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Des niveaux d’instruction des actifs relativement faibles mais en progrès

3. PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

3.1. Principales caractéristiques des ménages

3.1.4. Des niveaux d’instruction des actifs relativement faibles mais en progrès

Le niveau d’instruction des actifs des ménages est dans l’ensemble relativement faible avec une proportion des actifs sans niveau scolaire très élevée surtout dans le Bassin arachidier (41%) et les Niayes (44%). La majorité des actifs ayant bénéficié d’une instruction n’a guère dépassé le cycle primaire. On note néanmoins une portion importante d’actifs ayant le niveau moyen et secondaire dans les trois zones. L’instruction coranique (madrassa) occupe une place non négligeable dans les Niayes (10%) et dans le Delta (12%). Le Delta se distingue des autres régions par la relative faiblesse du nombre de sans niveau et en conséquence un nombre relativement plus important d’instruits parmi ses actifs (tableau 10). L’influence de St-Louis, jadis capitale du Sénégal et espace de concentration des établissements d’enseignement (primaire, moyen et secondaire) ainsi que les particularités culturelles locales (mouvement associatif très puissant) expliquent sans doute l’avance de cette région du Delta dans l’éducation et la formation.

Tableau 10: Niveau d’instruction des actifs (% en colonne) Zones Bassin

arachidier Niayes Delta Total

Plus haut niveau d'instruction reçu

Sans niveau 40,8 43,6 27,1 38,1

Préscolaire 0,2 0,8 0,1 0,3

Elémentaire 28,6 29,2 29,2 28,9

Moyen 18,0 10,2 17,1 16,0

Secondaire 6,0 2,7 12,2 6,7

Supérieur 1,4 0,7 2,0 1,4

NA 0,9 0,1 0,0 0,5

NSP 0,0 0,0 0,2 0,1

NRP 0,8 2,4 0,4 1,1

Daara/Madrassa 3,3 10,3 11,6 7,0

Source : IPAR, Enquêtes EJMAO, 2013.

En désagrégeant l’information sur les niveaux d’instruction des actifs selon le genre (tableau 11), il apparait que le sexe féminin est plus touché par le manque d’instruction, eu égard aux taux des sans niveau surtout dans les Niayes (56%) et le Bassin arachidier (49%). Pour les instruits, les écarts en termes de genre au sein de chaque zone ne sont pas très élevés dans les cycles élémentaire, moyen et secondaire. Cependant, pour le cycle secondaire dans les Niayes, la proportion du sexe masculin est le double de celle du sexe féminin même si elle est globalement faible. Pour le cycle supérieur, on note une différence nettement défavorable aux femmes car dans toutes les zones, la proportion des hommes est de loin plus importante. Il en est de même pour l’enseignement coranique (daara, madrassa). Globalement, les effectifs masculins ont une présence plus importante dans tous les cycles du primaire au supérieur.

Ces statistiques ne sont pas surprenantes si l’on considère tous les blocages socioculturels qui ont longtemps relégué l’éducation de la fille au second plan, la confinant exclusivement aux tâches ménagères. Même lorsque des progrès ont été réalisés dans leur inscription à l’école suite à de

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longues campagnes de marketing social en faveur de la scolarisation des filles, leur maintien à l’école a constitué un autre obstacle du fait notamment de pesanteurs telles que les mariages précoces, les grossesses non désirées, l’éloignement des écoles….

Tableau 11: Niveau d’instruction des actifs selon le genre (% en colonne)

Zones

Bassin Arachidier Niayes Delta Total

Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin

Plus haut niveau d'instruction reçu

Sans niveau 31,8 48,9 31,9 56,0 18,4 36,6 28,4 47,7

Préscolaire 0,1 0,2 0,9 0,7 0,1 0,1 0,3 0,3

Elémentaire 33,1 24,6 31,5 26,8 30,3 28,1 32,0 25,9

Moyen 18,7 17,4 11,4 8,9 19,0 15,1 17,0 15,0

Secondaire 7,0 5,0 3,6 1,8 13,8 10,4 7,9 5,6

Supérieur 2,1 0,8 1,1 0,3 3,1 0,7 2,1 0,7

NA 0,9 1,0 0,1 0,1 0,0 0,1 0,5 0,6

NSP 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,2 0,1 0,1

NRP 0,8 0,7 2,7 2,1 0,4 0,5 1,2 1,0

Daara/Madrassa 5,5 1,4 16,8 3,2 14,7 8,3 10,6 3,4

Source : IPAR, Enquêtes EJMAO, 2013.

