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Un monument [du latin Monumentum, dérivé du verbe Moneō et qui signifie « se remémorer »] désigne à l'origine une sculpture ou un ouvrage architectural permettant de

rappeler un événement ou une personne, ce terme qualifie tout objet qui atteste l'existence, la réalité de quelque chose et qui peut servir de témoignage [C.N.T.R.L, 2014]. Dans un sens commun, le terme « monument » désigne plutôt un édifice ou une structure ayant une valeur historique et culturelle et qui peut devenir l'emblème d'une ville ou d'un peuple. Il a pour but de faire revivre au présent un passé englouti dans le temps.

3.2.Evolution du concept « du monument au monument historique » :

En 1689, A.Furetière définit le monument comme un témoignage qui nous reste de quelque grande puissance ou grandeur des siècles passés. Les pyramides d’Egypte, le Colisée, sont de beaux monuments de la grandeur des rois d’Egypte, de la république romaine [A.Furetière cite in F.Choay, 1992]. Et à partir de cette description, le monument se considère comme le colossal, le gigantesque, l’unique et l’exceptionnel.

Figure 1.2 : Les vestiges monumentaux qui nous ont légués les Egyptiens et les Romains Un siècle plus tard, Quatemère de Quincy donne une nouvelle définition accordée au monument, elle remplace la précédente et efface son sens originel lorsque l’idée de la beauté et de l’esthétique primait l’idéal de la mémoire. Il affirme la progression significative d’un monument et il déclare que ce terme désigne un édifice, soit construit pour servir à éterniser

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le souvenir de choses mémorables, soit conçu, élevé ou disposé de manière à devenir un agent d’embellissement et de magnificence dans les villes [de Quincy cite in F.Choay, 1992].

Pour Aloïs Riegl, un monument est, au sens ancien du terme, une œuvre créée de la main de l’homme et édifiée dans le but précis de conserver, toujours présent et vivant dans la conscience des générations futures, le souvenir de telle action ou de telle destinée.

Pour F.Choay, dans l’Allégorie du patrimoine, le monument travaille et mobilise la mémoire par « la médiation de l’affectivité », de façon à rappeler le passé en le faisant vibrer à la manière du présent. Ce passé contribue à maintenir et à préserver l’identité d’une communauté ethnique, religieuse ou nationale. Le monument assure, rassure, tranquillise en conjurant l’être du présent.

Au fil du temps et avec l’évolution conceptuelle du « monument », la notion du « monument historique» est apparue. Loin d’être confondues, on s’est trouvé devant deux concepts différents, ceux du monument et monument historique.

Le monument historique lui-même n’est pas clairement et rigoureusement défini. La notion du monument historique est apparue avant même l’apparition du terme qui la désigne [A.Belabbas, 2009], Alberti l’a appréhendé par sa réflexion du fait qu’il est important de conserver l’édifice pour l’unique raison qu’il est témoin de l’histoire et une œuvre d’art [Alberti cite in F.Choay, 1992].

Au début du XXe siècle, Aloïs Riegl a distingué entre les deux concepts en précisant que le monument est une création délibérée dont la destination a été assumée à priori et d’emblée, tandis que le monument historique n’est pas initialement voulu et créer comme tel, il est constitué à postériori par les regards convergents de l’historien et de l’amateur, qui le sélectionnent dans la masse des édifices existants [Aloïs Riegl cite in F.Choay, 1992].

En 1931, la conférence d’Athènes, consacrée à la conservation et à la protection des monuments historiques, a séparé la notion du monument majeur isolé comme œuvre prestigieuse, du bâtiment mineur du passé ; chacun deux ayant une valeur de témoignage d’une civilisation disparue. « Chargées d’un message spirituel du passé, les œuvres monumentales des peuples demeurent dans la vie présente le témoignage vivant de leurs traditions séculaires. L’humanité, qui prend chaque jour conscience de lutiné des valeurs, les considère comme un patrimoine commun et, vis-à-vis des générations futures, se reconnait

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solidairement responsable de leur sauvegarde. Elle se doit de les transmettre dans toute la richesse de leur authenticité » [Office Internationale des Musées, 1933].

Dans les sociétés occidentales, l’élaboration conceptuelle du monument historique fut fractionnée en quatre grandes périodes, comme nous l’indique le tableau ci-dessous : Tableau 1.2 : Les phases de l’élaboration conceptuelle d'un monument historique dans la

société occidentale [A.Belabbas 2009].

Les notions du monument historique

XVe siècle Cette période visait exclusivement les monuments d’antiquité dont Rome est le lieu par excellence.

XVIIIe siècle

Naissance de trois valeurs clés :

Le monument didactique : en tant que support de la connaissance historique. Le monument esthétique : en tant qu’objet de jouissance universelle.

Le monument nationaliste : en tant que support du sentiment national.

XIXe siècle

Cette période traduit l’historicisme croissant de la société occidentale et sa prise de conscience, envers la précarité de l’héritage monumental préindustriel face aux mutations sociales et spatiales provoquées par l’industrialisation.

XXe siècle

Elle comprend la création architecturale isolée aussi bien que le site urbain ou rural qui porte témoignage d’une civilisation particulière, une évolution significative ou d’un événement historique. Elle s’tend non seulement aux grandes créations mais aussi modestes qui ont acquis avec le temps une signification culturelle.

En Algérie, Les monuments historiques se définissent comme toute création architecturale isolée ou groupée qui témoigne d'une civilisation donnée, d'une évolution significative et d'un événement historique. Sont concernés, notamment les œuvres monumentales architecturales, de peinture, de sculpture, d'art décoratif, de calligraphie arabe, les édifices ou ensembles monumentaux à caractère religieux, militaire, civil, agricole ou industriel, les structures de l'époque préhistorique, monuments funéraires, cimetières, grottes, abris sous-roche, peintures et gravures

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rupestres, les monuments commémoratifs, les structures ou les éléments isolés ayant un rapport avec les grands évènements de l'histoire nationale [ Art17/Loi 98-04,1998].

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