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Ordre azimutal et interaction avec un élément extérieur

Couplage et sélection de mode

3.1 Résonateurs circulaires et sélection de mode

3.1.2.2 Ordre azimutal et interaction avec un élément extérieur

En optimisant la géométrie (Rcore et H) et la disposition des puits quantiques, on peut limiter l’ordre vertical maximal. Si la taille de la via pour le contact supérieur est convenablement déterminée, tout mode d’ordre radial non nul présentera des pertes bien plus importantes, selon les résultats du précédent chapitre.

Si le rayon du résonateur permet de contrôler le FSR, il n’est malheureusement pas possible de rendre ce dernier supérieur à l’intervalle d’émission des puits quantiques sans être confronté à de trop petites dimensions pour disposer l’électrode centrale. Seuls la longueur d’onde et les indices modaux nmef f diffèrent pour chacun des modes (0, m, 0) en compétition. Il en est de même dans un guide optique. Nous allons donc chercher à faire interagir le mode de galerie avec une seconde cavité de sorte à exalter certains modes et pas d’autres.

Nous devons donc comprendre quels sont les phénomènes régissant le couplage entre un guide et un résonateur de galerie.

3.2 Modélisation du couplage entre le résonateur et un guide droit

3.2.1 Couplage entre deux guides droits et théorie des modes couplés

Afin de mieux comprendre comment on réalise le couplage entre un micro-disque et un guide, nous allons commencer par nous concentrer sur l’interaction entre deux guides droits, qu’on supposera portant un mode quasi TE. C’est typiquement le cas qu’on rencontrerait pour deux guides fabriqués sur un wafer de SOI.

En premier lieu, nous allons transformer un problème purement 3D (Fig. 3.4(a)) en un problème 2D via l’utilisation de l’indice effectif en mode TE : on obtient alors des milieux d’indicenT E

ef f1 etnT E

ef f2

représentant respectivement les deux guides (Fig. 3.4(b)).

(a) En fonction de la distance séparant les deux guides, il existe une longueur de vis à visLt pour laquelle toute l’énergie d’un guide est transférée vers le second.

(b) L’utilisation de l’indice effectif permet de ramener le problème 3D de deux guides couplés à celui de deux plans (en mode TM). On accède alors aux constantes de couplageC1→2etC2→1.

Fig. 3.4 – Couplage entre deux guides rectilignes et indices effectifs.

La théorie des modes couplés consiste à considérer tout élément optique au voisinage d’un second comme étant une perturbation pour le premier. Ainsi, le surplus d’énergie optique apporté par sa pré-sence se comporte comme une source lumineuse, qu’on peut alors prendre en compte dans l’équation de Helmoltz [78]. Dès lors, la portion d’énergie transférée d’un guide 1 (indicenT E

ef f1) vers un guide 2 (indicenT E

ef f2) peut s’exprimer par : C2→1 = (n 2 2− n2 amb)· k 2· nm ef f1 Z Lx1 u1(x)· u2(x)· dx avec Z +∞ −∞ u21(x)· dx = Z +∞ −∞ u22(x)· dx = 1 (3.1) où Lx1 représente la distance sur laquelle l’énergie provenant du guide 2 est transférée au guide 1. La constante nmef f1,2 correspond alors à l’indice du mode se propageant dans le guide correspondant,

qu’on peut obtenir avec une bonne approximation [112] en utilisant l’indice effectif en mode TM1. Pour des guides larges et peu hauts (Lxi> Ly), la méthode de l’indice effectif est alors appliquée dans un ordre qui minimise les écarts avec la solution exacte [113]. Tout comme pour le mode de galerie, on peut définir deux ordresl et m qui correspondent aux nombres de noeuds selon la largeur et la hauteur du guide, donnant lieux à des valeurs discrètes de cet indicenmef f1,2.

On peut alors définir la distanceLt, communément appelée "distance de transfert", pour laquelle l’énergie transmise vers un second guide est maximale (au delà de cette distance, l’énergie retourne dans le premier guide) :

Lt= q π

(nm

ef f1 − nm

ef f2)2· k2+ 4· C1→2· C2→1

(3.2)

En considérant que l’on cherche à transférer de la puissance P0 du guide 1 vers le guide 2, on satisfait alors le jeu d’équations suivantes [122] :

           P1(z) = P0·  cos2(γ· z) + (n m ef f1 − nm ef f2)· k 2· γ !2 · sin2(γ· z)   P2(z) = P0· C2→1γ 2 · sin2(γ· z) avec γ = π 2· Lt (3.3)

oùP1(z) et P2(z) désignent la puissance dans chacun des guides selon la direction de propagation −→ez. Un formalisme matriciel peut aussi être utilisé pour obtenir ces puissances en fonction dez [114].

