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Les origines et l’expansion du thé dans le monde꞉ de la légende à la réalité

Carte 2. La région théicole d’Ijenda

A. Les origines et l’expansion du thé dans le monde꞉ de la légende à la réalité

Le thé (camélia sinensis) est une plante de la famille de théacea, originaire de l’Asie du Sud-Est129 : le foyer de diffusion de cette plante est localisé dans les régions englobant les

sources et les vallées des fleuves Brahmapoutre, Irrawaddy, Salouen et Mékong, aux frontières de la Chine, de l'Inde et de la Birmanie. La légende et l’histoire se mêlent pour parler des débuts de cette plante. En effet, la légende la plus répandue attribue la découverte du thé à l’Empereur civilisateur130 chinois Chen Nung (2 737-2697 avant notre ère). Un jour qu’il se délassait à l’ombre d’un arbuste, l’Empereur tenait une tasse remplie d’eau chaude qu’il avait l’habitude de prendre pour question de santé. Détachée de cet arbuste suite au vent, trois feuilles se jetèrent dans la tasse où elles infusèrent. L’Empereur Chen Nung, par curiosité, trouva cette boisson délicieuse qu’il en recommanda alors à son peuple et nomma cet arbuste: le théier131.

Une autre légende, cette fois-ci moins généralisée, attribue l’origine du thé au moine bouddhiste Bodhidharma dans les années 520 :

« Un jour, épuisé par neuf années de méditation ininterrompue, et alors qu’il avait fait le vœu de

ne plus jamais dormir et de s’abstenir de tout désir, le sommeil le surprit. Le saint homme fit alors de voluptueux rêve d’amour. A son réveil, l’immensité de sa faiblesse le plongea dans le désespoir. Autant pour se punir que pour éviter de s’endormir à nouveau, il trancha ses paupières et les enterra. Elles prirent racines et donnèrent naissance à deux arbustes, qui

possédaient la faculté de favoriser l’éveil, au sens propre et au sens figuré ».132 Ces deux

arbustes deviendront des théiers.

De toutes les légendes, on retient que l’origine du théier se situe en Asie du Sud-Est ainsi que la place qu’occupe cette plante dans les civilisations orientales133. Le thé sera attribué plusieurs vertus et entra progressivement dans les échanges de la région.

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La Chine reste le premier pays producteur du thé avec 1 million de tonnes chaque année. Tous les types de thés y sont produits avec une grande influence dans l’Economie, la société et la culture de ce pays.

130 La légende fait de l’Empereur civilisateur chinois Chun Nung est le «père» de l’agriculture et de la médecine. 131

RUNNER J., Le thé. Paris, PUF, 1974, p.11.

132

SANGMANEE K.-Ch., et al., L’ABCdaire du thé. Paris, Flammarion, Paris, 1996, p.82

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Il faut rappeler que l’Asie est le foyer pour plusieurs civilisations d’une grande ampleur : l’agriculture, le Christianisme, l’Islam, le Bouddhisme, etc.

Le thé, étant l’un des dons les plus précieux et les plus anciens que la Chine ait fait au monde entier134, il fut connu au Japon grâce à l’initiative de deux prêtres bouddhistes qui en

amenèrent des graines au début du IXè siècle de notre ère.

Cette culture jouera une place importante dans les civilisations et les économies asiatiques pour gagner d’autres territoires du globe. « Depuis la Chine, en empruntant d’abord l’itinéraire des caravanes puis celui des compagnies maritimes, le thé mena une patiente conquête de l’Occident »135. Les Hollandais furent les premiers, en 1606, par la Vreeningde

Ostindische Companie, Compagnie de l’ « Orient lointain », à importer du thé en Europe ; suivis

en 1657 par les Anglais, puis en 1700 par les Français. Ce furent les Anglais, et de loin, qui tirèrent le mieux leur épingle du jeu en obtenant le quasi-monopole des exportations à partir de Canton. Cette boisson entra alors facilement dans leurs habitudes culinaires : le thé sera beaucoup apprécié par les Occidentaux notamment au XIXè par des efforts de la recherche en botanique sur cette plante ainsi que des expositions universelles qui achevèrent de populariser sa consommation. En plus, les empires coloniaux se chargèrent d’en implanter la culture partout où elle était possible, comme par exemple les plantations britanniques en Inde et à Ceylan. Durant plus de deux cent ans, les Européens ne consommèrent que du thé vert en provenance de la Chine et du Japon. La consommation du thé noir, amorcée à la fin du XVIIIè siècle avec des thés de Chine, ne devint réellement importante qu’à la fin du XIXè siècle, lorsqu’on disposa des productions coloniales indiennes et cingalaises, ce qui rendit possible la diffusion de ce produit à une plus large échelle mondiale136.

En Afrique, le théier fut introduit au XIXè siècle dans le contexte colonial, d’abord pour simple consommation, et ensuite comme entreprise commerciale. La culture commerciale du thé à grande échelle a été lancée par les Britanniques, au Malawi en premier, vers 1890. Vers 1900, des tentatives de plantations ont eu lieu en Uganda et au Zimbabwe puis au Kenya en 1920, suivi par la Tanzanie. Les Portugais introduisent le thé au Mozambique vers 1920, suite aux bons résultats au Malawi, de l’autre côté de la frontière. Vers 1950, le thé arrive au Cameroun tandis qu’il s’introduit dans les politiques agricoles du Rwanda en 1959. Des planteurs hollandais introduisent le thé en Afrique du Sud vers 1964, et en 2006 la première plantation de thé est crée

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RUNNER J., op. cit., p.5.

135

SANGMANEE K.C., et al.., Op.cit, p.6.

en Ethiopie. Actuellement, 12 pays africains produisent le thé, avec 3 pays à production minime : les îles de Madagascar, de St. Maurice et de La Réunion.

Cet arbuste trouva alors des conditions très favorables dans les hautes terres de l’Afrique orientale; le Kenya en deviendra le grand producteur (le premier en Afrique et le 3ème au monde par son volume de production). Il fut introduit dans les stations de recherche agronomiques du Rwanda- Urundi et du Congo par l’administration coloniale belge vers les années 1930 et y sera étendu trente ans après.

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