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Une nécessité pour l’acteur de se sentir partie prenante

1. LES PRINCIPAUX OBSTACLES A LA REUSSITE DES DEMARCHES AGENDA 21

2.2. Les moyens pour impulser les changements de comportement et mobiliser les acteurs

2.2.2. Une nécessité pour l’acteur de se sentir partie prenante

Certes, l’objectif d’un Agenda 21 est d’élaborer un plan d’action en faveur du développement durable. Mais sa finalité est de mettre en place de nouvelles dynamiques et façons de penser le développement sur le territoire. La démarche permet donc souvent aux collectivités de redécouvrir le travail d’animation territoriale (Rhonalpenergie-Environnement, 2003). En ce sens, la participation de tous les acteurs doit être encouragée et facilitée, la responsabilité et la participation de ces derniers garantissant la mise en œuvre opérationnelle d’un Agenda 21 (Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, 2004). Chaque partie prenante, que ce soit un habitant, une famille, ou encore un groupe d’intérêt, est porteur de points de vue, d’attentes, de connaissances singulières sur l’état et le devenir de leur territoire. L’Agenda 21 devant être un projet partagé, il est donc nécessaire d’intégrer l’écoute de ces points de vue et de ces expertises d’usage à sa construction (Etd, 2012). A travers les retours d’expérience étudiés dans le premier chapitre et grâce à la littérature, il apparaît qu’une faible participation des acteurs à la démarche implique une faible mobilisation de ces derniers, et que réciproquement, sans mobilisation des acteurs, leur participation à la démarche est moindre. Ces deux éléments étant très liés, il est essentiel de prendre connaissance des moyens pour les favoriser. L’ensemble du chapitre étant destiné à identifier les solutions pour mobiliser les acteurs, cette section cherche quant à elle à mettre de l’avant les solutions pour faciliter la participation.

Participation et mobilisation, deux piliers de l’Agenda 21 étroitement liés

Il existe trois niveaux de participation citoyenne dans une démarche Agenda 21. L’information du plus grand nombre, à travers des outils de communication adaptés, caractérisés notamment par un langage courant, une diffusion régulière et la création d’un logo est le premier niveau. Puis le second correspond à la consultation, qui consiste à recueillir l’avis des parties prenantes. Enfin la concertation, qui est le troisième niveau, est basée sur la confrontation entre des acteurs, l’échange d’arguments, l’explicitation des points de vue de chacun. Ces niveaux se distinguent par le degré d’implication qui leur est associé, celui-ci étant faible pour l’information et fort pour la concertation (Agence Régionale Pour l’Environnement Provence Alpes Côte d’Azur (ARPE PACA), 2011). Favoriser la participation des acteurs d’un Agenda 21, et par suite leur mobilisation dans la démarche, repose donc sur un accès facilité à l’information, avec des outils de communication adaptés, la mise en place de dispositifs de consultation, comme des enquêtes à destination des habitants, et enfin l’organisation d’instances de concertation régulières, avec une nécessité pour les

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acteurs de s’approprier le sujet, de connaître leurs rôles respectifs et surtout de se sentir partie prenante.

Favoriser l’appropriation des enjeux du développement durable pour une plus grande mobilisation

La conception qu’ont les acteurs d’une problématique va influencer la manière dont ils vont agir concrètement. Ainsi, une démarche trop abstraite et théorique peut empêcher l’appropriation de l’Agenda 21 par les parties prenantes, comme cela a été mis en évidence dans le premier chapitre. Les acteurs sont alors faiblement outillés pour saisir la portée des enjeux et de la communication qui en est faite. Ils se trouvent donc impuissants pour communiquer leur point de vue et s’approprier la démarche. Il faut donc veiller à formuler des objectifs spécifiques, faisant référence à des actions concrètes, et explicitées clairement (Feichtinger et Pregernig, 2005). Informer les acteurs, les encourager à participer et stimuler le débat sont des facteurs contribuant à l’appropriation du processus et garantissant une importante mobilisation durant sa mise en œuvre (Arsenault, 2010).

