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PREMIÈRE PARTIE : LA REPRÉSENTATION DE PÉKIN AU DÉBUT DU

2. Le Pékin des signes

2.1 Image de la Chine et image générale de Pékin au sens de l’imagologie

Le temps s’écoule à tout vitesse et l’image d’une ville peut, elle aussi, évoluer rapidement. Quand nous étudions la représentation d'une ville étrangère dans la littérature, ce n’est pas pour restituer une ville réelle, mais pour dévoiler la ville littéraire qui en émane, quel que soit le degré de réalisme impliqué. Comme l’explique Jean-Marc Moura : « l’intérêt des analyses imagologiques n’est pas dans la restitution du "réel" (masque d’options métaphysiques), mais dans le dévoilement des figures qu’un imaginaire social et littéraire élabore à propos de l’étranger »106. Il se peut que les signes consistent en des détails d’une ville. Dans la mémoire collective, il ne reste souvent d'une ville que certains détails, comme

103 Madeleine Micheau et Henry Bouillier (dir.), Genèse de René Leys de Victor Segalen, Lille, Atelier national de reproduction des thèses, 1997, 546 p., p. 54̻66.

104 Ibid, p. 55.

105 Voir « Révolution », Victor Segalen, René Leys, éd. Sophie Labatut, Éditions Chatelain-Julien, p. 935̻1045.

106 Jean-Marc Moura, L’image du tiers-monde dans le roman français contemporain, Paris, Presses universitaires de France, 1992, 317 p., p. 295.

certains endroits, ou un mur ou une porte par exemple. On revit parfois une expérience passée en en saisissant les détails, des signes dans notre mémoire qui sont ensuite éternellement repris et reformulés dans les textes littéraires.

2.1.1 L’image de la Chine au début du XXe siècle

Du point de vue du lien littéraire entre l’Occident et l’Extrême-Orient, on connaît bien aujourd’hui le rôle joué par les écrits des missionnaires jésuites dans la constitution en Europe d’une image idéalisée de la Chine aux XVIIe et XVIIIe siècles. À partir du XIXe siècle, les témoignages des marchands, des ambassadeurs et des militaires sont venus peu à peu déconstruire cette image.

Dans le contexte du colonialisme, l’Europe se présente comme un « civilisateur », souhaitant convertir au christianisme non seulement la « Chine arriérée », mais aussi le monde entier, et cela afin de façonner ce dernier à son image. La Chine apparaît alors comme un lieu imaginaire. Dans les années 1900, deux tendances émergent dans la représentation de la Chine : l’une est positive et idéalisent les aspects culturels de la Chine (c’est la Chine de Victor Segalen) ; l’autre est négative et tend à reproduire les stéréotypes issus pour la plupart du péril jaune (cette tendance se manifeste notamment chez des écrivains comme Pierre Loti et Paul d’Ivoi (1856-1915)). Ces formes de représentations apparaissent aussi bien chez ceux qui voyagent que chez ceux qui n’ont aucun contact avec la Chine.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, moment où l’expansion coloniale bat son plein, une double vision de l’Autre fait son apparition dans le discours littéraire : comme nous venons de le mentionner, dans son aspect négatif, cette vision de l’Autre tend à reproduire les stéréotypes résultant du péril jaune ; dans son aspect positif, elle est un refuge pour les intellectuels qui, refusant la modernité, se tournent, pleins d’illusions, vers l’Extrême-Orient.107

Au début du XXe siècle, la description de la ville de Pékin se caractérise d’abord par son aspect mystérieux, né de sa différence de style architectural avec l’Europe. Cependant, ce « mystère », issu de l’altérité architecturale, disparaît au fur et à mesure que les Occidentaux en apprennent plus sur l’architecture de la ville de Pékin. Dans la littérature française, chaque auteur se reporte au même univers référentiel ; il faut donc savoir faire la part entre ce qui

porte la trace nette de la représentation collective conventionnelle de l’époque et la singularité propre à chaque auteur. La description de Pékin dans la presse pendant l’année 1900 est à la fois une sorte de référence importante et une sorte de présentation représentative pour les Occidentaux.

