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2. La situation des maladies négligées : un groupe large de maladies tropicales infectieuses

2.5 Principaux acteurs dans la lutte contre les maladies négligées et leurs actions

2.5.2 Les organismes multilatéraux

Les organismes multilatéraux comme l’OMS et l’Union européenne sont particulièrement actifs dans la lutte contre les maladies négligées. Nous présenterons uniquement ces deux organismes dans cette partie. Il existe, bien sûr, d’autres organismes multilatéraux qui prennent part au contrôle des maladies négligées.

L’organisation mondiale de la Santé (OMS), agence des Nations unies pour la santé

publique, supervise la lutte contre les maladies négligées. L’OMS, dont le principe fondateur est « le droit des hommes à la santé », mène une action globale d’initiation et de coordination d’opérations pour contrôler les maladies négligées. Cette organisation sert également d’appui pour les pays endémiques afin d’inclure la lutte contre les maladies négligées dans les interventions de santé publique de base. L’OMS mène de nombreux programmes, conjoints avec des organismes publics et privés.

Cependant, l’OMS est une agence et cela a des conséquences dans la gestion de son budget : 50% du budget est budgété par les Nations Unies et 50% prend la forme de contributions volontaires. Ainsi, ces contributeurs peuvent aussi dicter les actions à déployer ce qui peut parfois aller à l’encontre des besoins en santé publique reconnus. En d’autres termes, l’OMS n’a pas toujours les moyens de sa politique et on peut parfois lui reprocher la lenteur de sa prise de décisions, qui résulte notamment de la nécessité du consensus international. (203) (204)

En 2012, sous l’égide de l’OMS, les partenaires mondiaux impliqués dans la lutte contre les maladies négligées ont signé la Déclaration de Londres, une feuille de route pour éradiquer ou contrôler dix maladies négligées d’ici 2020. Cette réunion réunissait l’OMS, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni, la Fondation Bill and Melinda Gates, certains industriels (Bayers, Bristol-Myers Squibb, Eisai, GSK, Johnson and Jonhson, MSD, Merck, Gilead, Novartis, Sanofi), le DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative), la Banque mondiale, des ministres de la santé de pays en développement - en particulier le Bengladesh, le Brésil, le Mozambique, la Tanzanie où les maladies négligées sont endémiques. À l’issue de ce sommet, le groupe a annoncé un programme pour accélérer l'élimination ou le contrôle de 10 maladies tropicales négligées d’ici 2020, autour de plusieurs axes principaux décrits ci-après. (205)

(1) Soutenir et augmenter l'approvisionnement en médicaments, notamment en maintenant et en élargissant les programmes de dons de médicaments.

- d’optimiser les partenariats de développement de produits, sous la coordination du DNDi notamment, avec différents laboratoires pharmaceutiques ;

- des accords de licence ou de collaboration innovants. L’objectif était de permettre le partage de composés et le transfert de technologies ;

- des financements supplémentaires pour la recherche. La Banque mondiale s’engage, entre autres, à augmenter son financement et son soutien technique pour aider les pays endémiques ;

- d’accroître le financement pour la prévention, la surveillance et l’éducation.

Puis, en 2017, l’OMS a organisé une grande réunion avec ces mêmes partenaires mondiaux, le thème de la réunion était « Collaborer, anticiper, éliminer ». À l’issue de ce sommet, le quatrième rapport mondial sur les maladies tropicales a été publié par l’OMS. Les efforts devaient être poursuivis.

Le groupe TDR (Special Programme for Research and Training in Tropical Diseases),

hébergé par l’OMS, est aussi le support de nombreuses actions depuis 1979.

Il s’agit spécifiquement d’un programme scientifique ayant pour objectif de soutenir les efforts pour combattre les maladies des pays en voie de développement. Le groupe TDR est soutenu par le fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le programme des Nations unies pour le développement (UNDP), la Banque mondiale et l’OMS.

