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2.3 La modalité audio dans le biofeedback

2.3.3 Outils de production sonore

2.3.3.1 Outils utilisés

La publication de (Dubus & Bresin, 2013) donne, entre autres, une excellente description des outils existants ainsi que différentes façons de les organiser.

Les outils de production sonore sont classés en trois niveaux, Figure 14 (1) : ce sont les outils de synthèse bas niveau, les outils de synthèse haut niveau et les sons enregistrés.

Les outils de synthèse bas niveau correspondent à la production directe d'un son à partir d'un signal. Par exemple, la connexion directe de la sortie digitale d’un microcontrôleur sur un haut-parleur produira un son. C’est le même phénomène que l’exemple de la cassette

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https://www.musique-galland.fr/boutique/pianos-a-queue/, https://www.musique- galland.fr/boutique/pianos-mumeriques/

audionumérique précité. On trouve aussi dans cette famille la modulation de fréquence où une fréquence porteuse est modulée par le signal à transmettre.

Les outils de synthèse haut niveau correspondent à l'utilisation de modèles tels que des modèles pour la synthèse vocale ou pour des interactions physiques. Ils permettent de produire une grande variété de sons.

Le troisième cas correspond à des sons préalablement enregistrés, nommés échantillons, qui sont rejoués. Il y a peu de variations possibles dans ce groupe, les échantillons peuvent être modifiés en faisant varier leur volume et/ou leur vitesse de lecture. L’utilisation combinée de différents échantillons est une autre possibilité de variation.

Figure 14 : classement de projets mettant en œuvre la production de sons à partir de données. Les auteurs proposent une classification par niveau, catégorie, protocole et logiciel.

From (Dubus & Bresin, 2013) figure 5 p22, doi:10.1371/journal.pone.0082491.g005

Les sons produits se classent en trois catégories, Figure 14 (2): les sons musicaux, les sons environnementaux et la voix, enregistrée ou synthétisée.

Les principaux logiciels de production sonore sont au nombre de trois, Figure 14 (4) : Max/MSP22 (MX), PureData23 (Pd) ou SuperCollider24 (SC), ils sont considérés comme des 22 http://cycling74.com/products/max/ 23 http://puredata.info/ 24http://www.audiosynth.com/

outils de synthèse haut niveau. A ceux-ci s’ajoutent un ensemble d’autres logiciels bien moins utilisés.

Les protocoles de communication entre dispositifs, Figure 14 (3), se classent en deux catégories qui sont MIDI (MD) et Open Sound Control25 (OSC). Nous tenons à faire une remarque sur la classification de (Dubus & Bresin, 2013). Si OSC et MIDI sont des protocoles de communication entre dispositifs, MIDI est aussi un logiciel de production sonore. En effet, son protocole permet de piloter des synthétiseurs musicaux physiques mais aussi les synthétiseurs logiciels qui sont embarqués dans la plupart des cartes son équipant les ordinateurs du commerce, ainsi que la majorité des smartphones et des tablettes. En conséquence, il représente une solution logicielle très répandue chez les non spécialistes de la production sonore qui connaissent ou maitrisent rarement d’autres solutions. D’autre part, MIDI permet de produire des sons bien au-delà des capacités que propose la synthèse de bas niveau : à la production de notes associées à plus de cent instruments de musique différents s’ajoute celle de modifier leur durée, leur tempo, de jouer jusqu’à 16 voies simultanées en stéréo, etc. A ce titre, nous considérons MIDI comme faisant partie des outils de synthèse haut niveau, d’autant plus qu’il n’a aucune des caractéristiques qui définissent les outils de synthèse de bas niveau.

Cette première approche nous propose une organisation des outils en niveaux, en catégories, en protocoles et en logiciels, mais rien ne fait apparaitre la notion d’appartenance ou pas au groupe des professionnels ou spécialistes du son.

Comme cela vient d’être évoqué, Il existe un comportement différent dans le choix des outils selon l’appartenance au domaine de la sonification ou pas (Bearman, Nick and Brown, 2012). Leurs résultats sont résumés dans la Figure 1526. Dans cette étude comparative sur 51 articles traitant de la sonification, les auteurs montrent la répartition des outils utilisés selon qu’ils aient été publiés dans le domaine (ICAD)27 ou hors de ce domaine (non-ICAD).