2.1.2 La ville de Pékin découverte par les Français dans le quotidien Le Temps en 1900108

Dans cette partie, nous étudierons les écrits de Pékin telle qu’elle a été découverte par les Français dans Le Temps pendant l’année 1900. Puisque le Pékin de cette année-là se caractérise par des troubles, nous étudierons ses descriptions au fil du temps. Il existe deux périodes principales et distinctes : la période d’avant et d’après l’entrée de l’expédition étrangère dans la ville de Pékin. Chaque période est marquée par le conflit, évidemment.

À la veille de la « marche sur Pékin » de l’expédition occidentale, la communication entre Pékin et l’Occident était parfois coupée : dans les milieux médiatiques, Pékin est ainsi présentée comme une ville « isolée » par le « silence ». Le Temps indique :

L'isolement de Pékin, séparé du littoral et du monde entier par la rupture des lignes télégraphiques. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 15 juin 1900)

Pékin est isolé du monde entier. C'est le moment le plus propice pour les fabricants de fausses nouvelles… les puissances… ont laissé se constituer à Pékin un état de choses tout à fait inquiétant. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 18 juin 1900)

Pékin est toujours retranché du monde. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 24 juin 1900)

L'énigmatique silence qui pèse sur Pékin dure toujours. On dirait que la capitale de l'empire du Milieu s'est effondrée tout entière dans le néant. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 8 juillet 1900)

Toujours le même désespérant silence ou plutôt toujours le même jeu de cache-cache cruel et dangereux…. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 15 juillet 1900) Et puis, enfin, il y a ce silence mystérieux, immuable, effrayant, des ministres qui

108 Ce passage a été publié sous forme d’article, voir l’article complet : Zhou Jing, « La ville de Pékin découverte par les Français dans le quotidien Le Temps en 1900 », Marie-Astrid Charlier et Yvan Daniel (dir.), Journalisme et

Mondialisation, Les Ailleurs de l’Europe dans la presse et le reportage littéraires (XIXe - XXIe siècles), Rennes,

persiste(nt), malgré…. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 23 juillet 1900) Pékin bloqué, silencieux comme une tombe…. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 23 juillet 1900)

Si nous lisons le journal, il semble que la presse impose une sorte d’inquiétude : comme nous ne savons pas ce qui s’est passé dans la ville de Pékin, celle-ci devient plus mystérieuse, « le mystère persiste à planer et à s'épaissir sur le sort d'un trop grand nombre d'Européens et de civilisés en Chine. » (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 27 juin 1900). En même temps, on suppose que le sort de Pékin est tragique, « …le grand drame… se joue entre les quatre murs d'une cité close… » (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 29 juillet 1900). Dans cette situation-là, les rumeurs qui courent favorisent un horizon imaginaire, et Le Temps confirme aussi ce point :

La rumeur publique grossit toujours les faits… l'imagination populaire rassembla ces deux données et l'on se transmit de bouche en bouche le récit du meurtre d'un ministre plénipotentiaire, frappé sur les ruines de son domicile officiel. (Le

Temps, « Bulletin de l’étranger », 18 juin 1900)

La curiosité du lecteur est ainsi attisée. Ainsi, dans « Affaires de Chine » du 20 juin 1900, le journal Le Temps présente très précisément la ville de Pékin avec sa carte : « Pékin n'est une ville unique que dans l'imagination des Occidentaux. En réalité, il y a deux Pékins, celui des Chinois proprement dits et celui des Mandchous. ». Il montre la structure architecturale de Pékin, les deux villes parallèles, chaque ville avec des murailles. La carte de Pékin qui accompagne l’article du 27 juin le montre de manière plus précise. Avec cette carte, Le Temps précise qu’« [e]ntre les murailles sud de Pékin et les légations se trouve, en effet, comme le montre le plan ci-joint, un immense labyrinthe de la ville chinoise. » (Le Temps, « Affaires de Chine », 27 juin 1900).

