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NARRATION FAMILIALE 1853 – 1920

Dans le document MÉMOIRES DE DER GHÉVONT PRÊTRE DE MARACHE (Page 25-200)

LIVRE I

J’ai commencé à écrire cette narration familiale ce vendredi 20 août 1920 à Alexandrie, dans la cour de l’église arménienne, à l’époque où nous habitions le bâtiment situé dans le jardin d’enfants.

Sept ou huit ans auparavant, j’en avais déjà écrit une version complète et détaillée, quand j’étais encore à Marache, dans notre ville natale. Mais, au début du mois d’avril 1915, la politique du gouvernement turc de Marache a changé pour le pire et l’on a fait face à une recrudescence de persécutions, cruautés et malheurs. Les six églises de Marache, l’École centrale, l’église catholique arménienne et les maisons des notables arméniens ont été fouillées ; ce qui s’y trouvait de livres, carnets ou lettres, confisqués. Leurs propriétaires étaient arrêtés et jetés en prison, où on les battait sans pitié, les torturait et leur faisait subir toutes sortes de souffrances indescriptibles.

Devant la situation dramatique des infortunés Arméniens de Marache, j’ai jugé préférable de détruire le fruit de longues années de travail et de jeter cette narration familiale au feu. Quelques militaires turcs sans pitié ni conscience avaient formé un tribunal militaire, dans le but de calomnier les Arméniens pour les emprisonner et leur soutirer ainsi des pots-de-vin.

Les magasins des Arméniens étaient soumis à des fouilles sous le moindre prétexte. Rien ne saurait rendre les souffrances et les tortures endurées. La déportation est venue parachever ces malheurs, laissant les Arméniens de Marache totalement ruinés, anéantis : dignité, respect, fortune, propriétés, héritages, foyers, biens meubles et immeubles, argent, vergers, jardins, l’État turc leur a tout pris. Des volumes entiers suffiraient à peine à décrire ces terribles malheurs.

* * *

Voici ce que j’ai entendu raconter dans mon enfance par mon défunt père, le Révérend protoprêtre Der Nahabed Der Garabédian11. Premier de notre lignée venu s’installer à Marache à une époque incertaine, il était originaire de la ville perse de la Nouvelle-Julfa12. Nous en possédons quelques témoignages écrits : un synaxaire imprimé à Constantinople il y a 200 ans mentionnait le nom de Der Meguerditch, un prêtre de notre famille ; il y a aussi un livre de logique, intitulé Logique de Djoughaétsi, dont les dernières pages font figurer les noms de quelques membres notables de notre famille : ceux de Sa Grâce l’Évêque Haroutiun, de l’archimandrite Meguerditch et de quelques autres prêtres. Hélas, ce précieux manuscrit a lui aussi été victime de la violence turque. Le lundi 6 novembre 1895, lors de l’affreux massacre de Marache, notre maison a été pillée et saccagée. Tout ce que nous avions, meubles, biens, héritage, objets légués par nos ancêtres comme le précieux Rituel Machtots à reliure d’argent de mon grand-père, le protoprêtre Der Garabed, sa bague et son sceau ; le Rituel Machtots à reliure d’argent et le sceau de Der Nahabed, fils de Der Garabed, protoprêtre blanchi par les ans ; beaucoup de vieilles lettres, des encycliques, des documents et un grand nombre d’objets précieux : ils ont tout emporté. Dans la malle de ma mère, il y avait beaucoup d’objets en argent et en or, ainsi que des documents importants : ils ont tout étalé sous leurs yeux et en ont dressé l’inventaire.

Il n’est presque rien resté des souvenirs légués par nos ancêtres. J’ignore par quel hasard, j’ai trouvé deux encycliques envoyées par les Catholicos du Saint-Siège de Sis entre les pages d’un livre13. Je m’apprête à en noter la copie dans cette narration, comme un vieux souvenir, en formant le souhait que mes enfants la liront un jour.

11 À cette époque, la succession des noms de famille n’était pas encore dûment réglée.

Le patronyme était transformé en nom, c’est-à-dire que si le père de Der Nahabed était Der Garabed, automatiquement son nom devenait Der Garabédian. Mais comme non seulement le père, mais aussi l’arrière grand-père de Der Ghévont étaient nommés Der Nahabed, jusqu’en 1930 le nom de toute la famille fut Der Nahabédian. C’était ce même nom qui était inscrit sur la plaque fixée sur leur maison de Marache.

