• Aucun résultat trouvé

Organisation territoriale de l’emploi et des services : une méthode de construction des bassins de vie avec dépendance mesurée par un score

1982-1990 1990-1999 Type de zone des

4. Les différentes approches du périurbain

4.2 Approche structuration du territoire

4.2.2 Attractivité des territoires, conflit d’usage dans les communes

4.2.2.1 Organisation territoriale de l’emploi et des services : une méthode de construction des bassins de vie avec dépendance mesurée par un score

La délimitation des bassins de vie est fondée sur les statistiques d’accès à l’emploi et aux services à la population. Les services pris en compte sont ceux retenus pour l’établissement des «Territoires vécus, organisation territoriale de l’emploi et des services ». Il s’agit de services ni trop rares (type opéra) ni trop fréquents (commerce de proximité type boulange- rie). Ils ont été classés en quatre catégories : services concurrentiels (de nature commer- ciale), non concurrentiels (services publics ou assimilés hors éducation et santé), des équi- pements de santé (du médecin à l’hôpital) et des équipements d’éducation. Les bassins de services intermédiaires ont été formés à partir des données de l’inventaire communal. Ce- pendant, nombre d’entre eux se révèlent dépendants d’autres bassins du fait de leur sous- équipement au regard de leur population ou de leur carence en emplois. Cette dépendance a été mesurée par un score, en appliquant une pondération de 3 pour les équipements concur- rentiels de santé et d’éducation et 8 pour l’emploi. Chaque bassin de moins de 5 000 habi- tants ayant un score inférieur à 8 a été rattaché au bassin contigu avec lequel il a le lien le plus fort. Pour chaque commune d’un bassin de services intermédiaires, on dispose de liens vers les autres bassins : attractions déclarées à l’inventaire communal, destination des scolai- res de 12 à 18 ans, migrations domicile-travail. Pour chaque catégorie d’équipements, le lien unissant un bassin à un autre résulte des liens pondérés par la population des communes en 1999. Des liens globaux entre bassins sont calculés en pondérant les liens précédents selon le même système de pondération que pour le calcul des scores. L’ensemble des bassins de services intermédiaires ainsi regroupés ont été qualifiés de bassins de vie.

Structuration des bassins de vie par les services et l’emploi

Afin d’évaluer le potentiel des bassins de vie, un indicateur synthétique appelé score a été attribué à chaque bassin. Cet indicateur tient compte, d’une part, des niveaux d’équipements et d’emplois et, d’autre part, de l’écart entre ces niveaux observés et les niveaux attendus au regard du poids démographique du bassin. Trois types de bassins de vie sont définis selon les scores obtenus, des bassins dépendants, des bassins faible- ment autonomes et des bassins autonomes aux scores élevés ; ces derniers offrent une gamme de services et d’emplois en nombre et qualité permettant de restreindre l’essentiel des déplacements à l’intérieur du bassin.

Au niveau régional comme au niveau national, une relation étroite existe entre l’offre d’équipements et d’emplois -donc le score- et la superficie des bassins. Les bassins les plus autonomes sont souvent de plus grande dimension, comptant également plus d’habitants. Par exemple, les bassins dont le score dépasse 18 abritent une population moyenne de 26 500 habitants, contre moins de 7 000 habitants pour les plus dépendants (score inférieur à 6).

Les caractéristiques du découpage en bassins de vie en font une maille territoriale perti- nente pour analyser l’occupation du territoire. De multiples champs d’investigation pourront tirer profit de ce nouvel outil géostatistique.

4.2.2.2 « L'Archipel nantais »

Pour maîtriser la périurbanisation et les problèmes de transport qu'elle génère, F. Beau- cire & P.-.H Emangard (Mestrans et DDE 44) montrent qu’il ne faut plus s'en tenir aux limites de l'agglomération mais élargir le champ d'action à l'archipel urbain.

Ainsi, les auteurs ont constaté, à partir de l’étude la dynamique spatiale dans l'aire d'in- fluence de Nantes, qu'il était vain de se limiter aux frontières de l'agglomération. De villes en territoires éclatés, les notions « classiques » de communes et d'agglomérations explosent sous le phénomène de la périurbanisation et deviennent des « concepts dépas- sés ». Aux rivages de ce « continent urbain » s'étend en effet un « archipel d'îlots pé- riurbains » dans lesquels « vivent en symbiose avec le coeur de l'agglomération des citadins comme les autres ». « Des citadins qui, chaque matin, deviennent des cohortes d'automobilistes rejoignant Nantes et sa banlieue pour travailler ».

La « mobilité alternante » a explosé : en 1975, 90 000 actifs de l'archipel quittaient leur commune pour aller travailler à l’extérieur ; en 1990, ils atteignaient 141 000. Les consé- quences en terme de transport sont claires. Faute d'une offre de transport public réelle, ces actifs recourent à la voiture, avec les embouteillages en entrée d'agglomération.

Inventer un nouveau territoire

A Nantes, comme ailleurs, se pose la question de la pertinence de la notion d'agglomé- ration. « Face aux défis de la périurbanisation, au développement du phénomène d'ar- chipellisation, le découpage territorial actuel est totalement inadapté », car il ne permet pas de résoudre les problèmes de la nouvelle dynamique spatiale. De la commune à la région, du canton au département, en passant par les groupements de commune, « il n'est aucune entité territoriale qui ne soit trop étroite ou trop large ».

Quelle échelle faudrait-il alors inventer, qui puisse permettre de « canaliser la périurba- nisation, de protéger la centralité en centre-ville, de maîtriser la localisation d'activités à la périphérie de l'agglomération » ? Les auteurs proposent quelques pistes de réflexion.

Pour la partie agglomérée, la création d'une communauté de villes pourrait être envisagée, étendue éventuellement autour d'un axe de transport important, de type ferroviaire par exemple. Grâce à la possibilité d'une taxe professionnelle unique qu'elle permet, cette structure constitue en effet « un des moyens de maî-

triser la périurbanisation », la création de pôles secondaires d'activités s'inscri- vant alors dans le cadre d'une politique d'aménagement globale.

Quant au périmètre de l'archipel, beaucoup plus large, la question institution- nelle se révèle plus complexe. Toutefois, deux pistes pourraient être explorées, la première consistant à s'appuyer sur la notion de « pays », la seconde condui- sant à imaginer la constitution d'un syndicat associant, pour les études et la pro- grammation, le niveau départemental.

En fait, concluent les auteurs, « surmonter les carences du découpage territorial actuel implique obligatoirement une collaboration et une coopération étroite en- tre les différentes autorités organisatrices, urbaines, départementale, régionale ». Sinon, les coûts économiques, sociaux et écologiques de l'archipellisation des villes risquent vite de peser très lourd.

4.2.2.3 Coévolution dans les systèmes de villes : croissance et spécialisation