Le TDR promeut la recherche sur les maladies tropicales liées à la pauvreté afin de diminuer l’impact de ces maladies sur les populations. Le groupe souhaite aussi renforcer la capacité des pays endémiques à lutter contre les maladies liées à la pauvreté. Dans son rapport de fin 2017, le TDR définit ses quatre objectifs majeurs pour la période 2018-2024 comme (206) :

● l’augmentation de l’accès des populations des pays en voie de développement aux soins ;

● l’accélération du développement d’outils et de stratégies pour diminuer l’impact des maladies liées à la pauvreté, en multipliant notamment des partenariats avec d’autres organisations de santé ;

● la mise en place de la formation de chercheurs directement dans les pays endémiques, afin de mener plus de programmes de recherches au niveau local ; ● l’établissement d’une communauté de recherche mondiale, pour les maladies liées

à la pauvreté.

L’Union européenne (UE) joue également un rôle non négligeable dans la lutte contre

les maladies négligées.

Plus de 160 millions d’euros ont été investis entre 2007 et 2013 (207), dans le cadre du septième programme-cadre de l’Union européenne pour soutenir la R&D en matière de traitements et d’outils de diagnostic. L’Union européenne représente le plus grand bailleur de fonds en Europe, ayant commencé à soutenir la R&D contre les maladies négligées depuis 1994 (au travers de son quatrième programme-cadre). Les programmes-cadres sont des programmes de financement de recherche par l’UE. (208)

Le tableau ci-dessous présente le nombre de projets et le financement en euros, pour les maladies négligées, dans le cadre du septième programme-cadre. (207)

On remarque que la liste ci-dessous ne contient pas stricto sensu des maladies définies comme négligées par l’OMS mais aussi d’autres maladies dont la R&D est insuffisante comme par exemple la fièvre West Nile.

Groupe Maladie Nombre de projets Financement en millions d’euros Protozoaires Maladie de Chagas Leishmaniose Trypanosomiases Multiples 5 9 3 11 7,49 20,46 4,35 34,88 Helminthes Echinococcose Ankylstomose Onchocercose Schistosomiase

Autres maladies à helminthes

1 1 1 5 2 2,86 6,00 5,00 9,31 7,64 Bactéries Borreliose Ulcère de Buruli Cholera

Maladie à Clostridium difficile Shigellose

Autres diarrhées

Autres maladies à bactéries

1 2 4 1 5 3 1 3,00 4,76 2 ,12 0,53 2,85 16,62 0,05 Virus Dengue Rage

Fièvre West Nile Autres maladies à virus

1 1 3 2 6,00 2,99 3,09 5,65

Multiples Maladies multiples 31 22,98

TOTAL 65 168,62 m€

TABLEAU VI – TABLEAU TRADUIT D’UN ARTICLE D’OLESEN O ET AL., LES FINANCEMENTS DE LA RECHERCHE SUR LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES : NOMBRE DE PROJETS ET CONTRIBUTION

DE L'UNION EUROPEENNE PAR MALADIE (207)

Entre 2007 et 2013, si l’on s’intéresse au financement par activité de recherche, on remarque que la grande majorité des fonds est allouée à la partie développement de médicaments et développement de vaccins, respectivement 48,6 et 61,3 millions d’euros. Viennent ensuite la recherche sur les outils pour le contrôle des vecteurs (12,3 millions d’euros) et la recherche pour les outils de diagnostic (11,8 millions d’euros), la recherche fondamentale (9,4 millions d’euros), le financement d’infrastructure de recherche (9,3

millions), les formations à la recherche (3,8 millions d’euros). Les autres financements dédiés à la recherche et qui ne rentrent pas dans les catégories ci-dessous représentent 12,1 millions d’euros.

Les institutions recevant des fonds de la part de l’Union européenne, dans le cadre du septième contrat-cadre sont diverses. Le premier receveur est l’institut Pasteur de Paris (12 projets et 8,8 millions d’euros investis), suivis par le Swiss Tropical and Public Health Institute de Bâle en Suisse (7 projets, 3,9 millions d’euros) et l’Université d’Édimbourg en Écosse (4 projets, 4,7 millions d’euros). Viennent ensuite d’autres instituts de recherche et des universités, principalement situés en Europe. La fondation Oswaldo Cruz, basée au Brésil (6 projets, 2,2 millions), est également soutenue par ce programme.