Identifier les intérêts des acteurs et les faire se sentir partie prenante

Plusieurs auteurs soulignent que l’intégration des acteurs dans le processus d’Agenda 21 se produit quand ils s’en sentent partie prenante. Pour ce faire, les besoins et les intérêts des acteurs doivent tout d’abord être intégrés au processus (Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), 2001). Ils donnent en effet des pistes de compréhension par rapport à leur présence ou absence. La faible implication des entreprises, dans l’Agenda 21 de Hammam Sousse par exemple, peut notamment s’expliquer par le fait que leur motivation à intégrer la démarche ne se limite pas aux principes vertueux du développement durable, mais s’étend au gain en matière de productivité, de performance financière et d’image (Arsenault, 2010). Afin de stimuler la participation des entreprises, et plus généralement de toutes les parties prenantes, il est donc nécessaire d’identifier leurs intérêts, de communiquer en fonction de ces derniers, et d’élaborer une stratégie adéquate. Outre l’identification des intérêts des acteurs, le fait que ces derniers se sentent partie prenante est un autre facteur déterminant de leur mobilisation dans la démarche Agenda 21. En effet, une démobilisation des acteurs est à prévoir s’ils ne voient pas leur implication prise en compte ou s’ils constatent leur incapacité à influencer le processus (Arsenault, 2010).

Plus généralement, pour la question du développement durable au sens large, les individus ont besoin de percevoir l’efficacité de leur action. Une personne considérant sa contribution potentielle

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à l’équilibre humain et environnemental comme effective aura tendance à agir en faveur du développement durable. Si, au contraire, elle ne parvient pas à reconnaître l’effet de son propre comportement, ses attitudes et son comportement divergeront. Ces considérations théoriques basées sur la psychologie sociale permettent d’expliquer ce décalage entre l’attitude de l’individu, ses intentions, et son comportement réel. Plus le consommateur estime qu’il est responsable des problèmes de la société, plus il a le sentiment que ses actions en faveur de l’environnement ont un impact bénéfique, quelle que soit leur ampleur. De même, plus l’individu a la conviction d’être dominé par des éléments extérieurs à sa volonté, plus le lien entre son comportement et ses attitudes sera faible (Canel Depitre, 2000). Par conséquent, les personnes en charge de l’élaboration de la stratégie d’animation territoriale d’un Agenda 21 devront accorder de l’importance à sensibiliser les individus à l’impact de leurs actions, qui peut aussi bien dégrader l’environnement que le préserver. Il s’agira donc de les responsabiliser, et de leur faire prendre conscience de leur pouvoir et de leur devoir d’action, au quotidien, ainsi que lors de l’élaboration du plan d’action Agenda 21.

La définition du rôle des acteurs, une étape à ne pas négliger

D’après le consultant et chercheur italien Walter Sancassiani, lorsque la contribution de chaque acteur est centrée autour d'un rôle, cela permet une résolution des problèmes et une prise de décision participatives (Sancassiani, 2005). Il est donc essentiel de définir clairement les rôles des parties prenantes dès le début de la démarche. Il faut par ailleurs s’assurer que ces rôles sont directement liés aux compétences des acteurs, et ce, afin de permettre une participation plus efficace et par suite un Agenda 21 de qualité (Barrutia et autres, 2007). La capacité d’agir de l’acteur et sa motivation dépendent du développement de compétences, via des outils de communication appropriés, et de leur sentiment de compétence, comme cela a été abordé dans le premier chapitre avec la notion d’empowerment. Il est à noter que les acteurs possèdent rarement des qualifications sur l'ensemble du processus, c'est pourquoi ils se sentent souvent incompétents, ce qui peut mener à leur démobilisation (Arsenault, 2010). Cependant, chacun possède des compétences spécifiques, permettant l’élaboration d’une dynamique de groupe propre à l’Agenda 21. Pour mobiliser les acteurs, il est donc important de valoriser les compétences existantes, d’une part, et d’y associer un rôle dans la démarche, d’autre part.

Par conséquent, la participation citoyenne, que ce soit via l’information, la consultation ou la concertation, est fortement liée au processus de changement de comportement et par suite à la mobilisation des acteurs dans l’Agenda 21. Une première phase d’information est nécessaire pour

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favoriser la participation citoyenne, avec un accès facilité, des outils de communication adaptés, et des objectifs concrets, explicités clairement. Cette phase permettra par ailleurs de transmettre des connaissances et des compétences aux acteurs, et de les responsabiliser, favorisant ainsi l’appropriation des enjeux du développement durable. Par la suite, lors des phases de consultation et surtout de concertation, il faudra veiller à intégrer l’écoute des points de vue, des expertises d’usages, des attentes et des intérêts des différents acteurs de la démarche. Il faudra également bien définir le rôle de chacun en fonction de leurs compétences afin que les participants se sentent partie prenante, qu’ils soient réellement mobilisés dans la démarche, et élaborent collectivement un plan d’action pertinent pour le territoire.