Figure 15 : utilisation des outils de synthèse sonore selon l'appartenance au domaine ICAD ou pas. L'astérisque * représente les outils de synthèse de haut niveau selon la classification de (Dubus & Bresin, 2013).

25http://opensoundcontrol.org/ 26

Nous nous permettons, avec l’accord de l’auteur, de reproduire la figure 1 de l’article en question en y ayant corrigé les coquilles que nous avons trouvées

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C'est-à-dire ayant publié dans International Conference on Auditory Display, http://icad.org depuis 2009. Le critère de sélection était « sonification de données »

Selon la définition de (Dubus & Bresin, 2013), les outils de synthèse de sons de haut-niveau sont plus importants en proportion chez les spécialistes de la sonification. En effet, les spécialistes les utilisent à 73% (Figure 16) alors qu’ils sont seulement 45% des non spécialistes à les utiliser (Figure 17). Cependant, ce dernier chiffre atteint 68% si notre remarque concernant MIDI est prise en compte : malgré cette correction l’avantage reste en faveur du domaine des spécialistes du son.

Figure 16 : les outils de synthèse sonore de haut niveau (OSHN) dans le domaine ICAD représentent 73% des outils utilisés

Figure 17 : les outils de synthèse sonore de haut niveau (OSHN) dans le domaine non ICAD représentent 45% des outils utilisés et 68% si MIDI est pris en compte

La Figure 15 est intéressante à plusieurs points de vue.

Premièrement, les outils les plus utilisés du domaine ICAD sont SuperCollider (31%) et PureData (Pd) (24%) alors que les outils les plus utilisés du domaine non-ICAD sont MIDI (23%) et Pd (23%) : le déséquilibre cité précédemment à propos de MIDI apparait ici. Dans chaque catégorie, il y a donc deux outils principaux qui sont utilisés par la moitié ou presque des utilisateurs, voir Figure 18.

Figure 18 : dans chaque domaine, les 2 outils les plus utilisés représentent quasiment la moitié de ceux utilisés

Deuxièmement, dans le domaine non-ICAD l’outil le plus utilisé à égalité (MD) est inexistant dans l’autre domaine. De la même façon, dans le domaine ICAD l’outil le plus utilisé (SC) est faiblement utilisé dans l’autre domaine (14%). En conclusion, si des passerelles existent comme PD, l’outil qui est adopté par les deux domaines, force est de constater qu’il y a encore des cloisonnements.

Troisièmement, MX est utilisé pour moins de 10% quel que soit le domaine. Bien qu’offrant des caractéristiques identiques voire supérieures à PD28, le fait que MAX/MSP soit propriétaire joue en sa défaveur auprès des utilisateurs. Le même phénomène se produit certainement avec Matlab, lui aussi propriétaire.

Enfin, il faut remarquer que les proportions d’utilisation de MX, Pd et SC sont différentes dans l’analyse de (Dubus & Bresin, 2013). En effet, c’est écart est dû au fait que les auteurs se basent sur une échelle de temps allant de 1945 à 2012 alors qu’elle est beaucoup plus réduite et plus récente (2009 à 2012) pour (Bearman, Nick and Brown, 2012). Il y a malgré cela deux logiciels libres dans le trio de tête. Cela tend à prouver que ces logiciels ont atteint une maturité telle qu’ils séduisent de plus en plus de personnes travaillant sur le son.

En conclusion, l’utilisation des outils comme SuperCollider ou Pure Data est vivement recommandée pour qui aura cependant la possibilité de se former à leur utilisation. En effet, malgré une interface de manipulation graphique permettant de connecter des modules de base entre eux, Pure Data reste difficile à appréhender. Quant à SuperCollider, si son

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Ces deux logiciels ont été initialement conçus par la même personne, Miller Puckette, sur la base de l’éditeur Patcher

utilisation à travers un langage de programmation lui apporte des possibilités gigantesques, il risque de décourager encore longtemps les moins aguerris pour la même raison.

Cette section a permis de faire la synthèse des outils les plus répandu au travers de deux articles scientifiques, la section suivante quant à elle, reprend l’un de ces deux articles qui livre des recommandations très instructives sur la mise en œuvre des sons, en particulier dans la sonification par association de paramètres.