12 Ce qui suggère que l’émigration de la famille de Der Ghévont depuis la Nouvelle-Julfa vers Marache eut lieu avant la seconde moitié du XVIIIe siècle (autrement, le renseignement aurait été plus exact). Il nous parait probable de le situer entre la fin du XVIIe siècle et les années 1720-1730.

13 Par la suite, il s’est avéré qu’il s’agissait de trois encycliques et non de deux.

Der Nahabed Der Garabédian,

protoprêtre de l’église des Quarante Saints Adolescents de Marache et Locum Tenens du Primat

Mon père, fils du très humble Révérend Der Garabed, a, pendant quarante ans, servi comme prêtre à Marache où sa conduite exemplaire, sa longue expérience, son dévouement et sa générosité lui ont valu une grande renommée. J’ignore la date de son ordination, ce qui me navre le cœur.

Tout ce que je sais c’est qu’il a été ordonné à Sis, la capitale14, et qu’à cette occasion, c’est feu Hagop agha Lomlomdjian15 de Marache qui avait été son parrain. Il aurait fallu que je demande la date à mon père de son vivant pour la savoir avec certitude, mais à cette époque la question m’indifférait.

Je crois bien que la date d’ordination de mon regretté père figurait dans son Rituel Machtots de poche qui fut dérobé avec tous les autres livres de notre bibliothèque familiale le jour du pillage de notre maison, le lundi 6 novembre 1895.

Mon père maîtrisait parfaitement le turc et l’arménien, aussi bien l’arménien classique, krapar, que moderne, achkharhapar. Il faisait de beaux sermons ; c’était un religieux compétent et conscient de l’importance de son sacerdoce, qui jouissait du respect des prêtres des six églises de Marache. Il présidait les réunions politiques et ecclésiastiques. À mon avis, il possédait toutes les qualités et les capacités intellectuelles nécessaires au chef d’un foyer autrement plus nombreux et important que Marache16. Il y a de cela environ 67 ans, je n’ai pas la date exacte en tête17 à l’époque du Sultan Mecid18, mon père avait été délégué par l’ensemble de la communauté arménienne de Marache pour une mission à Constantinople. Il m’a raconté plusieurs

14 Sis était la capitale de l’ancien royaume arménien de Cilicie, également siège du Catholicos arménien de 1292 à 1441, puis du Catholicos de Cilicie jusqu’en 1919.

15 Les descendants de cette maison demeurent actuellement en Argentine.

16 Der Nahabed a servi exactement pendant quarante ans (1847-1887) comme prêtre à l’église des Quarante Saints Adolescents de Marache. Ses compétences et sa popularité parmi la population sont également attestées dans le livre de Krikor Kaloustian (Marache ou Guermanik, p. 585-586).

17 En 1853.

18 Il s’agit du Sultan Abdülmecid Ier (1839-1861).

fois pourquoi : en ces années, la question des impôts gênait beaucoup les Arméniens de Marache, car leurs impôts étaient mêlés à ceux des Turcs de la ville. Or, les Turcs, usant naturellement de leur privilège de nation dominante, faisaient porter tout le poids de ces impôts aux Arméniens. Injustes, ou plus exactement partiaux, les Turcs ruinaient sans pitié les Arméniens. Lassés de cette situation, les Arméniens de Marache avaient convaincu mon père d’aller à Constantinople en prenant à leur charge tous les frais du voyage. En l’absence de mon père, ils avaient même accepté de pourvoir aux dépenses de notre famille.

Les deux conditions agréées pour ce voyage avaient été inscrites sur un certificat collectif remis à mon père par les Arméniens de Marache.

Ce certificat était écrit sur du joli papier bleu, avec mention de la date du voyage. Dommage qu’à l’époque où notre maison a été fouillée, soit un an avant le massacre de Marache, le gouvernement ait confisqué ce papier avec beaucoup d’autres lettres et documents importants et ne les ait jamais rendus. Parmi ces documents se trouvait l’acte légal de vente du verger d’Aghéar qui me revenait. Au bout du compte, après trois fouilles successives de notre maison répertoriant ce qui s’y trouvait, les autorités turques de Marache n’ont rien laissé des lettres, livres et tableaux hérités de mes parents ou de nos ancêtres.

