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V.1. La demande hydrique de la vigne

En conditions classiques de culture, Ballif (1994) a évalué, par lysimétrie, l’évapotranspiration moyenne annuelle d’un monolithe sous vigne pour la période de 1974 à 1987 à 391 mm, pour une pluviométrie moyenne de 621 mm en région champenoise. En conditions irriguées, Droogers (2000) signale que chez la vigne une évapotranspiration atteint 749 mm, ce qui correspond à une limite supérieure. L’estimation la plus vraisemblable que nous puissions donner est celle de Huglin et Schneider (1998) : la transpiration de la vigne pendant la

période végétative d’avril à septembre vaut 0,6×ETP, soit une valeur de l’ordre de 300 à 400 mm par an.

Pondéralement, l’eau est le principal constituant des organes en vie active de la vigne. Pour la vigne, l’approvisionnement en eau conditionne sa vigueur, quelle que soit la teneur en matière organique du sol (Champagnol, 1980). L’alimentation hydrique de la vigne doit être suffisante pour la croissance et le développement de la plante. Cependant, une faible alimentation hydrique est souhaitable durant la maturation, ce qui favorise l’accumulation des sucres dans les baies.

V.2. Un des principaux facteurs limitant la production : la sécheresse

estivale

La vigne est une culture dont on attend des performances au travers d'une valorisation des milieux pauvres du point du vue agronomique, tout en affichant des objectifs de productivité et de qualité de la baie. Tout cela doit se faire dans un contexte de diversification des débouchés et des objectifs assignés au produit final. Toute amélioration de la productivité ne peut s'envisager sans le maintien de ces atouts. Dans ce contexte la vigne est plantée dans des milieux où la ressource en eau est très variable et souvent déficitaire dès la floraison.

En dépit de son bon comportement face à cette sécheresse en période estivale et il subsiste souvent une importante variation de la qualité du raisin typé par le millésime.

Il ressort des diverses prospectives sur les changements climatiques, une forte probabilité d'une augmentation de la température et une aggravation du déficit pluviométrique en particulier dans le Sud de l'Europe, où les vignobles sont les très répandus. Il pourrait en résulter des modifications de l'aire de production de cette culture à l'échelle nationale et européenne, étant donné la concurrence croissante pour l’utilisation de l’eau. La question que se pose est qu’il est probable que la vigne puisse bénéficier massivement à l’avenir de l’irrigation. Si cette irrigation devient obligatoire, cela serait difficilement compatible avec la notion de produit de terroir basée sur la bonne adéquation entre les besoins de la plante et son milieu.

Il convient donc d’étudier les comportements spécifiques (écophysiologique et nutritionnel) des cépages typiques de nos appellations, sous conditions limitantes en eau et réfléchir aux voies d'amélioration de la qualité du produit en adaptant les itinéraires techniques à ces nouvelles conditions climatiques de contraintes hydriques plus ou moins marquées.

V.3. Le changement climatique

En particulier les conditions atypiques du millésime 2003 (sécheresse et canicule) ont marqué les esprits de nombreux spécialistes du climat. Ces derniers s’accordent sur la prévision de millésimes aux caractéristiques similaires, avec une fréquence d’une année sur deux dans la deuxième moitié du siècle, voire davantage à la fin du XXIème siècle. Cela fait plusieurs années maintenant que des scientifiques du monde entier travaillent sur la problématique du changement climatique à différentes échelles de temps et de lieux (IPCC 2001). Il est essentiel de signaler que l’impact d’un tel réchauffement sur l’agriculture est intimement lié aux besoins physiologiques de la culture, à sa répartition spatiale et saisonnière ainsi qu’à l’amplitude du réchauffement (Butterfield et al., 2000; McCarthy et al., 2001). Ceci se traduit par un changement au niveau de l’intensité du froid pendant l’hiver, l’occurrence des événements froids, et la durée du cycle végétatif (Moonen et al., 2002; Jones et al., 2005).

Le réchauffement climatique ne touchera pas toutes les régions du monde dans des proportions similaires (IPCC, 2001). Il sera particulièrement marqué sur les continents, et plus particulièrement dans l’hémisphère nord, au-dessus du tropique du cancer, avec une intensité maximale au sein du cercle polaire arctique. Au niveau saisonnier à l’échelle de la France, hiver et printemps sont les saisons qui subiront le moins d’échauffement, avant une rupture brutale pour la période estivale. Ceci serait particulièrement vrai pour la région méditerranéenne.

En plus de l’approche thermique, il est indispensable de s’intéresser à l’évolution et à la répartition des précipitations. A l’échelle planétaire, on constate un regain important de précipitations dans les cercles polaires arctique et antarctique ainsi que sur la bande de terre africaine et eurasiatique localisée entre le tropique du cancer et l’équateur (IPCC, 2001). D’un autre côté, l’autre élément spectaculaire est marqué par une réduction substantielle des précipitations annuelles dans l’arc méditerranéen, ainsi que sur la région mexicaine et l’ouest australien, mais dans de moindres proportions.

La question de la répartition annuelle des précipitations se pose en vue de mieux intégrer ces phénomènes en matière de conduite du vignoble.

A l’échelle de la France, des études montrent déjà que les écarts de pluviométrie entre le nord et le sud de la France d’une part, et entre les saisons d’autre part, vont s’accentuer (Planton, 2003). Seule la période hivernale permettra de connaître un gain de précipitations, les trois autres saisons laissant apparaître des déficits pluviométriques importants et plus particulièrement dans les régions du sud et du sud-ouest.

V.4 Utilisation des indicateurs de stress en relation avec le statut

hydrique chez la vigne

Des nombreux travaux scientifiques ont été réalisés pour déterminer l’incidence du stress hydrique sur les plantes : on utilise ainsi différentes mesures tels que le potentiel hydrique de base ; le potentiel tige à midi, la température du feuillage, la transpiration et la contraction du tronc. Ainsi l’utilisation du potentiel hydrique de base, du potentiel tige à midi et le cumul de la transpiration permettent de détecter plus fiablement l’état du stress hydrique que le potentiel hydrique foliaire à midi ou la température du feuillage (Remorini et Massai, 2003). L’état du stress hydrique a été détecté plus précocement moyennant le potentiel tige à midi que le potentiel hydrique de la feuille à midi (Selles et Berger, 1990), la contraction du tronc (Goldhamer et al., 2000; Naor et Cohen ,2003), et la transpiration (Naor et Cohen, 2003). Par contre, dans d’autres études, le stress hydrique a été détecté plus précocement moyennant les mesures morphométriques de la contraction du tronc que les mesures du potentiel tige (Intrigliolo et Castel, 2004), les potentiels hydrique de base et à midi ou le potentiel tige à midi (Goldhamer et al. 1999). De nombreux auteurs s’accordent à dire que les mesures du potentiel hydrique de base semble être le meilleur indicateur pour l’évaluation de l’état du stress hydrique chez la vigne (Matthews et al., 1987; Girona et al., 1993b ; Goldhamer et Viveros, 2000; Ruiz-Sanchez et al., 2000b; Williams et Arujo, 2002; Cifre et al., 2005; Shellie, 2006 ; Girona et al., 2006). On peut en conclure, à la vue de ces études, que la température du feuillage et le potentiel hydrique foliaire à midi sont deux indicateurs de l’état de stress hydrique qui sont moins fiables que les autres indicateurs. Néanmoins, les relations entre le potentiel de base, les potentiels tige et feuille à midi ainsi que les contractions de la tige en situation d’un stress hydrique précoce sont encore à approfondir.

V.5 Effets du stress hydrique sur le comportement physiologique

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