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Mots sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés

2.3 Automates

2.3.4 Mots sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés

C • 2−→ 1aC • 2−→ 1aC • 2−→ 1aC . . .

|

c({1, 2}, 3)

Figure 2.8 – Un automate B sur les ordinaux dénombrables de langage

Aω((aAω)+ (aAω)ω) où A = {a, b} est l’alphabet de l’automate, et un chemin

acceptant deA où C est le chemin de la Figure 2.6

les mots de Aω, grâce à la transition 2→ 1 et le fait que l’état 2 soit final, aprèsa

avoir lu un mot de Aω, on peut lire un nombre fini de fois un mot de aAω. On reconnaît ainsi un mot de Aω(aAω). On peut aussi le faire un nombre infini de fois grâce à la transition ({1, 2}, 3) et le fait que l’état 3 soit final. Un exemple d’un chemin C0 avec un tel comportement est en bas de la Figure 2.8. Par C on désigne le chemin représenté dans la Figure 2.6. Dans ce cas les états 1 et

2 se répéteront infiniment souvent. En d’autres termes cofc(C0) = {1, 2}, ce

qui justifie l’emploi de la transition ({1, 2}, 3). On reconnaît ainsi un mot u de Aω(aAω)ω, (ab)ω(a(ab)ω)ω= ((ab)ωa)ω plus précisément. C’est un mot de rang rp(u) = 2.

La classe des langages rationnels de A] est fermée par complémentation, et

donc par intersection et différence, puisque ces deux dernières s’expriment avec l’union et la complémentation.

Théorème 2.3.13 (Büchi). Soit A un alphabet fini et soient A et B deux

au-tomates sur les ordinaux dénombrables. Il existe des auau-tomates sur les ordinaux dénombrables de langages L(A )C

, L(A ) ∩ L(B) et L(A ) \ L(B).

2.3.4 Mots sur les ordres linéaires dénombrables et

dis-persés

Les automates sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés ont été définis par Bruyère et Carton dans [26]. C’est une généralisation des automates sur les ordinaux dénombrables. En plus des transitions limites à gauche, Bruyère et Carton ont introduit les transitions limites à droite. Leur mode d’emploi est symétrique à celui des transitions limites à gauche. Ainsi, un automate sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés correspond à celui introduit à la Définition 2.3.1 où l’ensemble des transitions est restreint aux transitions séquentielles successeurs, limites à gauche et limites à droite.

2.3 - Automates 2 - Langages Rationnels

Exemple 2.3.14. L’automateA représenté sur la Figure 2.9 est le suivant : A = ({0, 1, 2, 3}, {a, b}, E, {0}, {3})

E = Eseq= Esucc∪ ElimG∪ ElimD

Esucc= {1−→ 1, 1a→ 1, 1b→ 2, 1a→ 2, 2b→ 2, 2a −→ 2}b ElimG= {({2}, 3)} ElimD = {(0, {1})} 1 2 0 3 {2} → 3 0 → {1} a, b a, b a, b

Figure 2.9 – Un automate sur les ordres linéaires

Un chemin dans un automate A = (Q, A, E, I, F ) sur les ordres linéaires

dénombrables et dispersés est une suite de transitions de E indicée par un ordre linéaire. Les transitions d’un tel chemin sont soit des transitions successeurs

Eseq, des transitions limites à gauche ElimG ou des transitions limite à droite

ElimD. Dans un chemin γ = (tj)j∈J de A , pour un ordre linéaire J, une

tran-sition tj = P → p est une transition limite à gauche si et seulement si j n’a

pas de prédécesseur et n’est pas le minimum de J . Dans ce cas, P = cofj(γ). Symétriquement, une transition tj= p → P est une transition limite à droite si et seulement si j n’a pas de successeur et n’est pas le maximum de J . Dans ce cas, P = cofj+(γ) où cofj+(γ) est l’ensemble cofinal à droite de γ en j. Il est défini symétriquement à l’ensemble cofinal gauche de la manière suivante :

cofj+(γ) = {q : pour tout i > j, il existe i0∈ J tel que j < i0< i et q ∈ Qi0}

Cette notion est utilisée dans la suite dans une suite d’ensembles d’états indicée par −ω.

SoitA = (Q, A, E, I, F ) un automate sur les ordres linéaires dénombrables

et dispersés. L’ensemble des chemins γ étiquetés par des mots de Ade contenus

C(γ) dansA est le plus petit ensemble qui satisfait les conditions suivantes : — pour tout p ∈ Q,  est un chemin de p à p étiqueté par  de contenu {p}

dansA ;

— pour toute transition t = (p, a, q) ∈ Eseq, t est un chemin de p à q étiqueté

par a de contenu {p, q} dansA ;

— pour toute suite finie (γi)i≤k de chemins consécutifs dans A , avec k ≥

1, respectivement étiquetés par u0, . . . , uk de p0, . . . , pk à q0, . . . , qk de contenus (C(γi))i≤k,Q

i≤kγiest un chemin de p0à qkétiqueté parQ

i≤kui

— pour toute suite (γi)i∈ω de chemins consécutifs dans A respectivement étiquetés par (ui)i∈ω de contenus C = (C(γi))i∈ωet pour toute transition

t = cofω(C) → q ∈ ElimG, (Q

i∈ωγi)t est un chemin de la source de γ0à

q étiqueté parQ

i∈ωui de contenu (∪i∈ωC(γi)) ∪ {q} dansA ;

— symétriquement, pour toute suite (γi)i∈−ω de chemins consécutifs dans

A respectivement étiquetés par (ui)i∈−ω de contenus C = (C(γi))i∈−ω

et pour toute transition t = q → cof−ω+(C) ∈ ElimD, t(Q

i∈−ωγi) est

un chemin de q à la destination de γ0 étiqueté par Q

i∈−ωui de contenu (∪i∈−ωC(γi)) ∪ {q} dansA .

