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Observations et constats pour l’enfant C

envers l’enfant en situation de handicap

6. Analyse des données – observations en cour de récréation

6.3 Observations et constats pour l’enfant C

6.3.1 Profil de l'enfant C

L'enfant C est la cadette d'une famille de deux enfants et à six ans et demi. C est intégré à l'école de son village une demi-journée par semaine, depuis trois ans et est actuellement en première primaire. Au sujet de son handicap, aucun diagnostique n'a été réellement posé, toutefois, d'après les informations données par ses parents, C présente des troubles du comportement, liés à des traits autistiques plus ou moins importants, soit :

l'altération qualitative des interactions sociales,

l'altération qualitative de la communication,

des intérêts restreints et stéréotypés.

Les parents de C nous ont confié que leur enfant ne recherche pas ou peu le contact avec les autres, mais que lorsqu'il se retrouve en interaction de courte durée, le plaisir peut être lu sur son visage, marqué par un sourire. Parfois, il arrive qu'il se dirige de lui-même vers une personne, lui adresse un sourire ou lui prend le bras. Il n'a pas totalement l'accès au langage et ne s'exprime d'ailleurs que par des onomatopées, des babillements ou des cris. Il n'est donc pas possible d'engager une conversation avec lui. Il a cependant un mode de communication non-verbal qui permet à son entourage de le comprendre : sourire, rires, pleurs, cris stridents, retrait, repli sur soi, etc. Au niveau des comportements stéréotypés, balancements et automutilations sont très fréquents. De plus, il arrive régulièrement à l'enfant C de pincer ou griffer les personnes qui sont présentes à ses côtés.

C a besoin de stabilité pour ne pas se sentir perturbé et désorienté. Cependant, il trouvera toujours de quoi s'occuper dans un endroit qui lui est inconnu. Son handicap ne se voit pas physiquement. Au contraire, c'est un enfant charmant qui attire les regards de sympathie des passants.

6.3.2 Analyse quantitative et qualitatives des échanges

Il est important de relever ici que lors des récréations de C, un groupe de trois enfants de sa classe, a la responsabilité de l'enfant C, de jouer avec lui et de le surveiller (système de coaching). Ces enfants sont soutenus et aidés par la présence de l’éducatrice responsable de l’intégration scolaire de C.

Les récréations se déroulent toutes selon le même schéma. C, accompagné du groupe d’enfants responsables de lui, rejoint la cour de l’école. C prend son goûter en se promenant dans la cour, puis les coachs tentent de mettre un jeu en place, avec l’aide de l’éducatrice, afin de créer un contact, une interaction avec lui.

Les enfants-coachs changent toutes les semaines. Selon l’éducatrice sociale responsable de l’intégration scolaire, c’est un plaisir pour eux de pouvoir participer à cette mission.

Tous les enfants de la classe apprécient énormément C et font preuve d’une grande gentillesse à son égard. Cependant, ils leur arrivent parfois d'oublier de veiller sur C lors de certaines récréations, car les tentations et les jeux sont nombreux sur une cour.

Voici ce que nous avons pu observer en termes quantitatifs :

Lors de deux récréations, malgré les jeux proposés par les coachs et l’éducatrice, C n’est pas preneur. Il n’est pas captivé et fuit le groupe d’enfants,

C est dans son monde et ne se soucie pas de ce qui l’entoure ou il est peut-être gêné par les nombreux stimuli de la cour de récréation,

à une reprise, les coachs captivés par leur propre jeu, oublient qu’ils ont la responsabilité de surveiller C et ne se rendent pas compte que celui-ci a déserté les lieux,

durant une récréation, l’éducatrice maintient C assis entre ses jambes, les autres enfants s'installent autour d’eux et commencent à chanter des chansons. Cette fois, C est bien présent et preneur de l'activité.

C leur répond par des sourires, des balancements au rythme des chants, il tape dans ses mains ou sur les jambes de l’éducatrice.

Aucun enfant ne vient donc spontanément vers C. L’intervention de l’adulte est à chaque fois nécessaire. Sans ce système de coaching, nous pouvons nous demander si ces liens existeraient, étant donné que C ne va pas de lui-même vers les autres.

Lorsque l’enfant C a été en interaction avec les autres enfants, nous avons pu constater deux tendances dans ses comportements :

soit il fuit et tente de se retrouver dans un endroit plus calme, où il y a moins de stimuli, de bruit. Il ne semble retirer alors aucun plaisir de l'approche de ses camarades,

soit il participe à l’échange et y prend un certain plaisir, traduit par des sourires, des balancements, etc.