On distingue deux cas :

– nmef f1= nmef f2 : la puissance est totalement transférée d’un guide vers l’autre sur une distanceLt. On parle alors d’adaptation d’indice ;

– sinon, seule une partie de l’énergie est transférée d’un guide vers l’autre, et plus l’écart des indices effectifs est important, plus la puissance transmise devient faible puisque le rapport C2→1

γ diminue.

Le couplage maximum est donc obtenu lorsque l’écart des indices effectifs des deux éléments est minimal et que la distance d’interaction est égale à la distance de transfert.

3.2.2 Application de la théorie des modes couplés et diaphonie

Afin de fixer quelques ordres de grandeurs concernant les distances de transfert, focalisons-nous sur le cas simple de deux guides identiques.

D’après le paragraphe précédent, la distance de transfert se simplifie et devientLt = 2·Cπ

1→2 avec C1→2= C2→1. La puissance optique peut être totalement cédée d’un élément à l’autre. En intégrant des fonctions optiques sur silicium, on va nécessairement se trouver confronté au cas de deux guides parallèles sur une distanceL. On va donc observer des signaux non désirés par diaphonie, ce qui peut dégrader le rapport signal sur bruit (SN R). Indirectement, cela peut augmenter le taux d’erreur par bit (BER, voir le premier chapitre). En d’autre termes :

P2(L)

P1(L) ≪ SNR ⇐⇒ L ≪ Lt· 2

π · arccotan"erfc−1(2· BER)

(3.4) d’après les relations 1.2 et 3.3. Avec un BER de10−18on a alorsL≪ 0.1 × Lt.

En considérant la nature évanescente du couplage, C12 est une fonction exponentielle de la dis-tanced qui sépare les guides :

C1→2 ∝ e−k·d· r  nm ef f1 2 −n2 amb (3.5)

1. Cela revient à chercher les zéros desin(k · Lx1,2· N ) · N2− (R · Namb)2 − 2 · N · Namb· R · cos(k · Lx1,2· N ) avec N =q(nT E ef f1,2)2− (nm ef f1,2)2 etNamb=q(nm ef f1,2)2− n2 ambetR =nT E ef f1,2/namb 2

. On peut remarquer pourR = 1, on retrouve les équations d’un mode TE avec un même milieu de part et d’autre du guide.

Sur la figure 3.5(a), nous avons considéré les 6 modes susceptibles d’exister àλ = 1.55 µm dans un guide de2 µm de large. Typiquement, ce sont les guides utilisés en périphérie d’échantillon pour venir injecter de la lumière ou en collecter avec une fibre optique. Pour différentes raisons, on peut donc avoir deux guides parallèles dans lesquels on trouve les différents modes avec des amplitudes différentes. Certains sont fortement confinés, comme(0, 0), et d’autres nettement moins, comme (5, 0). Dans le second cas, la distance devant séparer les deux guides est bien plus importante, mais elle garantit que tout signal dans un guide ne viendra pas générer du signal dans son premier voisin, ce qui serait assimilable à du bruit. On doit donc choisir une distance supérieure à d = 2.6 µm si nos guides sont en vis à vis sur une longueur2L = 4 cm. De la même façon, pour des guides de 500 nm de large (Fig. (b)), il fautd > 4.6 µm. Ces guides sont les plus utilisés, puisqu’ils sont quasi-monomodes : ils constituent en fait la brique de base reliant les éléments optiques.

Mode (5,0) Mode (0,0) 4 cm de vis à vis 2.6 µm 0.7 µm 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 10−3 10−1 101 103

Distance d entre les guides (µm)

Distance

limite

(m

m

)

(a) Couplage entre deux guides de2 µm : l’indice effectif nmef f1,2varie de2.82 à 1.79. Mode (1,0) Mode (0,0) 64 µm 0.54 µm 4 cm de vis à vis 4.6 µm 4.6 µm 0 1 2 3 4 5 10−3 10−1 101 103

Distance d entre les guides (µm)

Distance

limite

(m

m

)

(b) Couplage entre deux guides de 500 nm (entrée du MMI) : l’indice effectifnmef f1,2varie de2.48 à 1.58.