Voici ce qui me revient. Depuis Marache, mon père a rallié Constantinople par la route, car à cette époque il n’y avait pas encore moyen d’y aller par mer. Le pauvre homme a mis exactement quarante jours pour y arriver. Il se trouve que ma mère était alors enceinte de moi. Informé de son état, mon père lui avait écrit une lettre de Constantinople où il disait que si l’enfant à naître était un garçon, il faudrait l’appeler Yértchanik, et Siroug si c’était une fille. Cette lettre s’est aussi perdue avec les autres documents. On peut dater le départ de mon père pour Constantinople en remontant le calendrier de 66 ou 67 ans19 avant cette date du 8 août 1920.

Mon père est resté un an et demi à Constantinople, séjour au cours duquel il parvint à obtenir une encyclique spéciale du Sultan Mecid à l’adresse du gouvernement de Marache, afin que les impôts payés par les Arméniens de la ville fussent séparés de ceux des Turcs. Par la suite, les Arméniens de

19 C’est-à-dire, en 1853 ou en 1854.

Marache ont payé leurs impôts séparément et en les répartissant entre les membres de la communauté20.

En apprenant cette nouvelle, les Turcs fanatiques de Marache se mirent dans une grande colère et commencèrent à répandre toutes sortes de mensonges et de calomnies. Ils se réunissaient pour rédiger des pétitions en ce sens. En fin de compte, leur statut de population dominante leur a permis de convaincre le gouverneur de Marache que les notables arméniens Hadji Dovlet effendi Tchorbadjian, patron de l’église Saint Kéork ; Hadji Hagop agha Topalian, patron de l’église Saint Stépanos et le Révérend Der Nahabed Der Garabédian, protoprêtre de l’église des Quarante Saints Adolescents, avaient volé et empoché le montant des impôts de toute la ville.

À coup d’accusations formellement adressées à Constantinople, ils sont même parvenus à convaincre les autorités de l’État que ces trois personnes, mon père et les deux autres, Hadji Dovlet effendi Tchorbadjian et Hadji Hagop agha Topalian, avaient spolié les deniers de l’État, volé et semé la discorde. Sur ce, le Sultan Mecid fit parvenir un ordre spécial à Khourchid pacha, gouverneur de Marache. Ce dernier convoqua immédiatement mon père et les deux autres notables arméniens et leur lut l’ordre par lequel le Sultan Mecid les condamnait à l’exil. Glacés de peur, les pauvres hommes furent contraints de se soumettre. Les deux notables tentèrent d’utiliser leur fortune pour soudoyer Khourchid pacha, mais le gouverneur fit tout de même exécuter l’ordre d’exil : Hadji Hagop agha Topalian et Hadji Dovlet effendi Tchorbadjian furent conduits au monastère arménien de Fırnouz21,

20 À cette même époque et tout en réussissant à régler le problème de la séparation des impôts, Der Nahabed avait aussi réussi à résoudre un autre problème de grande importance pour les Arméniens de Marache. Il s’agissait de la procédure dite « izinnamé », selon laquelle, si un Arménien était décédé, on ne pouvait pas l’enterrer avant d’avoir obtenu l’autorisation du juge turc du lieu. D’après Kaloustian, cette coutume humiliante avait été introduite dans les villes densément peuplées d’Arméniens par le sultan Mustafa II en 1695 et elle était restée en vigueur jusqu’en 1808, époque où elle avait été abolie par le Sultan Mahmoud II sur l’intervention de l’amira Haroutiun Bezdjian, mais elle continuait en fait à rester en vigueur dans certaines localités. C’est donc quelques copies de cet « izinnamé » que Der Nahabed avait emporté avec lui à Constantinople pour les remettre au Patriarche Sarkis, envoyant sa traduction aux ambassadeurs étrangers accrédités dans la capitale et une copie, accompagnée d’une demande spéciale au Grand Vizir le priant d’abolir cette procédure avilissante (Marache ou Guermanik, p.715-716).

