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1.4 La spectrométrie Raman et l’eau

1.4.1 La molécule d’eau

L’eau est composée d’oxygène et d’hydrogène et possède un ensemble de propriétés qui lui sont propres et qui ont permis le développement de la vie. L’eau est notamment l’un des rares éléments couramment présent sous trois états : solide, liquide, gazeux. De plus, l’eau à l’état solide possède une masse volumique plus faible que celle de l’eau

liquide ce qui explique que la glace flotte à la surface de l’eau, chose inhabituelle pour la plupart des matériaux. Ces propriétés intéressantes sont dues pour la plupart à l’existence d’une liaison bien particulière qui se crée entre les molécules d’eau, la liaison hydrogène.

Liaisons covalentes

La molécule d’eau, dont la formule H2O est bien connue, est composée d’un atome d’oxygène relié à deux atomes d’hydrogène par liaisons covalentes qui traduisent la mise en commun de deux électrons périphériques de chacun des atomes (cf. figure 1.7). L’atome d’hydrogène H possédant un électron qui gravite autour du noyau sur la pre-mière couche électronique K, sa structure électronique peut être notée (K)1. L’atome d’oxygène O contient quant à lui 8 électrons répartis sur les couches K et L et pos-sède donc une structure électronique de type (K)2(L)6. Cet atome va chercher à devenir stable en évoluant vers le gaz rare le plus proche dans la classification dont les couches électroniques sont complètes, à savoir le néon de structure (K)2(L)8. Pour cela, l’atome d’oxygène va créer deux liaisons covalentes en se servant des deux électrons que lui ap-porteront deux atomes d’hydrogène et ainsi compléter la couche L. De la même façon, l’atome d’hydrogène va chercher à se rapprocher de l’hélium de structure (K)2 en créant une liaison covalente grâce à un des électrons périphériques de l’atome d’oxygène.

Figure 1.7 – Structure électronique et liaisons covalentes de la molécule d’eau.

Electronégativité

L’électronégativité d’un atome est une grandeur qui caractérise sa capacité à attirer les électrons des liaisons covalentes qu’il forme avec d’autres atomes. Si la différence d’électronégativité entre les atomes d’une liaison covalente est nulle, on dira que la liaison est "apolaire" et, au contraire, elle sera dite "polaire" si la différence est grande.

On parlera enfin de liaison "ionique" lorsque la différence est si forte qu’un des atomes parvient à complètement attirer un ou plusieurs électrons de façon à devenir des ions.

Dans le cas de la molécule d’eau, l’atome d’oxygène est plus électronégatif que l’atome d’hydrogène, c’est-à-dire que les électrons formant les deux liaisons covalentes sont plus attirés vers lui. Le léger déplacement de ces électrons vers l’atome d’oxygène lui confère un excès de charge négative 2δ, alors que les atomes d’hydrogène auront un excès de charge positive δ+ (cf. figure 1.8). La molécule d’eau est donc polaire présentant un pôle positif et un autre négatif. De ce fait, des liaisons peuvent se former entre plusieurs molécules d’eau. En effet, les charges de signes contraires s’attirant, des liaisons s’établissent entre les atomes d’hydrogène de certaines molécules d’eau et les atomes d’oxygène de molécules d’eau voisines : ce sont des "liaisons hydrogène".

Figure 1.8 – La molécule d’eau formée par un atome d’oxygène (O) de charge négative et deux atomes d’hydrogène (H) de charge positive.

Liaisons hydrogène

Une molécule d’eau n’est jamais isolée et il est nécessaire de tenir compte de son environnement. Ainsi, elle est capable de développer des liaisons hydrogène et peut établir jusqu’à quatre de ces liaisons (cf. figure 1.9). À 100C, moins de 1% des molécules sont liées à quatre molécules voisines par des liaisons hydrogène, tandis qu’à 0C, presque un quart d’entre elles se trouvent dans cette situation [29]. Les propriétés physiques et chimiques de l’eau dépendent donc énormément de la température.

L’eau est le seul liquide à développer un aussi grand nombre de ces liaisons hydrogène (autant que de liaisons de valence) qui se forment et se dissocient en permanence. En dépit du nombre important de ces liaisons, les molécules d’eau ne sont pas figées et peuvent encore changer de positions et se tordre sous l’effet de l’agitation thermique im-portante, conférant des propriétés très particulière à l’eau. Par exemple, elle se contracte quand on la chauffe et devient plus fluide quand on la comprime au voisinage de 0C et peut dissoudre les sels, acides ou bases en les dissociant en ions positifs et négatifs.

Figure 1.9 – Une molécule d’eau liée à quatre de ses voisines par des liaisons hydrogène.

La liaison hydrogène possède également différentes propriétés. Ainsi, comme les liai-sons de valence, la liaison hydrogène est directionnelle : elle s’aligne dans l’axe de la liaison de valence qui lui est associée comme par exemple dans l’eau, où les 3 atomes de la liaison O–H...O sont alignés. Cette propriété permet d’avoir des architectures molécu-laires très bien définies comme dans la glace ou dans l’eau liquide. Il est à noter également que les liaisons hydrogène peuvent se tordre, se rompre ou se restaurer à température ambiante, ce que ne peuvent faire les liaisons de valence. C’est cette souplesse ainsi que la polarité de la molécule d’eau qui font de l’eau un excellent solvant en empêchant les interactions électriques et permettant ainsi de dissocier les ions dans une solution.

Modes de vibrations

La molécule d’eau de symétrie C2v comporte N=3 atomes, on s’attend donc à 3 modes de vibrations (3N-6). Deux modes sont dus aux élongations symétriques (A1) et antisymétriques (B2) des liaisons O–H, ν1 et ν3, respectivement à 3650 et 3760 cm−1, en plus d’un mode ν2 (A1) situé à 1600 cm−1 correspondant à la déformation (ou cisailllement) de la molécule (cf. figure 1.10).

La figure 1.11 montre le spectre Raman de l’eau distillée. On remarque principalement une bande très intense entre 2600 et 3900 cm−1 ainsi qu’une bande moins intense vers 1635 cm−1. Ces deux bandes sont très bien connues dans la littérature [24, 30, 31] et correspondent aux vibrations des liaisons O–H de la molécule d’eau. Ainsi, la bande intense est attribuée aux élongations de la molécule ("stretching") et la bande plus faible à la déformation ("bending"). Les modes de vibrations externes correspondants aux mouvements de translation et de rotation peuvent être observés à basses fréquences [32].

Figure 1.10 – Modes de vibration de la molécule d’eau : élongations symétriques ν1 et antisymétriques ν3 et déformation ν2. Nombres d'onde (cm-1) 0 1000 2000 3000 4000 Déformation O-H (1635 cm-1) Élongations O-H (2600-3900 cm-1)

Figure 1.11 – Spectre Raman de l’eau à température ambiante.

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