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Chapitre 2. Les récepteurs de l'immunité innée

2.6 Les PAMP et le VIH-

Lors d'une infection au VIH-1, une forte concentration de produits microbiens peut se retrouver dans les tissus et le sang des individus infectés. Ce phénomène est dû en partie à leur susceptibilité aux co-infections microbiennes mais aussi à la translocation microbienne.

2.6.1 Co-infections microbiennes

Il est bien connu que les infections transmises sexuellement favorisent la transmission du VIH-1 (223). Elles permettent également la dissémination efficace du virus chez les individus séropositifs (224, 225). Neisseria gonorrheae, Chlamydia trachomatis et Candida

albicans sont parmi les pathogènes les plus étudiés dans le contexte de la transmission du VIH-1.

La bactérie à gram négatif Neisseria gonorrheae (GC) fait partie des pathogènes souvent associés à la transmission du VIH-1. Elle peut augmenter l'infection par le VIH-1 via différents mécanismes. Tout d'abord, il a été démontré que GC augmentait in vitro l'infection des DC dérivées de monocytes. En effet, l'infection par GC induit l'activation des DC via le TLR2, les rendant davantage susceptibles à l'infection (226). De plus, une autre étude a démontré que le nombre de LyT CD4+ dans les muqueuses endocervicales est beaucoup plus grand chez les femmes infectées par GC, amenant ainsi un plus grand nombre de cellules permissives à l'infection au site de transmission (227). GC a également la capacité d'activer la transcription du LTR du VIH-1, aidant ainsi la replication virale (228). Plus récemment, une équipe a démontré que les LyT CD4+ quiescents sont plus susceptibles à l'infection par le VIH-1 lors de la présence d'une co-infection avec GC. En effet, GC active le TLR2 à la surface des LyT CD4+ quiescents, ce qui induit l'expression du CCR5 et du CXCR4 à leur surface. Ils ont aussi démontré que l'activation via le TLR2 augmente l'import nucléaire, étape nécessaire à la production de nouveaux virions (229). La candidose oropharyngée est l'infection fongique la plus répandue chez les individus infectés par le VIH-1. Selon certaines études, environ 90% des individus séropositifs développeront une candidose au cours de leur maladie (230, 231). Cette infection opportuniste, causée par Candida albicans, peut survenir à toutes les étapes de la pathogénèse du VIH-1. Plusieurs études ont démontré une interaction entre le VIH-1 et Candida albicans, menant à une augmentation de l'infection des deux microorganismes (232). La candidose permet la transmission plus efficace du VIH-1, alors que l'infection au VIH-1 favorise la candidose en diminuant la réponse immunitaire (233). En effet, cette dernière cause de nombreuses lésions dans les muqueuses buccales, en plus de provoquer leur inflammation. Cela permet au VIH-1 de passer plus facilement la barrière épithéliale en plus d'infecter les cellules du système immunitaire qui y sont recrutées. En plus de réduire l'immunité, le virus peut également interagir directement avec Candida albicans. En effet, le VIH-1 peut lier le microorganisme, ce qui mène à une production plus forte des facteurs de virulence par ce dernier, favorisant ainsi la progression de cette maladie (234).

Une autre maladie souvent associée à la transmission du VIH-1 est la chlamydiose causée par le microorganisme Chlamydia trachomatis. En effet, il a été démontré que les hommes co-infectés possédaient une charge virale 5 fois plus élevée dans leur sperme que les hommes ne présentant aucune ITS (235) augmentant ainsi la probabilité de transmettre le virus.

En plus d'augmenter la transmission et l'infectivité virale, les co-infections libèrent des produits microbiens dans le sang et les tissus des individus séropositifs. Ceci contribue à l'hyperactivation du système immunitaire, tout comme la translocation microbienne, permettant ainsi au VIH-1 d'infecter un plus grand nombre de cellules.

2.6.2 La translocation microbienne

La translocation microbienne est un phénomène qui a récemment été mis en évidence chez les personnes infectées par le VIH-1 (150). Ce phénomène se définit comme étant le passage de produits microbiens dans le sang et les tissus périphériques, et a d'ailleurs été quantifié par Brenchley et ses collaborateurs. En effet, ils ont démontré que les patients séropositifs en phase chronique présentaient une concentration sanguine en LPS significativement plus élevée que les personnes séronégatives (150). Chez les patients en phase chronique, il est fort probable que l'on retrouve divers produits microbiens dans le sang et les tissus bien que seul le LPS ait été identifié et quantifié jusqu'à maintenant. Ces produits microbiens proviennent de la flore commensale de l'individu infecté. Ce passage serait dû en partie à la perturbation de la barrière épithéliale de la muqueuse au niveau du tractus gastro-intestinal.

Cependant le mécanisme responsable de cette perméabilité demeure méconnu (236). Plusieurs hypothèses ont cependant été soulevées. Parmi celles-ci, il y a l'action directe du VIH-1 sur les cellules épithéliales des muqueuses. En effet, le virus induit la production de cytokines pro-inflammatoires affectant ainsi l'intégrité de la barrière épithéliale (236). Une autre cause de cette perméabilité est la depletion massive des LyT CD4+ dans les muqueuses intestinales provoquant ainsi une perte de l'immunité mucosale. Cette perte provoque la prolifération excessive des microorganismes commensaux (150). La forte présence des PAMP entraine une maturation et une activation des cellules immunes les

rendant plus susceptibles à l'infection ou plus aptes à capturer et à transférer le VIH-1. Bien que les connaissances concernant la translocation microbienne augmentent, il reste cependant beaucoup de travail à faire afin de déterminer son effet réel sur l'infection et la pathogénèse du VIH-1.

2.7 La maturation des cellules dendritiques et le transfert viral