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L’objectif de cette thèse est d’étudier les conséquences émotionnelles et sociales du vieillissement via une

approche comportementale. Le point de départ de notre démarche est d’étudier les effets du vieillissement en

tenant compte des traits d’histoire de vie de notre modèle biologique avec une attention toute particulière

portée aux comportements d’exploration et à certains comportements sociaux (interactions entre congénères

adultes inconnus et comportements parentaux) des deux sexes.

Dans le premier chapitre nous exploreronsles effets du vieillissement sur les comportements

explora-toires et de prise de risquedes souris dans des tests classiques d’évaluation de l’anxiété et de la néophobie.

Nous nous poserons les questions suivantes :

– i – Les comportements liés à l’anxiété et à la néophobie varient-ils au cours du vieillissement chez la

souris glaneuse ?

– ii – Si le vieillissement a un effet sur ces comportements, s’agit-il d’une augmentation ou d’une

diminu-tion ? Ou bien cette reladiminu-tion est-elle non-linéaire ?

– iii – Anxiété et néophobie suivent-elle la même évolution ?

– iv – Les individus ayant l’âge des deux cohortes qui dispersent dans la nature ont-ils un profil similaire ?

– v – L’évolution des comportements liés à l’anxiété et à la néophobie au fil du vieillissement est-elle

Introduction générale

Dans le second chapitre nous étudieronsles effets du vieillissement sur les interactions socialesdes

souris confrontées à des congénères inconnus. Nous examinerons les questions suivantes :

– i – L’agressivité des individus varie-t-elle avec l’âge ?

– ii – Les individus de même âge que ceux des deux cohortes qui dispersent dans la nature ont-ils un profil

similaire ?

– iii – L’évolution des comportements agressifs au fil du vieillissement est-elle similaire entre les mâles et

les femelles ?

– iv – Les réponses émotionnelles exprimées par les individus lors des confrontations sociales varient-elles

avec l’âge ?

Dans le troisième chapitre nous aborderonsles effets de l’âge de première reproduction et de durée de

vie reproductive des couples sur la préférence olfactive du mâle pour sa partenaire par rapport à une

femelle étrangère. Les questions posées seront les suivantes :

– i – Les mâlesM. spicilegusexpriment-ils une préférence pour l’odeur de leur partenaire ?

– ii – Cette préférence est-elle observable dès le début de vie reproductive du couple ?

– iii – Comment évolue-t-elle au fil de la vie reproductive du couple ?

– iv – Cette préférence diffère-t-elle selon l’âge de première reproduction des mâles ?

Dans le quatrième chapitre nous aborderonsles effets de l’âge sur l’initiation de la reproduction et le

succès reproducteurdes souris. Nous nous poserons les questions suivantes :

– i – L’âge de première reproduction influence-t-il les performances reproductrices des souris ?

– ii – L’âge de première reproduction influence-t-il la latence de première mise bas ?

– iii – L’âge de première reproduction influence-t-il les latences inter-portées ?

Dans le cinquième chapitre nous étudieronsles effets de l’âge de première reproduction et de durée

de vie reproductive sur les comportements parentaux et le succès reproducteur des souris. Dans cette

Introduction générale

partie, le succès reproducteur des souris a été analysé plus finement et sur une période plus étendue. Nous

tenterons de répondre aux questions suivantes :

– i – L’âge de première reproduction affecte-il les comportements parentaux ?

– ii – La durée de vie reproductive affecte-t-elle les comportements parentaux ?

– iii – Ces effets sont-ils similaires entre les mâles et les femelles ?

– iv – Les caractéristiques de la portée peuvent-elles influencer les comportements parentaux et affecter

différemment les parents suivant leur âge de première reproduction et leur durée de vie reproductive ?

Enfin dans le sixième et dernier chapitre, nous étudieronsles effets de l’âge de mise en couple et du

rang de la portée (ou parité) sur les comportements anxieux et néophobiques de la descendance à l’âge

adulte. Nous examinerons les questions suivantes :

– i – L’âge de mise en couple a t-il des effets sur l’anxiété et la néophobie de la descendance à l’âge adulte ?

– ii – Le rang de la portée a t-il des effets sur l’anxiété et la néophobie de la descendance à l’âge adulte ?

– iii – Les niveaux d’anxiété et de néophobie observés chez la descendance peuvent-ils être reliés à la

fréquence des soins maternels et paternels reçus durant la première semaine post-partum ?

