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nuum, l’image sera suffisamment contrast´ees pour distinguer entre les r´egions de forte et

de faible densit´e, ainsi que l’espacement de ∼ 80 UA s´eparant les deux anneaux, et le

d´ecalage du disque par rapport `a l’´etoile centrale (d´etect´ee `a ∼2σ).

`

A partir de ces donn´ees, il sera possible d’´etudier la dynamique de HD 141569 via des

simulations N-corps — avec une connaissance pr´ecise de la structure des corps parents.

Alternativement, on pourra utiliser un code hydrodynamique pour ´etudier l’interaction

poussi`ere-gaz. Grace `a ProDiMo (voir Sec. 3.1) et `a partir de la mesure des raies de CO,

de OI et de CII, il sera possible d’´etudier le contenu du disque de gaz, un probl`eme en

grande partie d´eg´en´er´e qui n´ecessite des connaissances sur les propri´et´es de la poussi`ere.

Ainsi, les performances sans pr´ec´edents d’ALMA permettront bientˆot de combler l’´ecart

entre les simulations de syst`emes plan´etaires et leur observation.

Figure6.4: Gauche :Carte de l’´emission en

12

CO 2-1 de HD 141569 obtenue avec

l’interf´ero-m`etre du Plateau de Bure superpos´ee `a une image coronagraphique HST/STIS. Les contours

bleus et rouges repr´esentent V

helio

= -5.27 et -10.10 km/s, respectivement. Droite : Carte

de contour de l’intensit´e int´egr´ee en CO 2-1 superpos´ee `a l’image STIS. 1

′′

correspond `a 100

UA.

6.2.3 La n´ecessit´e de codes dynamiques collisionnels

Au del`a de ces projets de recherche `a court terme, l’´etude et en particulier la

mod´elisa-tion des disques de d´ebris devra faire appel `a des perspectives plus vastes. Les int´egrateurs

N-corps tels que SWIFT permettent aujourd’hui d’´etudier l’´evolution de syst`emes

plan´e-taires sur des ´echelles de temps suffisamment longues moyennant des temp de calculs

abordables. Ils sont tr`es pr´ecis et performants lorsqu’il s’agit de simuler la dynamique de

plan`etes et de plan´et´esimaux, par exemple dans le cas du Syst`eme Solaire, mais trouvent

leur limite lorsqu’ils doivent ˆetre compar´es aux observations de disques de poussi`eres.

En effet ceux-ci sont non seulement soumis `a leur dynamique sp´ecifique, mais leur profil

est aussi fortement d´ependant des processus collisionnels `a l’œuvre. Ces derniers peuvent

ˆetre abord´es s´epar´ement par des approches de type particle-in-a-box pour r´esoudre leur

´evolution collisionnelle, en particulier les tailles de grains. A moyen terme, on peut

es-compter que de nouveaux codes prenant en compte `a la fois la dynamique et les collisions

pourront ˆetre utilis´es de mani`ere courante. Diff´erentes approches compl´ementaires sont

actuellement en d´eveloppement.

Je citerai tout d’abord le nouveau code statistique de R. van Lieshout et al., qui utilise

l’approche cin´etique du groupe de Jena (A. Krivov, T. L¨ohne) et permet de suivre la

distribution de particules dans l’espace des orbites et des masses sous l’effet simultan´e des

collisions, de la dynamique et de la sublimation. Il se limite cependant `a de la symm´etrie

sph´erique et ne permet pas d’´etudier l’impact de plan`etes. Des approches comme celle mise

en œuvre par le code CGA de Stark & Kuchner (2008) et le code DyCoSS de Thebault

et al. (2012) permettent de simuler des disques de poussi`ere et les structures engendr´ees

par un perturbateur, mais elles se limitent `a un r´egime d’´equilibre et traitent grossi`erement

les collisions.

