Chapitre IV - De la connaissance des langues à l’écran à