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4. LES DIFFÉRENCES DE MOBILITÉ QUOTIDIENNE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES DE LA

4.2. L ES DISTANCES ET DURÉES DES DÉPLACEMENTS

4.3.2. Les moyennes

À travers la littérature sur le sujet, il ressort que les femmes effectuent, en moyenne, davantage de déplacements quotidiens que les hommes. De façon générale, les données des enquêtes O-D permettent de rejoindre les constats de la littérature, le nombre moyen de déplacements quotidiens n’étant toutefois significativement différent qu’en 2006. Dans tous les cas, les hommes et les femmes effectuent davantage de déplacements en 2006 qu’en 1996.

Les tests de différences de moyennes effectués sur les nombres moyens de déplacements quotidiens des hommes et des femmes révèlent également quelques différences demeurant significatives entre 1996 et 2006. En effet, en fonction du groupe d’âge, de l’occupation, du type de ménage, du nombre de véhicules et, finalement, de la localisation résidentielle, il apparaît que les femmes demeurent, dans certains cas, les personnes effectuant, en moyenne, un plus grand nombre de déplacements quotidiens que les hommes de situation comparable. C’est par exemple le cas des femmes lorsqu’elles sont âgées entre 25 et 44 ans, soit l’âge où les responsabilités professionnelles et familiales sont plus importantes. C’est aussi le cas lorsqu’elles travaillent à temps complet – et aussi à temps partiel en 2006. Il n’y a que lorsqu’ils sont à la retraite que les hommes effectuent un plus grand nombre moyen de déplacements quotidiens que les femmes. Cette différence apparaît aussi chez les hommes âgés entre 55 et 74 ans. Sommairement, il semble que la période professionnelle et familiale incite les femmes à se déplacer davantage.

D’ailleurs, la présence d’un enfant dans le ménage – couple à un travailleur avec enfant, famille monoparentale, couple à deux travailleurs avec enfant (en 2006 seulement) – génère aussi pour les femmes un nombre moyen de déplacements quotidiens supérieur à celui des hommes de même situation en 1996 et 2006. L’opposé est vrai pour les hommes dans les couples à deux travailleurs sans enfant et ceux vivant seuls. Ceci semble logique dans la mesure où les tâches liées au ménage semblent être davantage entreprises par les femmes, comme le démontrent les proportions de déplacements pour le transport des personnes. Dans les ménages faiblement motorisés – au plus un véhicule – pratiquement aucune différence n’est significative. C’est lorsque le ménage possède au moins deux véhicules (en 2006 seulement dans le cas de trois véhicules et plus) que les femmes effectuent, en moyenne, davantage de déplacements que les hommes. Enfin, il semblerait que la localisation résidentielle ne rende les différences significatives qu’en 2006 dans les nouvelles banlieues et en périphérie – milieu typique de l’établissement des jeunes familles. Dans la plupart des cas, l’écart entre les nombres moyens de déplacements quotidiens des hommes et des femmes a augmenté entre 1996 et 2006, spécialement dans les ménages munis de plus d’un véhicule et demeurant dans les zones plus éloignées.

Il semble donc que le double rôle des femmes – professionnel et domestique – affecte leur mobilité quotidienne. En plus des déplacements pour le travail – en augmentation entre 1996 et 2006 d’ailleurs –, les femmes doivent prendre en charge les déplacements pour les besoins domestiques et familiaux – transport des enfants, courses, etc.

Bien que le nombre de déplacements quotidiens constitue une mesure des différences entre la mobilité des hommes et des femmes, les longueurs et durées de ces déplacements en constituent une autre. Il est généralement admis que, bien que les femmes effectuent un nombre significativement plus important de déplacements quotidiens que les hommes – appuyé par les constats effectués précédemment –, les distances et durées des déplacements soient plus importantes pour les hommes que pour les femmes. Les tests de différences effectués sur les distances et durées moyennes des déplacements abondent en ce sens. Les hommes effectuent des déplacements de plus longues durées et sur de plus grandes distances que les femmes. Que les mesures soient prises dans l’ensemble des déplacements, en fonction du mode de transport, du motif du déplacement, de la période de la journée, du

type de ménage, de l’âge, de l’occupation, du secteur de localisation résidentielle ou du nombre de véhicules à disposition, bien des différences demeurent significatives entre 1996 et 2006. En fait, il faut regarder du côté des déplacements pour les études pour observer des distances et des durées moyennes de déplacements significativement supérieures à celles des hommes. C’est aussi le cas pour les femmes âgées de 75 ans et plus, celles aux études, celles dans les ménages à deux travailleurs sans enfant – pour les durées en 2006 seulement –, dans les familles monoparentales – pour les distances en 2006 seulement – ou dans les couples de même sexe avec enfant – en 2006 seulement.

Les tests de différences effectués sur les distances et durées moyennes des déplacements donnent une bonne idée des différences existant entre les hommes et les femmes. Toutefois, les différentes moyennes obtenues ne tiennent pas compte de l’effet des autres variables potentiellement explicatives sur la variation de la distance et de la durée. Les modèles de régression linéaire multiple permettent de mesurer cet effet « pur » du sexe sur les distances et les durées moyennes. Ainsi, en maintenant constants le type de ménage, la localisation résidentielle, le nombre d’enfants – de moins de 6 ans, entre 6 et 15 ans et entre 16 et 20 ans –, le nombre de véhicules du ménage, l’occupation, le moment de la journée, le mode de transport et le motif de déplacement, les distances parcourues par les femmes demeurent significativement inférieures à celles des hommes – d’environ 8% en 1996 et d’environ 5% en 2006. En ce qui concerne les durées des déplacements, elles sont aussi significativement inférieures – d’environ 6% en 1996 et d’environ 5% en 2006 – à celles des hommes, en maintenant constantes les mêmes variables que pour la distance, à l’exception du mode de transport, lequel a été transformé en variable d’interaction avec la distance.

Ces constats sur les nombres moyens de déplacements quotidiens de même que sur les distances et durées moyennes des déplacements rejoignent la littérature sur le confinement spatial des femmes et les responsabilités domestiques voulant que les femmes occupent des emplois plus près de la maison que les hommes afin de mieux amalgamer les déplacements pour le travail avec ceux pour les besoins familiaux, surtout en présence d’enfant.

Les différences entre la mobilité quotidienne des hommes et des femmes demeurent significatives entre 1996 et 2006, que ce soit au niveau des proportions, du nombre moyen ou des distances et durées moyennes des déplacements quotidiens. Dans certains cas, les

différences entre les hommes et les femmes ont diminué entre les deux années, parfois elles ont augmenté.

Jusqu’à maintenant, les différences observées concernent les déplacements simples. Le prochain chapitre présente les résultats des analyses sur les chaînes de déplacements, à savoir les séries de déplacements effectués entre deux lieux d’ancrage comprenant au moins un arrêt intermédiaire.

Chapitre 5

5. Les chaînes de déplacements des hommes et des

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