21 Grand village ou bourg de la région de Zeytoun, dans la province de Marache.

à dix heures de route de Marache vers l’ouest. Quant à mon père, qui lui n’avait pas d’argent, il fut exilé à dix-huit heures de route de Marache, au village de Hassanbekli22, dans les monts de l’Amanus. À Hassanbekli, mon père a été l’hôte d’un prêtre, le Révérend Der Bédros. Tous trois ont été exilés seuls, sans leurs familles.

Je ne saurais dire le temps exact qu’a duré leur exil, car je n’étais alors qu’un petit garçon de quatre ou cinq ans23. Mes sœurs Mariam et Markarit étaient plus âgées que moi. Je me souviens, comme d’un rêve dont j’aurais oublié les détails, du jour où ma mère et mes deux sœurs ont quitté Marache pour s’installer dans le village arménien de Fındıdjak24, dans la maison d’un notable local du nom de Mahdessi Asdvadzadour. Je crois que nous sommes restés là environ six mois. Puis un ordre spécial venu du sultan mit fin à l’exil de mon père et des deux autres notables et leur rendit la liberté.

Emplis de joie devant le retour de mon père, de nombreux Arméniens de Marache sont venus lui baiser la main en signe de respect. Ils ne tarissaient pas d’éloges à son sujet. La bonne renommée de mon cher père s’en est encore accrue.

Voir T. Hacopian, S. Mélik-Bakhchian, H. Barséghian, Dictionnaire des Toponymes de l’Arménie et des Régions Limitrophes en 5 tomes, Erevan, 1986-2001, t.5, p. 519 (en Arménien), ci-après DTARL.

22 Village de la province de Djébel-Béréket du canton d’Adana, au nord de la ville d’Osmaniyé. D’après certaines sources, au début du XXe siècle, il comptait 1850 à 2000 habitants arméniens (DTARL, t.3, p.366).

23 Cette affirmation montre qu’à Marache, le paiement séparé des impôts par les Arméniens et les Turcs a duré au moins quatre ans.

24 Fındıdjak est un grand village dans la région de Bazardjıgh de la province de Marache, situé à 18 kilomètres au sud-ouest de Marache, en face du Mont Fındıdjak de la chaîne de l’Amanus, au pied du Mont Havchan, au bord de la rivière Fındıdjak, entouré sur trois côtés de monts couverts de forêts. Parfois, les villages voisins de Déréköy et de Kichifli étaient réunis sous le nom de Fındıdjak. En 1913, il comptait 3000 habitants qui s’occupaient surtout de cultures fruitières et de métier à tisser. Le village fut fondé au XVIIIe siècle par des Arméniens venus de Hadjın. Ce village est connu pour la résistance héroïque qu’il opposa aux massacreurs en 1895, en 1909 et en 1915. En 1915, 500 combattants de Fındıdjak et des villages voisins résistèrent héroïquement à 8.000 soldats de l’armée régulière et à la foule déchaînée qui les accompagnait. Ce n’est qu’après la mort du dernier combattant que les Ottomans purent massacrer la majeure partie des habitants et déporter les autres.

Après la guerre, les villageois restés en vie (environ 1.000 personnes) retournèrent dans leur village. En 1920, subissant le siège des kémalistes, ils se sont à nouveau défendus, les armes à la main, et sont allés se joindre aux habitants de Marache, où la majorité a trouvé la mort, en partageant le sort de ces derniers (DTARL, t.5, p.518).

Qui étaient ces deux patrons25 arméniens ?

Dovlet effendi Tchorbadjian était le patron de l’église Saint Stépanos, une personnalité remarquable, homme pieux et patriote. L’épouse de Dovlet effendi, Hadji Mariam, était la belle-sœur par alliance de mon père, en fait la sœur de ma mère. Ma mère était la deuxième fille de feu Kéork agha Topalian et la sœur de Vartan Topalian. Mon père et Dovlet effendi étaient liés par une amitié sincère et se portaient un grand respect mutuel. En sa qualité de Locum Tenens du Primat et protoprêtre des six églises de Marache, mon père travaillait main dans la main avec Dovlet effendi, Président du Conseil politique national de la ville, à la prospérité de la communauté arménienne de Marache. Dovlet effendi était très pieux, dévoué à l’Église, généreux, d’une moralité irréprochable, accueillant, et avec tout cela un commerçant parfaitement honorable.

