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C’est actuellement en France que la plus importante population de chats forestiers européens serait présente (S. Ruette com.pers.). On l’y rencontre dans le quart Nord-Est (Champagne-Ardenne, Bourgogne, Lorraine, Franche-Comté et Alsace), dans les Pyrénées et, elle serait apparemment en expansion vers les départements du Centre (e.g. l’Indre et le Cher) depuis les années 80 (Léger et al. in press). Cette expansion pourrait être due, au moins en partie, à la présence d’hybrides, notamment, dans les secteurs de récente colonisation et/ou recolonisation. En effet, la syntopie entre chats forestiers et chats domestiques pourrait être limitée à des zones particulières aux limites géographiques et écologiques de l’aire de distribution du Chat forestier (Randi et al. 2001), d’autant plus que, dans ces zones, la densité

de chats forestiers serait plus faible comparée à celle de chats domestiques (Lecis et al. 2006).

Une étude conduite récemment par O’Brien et al. (soumis) (ANNEXE 2) met en évidence l’existence d’hybrides au sein des populations françaises de chats forestiers. L’hybridation du Chat forestier avec le Chat domestique pose donc un problème en ce qui concerne l’estimation de l’aire de répartition du Chat forestier mais également, pour ce qui est du devenir de ses populations à long terme en France.

Dans ce contexte, l’objectif de cette étude est d’approfondir nos connaissances sur les relations entre le Chat forestier d’Europe, le Chat domestique et leurs hybrides en France, et ce, d’un point de vue écologique et comportemental. Pour cela, nous avons travaillé, d’une part, à l’échelle de l’aire de répartition actuellement reconnue du Chat forestier en France et, d’autre part, à l’échelle locale, sur les domaines vitaux de quelques individus dans les Ardennes françaises, région située au cœur de l’aire de répartition historique du Chat forestier.

Les deux premières parties de cette étude, conduites sur l’ensemble de l’aire de répartition du Chat forestier en France, ont fait l’objet d’une collaboration créée avec le Centre National d’Etude et de Recherche Appliquées aux Prédateurs et Animaux Déprédateurs de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS, CNERA-PAD), qui a coordonné la collecte de cadavres de chats forestiers, le laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (UMR CNRS 5558, Université Claude Bernard Lyon 1) qui a effectué le typage génétique des 122 chats collectés (O’Brien et al. soumis).

Nous nous sommes intéressés à la répartition des chats forestiers et des hybrides en France et aux caractéristiques écologiques de leurs lieux de collecte. Les questions que nous nous sommes posées sont les suivantes : est ce que les hybrides sont confinés dans des secteurs particuliers comme c’est le cas en Italie (Lecis et al. 2006) ? Les lieux où ils sont présents ont-ils les mêmes caractéristiques écologiques que ceux où sont présents les chats forestiers ? Par ailleurs, compte tenu de l’existence de l’hybridation, il était à craindre que les données collectées jusqu’à présent ne soient un mélange de données collectées sur des hybrides et des chats forestiers. Il s’est donc avéré pertinent de nous intéresser également à la description écologique des lieux où de « vrais » chats forestiers ont été collectés. Ainsi, afin d’exploiter au mieux « le matériel » mis à notre disposition, une méthode d’analyse adaptée pour caractériser les besoins écologiques des espèces rares ou discrètes a été choisie. Il s’agit de l’ENFA (Analyse Factorielle de la Niche Ecologique, Hirzel et al. 2002), une méthode multivariée qui présente l’avantage de ne pas nécessiter des données d’absence, qui ne sont pas toujours fiables

(ANNEXE 3). Cette première partie fait ainsi l’objet d’une publication en cours de préparation :

Estelle GERMAIN, Thibaut JOMBART, Ludovic SAY, Sébastien DEVILLARD, Dominique PONTIER, Sandrine RUETTE, François LÉGER & Marie-Lazarine POULLE. Ecological requirements of wildcats (Felis s. silvestris) and their hybrids in France: conservation implications.

Par ailleurs, l’étude récente menée en Hongrie par Biró et al. (2005) a montré que la niche trophique des hybrides, tout en étant intermédiaire entre les chats forestiers et les chats domestiques, recouvrait celles des chats forestiers. Les auteurs ont alors avancé l’hypothèse selon laquelle une compétition, au moins pour les ressources alimentaires, pourrait exister entre les chats forestiers et les hybrides. Les résultats de cette étude, pour l’instant unique dans son genre, nécessitaient d’être confirmés. C’est pourquoi, la deuxième partie de ce travail porte sur le régime alimentaire des chats forestiers, domestiques et hybrides estimés à partir de l’analyse des contenus stomacaux collectés sur l’ensemble de l’aire de répartition française du Chat forestier. Elle fait l’objet d’une publication soumise :

Estelle GERMAIN, Sandrine RUETTE & Marie-Lazarine POULLE. Diet overlap between wildcats (Felis s. silvestris), free-ranging domestic cats (Felis catus) and their hybrids in France.

Les troisième et quatrième parties de ce manuscrit présentent des résultats qui concernent le comportement des chats forestiers, des chats domestiques et des hybrides. Ils ont été collectés à une échelle plus fine, celle du domaine vital, dans les Ardennes où des individus ont été suivis par radio pistage. Le site d’étude d’une superficie de 1450 hectares, comprend un village (Briquenay) installé dans un contexte paysager propice à l’hybridation. En effet, le massif forestier de la Croix-aux-Bois (environ 8000 hectares) borde les limites du village qui est lui-même entouré de pâtures (ANNEXE 4). La densité humaine dans la région est faible (15

hab/km2) et la présence de chats domestiques libres y est manifeste. Deux fermes sont incluses dans le terrain d’étude, elles aussi occupées par de nombreux chats domestiques.

Les questions que nous nous sommes posées sont les suivantes : est-ce que le mode d’occupation de l’espace par les hybrides est proche de celui des chats forestiers ? Est-ce que l’hybridation se produit parce qu’il existe une forte concordance dans les patrons spatio-temporels entre chats de types différents ? Quels sont, a priori, les principaux acteurs de l’hybridation ou de l’introgression ? Répondre à ces questions est l’objectif de la troisième partie qui fait l’objet d’une publication soumise :

Estelle GERMAIN, Simon BENHAMOU & Marie-Lazarine POULLE. Spatio-temporal sharing between the European wildcat (Felis s. silvestris), the domestic cat (Felis catus) and their hybrids.

Enfin, la quatrième partie, présentée sous forme de Research note, porte sur la sélection de l’habitat à l’intérieur des domaines vitaux. En effet, la question posée était de savoir si, du point de vue de la sélection de l’habitat, les hybrides ont, comme pour le régime alimentaire (Biró et al. 2005), une place intermédiaire entre chats forestiers et chats domestiques. Pour répondre à cette question, nous avons utilisé une méthode adaptée pour la mise en évidence de typologie dans la sélection de l’habitat : la K-select (Calenge et al. 2005 , ANNEXE 5). Cette note de recherche est en cours de préparation :

Estelle GERMAIN, Anne FRÉZARD, Sandrine RUETTE & Marie-Lazarine POULLE.

Habitat selection by European wildcats (Felis s. silvestris), domestic cats (Felis catus) and their hybrids in North-eastern France.

C HAPITRE 2

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