Quand les troupes ont pénétré dans la ville, Pékin n’était que « ruines » de toutes parts : « Pékin est entièrement en ruines. …la ville présente l'aspect d'une désolation absolue et effrayante…. Ce qui fut la rue des Légations n'est pas reconnaissable » (Le Temps, « Affaires de Chine », 30 août 1900). Aussi, dans « Lettres de Chine » du 26 octobre, le « correspondant » écrit-il :

Je me souviendrai toute ma vie de l’émotion qui s’est emparée de nous en pénétrant dans ce quartier [des légations].

A droite, à gauche, des ruines ; devant nous des barricades. …la légation d’Italie…des ruines à droite…

Cependant, à cette occasion, tout le monde s’empresse de découvrir la ville de Pékin, qui n’existait auparavant que dans l’imagination occidentale, ainsi que dans les livres. Les généraux des troupes font des promenades militaires, du sud au nord, en traversant le pavillon central du palais impérial, ainsi que la cité interdite. Dans le rapport et le journal de Stephen Pichon (1857-1933), publié le 10 novembre 1900 dans Le Temps, il décrit précisément la marche de la colonne, jusqu’aux jardins du palais impérial. En même temps, les « correspondants » du journal livrent leurs impressions sur la ville, comme Marcel Monnier (1853-1918) :

Et Pékin devient un brasier… Les troupes gagnent la porte Sud-Ouest de la ville tartare, s'abritent derrière les ruines du Nan-Tang …. Au pas de charge, on gagne l'entrée de la ville impériale. …Les troupes entrent dans le palais impérial par le pont qui sépare les deux lacs des Nénuphars…Et Pékin est définitivement aux mains des Européens. C'est la fin de la guerre. (Le Temps, Marcel Monnier, « En Chine », 7 novembre 1900)

Sous la plume de Gaston Donnet (1867-1908), après le conflit, Pékin est une ville vide, sale, sans monuments :

J'ai déjà vu bien des villes sales, mais sales comme Pékin, je ne voudrais décourager personne, je crois que cela n'est pas possible… Je sais, on vous parlera d'originalité, de pittoresque et d'autres choses de pur terroir dont l'ensemble doit vous payer des quelques heures passées à les regarder, le nez bouché sur la tinette des empereurs tartares. On vous dira que, des monuments, il n'y en a pas, c'est vrai que les temples sont en un tel état de basse décrépitude que le visiteur craint toujours la chute de leur toit sur sa tête, c'est encore vrai.

Et Pékin vide est plus que jamais un amas de décombres, d'immondices, de boue coagulée, de fondrières, de cloaques, de puanteurs, de guenilles et de fumier. (Le Temps, Gaston Donnet, « En Chine », 27 novembre 1900)

Il a parcouru ces « trois villes » (ville chinoise, ville tartare ou mandchoue, et ville impériale) dans tous les sens. Il est passé à travers la ville interdite et a franchi le pont de Marbre. Il considère alors que Pékin ressemble à un cimetière à cause de ses petites maisons basses, ces dernières correspondant à une sorte d'esthétique macabre, selon lui. En ce qui concerne les habitants de Pékin, d’après une dépêche du général Frey du 24 août, « le calme

renaît dans Pékin. Les habitants reviennent. La ville recommence à prendre son aspect habituel. » (Le Temps, « Affaires de Chine », 7 septembre 1900).

D’ailleurs, il existe toujours une sorte d'animalisation du pays de la part des Occidentaux. La Chine est souvent décrite comme un « dragon méchant ». D’après le journal

Le Temps, la prise de Pékin est considérée comme une victoire contre ce « dragon méchant »,

et Pékin représente évidemment la gorge du dragon chinois.

Oui, sous la griffe du dragon chinois. Ils y sont tous les ministres étrangers comme les ministres de la cour, les fonctionnaires de l'empire unique et ceux des autres empires. La bête cruelle et incompréhensible dont les Chinois ont si justement fait leur symbole abattait, il y a un mois, ses ongles mortels sur les étrangers. Elle a relevé maintenant la patte et fait mine de laisser partir nos représentants. Mais, par compensation sans doute, voici tombé sous ses coups les Chinois suspects de ne pas haïr assez vigoureusement le reste des peuples. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 7 août 1900)

