existe
un
certainnombre
de caractères qui, pris individuellement, ne diraient rien, mais dontl'en-semble donnera
une
forte présomption àun
obser-vateur attentif, et feramême,
presque à coup sûr, soupçonner ce vice, malgré les dénégations des intéressées, àun
œil adroit etexercé.Je classe ces signes sous trois chefs: A. Signes physiques généraux.
—
B. Signes intellectuels etmoraux.
—
C. Signes physiques locaux.A.
Un
teint pâle et blafard; lesyeux
tristes et troubles; les pupilles dilatées portées en hautet en dedans, quelquefois en dehors; lespaupières rouges, engorgées, lourdes, surtout les supérieures, accol-lées au réveil, et entourées inférieurement d’un demi-cercle bleu-brunâtre;un
regardfixe ethébété, dirigé vers le sol ; l’allongementetl’aspect languis-santdu
visage; l’amaigrissement rapide, sansma-ladie quien rende
compte
et malgré la voracité del’appétit;
une démarche
chancelanteetmal
assurée;un
défaut de coordination desmouvements; une
faiblesse musculaireplus
ou moins
prononcée, sur-tout vers la région lombaire;un
tremblement desmembres
supérieurs et inférieurs ; des sueurs nocturnes;une
urine trouble ou sédimenteuse;un
frisson presque continuel; la manière de s’asseoir ;
—
26—
la position des
mains
dans lelitou
durantla veille.B.
Une
sorte de tristesse instinctivepoussée jus-qu’à lataciturnité;un
caractère inégal et chagrin porté jusqu’à la colère;une
timidité exagérée en présence des parents et farouche à l’aspect des étrangers;une mémoire
rebelle;un
esprit obtus;une
indiférencepour
lejeu et les travaux d’esprit;l’amour de la solitude ;
une
paresse profonde; l'ha-bitudedu mensonge
; lesembrassements
et lescaresses exagérés entre jeunes filles ; enfin
un
cer-tain aspect,un
je ne sais quoi, plus facile à saisir qu’à exprimer par desmots
;C.
La
croissance disproportionnée de l’appareil génital externe; la déchirure de l’hymenquelque-fois; l’humidité anormale
du
vagin et de la vulve;la béance, la dilatation et la pâleur
ou
la rougeur extraordinaires de ces organes; les écoulements leucorrhéiques; l’allongement et la sensibilité mor-bidedu
clitorisoù
souvent siègent des excoria-tions; enfin les corps étrangers de toutes formes etde toutes matières trouvés dans les organes géni-to-urinaires,
ou
le plus souvent rencontrés danslelit, cachés sous le matelas;tel est l’ensemble des signes dont la connaissance fera éviter toute erreur
et ne permettra pas de révoquer en doute,
comme
cause originelle, levice de masturbation chezcelles qui les présenteront. Aussi dois-je ajouter ici
que
—
tant est répandue cette triste passion— chaque
fois
que
le praticien, mis en présence d’une des maladies dontnous
allonsnous
occuper, ne pourralui assigner
une
cause àpeu
près certaine, il lui sera permisde soupçonner chez sa patiente desma-nœuvres
illicites; etil devra diriger ses investiga-tions de ce côté.CHAPITRE
V.CONSÉQUENCES.
Georget (1) croit
que
les auteurs qui ont écrit sur l'onanisme, et particulièrement Tissot, en ont beaucoup exagéré les effets.F. Roubaucl (2) dit dans le
même
sens: «Tous
les« auteurs qui ont pris la masturbation pour sujet
« de leurs études se sont plu, dans
une
intention« louable sans doute, mais quibien souvent n’a pas
« atteintle but qu’ils se proposaient, se sont plu,
« dis-je, àrembrunirsans
mesure
lescouleurs avec« lesquelles ils peignaient les
maux
qu’entraîne« cette funeste habitude. L’ouvrage de Tissot est
« resté, sousce rapport,
un
livre classique.« Si ce n’était pas sortir de
mon
cadre il serait« facile de prouver combien cespeintures sonttout
« à la fois exagérées, inutiles et
même
dangereu-« ses; la stricte vérité est suffisamment hideuse
« pour qu’il ne soit pas nécessaire do fia charger
« d’images
purement
imaginaires. ».Te
me
range à l’opinion de ces auteurs ; cepen-dantbien qu’exagérées par Tissot, lesconséquences de l’onanisme n’en sont pasmoins
mortelles quel-quefois, terribles souvent, fâcheuses toujours.Une
première question se présente ici, que je no puis passersous silence: celle de savoir silessuites dela manuélisation sont plus gravesou
lesmêmes que
les effets résultant des excès vénériensnatu-rels. Je ne puis hésiter à répondre
que
lesconsé-(1) Voir Physiologie du système nerveux.
(2) Ouvrage cit. p. 556-557. T. II.
—
28—
quences do l’onanisme sont plusfunestes
que
cellesdu
libertinage.« Cela tient àce
que
les masturbateurs ont plus« souvent l’occasion de se procurer la sensation
« vénérienne
que
les personnes qui se livrentau
« coït, puisqu’il suffit
aux
premiers d’êtreun
ins-a tant seuls; cela tient encore à ce
que
chezceux-ci ci l’encéphale est dans
une
tension prodigieuse,« et forcé, pour éprouver la sensation vénérienne,
« de secréer
un
excitant qui luimanque,
de sefor-ce
mer
desperceptions,d’éprouver des réminiscences,« en
un mot
de se représenter des peinturesvolup-« tueuses qui ne sont pas sous les
yeux
danslemo-«
ment
pendantlequel a lieu lamasturbation (1). »Une
seconde question est celle-ci: lafemme
res-sent-ellecomme l’homme
et aumême
degré les effets pernicieuxdu
coït et de la masturbation?Malgréla haute science do l’auteur
que
je viens deciter et quirépondpar lanégative, jene puis
m’em-pêcher d’émettreun
.avis contraireau
sien. Si eneffet, le plus généralement,
comme
on leremarque
chez les prostituées, les excès de coït sont sans ef-fet chez lafemme,
c’estque
cette dernière, dans ces circonstances, ne perd niphysiquement
nimo-ralement
—
fluidesgénitaux, influx nerveux, forces volontaires.—
Car, être passifdans l’actevénérien,la
femme
peut sous l’influence de sa volition, s’af-franchirquand
il lui plaît, de toute participation corporelle et morale au congrès sexuel.En
ce cas point d’écoulementdu
liquide vulvo-vaginal, point de déperdition de l’influxnerveux
et volontaire,et surtout point de soubresauts coïtauxépileptiformes puisque lespasme
fait défaut. Voilà pourquoi les prostituées peuventimpunément
faire leur métier fort longtemps, et servir demoyen
à des excès qui tuerontl’homme
mais ne retentiront point surleur organisme. Toutefois, il n’en est plus demême
(1) Loncle, Nouveauxéléments d'hygiène, p. 148. T. I.