La définition donnée ci-dessus n’est pas exactement celle donnée par Bruyère et Carton dans [26]. Nous l’avons adapté pour qu’elle soit facilement générali-sable à la définition de chemin d’un automate sur les posets série-parallèles transfinis. Dans [26], un chemin d’étiquette u sur un automate sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés est plutôt une suite (qj)i∈ ˆI d’états.

Exemple 2.3.15. Reprenons l’automateA de l’Exemple 2.3.14 représenté dans

la Figure 2.9. Le langage de A est le langage de Aζ ou de manière équivalente A−ωAω. Un chemin γ deA est dessiné sur la Figure 2.6. Il s’agit de γ = t·γ0·t0

où t est la transition limite à droite (0, {1}),

γ0= (1 −→ 1 1a −→ 1)b −ω1 −→ 2(2a −→ 2 2b −→ 2)a ω

et t0 est la transition limite à gauche ({2}, 3). Il existe bien un chemin dans

• 1 −→ 1a • 1−→ 1b • 1 −→ 2a • 2−→ 2b • 1 −→ 2a . . . | c({2}, 3) . . . | c0(0, {1})

Figure 2.10 – Un chemin acceptant de l’automate représenté dans la Figure 2.9, étiqueté par (ab)ζ

A entre 1 et 1 étiqueté par a ou b. Ce chemin est de contenu {1}. Le facteur (1 −→ 1 1a −→ 1)b −ωde γ0 est une −ω-suite de chemins consécutifs dont chacun est de contenu C = {1}−ω. Ainsi, l’ensemble cofinal à droite de C dans la coupure c0 = −ω est cofc0 +(C) = {1}. Puisque t ∈ ElimD alors t · (1 −→ 1 1a −→ 1)b −ω

est un chemin de 0 à 1 dansA étiqueté par (ab)−ω. Symétriquement, on peut déduire que (2 −→ 2 2b −→ 2)a ω·t0est un chemin de 2 à 3 dansA étiqueté par (ba)ω. Puisque 0 est un état initial et 3 un état final alors γ est un chemin acceptant deA et (ab)−ωa(ba)ω= (ab)ζ ∈ L(A ). Remarquons que si la transition 1 a

−→ 2

(resp. 1→ 2) est supprimée alors le langage de l’automate sera Ab −ωbAω (resp. A−ωaAω).

Théorème 2.3.16 ([26]). Soit L ⊆ Aun langage sur un alphabet A fini. Alors L ∈ Rat(A) si et seulement s’il existe un automate sur les ordres linéaires

dénombrables et dispersésA tel que L = L(A ).

Exemple 2.3.17. Soit A l’automate de la Figure 2.11. Le langage de A sans

ses transitions limites est a(ba). En ajoutant seulement la transition limite à gauche {1, 2} → 2 on reconnaît a(ba)\. Symétriquement, en ajoutant seulement

2.3 - Automates 2 - Langages Rationnels

la transition limite à droite 1 → {1, 2} on reconnaît (ab)−\a. Ainsi, a(ba)\(ab)−\a ⊆ L(A ). La ω-suite de chemins consécutifs (2 b

→ 1 1 −→ 2)a ω suivie de la transition limite à gauche {1, 2} → 2 forme un chemin de 2 à 2 étiqueté par (ba)ω dans A . On précédant ce chemin de la transition 1 a

→ 2 on obtient

un chemin γ acceptant dans A étiqueté par a(ba)ω. Similairement, la −ω-suite de chemins consécutifs (γi)i∈−ω où, pour tout i ∈ −ω, γi = γ, précédée de la

transition limite à droite 1 → {1, 2} est un chemin acceptant dans A étiqueté

par (a(ba)ω)−ω. Le langage de l’automate A est L(A ) = a  b.

1 2

{1, 2} → 2 1 → {1, 2}

a

b

Figure 2.11 – Un automate sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés de langage a  b.

Rispal et Carton ont prouvé dans [75] que la classe des langages rationnels

de A est fermée par complémentation. Ainsi :

Théorème 2.3.18 ([75]). Soit A un alphabet fini et soient A et B deux

au-tomates sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés. Il existe des auto-mate sur les ordres linéaires dénombrables et dispersés de langages L(A )C

,

L(A ) ∩ L(B) et L(A ) \ L(B).

Il a été montré dans [33] que la question de l’existence d’un chemin entre deux états d’un automate est décidable en temps polynomial. On peut en déduire le théorème suivant :

Théorème 2.3.19 ([33]). Soit A un automate sur les ordres linéaires

dénom-brables et dispersés. Alors, la question L(A ) = ∅ est décidable.

Grâce aux deux théorèmes précédents et notamment à l’effectivité du Théo-rème 2.3.18, on peut déduire aussi le théoThéo-rème suivant :

Théorème 2.3.20 ([27]). Soit A et B deux automates sur les ordres linéaires

dénombrables et dispersés. Alors, la question L(A ) = L(B) est décidable.

En effet, L(A ) = L(B) si et seulement si (L(A ) ∩ L(B)C

) ∪ (L(A )C

L(B)) = ∅. Ce théorème a été néanmoins prouvé dans [27], avant que la preuve

de la fermeture de Rat(A) par complémentation ne soit trouvée.