Il est donc infiniment plus "vraisemblable de supposer que la route de Pékin est aujourd'hui ouverte, et même que les alliés sont sous les murs de la capitale. Mais, avec des troupes au pied du palais impérial… Le monde civilisé aura le pied sur la gorge du dragon chinois. Il faudra lui arracher sans doute quelques dents, quelques griffes, voire lui mettre un licol. (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 18 août 1900)

Comme il est dit que la route de Pékin est ouverte, « le voile qui couvrait à nos yeux la Chine presque entière se lève peu à peu et c'est un spectacle tragique qu'il nous est donné de contempler. » (Le Temps, « Bulletin de l’étranger », 29 juin 1900) Quand les alliés prennent pieds dans la ville impériale, ou dans une des enceintes interdites, il n’y a plus de secret de Pékin, ni de qualification d’« interdite » autour de la ville de Pékin. Ne reste que « leur marche victorieuse et vengeresse » (Le Temps, « Lettres de Chine », 26 octobre 1900). Tout comme ce que dit un général dans la cour du palais impérial, aux sons de la Marseillaise : « dans cette ville mystérieuse, qui n'a plus de secrets pour nos armées… » (Le Temps, « Affaires de Chine », 20 octobre 1900)

Parmi les acteurs pendant les événements, on peut noter la présence de personnalités de journalistes occasionnels : le diplomate Stephen Pichon, et des « correspondants » de presse, alors entre « grand reporter » et « écrivain voyageur » : Marcel Monnier et Gaston Donnet. Considérons tous ces statuts, nous pouvons constater que les informations données sont fortement marquées par le point de vue occidental et colonial.

La ville de Pékin en 1900 est aussi marquée par le conflit. Au niveau de la politique occidentale, « la marche sur Pékin » signifie une sorte de vengeance et de victoire. Au fur et à mesure, le Pékin ancien disparaît avec son « mystère » et son exotisme extrême-oriental. On commence ainsi à voir comment, après l’année 1900 et la décadence de la dynastie des Qing, l’Occident se prépare à redéfinir la ville de Pékin.

2.1.3 Panorama de Pékin chez Pierre Loti et Victor Segalen

Quand on habite dans une ville, la vision qui est la nôtre provient naturellement d’une perspective horizontale. Si on l’envisage de manière verticale, ce regard à vol d’oiseau nous permet de découvrir un autre aspect de la ville. Voyons ce que Loti écrit lorsqu’il visite le Temple du ciel, qui se situe au sud dans la Ville Chinoise :

Vers le nord, une ville sans fin, mais qui est nuageuse, qui paraît presque inexistante ; on la devine plus qu’on ne la voit, elle se dissimule comme sous des envolées de cendre, ou sous de la brume, ou sous des voiles de gaze, on ne sait trop ; on croirait un mirage de ville, sans ces toitures monumentales de proportions exagérées, qui de distance en distance émergent du brouillard, bien nettes et bien réelles, le faîte étincelant d’émail : les palais et les pagodes. Derrière tout cela, très loin, la crête des montagnes de Mongolie […] ressemble à une découpure de papier bleu et rose, dans l’air. (DJP, p. 79)

Loti découvre ce panorama de Pékin en montant la haute esplanade du Temple de ciel. En suivant son regard allant du sud au nord, on découvre une ville entre mirage et réalité. Plus loin, il décrit le spectacle urbain qui s’offre à ses yeux pendant son séjour dans la Ville impériale, au moment du coucher du soleil, alors qu’il admire les toits de la Ville violette : « les pyramides de faïence jaune ». Il apprécie particulièrement ce moment-là de la journée, car le crépuscule expose alors au monde des aspects uniques, que l’on ne peut voir nulle part ailleurs : « on dirait une ville en or, et ensuite une ville de cuivre rouge, à mesure que le soleil s’en va… » (DJP, p. 161). Loti exprime ici son goût pour l'exotisme, et cette vision l’amène à concevoir une appréciation plus négative de son propre pays :

Comparée à ceci, quelle laideur barbare offre la vue à vol d’oiseau d’une de nos villes d’Europe : amas quelconque de pignons difformes, de tuiles grossières ; toits sales plantés de cheminées et de tuyaux de poêle, avec en plus l’horreur des fils électriques entrecroisés en réseau noir ! (DJP, p. 161)

