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Chapitre 02 : Leucémies aigues

II- La protéine NPM1

5- NPM1 et hémopathies malignes

Figure 11: Locus du gène NPM1 et les variants transcrits (NCBI)

5. NPM1 et hémopathies malignes :

Les altérations de NPM1 observées peuvent résulter d’une augmentation de son expression ou encore des modifications de son gène telles que des délétions, des translocations ou des mutations, retrouvées le plus souvent dans les tumeurs hématopoïétiques.

Le chromosome 5, et plus spécifiquement le locus 5q35, qui porte le gène codant pour NPM1 est le siège de délétions dans le cas de syndromes myélodysplasiques (MSD) de novo

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et de leucémies. La délétion de la région 5q35 est également retrouvée dans certaines tumeurs solides comme dans le cancer du poumon non à petites cellules [109].

Outre les délétions, les translocations génomiques impliquant le chromosome 5 et entrainant souvent une perte de l’allèle fonctionnel du gène, sont régulièrement associées aux maladies hématopoïétiques comme les lymphomes et les leucémies [110]. La région génique codant pour la partie amino- terminale de la NPM1 est alors associée à différents gènes partenaires. La translocation la plus retrouvée, dans 75% des lymphomes anaplasiques à grandes cellules (ALCL : Anaplastic Large Cell Lymphoma) est la t(2 ;5) (p23 ;q35) qui entraine la fusion du gène NPM1 avec le gène ALK (Anaplastic Lymphoma Kinase) [111] . NPM1 confère, une activité constitutive a ALK, normalement inactif dans les cellules lymphoïdes, ce qui entraine un rôle oncogénique de ALK [112].

Bien que plus rare, une autre translocation possible de NPM1 est la t(5 ;17)(q35 ;q12) qui provoque la fusion de NPM1 avec le récepteur aux acides rétinoïdes (RARα). Cette translocation est retrouvée majoritairement dans les leucémies promyélocytaires aigues (LAP). Cette fusion altère la différenciation myéloïde au stade promyélocyte. Elle peut également perturber d’autres fonctions biologiques, indépendantes de la fonction transcriptionnelle de RARα, l’homo et l’hetero-oligomerisation de NPM1 entrainant son changement de localisation et pouvant modifier les fonctions de RARα sauvage et endogène [113].

Une autre translocation dans les syndromes myélodysplasiques est la t(3 ;5)(q25 ;q35) conséquence de la fusion du gène NPM1, dans sa partie 5’, avec le gène MLF1 (Myelodysplasia-Myeloid Leukemia Factor 1). MLF1, normalement localise au niveau du cytoplasme, se retrouve, lors de la fusion NPM1-MLF1, localisé dans le noyau et plus fortement dans le nucléole dans les cellules de leucémies myéloïdes. Cette localisation anormale interfère avec l’activité de MLF1 et altère sa capacité a contrôler l’érythropoïèse et le cycle cellulaire [114].

Dans le cas de cellules normales, NPM1 peut faire la navette entre les différents compartiments cellulaires afin d’y exercer ses fonctions. Dans des cas de leucémies myéloïdes aigues, NPM1 est délocalisé dans le cytoplasme (NPMc+) suite a une mutation dans l’exon 12 entrainant un décalage du cadre de lecture dans sa partie carboxy-terminale [115].

Toutes les mutations NPM1 chez les patients LAM se produisent dans l'exon 12. Jusqu’à présent, plus de 55 mutations uniques ont pu être identifiées et la majorité d’entre elles consistent à une insertion nette de quatre paires de base avec 95 % de mutations qui se produisent entre les nucléotides 960 et 961, cependant, il y a également eu des cas (5 %) qui

Chapitre IV Gènes d’intérêt

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se produisent au niveau de 10 nucléotides en amont ou en aval de cette position [116]. Ces mutations entrainent la formation d’un motif NES et consécutivement la perte du motif NuLS. Le résultat de ces altérations est la délocalisation de NPM1 dans le cytoplasme, la perte de ses interactions avec ses différents partenaires, ainsi que la délocalisation de l’ARF du nucléole ce qui conduit a sa perte d’activité. Ces mutations provoquent aussi la délocalisation des protéines NPM1 sauvages endogènes dans le cytoplasme par effet trans-dominant positif [117].

Figure 12: Configuration du gène NPM1 non muté et les différentes mutations

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I- Patients :

Le recrutement des patients s’est fait au sein du CHU (Centre Hospitalo-Universitaire) Ben Badis à Constantine, au niveau du service d’hématologie. Sur une période allant de Janvier 2015 à Décembre 2016.

Notre population d’étude comportait 80 patients atteints de leucémies aigues. Les critères clinico-biologiques recueillis à l’initiation du traitement étaient le sexe, l’âge, la classification FAB, la classification OMS, la numération formule sanguine (FNS), la blastose médullaire et le caryotype conventionnel en cas de disponibilité.

Dans cette étude, les critères de recrutement des patients étaient les suivant

- Critère d’exclusion : hémopathies malignes autres que les leucémies aiguës.

- Critères d’inclusion : tous nos patients étaient atteints de leucémies aigues myéloblastiques et lymphoblastiques. Les patients étaient des adultes. Les leucémies étaient primaires.

Tous nos patients ont été soumis à un questionnaire détaillé et chaque prélèvement sanguin requiert un consentement éclairé pour la participation à cette étude, nous autorisant à l’utilisation de leurs données clinico-biologiques et de leur matériel génétique (annexe 5 et 6).

II-

Méthodologie :

Les analyses hématologiques sont faites au niveau du service d’hématologie, l’analyse cytogénétique au niveau du laboratoire de biologie moléculaire et l’analyse moléculaire au niveau du laboratoire de médecine expérimentale de l’université d’Istanbul.

1- Analyse hématologique : 1-1- L’hémogramme :

L’hémogramme est un examen automatisé qui a pour but d’apporter des informations quantitatives sur les cellules sanguines mais également des informations qualitatives.

1-2- Le myélogramme :

C’est une ponction de la moelle osseuse effectuée au niveau du sternum ou des épines iliaques. Indispensable au diagnostic et au suivi des hémopathies, il permet d’analyser quantitativement et qualitativement la nature et le pourcentage des différentes lignées

Patients et méthodes

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cellulaires constituant le tissu hématologique. Il est indispensable pour confirmer le diagnostic et de typer la leucémie.

1-3- Immunophénotypage :

L’examen immunologique des blastes par cytométrie de flux permet d’étudier l’expression de divers antigènes membranaires ou intra-cytoplasmiques. Cet examen est indispensable pour déterminer l’appartenance à une lignée donnée et apprécié le stade de différentiation des blastes, mais le plus important c’est le diagnostic et le classement des LAL, et dans quelques cas de LAM très indifférenciées cytologiquement. L’examen est effectué hors le CHU et les résultats nous sont fournis.

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