Un système de production ne peut être conçu qu’en fonction de son environnement. En
effet, son bon fonctionnement dépend de la capacité des acteurs à prendre en compte d’une
part les demandes des clients et d’autre part les possibilités des fournisseurs. Il ne s’agit plus
d’optimiser localement le rendement de telle ou telle opération, mais bel et bien de faire en
sorte que, dans leur ensemble, les ressources soient coordonnées et synchronisées pour
optimiser le résultat global, compte tenu des contraintes de l’entreprise. Ceci est d’autant
plus vrai que l’entreprise doit faire face aux besoins croissants de flexibilité et de réactivité
d’une part, et de personnalisation des produits (Ollero A., et al., 2002) (Nof S.Y., et al., 2006)
d’autre part.
L’objectif le plus communément admis de la gestion de production consiste à établir des
plans viables sur plusieurs horizons et à les mener à bien. La mise en place de ces plans
diffère d’une entreprise à une autre. En effet, si un tableau géré manuellement permet
d'établir des plans viables dans une petite structure, un système informatique de type MRP
(Manufacturing Resources Planning) sera nécessaire dans une grande société.
La maîtrise de la production s’appuie sur deux flux majeurs : le flux matières et le flux
d'informations. Il s’agira de les synchroniser. Quelle que soit la manière de faire, le système
s'attache toujours à planifier d'une manière optimale l'horizon de gestion, d'une part, et à
vérifier, à l'usage, que ce qui a été réalisé correspond bien à ce qui a été prévu, d'autre part. A
travers cette notion de planification, il apparaît donc que le temps est un facteur clé : "le
temps est la plus précieuse ressource" (Plossl W.G., 1993). La synchronisation peut être alors
vue de deux façons.
Une synchronisation à travers le temps (diachronique) : évolution dans le temps de
relations entre les mêmes caractéristiques (propriété d’adaptation).
Une synchronisation dans le temps (synchronique) : relations entre caractéristiques d’un
système à un instant donné (propriété structurelle, propriété d’organisation,… (Morel G.,
2004)(Voir la figure 19).
Le principe de synchronisation : postule que des caractéristiques soumises à des
propriétés diachroniques sont à tous instants compatibles avec les propriétés synchroniques
susceptibles de les lier. En effet, comme le montre la figure 19 les propriétés diachroniques
sont véhiculées par des flux d’information « reliant » les différents systèmes considérés et les
propriétés synchroniques sont assurées par des flux d’information « contrôlant » les autres
flux.
Figure 19 : Modèle du système d’entreprise
Par exemple, la synchronisation dans le temps peut être assurée par les différents plans
du MRPII et à travers le temps par des mécanismes comme le stock ou les Kanbans.
Néanmoins, la différence des horizons et des périodes dans la logique MRPII et le besoin
accru de la réactivité, font que les plans se désynchronisent.
Pour assurer une meilleure synchronisation, les architectures de production actuelles
évoluent vers une réduction du nombre des niveaux décisionnels présents dans les
architectures hiérarchiques de type C.I.M. (Kosanke K., 1995). Pour autant, ce type
d’architecture, même si elle s’est révélée efficace en terme de partage d’informations ne
confère pas aux entreprises l’agilité suffisante prônée notamment par la communauté
internationale I.M.S. (Intelligent Manufacturing System) et constitue donc un frein à la
réactivité de la chaîne de décision si l’on tient compte des temps de traitement de
l’information opérés à chacun des niveaux.
En parallèle de la mouvance CIM (dans les années 80) nous avons vu se développer dans
les industries diverses applications des concepts du juste à temps. Les systèmes de
production et de logistique ont considérablement évolués pour assurer plus de réactivité et
plus de flexibilité. Ces systèmes, en plus, de leurs objectifs de flexibilité et de réduction des
délais, impliquent un management participatif des opérateurs.
Aujourd’hui, de systèmes centralisés et hiérarchisés pilotant entièrement les flux
physiques nous sommes passés à des modes de pilotage « hybrides » donnant aux
opérateurs de terrain plus d’autonomie et plus de responsabilités (la DFT est un bon
exemple). Nous avons donc migré vers des systèmes où la décision autonome et locale est
Temps Flux