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Origine et historique détaillée du girofle

La première mention connue du girofle dans le monde remonte à des documents chinois datant des années 266 à 220 ans avant l’ère chrétienne. Ces documents font mention de l’obligation pour les hauts fonctionnaires de la cour : « les mandarins » de mâcher des clous de girofles avant de se présenter devant les souverains (les empereurs Chinois de la Dynastie Han) afin d’avoir une haleine parfumée (Maistre, 1964). Dans la littérature sanscrite, les clous de girofle étaient nommés « katuka-phalah » (la senteur forte) qui devint « karaful » en Arabe et « Karyophullon » en grec, repris par Pline, l’auteur Romain qui fut le premier à mentionner le girofle en Occident (Jahiel, 2011). C’est de là que dérive l’autre nom malgache du giroflier « karafoy » (Boiteau, 1936). Ce sont probablement les commerçants arabes qui introduisirent cette épice en Europe où elle fut régulièrement importée à partir du VIIème siècle (Maistre, 1964). C’est lors de la découverte des Moluques en Indonésie par les portugais, au début du XVIème siècle que l’on a pu connaître l’origine de la production initiale de girofle, et c’est grâce à l’un d’eux, Antonio Pigafetta membre de l’expédition de Magellan, qui relata l’expédition conduite par Magellan dans son voyage « Navigation et découverte de l’Inde supérieure et îles Moluques où naissent les clous de girofles (1519-1522) » où il fit la première description de la plante (Leclerc, 1929). Le giroflier est donc originaire de plusieurs petites îles volcaniques de l’archipel des Moluques en Indonésie (Ternate, Morotai, Batjan,…). En 1506, les navigateurs Portugais Ruy Pereira et Tristan da Cunha qui commandaient l'un des 16 navires de la flotte d'Alfonse d'Albuquerque envoyée par le Roi Manuel 1er en Inde Orientale, atterrirent par hasard sur la côte de Madagascar. En explorant l'île, ils découvrirent des tas de Clous de girofle en bordure de plage. Après 3 mois d'exploration, ils n'en trouvèrent nulle part ailleurs. En réalité, ces Clous ne provenaient pas de Madagascar mais de la cargaison d'une jonque Javanaise qui avait fait naufrage sur la côte Malgache (Jahiel, 2011). En 1605, les Hollandais chassèrent les Portugais des Moluques et créèrent une colonie dans l’Indonésie actuelle avec également la création de la compagnie des Indes orientales pour la valorisation des productions. Ils cherchèrent jalousement à conserver le monopole du trafic du girofle ; et afin de faciliter la surveillance, ils tentèrent d’en limiter la production à l’île d’Amboine et de détruire tous les girofliers des autres îles (François, 1927). Mais ils ne parvinrent pas à réaliser ce projet puisque, sans difficultés, le Français Pierre Poivre réussit, pour le compte de la compagnie des Indes françaises, à prélever en 1753 puis en 1755 quelques pieds de girofliers qu’il introduisit à l’île de France (Maurice), française à cette époque. Pour des raisons inconnues, il se heurta malheureusement à l’opposition de Fusée Aublet, directeur du jardin d’essai (créé au lieu dit « Le Réduit » par Barthélémy

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David, gouverneur de l’île de France) (Maistre, 1955). En 1753 Carl Von Linné donna aux girofliers le nom de « Caryophyllus aromaticus », changé par Thunberg en « Eugenia caryophyllata » en 1788 en honneur du Roi Eugène de Savoie, un grand ami de la botanique au XVIIème siècle (Jahiel, 2011). Nommé Intendant ordonnateur et président des conseils des îles Maurice et La Réunion le 3 octobre 1766, Pierre Poivre organisa dès 1769 une expédition aux Moluques qu’il confia à Provost (Maistre, 1964). Il fit mettre à la disposition de celui-ci deux navires : une corvette, Le Vigilant commandé par M. de Tremignon et L’Etoile du Matin goëlette conduite par M. Etcheverry. Les deux navires revinrent le 24 juin 1770 à l’île Maurice rapportant entre autres végétaux soixante dix plants de girofliers. Puis une importation plus massive a lieu en 1772 (300 plants) (François, 1936). Les girofliers ainsi introduit à l’île Maurice prospèrent au Jardin de Pamplemousses (Maistre, 1964 ; Humbert et Gours Darne, 1965).

En juillet 1772, Choiseul, ministre de la marine autorisa le transport des plants de giroflier de l’île Maurice à l’île Bourbon (La Réunion). Poivre en confia donc cinq pieds à son collaborateur et ami Joseph Hubert qui les planta à Bras-Mussard près de Saint-Benoît. Un seul de ces plants aurait survécu et serait à l’origine des plantations de La Réunion et de Madagascar ; il aurait été détruit par un cyclone en 1806.

A partir de 1685, Sainte-Marie est un repaire de pirates. Tous les pirates de l'Océan Indien, les forbans et autres rois de la flibuste et du pillage organisé s’y retrouvaient, place idéale pour guetter les navires revenant des Indes. C'est d'ailleurs probablement l'un d'eux, l'anglais Thomas White, qui fut le père du premier roi Betsimisaraka, qui donna lui-même naissance à la future reine de Sainte Marie, la reine Bety. Au milieu du XVIIIe siècle, cette reine épousa le caporal Jean Onésime Filet, dit ''La Bigorne'', qui obtint pour le compte du Roi de France la souveraineté totale de Sainte Marie. Sainte-Marie, devint donc dépendance française en 1750. La Bigorne a géré les comptoirs français jusqu'à sa mort en 1773. En 1818, Sainte Marie est utilisé par l'armée française comme base arrière pour les attaques contre le port de Tamatave. Pendant la colonisation, Sainte Marie est rattachée tantôt à Diego Suarez (Antsiranana), tantôt à La Réunion, pour enfin être définitivement liée à Madagascar en 1998. Lors de cette prise de possession française les colons européens avaient l’intention de faire de Sainte-Marie une colonie de peuplement productrice de cultures vivrières et commerciales à titre assisté pour l’approvisionnement de l’île Bourbon (La Réunion). Un jardin botanique a été créé près d’Ambodifotatra (cf. carte 1) pour essayer d’acclimater des plantes provenant de La Réunion afin d’assurer les besoins de la nouvelle colonie. A partir de 1822, Lenouc dirigea l’opération en développant surtout les légumes et le manioc, comme plantes vivrières, le café, le coton et

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la canne à sucre comme cultures commerciales. Cette même année (1822) Sylvain Roux, gouverneur de Sainte-Marie avait envisagé un système de primes afin d’attirer les colons (4000 piastres pour 100 colons). Vers 1823, les premiers arbres furent importés, il s’agissait surtout d’arbres fruitiers (litchis, manguiers, pamplemousse et autres…) (Rahonintsoa, 1978). Puis des épices furent également importées de La Réunion cette même année (1823) : poivrier et giroflier.

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