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La langue générale et les langues de spécialité n’ont pas de frontières nettes, il existe une certaine porosité entre elles, qui s’illustre par des mouvements entre elles. Il peut s’agir de mouvements allant d’une langue de spécialité à la langue générale, le contraire, c’est-à-dire de la langue générale pour pénétrer une langue de spécialité, ou encore de mouvements d’une langue de spécialité à une autre.

Dans ce travail, nous nous intéressons en particulier aux mouvements d’unités appartenant à une langue de spécialité vers la langue générale. Ce phénomène linguistique est appelé ici déterminologisation, même si nous verrons par la suite qu’il a adopté plusieurs dénominations et n’a pas toujours été défini de la même façon.

Nous nous intéressons plus particulièrement aux mouvements entre le domaine spatial et la langue générale. Le domaine spatial est un domaine riche et qui intéresse la grand public. La langue générale en est d’ailleurs marquée de plusieurs façons. Citons notamment étoile, dans l’expression danseuse étoile, ou star, en anglais, qui désigne aujourd’hui tout un éventail de personnalités un tant soit peu connues (acteurs, chanteurs, musiciens, etc.). L’intérêt pour le domaine spatial ne se limite pas aux locuteurs d’une seule langue, citons notamment l’expression lune de miel en français, qui se dit honeymoon en anglais et luna di miele en italien. Nous pourrions ainsi multiplier les exemples, mais il vaut mieux retenir que certaines unités appartenant au domaine spatial ont déjà pénétré la langue générale, y sont déjà largement diffusées et qu’il est très probable que d’autres unités suivent le même chemin.

L’objet de notre travail est donc l’étude du passage des termes appartenant au domaine spatial dans la langue générale et plus précisément les changements sémantiques et morphologiques qui s’ensuivent.

Notre étude se situe dans la continuité des travaux de Condamines et Picton (À paraître a), qui étudient la déterminologisation en français, dans des quotidiens français, à partir des communiqués de presse du CNES (Centre national d’études spatiales). Nous avons fait le choix de reprendre leur méthodologie et, ainsi, d’étendre le champ de recherche à l’anglais, l’anglais européen, plus précisément, sur la base des communiqués de presse de l’ESA.

À la suite des travaux de Condamines et Picton (À paraître a), nous émettons l’hypothèse que certains termes du domaine spatial « imprègnent » le grand public, et donc la langue générale, par

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la presse généraliste et qu’ils y apparaissent par les communiqués de presse d’un organisme spatial, dans le cas de cette étude, l’ESA (l’Agence spatiale européenne). Notre hypothèse est que le phénomène de la déterminologisation se produirait sous la forme d’un flux, qui pénétrerait petit à petit la langue générale. C’est justement ce flux que nous nous proposons d’étudier.

Nous nous situons dans le champ de la terminologie textuelle, qui est, selon nous, l’approche la plus pertinente pour notre travail, car elle possède les outils nécessaires à la réalisation de notre étude. Nous exploitons ainsi les méthodes de linguistique de corpus, afin d’observer la déterminologisation directement dans les textes.

Notre méthodologie consiste donc, dans un premier temps, à constituer un corpus à partir des communiqués de presse de l’ESA. Ce corpus sert de base à une extraction de termes, laquelle nous permettra d’établir une liste de termes de référence du domaine spatial. Dans un deuxième temps, notre méthodologie consiste à constituer deux corpus de presse généraliste, le premier orienté termes, dont les articles doivent contenir au moins un terme figurant sur la liste précédemment établie, et le second aléatoire, dont les articles sont sélectionnés aléatoirement. Ces deux corpus servent ainsi de base à l’observation du phénomène de la déterminologisation. Le premier corpus contiendra nécessairement la plupart des termes qui nous intéressent, ce qui nous fournit une certaine garantie quant au phénomène à observer. Toutefois, ce corpus reste un corpus orienté et nous pensons qu’il est important d’observer le phénomène de la déterminologisation dans un corpus qui reflète réellement l’état de la langue, d’où le second corpus.

La deuxième section de ce travail concerne l’ancrage théorique dans lequel nous nous situons.

Nous y définissons notamment les concepts de langue générale et de langue de spécialité, nous expliquons ce qu’est la terminologie textuelle et en quoi elle se différencie de la terminologie traditionnelle et, finalement, nous expliquons ce qu’est la déterminologisation, en procédant à un petit historique du phénomène et de ses dénominations.

La méthodologie que nous avons adoptée fait l’objet de la troisième section. Nous y expliquons en détail la constitution du premier corpus de travail, l’élaboration de la liste de termes de référence et la constitution des deuxième et troisième corpus de travail. Chacun de nos choix méthodologique est détaillé.

La quatrième section concerne l’exploration des deux corpus de presse généraliste. Nous y faisons quelques observations quantitatives générales avant de nous focaliser sur les formes verbales de six unités en particulier, par rapport à leurs formes nominales. Nous procédons à une

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analyse systématique de plusieurs aspects de ces unités, qui nous permettra de cerner le phénomène de la déterminologisation sous la forme d’un flux.

La conclusion fait l’objet de la cinquième section, nous y présentons les tendances générales que nous avons essayé de dégager dans ce travail, ainsi que des perspectives en vue d’étendre le champ de recherche et d’améliorer nos observations.

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