• Aucun résultat trouvé

qui montre la pénétration d'un pèlerin dans cette caverne sombre, avec au bout, le sanctuaire illuminé.

II La vision de la société japonaise de Félix Régamey de Yokohama à Enoshima

et 50), la maîtresse de maison de thé (Ill 23 et 28), comme artiste (Ill 47 et 48), en plein travail avec le

53) qui montre la pénétration d'un pèlerin dans cette caverne sombre, avec au bout, le sanctuaire illuminé.

Régamey rend compte de cette différence de luminosité dans son dessin.

Page 173, Régamey illustre (Ill. 54), un pèlerin assis en tailleur à la droite d'un banc, en train de prier. À gauche, le lecteur peut trouver des bambous, ainsi qu'un bénitier qui sert, selon Guimet, à s'arroser le bout des doigts avant de prier. On remarque aussi le soucis du détail de l'artiste, avec la représentation des sandales qui sont accrochées sur la table où est assis le pèlerin.

Guimet décrit :

Les pèlerins accrochent à la table, sur laquelle les desservants sont accroupis, les sandales de paille qui ont servi à faire le voyage. J'ai déjà remarqué plusieurs endroits à Enoshima où l'on voyait des rangées de sandales offertes en ex-voto. Une cuve de pierre sert de bénitier; chaque fidèle s'arrose le bout des doigts avant de faire sa prière. A droite et à gauche on a planté comme ornement deux bambous creux qui forment des vases de fleurs dans lesquels on a mis deux grands rameaux verts. (p. 172-173)

Toutes les impressions sur le ressenti de Guimet sur les religions et l'accueil qu'on leur a réservé pendant ses visites dans les temples et sanctuaires sont dans son Rapport au ministre de l'Instruction

publique88,

Guimet écrit le 15 Avril 1877, que c'est grâce à l'arrêt du 10 avril 1876 du ministre, qu'il lui a permis de se charger de sa mission qu'il a pu se rendre au Japon, en Chine et aux Indes. Le rapport qu'il rédige est donc en trois parties, séparées selon les trois pays qu'il a visité.

La première partie de ce rapport est l'élément qui concerne ce mémoire, puisqu'il s'agit de son voyage au Japon.

Dans son propos, Guimet montre que le gouvernement japonais entreprend de vastes réformes religieuses. Guimet explique que le gouvernement japonais s'est servi de son étude sur les religions pour connaître plus à fond les dogmes bouddhiques, et ainsi, rectifier plus efficacement les croyances shintoïstes.

Il montre que le clergé bouddhique a peur de voir de nouveau des sectes bouddhiques être supprimées, traduisant ainsi le fait que le Japon connaît bien une certaine répression au niveau du bouddhisme. Le clergé bouddhique, pendant son séjour, l'a le plus souvent accueillit ouvertement et chaleureusement ; et l'a aussi bien renseigné que possible sur leur religion. Sans doute que dans le périple que nous étudions, les deux voyageurs ont eu quelques soucis qui ne sont pas représentatifs de leur voyage au complet. Guimet écrit : « il voulut que les réceptions qui m'étaient faites dans les sanctuaires, aient lieu avec un grand éclat et une pompe tout-à-fait princière.» Souvent, lors de ses visites dans les différents temples, il reçut de nombreux présents dont des ouvrages religieux et des objets sacrés. Guimet montre également que le shinto, le religion officielle du pays, décide de lutter aux côtés de la croyance rivale.

Il parle aussi de Régamey et de son travail à ses côtés.

J'avais attaché à la mission un habile dessinateur, M. Félix Régamey, le correspondant bien connu des journaux illustrés de Londres, de New-York et de Paris ; il a reproduit fidèlement soit les monuments religieux, soit les scènes intéressantes du voyage, et j'aurai sans doute l'honneur un jour de mettre sous vos yeux la série fort curieuse de ses dessins et aquarelles.

Il évoque aussi le travail formidable des interprètes qui l'ont accompagné tout au long de son séjour au Japon, après son excursion à Kamakura, et qui connaissaient le français, ainsi que le japonais littéraire et le chinois. Ils sortent de l'école française de M. Léon Dury, qui est l'ancien consul de France à Nagasaki, l'ancien directeur de l'école française de Kioto et professeur de l'école polytechnique de la capitale d'après Guimet.

