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La découverte unique d’Us Sergué 2 (Iakou- tie Centrale) est associée à la sépulture riche d’un sujet féminin Us Sergué 1 (présence seu- lement de ces deux tombes dans le secteur, similitude de la décoration perlée). Il s’agit d’un cheval entier placé sur le côté gauche. C’est un mâle qui porte un licol en crin avec une boucle en fer. Au niveau du bassin, des perles ont été retrouvées, ce qui évoque une décoration de queue. A côté sont déposés la peau, la tête et les extrémités de deux autres chevaux. En revanche, le sujet de Us Sergué 1 a un dépôt alimentaire extrêmement riche, notamment vingt côtes dans un sac en cuir qui pouvaient appartenir à un de ces deux chevaux (Figure 58).

III. 3. 4. dÉpôtdetêteetdepattes

L’enterrement du cheval peut être accompli de façon symbolique. Ainsi, dans la sépulture d’un homme âgé Ordiogone 1 (Vilouï) la tête et les pattes d’un cheval âgé depuis le sabot jusqu’aux tarses et carpes sont déposés sur le coffre, après le remplissage partiel de la fosse : environ 20 cm sépare le couvercle et les restes du cheval. Une vertèbre caudale a été égale- ment trouvée dans le remplissage et un dépôt alimentaire constitué de 12 côtes du cheval est fait entre le coffre et le cercueil. Le harnais du cheval (une selle avec un tapis, des étriers et deux boucles en fer provenant d’une sangle)

Figure 58. La tombe Us Sergué 2

composée d’un cheval entier et des restes de deux autres chevaux. MAFSO 2016, Iakoutie Centrale (© P. Gérard).

Figure 59. Tête et pattes de cheval déposés sur le coffre d’une tombe masculine Ordiogone 1 (1700-1750). MAFSO 2007, Vilouï (© P. Gérard).

est aussi présent sur la paroi longitudinale et partiellement sur le remplissage de la fosse (Figure 59).

Ce type de dépôt est encore présent au XIX siècle. Ainsi, sur le coffre de la sépulture Ous Siré 2 il y a un crâne du cheval avec ses premières vertèbres cervicales. Il est intéressant à noter les traces d’un coup de talon de hache sur le crâne, typique à l’époque récente, alors qu’anciennement les Iakoutes pratiquaient le clampage (ou l’arrachage) artériel. En revanche, dans une tombe de l’enfant Targana 1 (âgé entre 6 et 12 mois) chrétien (présence de croix) datée de la fin du XIXe siècle, un fragment de mandibule de crâne du cheval a été mis dans

le remplissage de la fosse sous une structure constituée de demi-rondins à près de 40 cm du sol. De nombreux charbons, de la terre rubéfiée et des fragments d’os brûlés font preuve d’un incendie qui aurait pu détruire d’autres os déposés.

Enfin, il nous semble nécessaire de noter ici le dépôt de cheval à l’extérieur de tombe. Ainsi, dans un cimetière chrétien à Vilouï (Kharyïalakh) du XIXe siècle un crâne de cheval a

été mis dans la superstructure d’une tombe malgré qu’il y avait une croix en bois.

III. 4. s

tructure destockage

Une structure unique dans son genre a été fouillée en Iakoutie Centrale (Boulgounniakh). Elle est située sur un promontoire d’un alas, entre deux lacs. La fosse est creusée à environ 60 cm de la surface. La structure est constituée d’écorces de bouleau, plaquées contre les parois et le fond de la fosse, et recouverte d’écorces

de bouleau (figure 2). Elle mesure 96 cm de diamètre et 12 cm de hauteur. Elle repose sur une armature de branches de mélèze (figure 3). Le remplissage de la structure est constitué d’un sédiment cen- dreux, notamment sur le fond. Ce type de structure est une fosse de stockage à pois- son, péché en été et jusqu’à l’apparition de la glace sur le lac. Traditionnellement située à la lisière de forêt, c’est dans ce type de structure se passe la fermentation de poisson conservé pour l’alimentation de l’hiver (Figure 60).

III. 5. p

rÉsencedesdÉpôts alImentaIresetdesrÉcIpIents dansles tombes

Pour chaque période, nous avons déterminé le nombre des tombes avec des restes alimen- taires, des tombes sans restes alimentaires mais avec un récipient et, enfin, des tombes sans aucun indice d’alimentation (Graphe 11).

Figure 60. Structure de stockage de poisson. Boulgounniakh. MAFSO 2006, Iakoutie Centrale.

Graphe 11. Présence d’un dépôt alimentaire et d’un récipient dans les tombes.

On constate que la plupart des tombes dans les deux premières périodes étudiées ont un dépôt alimentaire et/ou récipient (74% antérieur 1700 et 77% de 1700/50) alors que c’est seu- lement environ la moitié de tombes avec le début de la christianisation à la deuxième moitié du XVIIIe siècle (55%), pour finalement se réduire à moins de 9% avec sa généralisation au

XIXe siècle. Les dépôts alimentaires se composent essentiellement de deux aliments : viande

et produit de lait, lyophilisés naturellement par le froid. Des récipients vides (qui pouvait ou non initialement contenir le produit alimentaire évaporé avec le temps) font aussi l’objet de notre étude.

III. 5. 1. caractÉrIstIquesdestombes sansdÉpôt alImentaIrenIrÉcIpIent

La grande majorité des tombes sans dépôt alimentaire jusqu’à la fin du XVIIIe siècle sont

pauvres soit sans aucun mobilier, soit elles en ont un ou deux. Un sujet adulte daté avant XVIIIe siècle est couché sur le ventre ce qui est caractéristique d’un cas de suicide (« mau-

vaise mort ») (Konstantinov 1971 : 155-156 ; Crubézy, Alexeev 2007). La tombe d’un homme adulte, située à la surface du sol, a été partiellement remaniée vingt ans avant l’année des fouilles. Par conséquent, bien qu’elle contienne un mobilier très particulier (Atakh, Vilouï) : deux bagues (qui sont considérées comme un symbole de pouvoir), des pièces d’un piège (un cas unique) et une pointe de flèche, il se peut que cela ne correspond pas à la totalité du dépôt initial. En revanche, l’absence des récipients ou des restes alimentaires semble plus surpre- nante dans la tombe d’une femme du XVIIIe siècle qui porte des vêtements riches très parés

et des bijoux (Istekh Myran 1, Iakoutie Centrale). Elle n’a qu’une cuillère suspendue de sa ceinture et aucune autre vaisselle.

Ainsi, le dépôt du repas a une signification très importante pour les officiants et persiste jusqu’au XIXe siècle malgré la christianisation. Les sujets qui en sont privés sont habituelle-

ment pauvres, souvent sans aucun mobilier, chrétiens ou, plus rarement, décédés de « mau- vaise » mort.

III. 5. 2. rÉpartItIondedÉpôt alImentaIreet/ouderÉcIpIentdansla

tombe

Les restes alimentaires sont déposés dans la tombe de manière variée : avec un dépôt alimen- taire mais sans récipient ; avec un dépôt alimentaire mis directement sur le sol et un (des) récipient(s) vide(s) ; avec un dépôt alimentaire dans un récipient ; avec un dépôt alimentaire dans un récipient et aussi un (des) récipient(s) vide(s) (Graphe 12). Il apparaît que c’est durant l’âge d’or iakoute qu’il y a le plus de diversité notamment avec le dépôt alimentaire dans un récipient et en dehors du récipient, des fois avec en plus des récipients vides ajoutés dans la même tombe.

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