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Early Pleistocene vegetation changes from in the Shamb section (Armenia) pollen analysis.

6.2. Les modifications dans la flore et la végétation

6.2.1. Au niveau taxonomique

La comparaison des successions de végétation déterminées dans les différents sites de l’étude (Tableau 6.1) permet d’observer le comportement des principaux taxons qui y sont impliqués. Sur une tranche de temps allant de ~1,360 à ~0,700 Ma, on observe que Carya, qui jouait un rôle majeur dans les phases interglaciaires à Santa Lucia, est rapidement remplacé par les Quercus décidus associés aux Ericaceae. Il en va de même pour Tsuga qui est mieux représenté lors des phases de transition à Santa Lucia. Ces phases sont en effet dominées par

Cedrus dans les autres sites. Pour les phases glaciaires, on note que les herbes (sans les

halophytes) peuvent occuper une place intermédiaire entre les phases de transition et les maxima glaciaires à steppe. On note aussi l’importance que prennent les Cupressaceae en fin de phases glaciaires. Il est généralement admis que les Cupressaceae peuvent être des éléments pionniers marquant le retour de conditions plus favorables (au moins assez favorables pour que se constitue un sol plus épais). Cet épaississement (et l’enrichissement du sol en phase protocratique, Fig. 1.20d) permettront par la suite l’implantation des végétaux au système racinaire plus développé (comme le Chêne).

Interglaciaire Transition Glaciaire

Tsampika Quercus

décidus

Cedrus, Pinus Herbes,

Artemisia

Cupressaceae

ODP 976 Quercus

décidus,

Ericaceae

Cedrus Herbes sans les

halophytes Artemisia, Ephedra, Pinus, Cupressaceae Montalbano Jonico Quercus décidus, Ericaceae Cedrus, Tsuga, Abies, Pinus

Herbes sans les

halophytes, Cupressaceae

Artemisia, halophytes

Santa Lucia Carya, Ericaceae, Quercus décidus Tsuga, Cedrus, Pinus Artemisia, autres herbes

Tableau 6.1. Comparaison des successions de végétation observées (les taxons principaux

sont en gras).

Table 6.1. Comparison of vegetation successions recorded (main taxa are in bold).

Le Tableau 6.1 montre que les pourcentages maximaux de Pinus sont trouvés pendant les phases de transition ou les phases glaciaires. Il est généralement admis que la flottabilité du pollen de Pinus en fait un bon indicateur de distalité et aussi de l’eustatisme en raison de sa surabondance lors des hauts niveaux marins. Les variations de concentrations ne seraient donc

6. Synthèse

pas liées à la productivité pollinique du Pin. Les variations de pourcentage de Pinus résultent d’un contrôle eustatique comme cela a été démontré pour les sites de Montalbano Jonico (cf. chapitre 4.2.2.b) et de Tsampika (cf. chapitre 4.3.). Lors d’un cycle climatique, l’élévation du niveau marin relatif succède à un réchauffement induit par l’augmentation d’insolation reçue par la Terre (forcée par l’obliquité ou la précession). Il en découle que l’accroissement des pourcentages de Pinus se fait généralement lors de la phase de transition au sein des successions de végétation (Tableau 6.1). Toutefois, les maxima des pourcentages de Pinus dans le site ODP 976 ne suivent pas les mêmes règles. Ils sont en phase avec les maxima de steppe qui correspondent aux maxima glaciaires (Fig. 4 dans le chapitre 4.1.). Pour les interpréter, on peut comparer les analyses de la mer d’Alboran avec les analyses polliniques provenant de sites en domaine continental qui associent fréquemment les augmentations de