Fig. 3.5 – Couplage entre deux guides silicium dans de la silice : cas du guide multimode de2 µm de large (a)

et du guide quasi-monomode de500 nm (b) dans du SOI 220 nm (pour un BER de 10−18).

Dans certains cas (motifs verts de Fig 3.5(b)), la distance entre les guides est imposée, comme c’est le cas pour un coupleur en "Y" de type MMI [115], composant dont nous aurons besoin plus loin dans ce chapitre. Pour que ce dernier fonctionne convenablement, il est nécessaire que les signaux arrivent par une portion droite de guide. Du fait de leur proximité, la longueur de cette portion doit être limitée. En considérant que seul le mode le plus confiné est présent, la limite se situe vers la soixantaine de micromètres.

L’épaisseur de silice séparant le micro-disque du guide étant généralement de l’ordre de la centaine de nanomètre, la distance de transfert effective peut donc être particulièrement faible.

3.2.3 Expression générale des pertes de couplage pour un mode de galerie

La figure 3.6 représente la zone sur laquelle on réalise un couplage ponctuel entre un micro-disque et un guide optique.

Pour un tour d’un mode propagatif dans le résonateur3, l’intensité lumineuseI décroît dans la cavité d’une quantité −ηg · I. Le paramètre ηg représente l’efficacité de cette interaction, qui s’opère avec une durée caractéristique∆t :

∆t = m·vfφ·v1 g

(3.6) Celle-ci correspond à un tour en accord de phase (vitesse de phase vφ), pour une onde dont l’énergie se déplace à la vitesse de groupe vg. Dans le cas d’un résonateur à mode de galerie, on

2. Cette cote est arbitraire : nous avons choisi le périmètre d’une vignette carrée de1 cm de côté, ce qui correspond en gros à la surface d’un processeur.

Fig. 3.6 – Modèle utilisé pour le couplage entre un micro-disque et un guide : à chaque tour, le guide ponctionne une partie de l’intensité lumineuse présente dans le résonateur.

peut faire les approximations suivantes :      vφ= ωm km = λm· fm vg = ∂ω ∂k ≈ ωkm+1− ωm m+1− km = F SR(l, n) λ−1m+1− λ−1m (3.7)

En utilisant la relation 2.5 qui relie la longueur d’onde λm à l’ordre azimutal m, on peut alors simplifier l’expression de∆t : ∆t = m· fm−1· fm F SR(l, n) ·λ −1 m+1− λ−1 m λ−1m ! = 1 F SR(l, n) (3.8)

En partant de la définition des taux de pertes par couplageτg−1, on peut en faire une estimation à l’aide de l’efficacitéηg: ∂I ∂t = −I τg =∆I∆t−Iτ g ⇐⇒ τg−1= ∆I I · ∆t−1= ηg· F SR(l, n) (3.9) Pour un couplage quasi-ponctuel avec un guide droit, le taux de pertes est donc majoré par le FSR. Dans ce cas, les photons ont une durée de vie deF SR, et parcourent en moyenne un tour4. En utilisant l’expression duF SR (Equ. 2.6), on peut montrer que le facteur de qualité Qgest minoré par :

Qg2· π · mη g ·vvφ

g

> 2· π · m (3.10)

avec vφ et vg respectivement les vitesses de phase et de groupe dans le résonateur (vφ> vg selon l’annexe B.2.3).

On pourrait penser que pour les grands résonateurs, le FSR constitue une limitation du taux de couplage... ce qui n’est pas le cas ! En effet, on peut renforcer le couplage ηg en utilisant un guide courbé dans le même sens que le résonateur : sur la durée1/F SR, les photons voient alors davantage le guide, réduisant ainsi leur durée de vie moyenne dans le résonateur.

Il reste donc à expliciter ηg pour des disques de petite taille (rayons inférieurs à la dizaine de micromètre). Nous allons donc tenter de montrer qu’il est possible de se contenter d’un modèle simple, en appliquant à la fois la théorie des modes couplés et les propriétés du couplage guide-guide.

4. En considérant desηgcomme étant des efficacités de couplage par unité d’angle, avec un couplage non plus ponctuel mais constant sur une portion angulaireαc, on trouve alors que les pertes sont de la formeτ−1

g = (1 − e−ηg·αc) · F SR(l, n), qui sont elles aussi majorées par leF SR.