Pour voir si les investissements de ces dernières décennies dans la construction d’infrastructures scolaires et dans le recrutement d’enseignants en vue de rapprocher l’école des populations rurales, se sont traduits par des changements structurels, nous avons comparé les niveaux d’instruction de deux cohortes : les jeunes âgés de 15-24 ans et les jeunes âgés de 25-34 ans (tableau 12). Des résultats assez intéressants transparaissent de cette comparaison.

Dans toutes les zones et quelque soit le genre, le pourcentage des sans niveau baisse de plus de 100% lorsque l’on passe de la cohorte des aînés (25-34 ans) à la cohorte des cadets (15-24 ans). Les résultats les plus probants ont été réalisés dans le bassin arachidier (jeunes garçons et filles) et dans le Delta (filles) où l’on note un rattrapage spectaculaire des filles. Le second signal qui indique les changements majeurs en cours dans la structure de la population active provient du cycle moyen et secondaire. La cohorte des jeunes de 25-34 ans affiche des statistiques très faibles lorsque l’on s’intéresse au niveau d’instruction du moyen secondaire. En effet, en dehors du Delta qui peut se prévaloir d’un taux de 24% en moyenne (29% pour les jeunes hommes et 16% pour les jeunes femmes), les résultats du Bassin arachidier (10%) et des Niayes (6%) montrent que les jeunes ruraux de ces zones sont encore faiblement dotés dans ce domaine. Pourtant, en observant la cohorte des cadets (15-24 ans), il est clair que des pas de géant ont été accomplis. Dans le Delta et dans le Bassin arachidier, les jeunes ayant fait le moyen ou le secondaire dépassent la moitié de la cohorte soit 53% et 57% pour le Bassin et le Delta respectivement. Les Niayes sont encore un peu à la traine. Malgré des progrès importants, seuls 35% ont le niveau du moyen ou du secondaire. Les coûts d’opportunités liés au fonctionnement des systèmes de production horticole ainsi que les pêcheries expliquent sans doute pourquoi il est difficile de maintenir les enfants à l’école. Du côté des jeunes hommes, l’école coranique exerce aussi une certaine concurrence dans une parties de la zone des Niayes.

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Tableau 12: Niveau d’instruction des actifs selon le genre (% en colonne)

Bassin Arachidier Niayes Delta

3.1.5. Des chefs de ménages avec un faible niveau d’instruction

L’analyse qui précède nous offre l’intuition que le niveau d’instruction des chefs de ménages serait relativement limité. En effet, nous avons vu que la moyenne d’âge des chefs de ménages était autour de la cinquantaine. Par conséquent, ils appartiennent à une cohorte n’ayant pas bénéficié des changements récents notés plus haut. Sans surprise, une part très importante des chefs de ménages est sans niveau d’instruction (tableau 13). Chez les hommes, le Bassin Arachidier est plus affecté.

Dans les Niayes et le Delta, les chefs de ménage de sexe féminin sont plus touchés par le manque d’instruction. L’essentiel des chefs de ménages ayant fréquenté l’école n’ont pas dépassé le cycle primaire. Les chefs de ménage du Delta bénéficient globalement d’un niveau d’instruction plus élevé. L’enseignement coranique (daara, madrassa) concerne plus les chefs de ménage (hommes) des Niayes et du Delta.

Tableau 13 : Niveau d’instruction des chefs de ménage (% en colonne)

Zonage

Bassin arachidier Niayes Delta Total

Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Plus haut

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