Des codes de nouvelle g´en´eration permettront bientˆot d’aborder le probl`eme dans toute

sa complexit´e, ce qui n´ecessite des solutions pour suivre dynamiquement les innombrables

fragments produits `a l’issue de chaque collision. Le code LIDT-3D (Charnoz & Taillifet

2012), h´erit´e de mod`eles de disques circumplan´etaires, r´esout astucieusement cette

dif-ficult´e pour g´erer `a la fois la dynamique et les collisions. Son adaptation `a la physique

des disques de d´ebris promet d’adresser dans un futur proche des probl`emes physiques

complexes, comme la diffusion dynamique par des plan`etes, les instabilit´es ou encore les

impacts `a haute vitesse (code LIDT-DD, Q. Kral et al., en pr´eparation). Ces nouveaux

mod`eles seront n´ecessaires pour interpr´eter les futures observations de disques et

d’exo-plan`etes et r´evˆeler leur connexion.

6.3 Vers des syst`emes plan´etaires semblables au

Sys-t`eme Solaire

6.3.1 L’impact des disques de d´ebris sur la compr´ehension du

Syst`eme Solaire et de son histoire

En remontant plus loin vers le sommet de la cascade collisionnelle, nous devenons

capables d’observer l’activit´e dynamique et collisionnelle des syst`emes plan´etaires `a sa

source. Comme nous l’avons vu dans le cas de HD 181327, les syst`emes plan´etaires jeunes

sont potentiellement sujets `a un intense bombardement com´etaire dans leurs r´egions

in-ternes. Ce peut ˆetre l’indication que la formation des plan`etes rocheuses est toujours en

cours, ce qui est possible pendant les 100 premiers millions d’ann´ees. Ainsi il faut garder

`a l’esprit que la formation de la Lune des suites de la collision d’une plan`ete de la taille de

Mars avec la proto-Terre, n’a eu lieu que 42 millions d’ann´ees apr`es l’effondrement initial

du nuage de gaz qui a donn´e naissance au Soleil (Canup & Asphaug 2001; Stevenson

1987). Au del`a de quelques 20 `a 100 millions d’ann´ees comme dans le cas de Fomalhaut,

il faut voir les disques massifs que nous observons comme la preuve d’une intense

acti-vit´e dynamique, ´eventuellement comparable au Grand Bombardement Tardif du Syst`eme

Solaire.

En sus, les disques de d´ebris doivent ˆetre consid´er´es du point de vue de l’Exobiologie.

L’´emergence de la vie probablement survenue aux d´ebuts du Pr´ecambrien (-3.8 Ga) n’a

´et´e rendue possible qu’`a la suite du Grand Bombardement Tardif. Ant´erieurement `a cet

´episode d’intense bombardement ast´eroidal vers les plan`etes internes, la croute terrestre

ne pouvait d´efinitivement se solidifier du fait des impacts destructeurs, ceux-la mˆeme

qui ont en retour permis la formation de l’atmosph`ere et des oc´eans par leur apport en

compos´es volatils. Les suites de cette ´evˆenement marquent le d´ebut de l’Arch´een, `ere

g´eo-logique qui est aussi celle de l’apparition de la vie sur Terre. On pense que l’assemblage de

mol´ecules organiques complexes, peut-ˆetre issues de mol´ecules pr´ebiotiques apport´ees par

les com`etes (e.g. Taquet et al. 2011), a d´ebouch´e sur les premiers syst`emes vivants dans

les profondeurs des oc´eans. Au cours des temps g´eologiques, la biosph`ere a subi plusieurs

crises majeures : la plus r´ecente est la crise d’extinction Cr´etac´e-Pal´eoc`ene pour laquelle

on met en cause principalement l’effet d’une collision destructrice avec un ast´eroide. Le

LHB a d´epeupl´e les r´eservoirs d’ast´eroides et de com`etes, avec pour cons´equence de limiter

de tels impacts destructeurs pour le restant de l’histoire de la Terre. Paradoxalement, ces

catastrophes ont d’un point de vue ´evolutionniste l’effet de faire exploser la biodiversit´e en

encourageant la course vers la complexit´e. Il conviendrait donc de consid´erer les disques de

d´ebris comme un crit`ere d’habitabilit´e, encore insuffisamment d´elimit´e `a l’heure actuelle.