Pinus avec les périodes glaciaires marquées par la steppe (Tableau 1.2). Cela pourrait alors

indiquer ici un certain contrôle par la productivité en grains de pollen des Pins, c’est-à-dire un développement avéré des pinèdes. Sur la base du lien reconnu des variations du pourcentage de Pinus avec la distalité, il est également possible d’envisager pour le Site ODP 976 que cette augmentation de Pinus en phase glaciaire (c’est-à-dire en bas niveau marin) soit liée à la topographie des fonds marins de la mer d’Alboran. En effet, en période interglaciaire, comme actuellement, les courants océaniques de surface entrant en Méditerranée sont contraints par la présence de deux sous-bassins séparés par des hauts fonds formant une levée orientée Nord- Est/Sud-Ouest. La topographie particulière du sous-bassin occidental et la force de Coriolis imposent une gire horaire aux courants entrants (figure 1 du chapitre 4.1. ; Hauschildt et al., 1999). En période glaciaire, le voisinage accru entre les eaux atlantiques de surface entrantes et les eaux méditerranéennes plus profondes sortantes occasionnerait des turbulences plus importantes et une accélération de cette gire horaire du fait du confinement plus important du sous-bassin occidental par les hauts fonds. Selon cette hypothèse, cette gire pourrait être la cause de l’augmentation de la distance de transport des pollens, conduisant à un taux accru de

Pinus en période glaciaire.

Les pourcentages des pollens d’Ericaceae enregistrent une augmentation de l’Est vers l’Ouest. En interglaciaire, ils s’élèvent à ~2% à Tsampika, moins de 10% à Montalbano Jonico, et moins de 30% en mer d’Alboran. Ceci est en accord avec les enregistrements polliniques de Rio Maior au Portugal (Diniz, 1984), sur la Marge ibérique (Sánchez-Goñi et al., 1999, 2000 ; Naughton et al., 2006) qui montrent des taux élevés d’Ericaceae. Ces travaux concluent à une influence Atlantique sur la répartition de ce taxon visible dès le Pliocène (Suc et al., 1995).

Grâce à l’inventaire floristique réalisé sur l’intervalle de temps étudié, il est possible de compiler la présence de taxons particuliers en fonction des sites (Tableau 6.2). En effet, ces taxons ne sont plus présents en région méditerranéenne comme Tsuga, Carya, Parrotia

persica, Cathaya et Taxodiaceae dont ils ont été éliminés progressivement. D’autres ont des

aires de répartition très limitées : Zelkova (Sicile : Di Pasquale et al., 1992), Liquidambar (Rhodes), Cedrus (Maroc, Chypre, Turquie, Liban). Il convient de noter que Pterocarya a disparu d’Italie lors du dernier cycle climatique (Follieri et al., 1986). Ce taxon pousse actuellement dans le Caucase et le Petit Caucase. Ces données ont été en partie utilisées pour proposer un modèle d’âge des sédiments du Pliocène et du Pléistocène de Corinthe (Rohais et al., sous presse ; cf. Annexe 3). Il est toujours possible de nuancer ce calage du fait de l’existence des zones refuges probables sur les îles méditerranéennes (comme c’est le cas de

Zelkova de nos jours ; Svenning, 2003 ; Suc et Popescu, 2005) mais également à cause de

possibles variations régionales dues à la longitude comme ceux influençant les abondances relatives d’Ericaceae.

Sites Taxa présents

Tsampika TS6 Zelkova, Pterocarya, Parrotia persica,

Liquidambar, Cedrus, Tsuga

Tsampika TS1-2-3-5 Zelkova, Pterocarya, Liquidambar, Carya, Cedrus, Tsuga, Cathaya et Taxodiaceae

ODP 976 Zelkova, Pterocarya, Liquidambar, Cedrus, Tsuga

Montalbano Jonico Zelkova, Pterocarya, Liquidambar, Carya, Cedrus, Tsuga, Cathaya et Taxodiaceae

Santa Lucia Zelkova, Pterocarya, Liquidambar, Carya, Cedrus, Tsuga, Cathaya et Taxodiaceae

Shamb Zelkova, Pterocarya, Parrotia persica,

Liquidambar, et Tsuga

Tableau. 6.2. Liste des taxons thermophiles présents dans les coupes mais disparus de la

région méditerranéenne ou subsistant toujours dans quelques refuges.

Tableau. 6.2. Listing of thermophilous taxa which have recently disappeared from the

6. Synthèse