6.3.3 Parallèle attitudes sociales parent et attitudes sociales enfant

Comme nous l'avons relevé précédemment, C, de par son handicap, n'est que très rarement en interaction avec ses pairs et il est donc difficile de créer des moments de jeux entre eux.

Les parents de C nous ont confié qu'ils n'invitent pas d’autres enfants à venir chez eux car ils ne voient pas le plaisir que pourrait en retirer C. Lorsqu’il y a trop de monde autour de lui, il se sent désorienté et peut se mettre à pincer les personnes qui l'entourent.

Lorsque C était petit, il était régulièrement invité aux anniversaires de ces camarades.

Désormais, de peur de déranger, ses parents refusent d’y aller, d'une part parce que dans certaines situations le handicap de C n'est pas facile à gérer et d'autre part parce qu'une fois de plus, ils ne sont pas certains que C en retirerait un avantage. Quoi qu’il en soit, les parents essaient de prendre C dans toutes leurs sorties, dans un souci de ne pas cacher le handicap, de ne pas cacher leur enfant en situation de handicap car ils n’en ont pas honte.

Nous pouvons constater que les parents de C, montrent un véritable effort pour l'intégration sociale de celui-ci, car ils s'adaptent à leur enfant et essaient de trouver une forme d'intégration qui correspond à ses capacités et ses besoins.

La maman de l'enfant C nous explique qu’elle se montre reconnaissante envers les petits camarades de classe de son enfant pour leur gentillesse et leur patience avec lui, et elle le leur montre par de petites attentions, comme par exemple des petits chocolats pour chacun pour leur souhaiter un joyeux Noël. Elle ressent un réel besoin de trouver au mieux les gestes capables de remercier ces enfants qui, au fil des années d'intégration scolaire, prennent soin de son enfant en situation de handicap.

Il n’est pas évident, ici, d'établir des similitudes entre le profil des parents et celui de l'enfant C et cela est dû en grande partie à son handicap, qui l'empêche d'avoir des comportements ou des actions observables vis-à-vis de ses pairs. En effet, nous ne pouvons pas dire qu'il est acteur de son intégration, mais il essaie de faire au mieux de ses possibilités avec des difficultés et des compétences qui lui sont propres.

Malgré tout, nous pouvons observer qu'il y a une forme d'intégration sociale qui est mise en place autour de l'enfant C, grâce aux efforts conséquents de ses parents, notamment dans le cadre de l'intégration scolaire et des moyens auxiliaires utilisés durant ce temps.

Il est également important de relever que l'enfant C est reconnu dans sa communauté locale, car ses parents le sont aussi.

6.3.4 Lien avec les hypothèses

Dans le cas de l'enfant C, nous pouvons faire lien avec les trois hypothèses suivantes :

la communauté locale attend de l’enfant en situation de handicap qu’il fasse des efforts suffisants afin d’être intégré socialement,

le manque de spontanéité dans les relations qu’entretiennent les enfants est dû à la demande de l’adulte,

les capacités cognitives ainsi que la personnalité de l'enfant en situation de handicap, peuvent avoir une influence sur la qualité de ses échanges avec les enfants ordinaires.

En effet, comme nous l'avons constaté dans le point précédent, les parents de C font des efforts relativement importants, afin que leur enfant en situation de handicap puisse faire partie, à sa manière, de la communauté locale.

Ensuite, nous avons pu remarquer que dans la cour de récréation, C est le seul enfant qui bénéficie de la présence, du soutien de l'adulte dans ses contacts. Les échanges qu'il partage avec ses pairs ne sont pas spontanés, car ils se mettent en place grâce à l'investigation de l'adulte, mais sans l'éducatrice, aucun échange n'aurait lieu. Nous pouvons donc relever que dans certains cas, il vaut mieux que l'enfant puisse partager des moments de jeu avec ses camarades, même si ceux-ci ne sont pas forcément empreints de spontanéité.

Pour finir, nous nous retrouvons ici dans un cas très clair, où le handicap et les capacités cognitives de l'enfant, tant ses difficultés que ses compétences, ont une influence sur la qualité des échanges de C avec ses pairs. En effet, les caractéristiques de l'autisme montrent qu'il est difficile pour cet enfant d'entretenir des relations sociales de qualité avec ses pairs et qu'il doit fournir des efforts conséquents lorsqu'il est amené à faire partie d'un groupe de jeu.