6.3.2 Futurs progr`es observationnels

Nous l’avons vu au cours des deux derniers chapitres, l’interf´erom´etrie optique permet

d’acc´eder aux r´egions les plus internes des syst`emes plan´etaires. Les programmes

d’obser-vations men´es actuellement avec PIONIER et FLUOR permettront `a terme de recenser

la pr´esence de poussi`eres chaudes dans l’environnement des ´etoiles proches jusqu’`a une

sensibilit´e de 0.5%. N´eanmoins ces exozodis, souvent situ´es proches de la limite de

subli-mation des grains, demeurent bien diff´erents du Nuage Zodiacal ou encore de la Ceinture

d’Ast´ero¨ıdes. Le seul instrument pr´evu `a court terme qui permettra d’explorer les exozodis

dans la zone habitable des ´etoiles proches est le LBTI, un imageur en infrarouge thermique

(bandes L, M, N) et interf´erom`etre annulant compos´e de deux miroirs de 8.4 m`etres. Il

permettra d’atteindre un niveau de 10 fois le disque Zodiacal pour des poussi`eres `a 300

K.

Du cˆot´e de l’imagerie, c’est bientˆot vers les nouveaux intruments SPHERE et GPI,

exploitant des optiques adaptatives extrˆemes dans le proche-infrarouge, qu’il faudra

comp-ter. Ils permettront tous deux l’imagerie diff´erentielle de disques et de plan`etes, mais aussi

des observations spectroscopiques et de la polarim´etrie (qui apportent des contraintes

sup-pl´ementaires fortes sur les grains) `a haute dynamique. A plus long terme, le JWST et

l’E-ELT devriendront les successeurs respectifs du HST et du VLT. Avec son miroir segment´e

de 6.5 m`etres de diam`etre, le JWST sera ´equip´e de plusieurs instruments : un imageur

proche-infrarouge (NIRCam), un spectrographe proche infrarouge multi-objet (NIRSpec),

un spectro-imageur fonctionnant dans l’infrarouge moyen (5-27 µm, MIRI). L’E-ELT et

ses 39 m`etres de diam`etre, b´en´eficiant d’une optique adaptative qui repr´esente encore un

d´efi, pourra presque rivaliser en r´esolution avec les interf´erom`etres actuels. Les deux

t´e-lescopes permettront d’imager l’environnement des ´etoiles proches, notamment leur zone

habitable, avec un constraste in´egal´e.

Finalement, en quelques d´ecennie la science des syst`emes plan´etaires sera pass´ee du

stade de la d´ecouverte `a celui de l’exploration d´etaill´ee. Le foss´e qui s´epare encore

l’astro-physique observationnelle de la th´eorie commence `a se combler et les progr`es techniques

nous rapprochent sans cesse de l’objectif ultime de d´ecouvrir un syst`eme jumeau du

Sys-t`eme Solaire. On remarque d’ailleurs que, d’une part les simulations th´eoriques peuvent de

plus en plus ˆetre confront´ees directement `a des observations — notamment les structures

des disques, ou les plan`etes pr´edites — d’autre part les nouvelles techniques

observation-nelles doivent maintenant s’appuyer sur des mod`eles — par exemple pour ´eliminer les

artefacts des images de disques ou tester la viabilit´e des plan`etes d´etect´ees. Face `a

l’im-mense diversit´e relev´ee pour les syst`emes plan´etaires proches, le Syst`eme Solaire semble

revˆetir des charact´eristiques assez exceptionnelles, mais seul le futur proche nous

permet-tra d’´etablir sa place au sein de la multitude de r´ealisations de la formation plan´etaire qui

nous est donn´ee `a ´etudier.

Deep near-infrared interferometric

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