• Aucun résultat trouvé

La nécessité d’une ressource rémunérée

3.3 Une ressource humaine rémunérée ou bénévole?

3.3.1 La nécessité d’une ressource rémunérée

La plupart des informateurs s’entendent sur la nécessité de disposer d’une personne ressource rémunérée, car le travail exige du temps et de l’énergie. En l’absence d’une animatrice communautaire, ce sont les enseignants surchargés et les bénévoles essoufflés qui se retrouveraient avec l’ensemble des tâches. Une intervenante s’exprime sur le sujet :

« Y faut un minimum de ressources financières pour assurer une stabilité au niveau

de la ressource humaine en place actuellement. Ça serait dommage de changer de personne. A l’a créé des choses. Les parents y croient, les citoyens croient en [l’animatrice communautaire] aussi pis [elle] croit en ces citoyens-là. C’est une roue qui est démarrée. Ça s’rait intéressant de pouvoir continuer dans la même veine ».

L’importance d’une permanence minimale stable et d’un financement adéquat pour la survie de tels projets est d’ailleurs confirmée dans la documentation (INSPQ, 2002; Lee et al., 2000; Fortin et al., 1998; O’Neill et Cardinal, 1998).

Les informateurs croient que la stabilité de la personne ressource s’avère également importante, afin que le contact demeure efficace avec le milieu et éviter de tout recommencer à zéro avec un autre intervenant, qui ne possède ni la même expérience des activités ni le même vécu avec la communauté. Les recherches sur le travail de proximité en milieu rural (Beaulé et

« Duparquet : Initiative de santé globale »

v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v

39

3939

39

Simard, 2002 et 2001) démontrent la nécessité d’une présence stable afin d’intégrer le milieu, de développer des liens significatifs avec la population et d’identifier les besoins et intérêts des citoyens. Ici aussi, un changement de responsable, qu’il soit rémunéré ou bénévole,

nécessiterait une période d’intégration de plusieurs mois8 durant lesquels il ne pourrait pas

intervenir aussi efficacement.

Par ailleurs, les informateurs identifient les qualités de l’animatrice communautaire et le fait qu’elle est bien intégrée au milieu comme étant des éléments importants dans le succès du projet. En effet, l’animatrice est originaire de Duparquet. Par conséquent, elle connaît les citoyens et elle est connue. Elle possède donc de nombreux contacts qui s’avèrent utiles pour l’organisation des activités. Par exemple, elle pense immédiatement à solliciter telle personne pour telle activité, telle autre pour tel outil ou telle commandite. Elle connaît aussi l’histoire des familles et leurs conditions de vie. Elle peut donc intervenir rapidement et de façon adaptée aux besoins. Elle vit dans le milieu, au quotidien, autant lorsque tout va bien que lorsqu’il survient une crise, comme le font les travailleurs de proximité (Beaulé et Simard, 2002 et 2001), comparativement à un professionnel de l’extérieur qui intervient seulement lors de difficultés. Ce type d’intervention s’inscrit davantage dans le cadre d’une approche globale territoriale que dans le cadre d’une approche par problématique ou par clientèle. Il s’agit alors de travailler avec la population et non pour elle, en se basant sur ses besoins, son vécu, ses résistances, et non à partir des programmes sociosanitaires prédéterminés (INSPQ, 2002, Beaulé et Simard, 2002, Wilcox et Knapp, 2000, Paquet, 1989).

Cette présence dans le milieu et sa connaissance ont permis le développement de liens de confiance entre l’animatrice communautaire et la population, ce qui facilite la transition entre les activités et lors des changements de responsables, comme l’exprime une intervenante : « Me

semble que c’était… sécurisant pour les gens. C’est pas quelqu’un qui a été parachuté là. C’est quelqu’un de notre milieu, qui nous connaît, qui nous respecte aussi dans c’qu’on est ». Une

autre intervenante ajoute : « Elle a vraiment une conception harmonieuse de vraiment voir le

déroulement de c’qui s’passe à l’intérieur de sa municipalité, et finalement, de travailler avec les gens qui sont présents ». Enfin, une troisième intervenante témoigne à ce sujet :

« Duparquet : Initiative de santé globale »

v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v

40

4040

40

« Elle vit dans l’milieu. […] C’qu’a l’amène, c’est quelque chose qui est réaliste, qui est

réalisable, parce qu’a l’voit, a l’vit, a travaille aussi avec les enfants faque a l’amène pas des choses non plus qui peuvent pas s’faire ».

La connaissance des conditions économiques, des structures politiques, des normes, des valeurs et de l’histoire d’une communauté, de même que le fait de vivre dans ce milieu et d’avoir des liens de confiance avec les citoyens facilitent grandement le travail de mobilisation dans le cadre de tels projets (INSPQ, 2002).

Toujours selon les informateurs, l’animatrice communautaire joue aussi un rôle de pivot , de pont entre les différentes personnes ou organismes. Par exemple, elle sert de lien entre les enseignants et les responsables de la bibliothèque, ce qui facilite l’ouverture de l’école sur la communauté. Puisqu’elle est également surveillante le midi à l’école, elle connaît bien les jeunes et elle peut facilement remplacer un enseignant lors d’une activité, comme un atelier de lecture. Elle assure donc des échanges entre les personnes et une certaine uniformité dans le projet. Enfin, les informateurs lui attribuent de nombreuses qualités ayant une influence positive dans le succès du projet : disponible, fiable, discrète, dynamique, polyvalente car elle doit travailler avec différents groupes, humaine, avide de connaissances, motivée, ouverte et ayant le sens de l’organisation.

La présence d’une personne ressource rémunérée est donc importante pour la poursuite du projet. Cependant, il n’y a pas de sources de financement autres que celles des programmes des divers ministères, offrant le même financement non-récurrent qui ne ferait que repousser ultérieurement le problème. Quelques informateurs se demandent si la municipalité ne pourrait pas prendre en charge les coûts du service, qui se résument pour l’essentiel au salaire de la personne ressource. Toutefois, ces informateurs sont bien conscients des limites de la municipalité dans ce domaine, en raison de son pouvoir de taxation restreint et de l’accroissement de son fardeau fiscal depuis les transferts de responsabilités des paliers supérieurs de gouvernement.

Documents relatifs