Comme nous l’avons dit précédemment, l’Autre est le miroir de soi-même. Loti ne peut donc s’empêcher de comparer la ville de Pékin aux villes européennes de l’époque. Ce que Loti indique ici nous rappelle les « Tableau parisiens » de Baudelaire ; en effet, dans ses poèmes, il dit que « le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel) ; […] Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts »109. Pageaux l’analyse ainsi : « à l’aide d’images, de représentations, les modalités selon lesquelles une société se voit, se pense, en pensant, en rêvant l’Autre. Nul doute en effet que l’image de l’étranger peut dire aussi certaines choses sur la culture d’origine (la culture regardante) parfois difficile à concevoir, à exprimer, à imaginer. »110

En revanche, l’expérience de Segalen est à l'opposé de celle de Loti, son regard parcourant la ville du nord vers le sud :

Rien de mieux que m’en aller longuement contempler toute la ville de son point le plus haut. Je vais donc gagner le nord de la ville Tartare, et monter à l’ancestrale « tour de la cloche »111, le « Tchong-leou », du haut […] je verrai, droit au sud, le volumineux Kou-leou, « Tour du Tambour », la Montagne de la Contemplation, le Palais disant et clos, les murailles de la cité Tartare, […] plus loin que le Sud […] la « Ville Chinoise » […] (RL, p. 97)

De plus, quand le narrateur passe par la « Montagne de Charbon »112 à cheval, son professeur (René) déclare que le vrai nom de cette montagne est « Montagne de la Contemplation » ; Segalen montre son envie de découvrir le palais qui la surmonte :

– Je dis avec regret : Evidemment. On doit pouvoir contempler de là-haut toute la ville Tartare, même la ville chinoise…et, quant au Palais, y plonger comme si… – Non, coupe nettement mon Professeur. Le toit du Kien-tsin-tien est gênant. […] – Vous y êtes monté ? On peut y monter ?

– Non, reprend-il. […]

– Restons au pas. Laissez-moi regarder au Sud vers le Palais, par-dessus les

109 Charles Baudelaire, « Le Cygne », Les Fleurs du Mal, Livre de Poche, Classique, 2012, p. 136.

110 Daniel-Henri Pageaux, La littérature générale et comparée, Paris, Edition Armand Colin, 1994, 192p., p. 60.

111 Le « Tchong-leou » (« Tour de la cloche » Zhonglou 䫏ᾬ) et le Kou-leou (« Tour du Tambour » Gulou 啃ᾬ) se situent à l’extrême nord, dans la ville Tartare. On en retrouve une référence dans la lettre de Segalen à sa femme (21 Juillet 1909), Henry Bouillier, Victor Segalen, Correspondance I, 1893-1912, p. 924-925.

112 « Montagne de Charbon » : Meishan ➔ኡ , en chinois. On l’appelle aussi « Montagne du Paysage » (Jingshan Ჟኡ), d’où l’appellation « Montagne de la Contemplation ». Elle se situe au nord, dans la ville Impériale.

parapets.

Je me dresse haut en selle. (RL, p. 59-60)

À travers ce dialogue, l’auteur évite de présenter « un panorama de palais »113 . Le panorama – que l’on peut avoir en regardant la ville d’une certaine hauteur – du haut de la Montagne de Charbon ou des remparts, est une vision impressionnante aux yeux des voyageurs. De ce fait, l’absence de panorama renforce évidemment un thème majeur de René

Leys, celui de l’impossible pénétration, même par le regard, de la ville. Dans René Leys,

l’objectif du narrateur est de trouver un moyen d’entrer dans la Cité interdite ; cependant, ses recherches n’aboutissent que sur un échec clair : le palais reste toujours aussi impénétrable. Le narrateur tente d’avoir une vue plongeante sur le palais, mais sa vision est obstruée par le toit. En ce sens, le fait que son regard soit bloqué conduit à une absence de panoramas du palais, suggérant encore une fois l’impossibilité de pénétrer dans la Cité interdite, même du

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