Pendant de longues années, feu Dovlet effendi a été à la fois membre de l’idaré26 et du tribunal du gouvernement de Marache, servant ainsi tant sa propre nation que l’État turc. S’il y avait des prisonniers arméniens dans la prison publique de la ville, tous les vendredis il leur donnait permission de rentrer chez eux. Ces jours-là, il jeûnait du matin jusqu’au soir. Il était pour ainsi dire l’ange gardien de l’église Saint Stépanos. Tous les dimanches, lui et son épouse, ma tante, accompagnés de leurs fils Hadji Haroutiun, Mardiros, Hagop et Garabed, allaient à la messe où ils participaient à tour de rôle à la quête et aux offrandes, contribuant ainsi à la splendeur de l’église.

En un mot, je peux dire que le patriotisme et l’incomparable piété de Dovlet effendi lui avaient valu d’être renommé dans toute la Cilicie. L’État turc avait aussi nommé Dovlet effendi au poste de Kapucu Bağlık rütbesi27. En 1874, les Tchorbadjian avaient fait un pèlerinage à Jérusalem pour lequel ils s’étaient mis en frais sans compter. Dovlet effendi avait quatre fils : l’aîné Hadji Haroutiun effendi, un garçon très modeste, sage et honnête, le second

25 Le terme « patron », souvent utilisé ici et ailleurs, désigne le principal protecteur d’un quartier et, en premier lieu, de l’église qui était le centre de toute communauté, et l’un des notables de la ville. En même temps, comme dans le cas d’une famille aristocratique, ce titre était héréditaire. Dans le texte arménien, l’auteur utilise le mot ichkhan qui équivaut à prince.

26 Administration (emprunté à l’arabe).

27 Dignitaire de la Cour.

Hadji Mardiros, le troisième Hagopdjan et le quatrième Garabed effendi ; il avait aussi une fille nommée Hadji Mariam.

Hadji Hagop agha Topalian était le patron de l’église Saint Kéork et un çorbacı28 connu, cousin de Hadji Vartan Topalian, mon oncle maternel, un notable arménien modeste, respectable, aux mœurs irréprochables, membre du Conseil politique national, compagnon et soutien de mon père Der Nahabed et de Dovlet effendi Tchorbadjian dans leurs importantes œuvres patriotiques. Je me souviens très bien des dernières années de la vie de cet homme honorable, car il était notre parent. Dirouhi, la fille de son fils aîné Hampartsoum effendi, est mon épouse. Très souvent, Hadji Hagop effendi venait chez mon père à l’église des Quarante Saints Adolescents où ils restaient à causer pendant des heures. J’étais présent à ses funérailles à l’église Saint Kéork, où une messe extraordinaire avait été ordonnée en l’honneur de ce digne patron. Hadji Hagop agha est décédé à près de quatre-vingts ans. Il avait trois fils : l’aîné, Hampartsoum effendi, qui est mon beau-père, le deuxième Boghos et le troisième Hovhannes qui est encore vivant et demeure à Aïntab.

À son retour d’exil, la popularité de mon père dans toute la ville de Marache, l’amour et le respect dont il jouissait au sein de son église des Quarante Saints Adolescents étaient plus grands que jamais. L’union de mon père et ma mère, qui était la fille de feu Hadji Kéork agha Topalian, était placée sous le signe de l’harmonie et du bonheur. Ma mère, Tervanda, troisième fille de Kéork Topalian, était belle, d’un tempérament doux et modeste, et une maîtresse de maison accomplie. Mon père lui portait un amour démesuré. Mon enfance et celle de mes sœurs Mariam et Markarit a

À son retour d’exil, la popularité de mon père dans toute la ville de Marache, l’amour et le respect dont il jouissait au sein de son église des Quarante Saints Adolescents étaient plus grands que jamais. L’union de mon père et ma mère, qui était la fille de feu Hadji Kéork agha Topalian, était placée sous le signe de l’harmonie et du bonheur. Ma mère, Tervanda, troisième fille de Kéork Topalian, était belle, d’un tempérament doux et modeste, et une maîtresse de maison accomplie. Mon père lui portait un amour démesuré. Mon enfance et celle de mes sœurs Mariam et Markarit a

Dans le document MÉMOIRES DE DER GHÉVONT PRÊTRE DE MARACHE (Page 25-200)

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