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Quand les pharmaciens parlent de conseil au patient, ils ont à l'esprit des activités diverses. Chacun peut avoir sa propre idée de ce qu'implique le conseil au patient. Pour certains, il s'agit simplement de fournir l'information sur le médicament délivré ; pour d'autres, le conseil implique tout un éventail d'actions à mettre en œuvre

Nous allons proposer une définition du conseil, détailler les objectifs qu'un pharmacien pourrait se fixer, et imaginer quelques méthodes pour les atteindre.

Les objectifs peuvent se diviser en deux parties.

Objectifs de soutien psychologique.

Pour pouvoir établir une relation d'alliance thérapeutique, le pharmacien doit tout d'abord développer la confiance que pourrait avoir le patient dans sa prise en charge. Ainsi, le pharmacien se doit de manifester son intérêt et son implication afin que le patient soit certain que les questions qui lui sont posées et les informations qui lui sont données le sont dans son intérêt exclusif.

L'essence même de tout conseil est d'assister une personne confrontée à une préoccupation. Si on considère le cas d'un patient se présentant avec une ordonnance dont il n'a pas l'habitude, le but du conseil sera qu'il intègre ce traitement dans le cours de sa vie quotidienne.

Par exemple, un patient pourra avoir besoin de conseils pour planifier la prise d'un antibiotique toutes les huit heures, alors qu'il se trouve au travail une partie de la journée.

Ainsi chaque traitement médicamenteux devra être adapté au patient, avec une souplesse relative suivant le type de médicament et les exigences du patient.

Le pharmacien doit aussi développer son conseil pour assister le patient dans la gestion de sa maladie, qu'elle soit chronique, ou aiguë.

Par exemple, un commercial mangeant souvent au restaurant dans le cadre de son travail dit avoir du mal à prendre le temps de s'injecter l'insuline comme on le lui a montré. Dans ce cas le pharmacien peut lui soumettre des ajustements dans son organisation, tels que pratiquer les injections aux toilettes pour y trouver plus de temps et de tranquillité.

Le pharmacien aura également un rôle à jouer dans la réussite de l'observance d'un traitement.

L'observance thérapeutique se définit comme le degré de concordance entre le comportement d'un individu, (en termes de prise médicamenteuse, de suivi de régime ou de changement de style de vie), et les prescriptions ou recommandations médicales.

Cette notion réfère également à l'emploi inapproprié de médicaments en relation notamment avec d'autres substances :

ne pas prendre de médicaments périmés ou de médicaments prescrits à quelqu'un d'autre ;

médicaments en vente libre, à de l'alcool ou à d'autres drogues. (21).

La non-observance se révèle néfaste à de très nombreux niveaux :

Au niveau économique, à cause de la dupplication des ordonnances, des consultations médicales, de l'augmentation du nombre d'analyses médicales et d'hospitalisations, et également à cause de l'augmentation de l'absentéisme qui provoque une baisse de la productivité .

Au niveau humain : réduction du potentiel de bonne santé des personnes, augmentation du nombre d'invalidités dues à des maladies de courte ou de longue durées, et surtout décès prématurés.

La non-observance a donc un impact direct sur la qualité de vie des personnes.

Or, pour ne citer que quelques exemples, en France, 25% des rejets de greffe sont dus à la non-prise de médicaments, ou que 70% des diabétiques ne suivent pas leur régime (26).

Les différentes études réalisées montrent que 30 à 70% des patients ne sont pas observants. Ce pourcentage varie suivant l'affection traitée : par exemple, 58% des patients traités pour un glaucome ne suivent pas régulièrement leur traitement ; 60% des patients traités pour une hypertension artérielle ne sont pas contrôlés de manière satisfaisante ; ou encore, seulement 7% des personnes diabétiques respectent correctement l'ensemble de leur prescription.

On comprend alors l'importance d'étudier les raisons de cette non-observance, pour la combattre (34).

Le défaut d'observance a longtemps été imputée au seul patient ; ce n'est qu'à partir des années 80 que les études se sont attachées à étudier l'impact de la relation du patient avec le professionnel de santé sur l'observance.

Par exemple, un patient qui n'aura pas été averti par son pharmacien que le médicament prescrit colorera ses urines en rouge, va certainement s'inquiéter, et va soit interrompre son traitement, soit reconsulter son médecin. Alors que s'il a été prévenu au préalable, il saura reconnaître ce symptôme comme un effet secondaire, et donc ne s'inquiètera pas.

Quand des effets secondaires de traitements chroniques ont été ressentis par un patient, le but du conseil sera de développer la capacité du patient à les gérer.

Par le conseil, le pharmacien peut explorer les besoins présents, mais aussi futurs du patient.

Objectifs éducatifs.

Le pharmacien a également une mission d'éducateur de santé. Il doit donc, par son conseil, mettre en place des actions d'éducation du patient. Cette éducation implique d'améliorer les compétences et les connaissances pour permettre des ajustements dans les dispositions d'esprit et les comportements des patients

(14). Cela dépasse la simple transmission d'information, orale ou écrite. En effet, un simple exposé ne garantira pas l'acquisition des compétences nécessaires au patient en ce qui concerne sa maladie ou son traitement.

L'autre objectif du pharmacien en tant qu'éducateur de santé est d'adapter son éducation aux besoins spécifiques du patient. Par la discussion, le pharmacien doit déterminer précisément ce que le patient sait déjà au sujet de son traitement ou de sa maladie. Puis, en tenant compte du mode de réflexion de son patient, du registre qu'il utilise, et de sa conception de sa maladie, il doit arriver à augmenter les compétences de ce patient.

est la transmission d'information et d'instructions, et toujours leur adaptation à chaque patient. En effet, après l'analyse des composantes psychologiques de chaque patient, après l'amélioration des compétences, il reste une quantité d'informations à transmettre, en évitant l'exposé, qui est bien trop rébarbatif et qui oublie d'appréhender le niveau de « psychodisponibilité » du patient sur son traitement. Cela aussi nécessite une réelle volonté de s'améliorer et une implication toujours soutenue du pharmacien.

Voici quelques objectifs que le pharmacien peut se fixer pour exercer son activité de conseil. Voyons maintenant des propositions de méthodes qui pourraient lui permettre d'y parvenir.

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