88 Cf. Émile, GUIMET, Rapport au ministre de l'Instruction publique et des beaux-arts sur la mission scientifique de M.

Le chapitre XXIX intitulé « Le Tookaïdoo » p. 177, s'ouvre sur les voyageurs qui songent à revenir sur Yokohama. Les dginrikis ont, apparemment, hâte de revenir sur Yokohama. Guimet raconte qu'à peine sont-ils à l'intérieur de la voiture, « qu'ils partent comme le vent. »

La page 178 est ornée d'une illustration (Ill. 55) sur la gauche, qui apparaît comme une fenêtre, une vision de ce que voit Régamey, lors du retour.

Guimet écrit à côté de ce dessin p. 178 :

Les matsous (pins) qu'on avait plantés à droite et à gauche de cette route sont devenus superbes et, là où le vent et la foudre ne les ont pas renversés, ils donnent au paysage un aspect de grandeur tout particulier. Nous sommes à Fouzi-sava, bourg important, où il y a un superbe temple bouddhique, que nous visitons à la hâte, car nous sommes pressés.

Ainsi, Régamey a illustré la vue d'une rue qu'ils ont traversé. On y voit la route qui sépare les maisons et magasins. Dans le fond, il a dessiné deux immenses pins qui absorbent le regard du lecteur vers eux et qui donne l'impression que la route qu'ils suivent mène à ces deux pins.

Page 180, on apprend que c'est la fête du pays, Guimet écrit :

Les jeunes filles sont dans tous leurs atours, excepté quelques retardataires, travailleuses acharnées, qui vannent le riz sur le bord du chemin. Elles ont eu soin d'entourer leur tête du tenogoui arrangé en mitre, afin de préserver contre la poussière la coiffure de fête préparée dès le matin. (p. 180)

Régamey illustre un portrait d'une de ces travailleuses (Ill. 56), en train de vanner le riz. Comme Guimet le décrit, elle porte la fameuse serviette nommée te-nougoui, qui protège leur coiffure avant la fête.

À la page 182, on retrouve un dessin de Régamey (Ill. 57) qui illustre les propos de Guimet :

À peine avons-nous le temps d'admirer ces silhouettes pittoresques qui se détachent en noir sur le ciel bleu et étoilé. Nos hommes sont pressés de rentrer et paraissent vouloir briser leurs voitures et leurs jarrets plutôt que d'arriver en retard. Pour couper au plus court, nous prenons des chemins de traverse épouvantables dont la nuit cache les fondrières. Mais cela n'ôte rien à l'ardeur infernale de nos djinrikis ; ils vont toujours à grande vitesse, sans s'inquiéter des cahots qui nous font bondir et nous cassent les membres. (p. 182)

Régamey illustre un passage coincé entre les falaises, d'où s'élève des pins immenses. Le tout dans le sombre afin d'évoquer leur route de nuit. Le chemin qu'ils empruntent ne semble pas sûr. Le dessin de Régamey donne une sensation d'inquiétude et donne envie au lecteur, tout comme l'espère apparemment les voyageurs au vue des impressions et des conditions difficiles de voyage que rapporte Guimet, de vite arriver à Yokohama.

La fin de ce chapitre se situe p. 183, le lecteur peut trouver une innovation pour célébrer la fin de cette excursion : une illustration avec un style calligraphié (Ill. 58) que le lecteur peut lire de haut en bas. Ce dessin représente un rouleau de parchemin où le dessinateur a reporté l'itinéraire de leur voyage, les noms de villes et la route qu'ils ont suivi.

L'illustrateur de Promenades japonaises a donc réalisé des illustrations qui rendent compte de leur voyage, des lieux, ainsi que des personnes qu'ils ont rencontrées.

Les temples, notamment, tiennent une place importante dans ce recueil, car la religion est la raison officielle de leur expédition au Japon. Guimet et Régamey ont donc visité de nombreux temples au cours de cette excursion vers Kamakoura, en passant par Kanasawa, Katassé et Enoshima.

Ainsi, le lecteur peut évoluer dans sa compréhension de ces religions orientales en même temps que Guimet et Régamey, grâce au compte-rendu que fait Guimet de ses échanges avec les bonzes et grâce aux dessins de l'illustrateur qui permettent au lecteur de se représenter plus facilement ce que les deux voyageurs ont pu voir.

Ces illustrations montrent également des éléments importants qui participent à la compréhension du travail de l'artiste. En effet, Régamey montre une importance toute particulière aux coutumes et traditions du pays, et montre tout au long de son travail sur Promenades japonaises, ses influences artistiques et japonaises, notamment celles qu'ont pu lui laisser les Maîtres de l'estampe, tels Utamaro, Hiroshige ou encore Hokusaï.

De plus, lors de leurs diverses excursions, Guimet et Régamey ont également pu noter l'importance que les Japonais prêtent au théâtre, sujet qui passionne aussi les deux voyageurs.