– iv – Existent-ils d’autres facteurs (sexe de l’individu) ou covariables (sexe-ratio et nombre de jeunes de la

portée) qui influencent le profil émotionnel de la descendance et ces facteurs affectent-ils différemment

les individus suivant leur origine parentale ?

Modèle d’étude, matériel et approches

expérimentales

Modèle d’étude, matériel et approches expérimentales

1 La souris glaneuse, Mus spicilegus

L’espèce étudiée dans le cadre de cette thèse est la souris glaneuse,Mus spicilegus(Sokolov et al., 1998).

La position taxonomique de cette espèce est détaillée dans l’Encadré 4.

Encadré 4 - Position taxonomique de

Mus spicilegus(Petenyi, 1882)

Classe : Mammifères

Sous-classe : Euthériens

Ordre : Rongeurs

Famille : Muridés

Sous-famille : Murinés

Genre :Mus

La souris glaneuse est une espèce endémique d’Europe

cen-trale et orientale. Sa répartition géographique s’étend de la pointe

est de l’Autriche jusqu’à l’Ukraine et dans sa partie méridionale,

de la Serbie à la Bulgarie, avec une sous-population isolée qui

serait établie du Monténégro à la Grèce (Figure 4). Elle est

in-féodée aux milieux ouverts tels que les prairies steppiques et

les zones agricoles. La souris glaneuse est remarquable sur plusieurs points : elle est une des rares espèces

du genreMusa présenter un système d’appariement monogame et présente un comportement unique, la

construction de tumuli édifiés en automne à l’aide de terre et de débris végétaux. Ce comportement lui a

d’ailleurs valu son nom latin qui signifie littéralement glaneuse (Fieffé-Lacroix, 1809). Ce phénomène de

construction est à l’origine du cycle de vie remarquable de cette espèce.

FIGURE4 – Répartition géographique deMus spicilegus.Carte issue du site de l’Union Internationale pour la Conservation

de la Nature (2013), basée sur les travaux de Coroiu et al. 2008.

Les individus utilisés comme modèle dans cette thèse sont issus de Hongrie près de Gyöngyös (Figure 4).

La méthode de capture des souris est précisée dans la partieNote éthiquedu Chapitre 1.

Modèle d’étude, matériel et approches expérimentales

La souris glaneuse a été la première espèce du genreMusa avoir été décrite comme monogame (Patris &

Baudoin, 1998).

E

NCADRÉ

5 - Monogamie sociale vs

monogamie stricte

Lamonogamie sociale est définie comme la

formation d’un couple social stable au delà de

l’accouplement qui peut durer pendant une

par-tie ou pendant toute la durée d’une saison de

reproduction, voire plusieurs saisons ou toute

une vie. Dans la plupart des cas, les deux sexes

prodiguent des soins parentaux. Ce type de

monogamie n’implique pas systématiquement

unemonogamie stricte(ougénétique) définie

comme une relation exclusive entre les deux

partenaires. Dans ce cas, la progéniture

éle-vée est le fruit des deux partenaires du couple.

L’avancée des techniques moléculaires dans les

années 1980 a permis de dissocier clairement

ces deux facettes de la monogamie en

dévoi-lant, notamment chez des oiseaux monogames,

un taux important de paternités hors-couples.

La monogamie sociale se caractérise par la présence de

traits comportementaux spécifiques (Kleiman, 1977) comme

– i – la préférence sociale et sexuelle pour le partenaire,

– ii – une grande agressivité des adultes envers d’autres

individus non familiers,

– iii – un fort investissement paternel dans l’élevage de la

progéniture.

Nous verrons dans les sections suivantes que la souris

glaneuse répond à ces critères et que ses particularités nous

offre l’opportunité d’étudier des thématiques peu abordées

jusqu’à maintenant dans la recherche sur le vieillissement.

En conditions naturelles, la durée de vie de la souris

glaneuse est inférieure à 12 mois (Milishnikov et al., 1998;

Tong, 2012). Les adultes ne survivant pas à l’hiver, les souris ne connaîtront qu’une courte période de

reproduction de 4-5 mois (Sokolov et al., 1998). En conditions protégées de laboratoire, la souris glaneuse

peut néanmoins atteindre 24 mois (Lafaille et al., 2014).

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