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Des modifications de statut nécessaires

Dans le document L’avenir de la recherche publique (Page 32-35)

TABLE RONDE 2

2. Des modifications de statut nécessaires

Le statut des ITA date de vingt ans et doit être profondément revu, quel que soit le corps de personnels considéré. Quelques modifications récentes ont permis d’harmoniser les statuts des personnels des universités (ITARF) et ITA des EPST. Une mobilité entre établissements devrait maintenant être favorisée. Il importe également de revoir impérativement la carrière des ingénieurs de recherche qui n’a pas évolué depuis la création de ce corps. Ils exercent souvent, de manière déguisée, la fonction de chercheur, et dans tous les cas de hautes responsabilités techniques ou administratives, mais ne peuvent accéder à une véritable recon-naissance de leur métier et de leur niveau de fonction.

Hier Axel Kahn a rappelé que les ingénieurs et techniciens étaient la mémoire des laboratoires. Cette mémoire est également mise à mal par la suppression de personnels de soutien de catégorie C.

Débat

Débat

Michel GUILLON

Directeur de l’AMUE.

J’aimerais savoir comment Raffaele Liberali perçoit nos débats et de quelle manière il envisage l’évolution de notre statut au sein de ce marché.

Raffaele LIBERALI

Directeur, Direction Facteur humain, mobilité et actions Marie Curie. DG Recherche de la Commission européenne.

Je ne suis pas à même de juger la valeur d’un modèle par rapport à d’autres. Néanmoins, je ne suis pas certain que le statut français soit de nature à répondre aux besoins à long terme. Il faut conjuguer pérennité et flexibilité, mais la manière de le faire reste encore à définir.

Didier ROUX

Directeur de recherche au CNRS.

Membre du Conseil scientifique et technologique de Rhodia.

Vous avez parlé de construire une interface floue entre métiers de chercheur et d’enseignant-chercheur. Il est possible de réaliser la même interface entre le monde universitaire et industriel. Nous avons essayé d’attirer des chercheurs très performants d’une trentaine d’années dans le domaine industriel en concluant un accord avec la Direction scientifique et technique de Rhône Poulenc. Afin de ne pas nuire à leur carrière universitaire, les chercheurs ne pas-saient qu’un tiers de leur temps dans l’entreprise. En contrepartie, des postes en post-docs ou en thèse ont été ouverts pour compenser leur absence. Cette expérience a été réalisée avec le concours du CNRS et de l’université de Bordeaux 1.

Claude JABLON

Directeur de la recherche - Total.

Je regrette que les exigences de carrière fassent obstacle à la venue d’un chercheur du secteur public dans le privé. Pourtant, le système français offre statutairement des possibilités de mobilité qui ne sont pas applicables en pratique.

Henri Edouard AUDIER

Membre du bureau national du SNCS.

Un certain nombre de pays européens recrutent exclusivement des post-docs pour une durée déterminée, puis les reversent sur le marché, alors que d’autres proposent des emplois permanents. La mise en place d’une politique commune est nécessaire pour éviter de telles disparités.

Christian BRECHOT

Directeur général de l’INSERM.

A l’INSERM, nous assurons la promotion des chercheurs qui passent une partie de leur temps dans l’industrie. Cette démarche suppose l’accueil d’experts exté-rieurs au sein des commissions d’évaluation.

Gilbert BEREZIAT

Président de l’Université Pierre et Marie Curie - Paris 6.

Il importe aussi que les grandes industries acceptent le dialogue avec les universités.

Raffaele LIBERALI

Directeur, Direction Facteur humain, mobilité et actions Marie Curie. DG Recherche de la Commission européenne.

Il faut trouver des terrains d’entente en termes de développement de carrière, de mode de recrutement et de valorisation. Le dumping en Europe vient avant tout d’une flexibilité trop élevée en début de carrière et un blocage des évolutions. La pérennité du statut français n’a d’ailleurs pas empêché la fuite des cerveaux.

Randy DURAN,

Professeur de l’université de Floride, Gainesville, USA.

En collaboration avec Bordeaux 1, Paris 6 et Strasbourg, l’université de Floride a créé un double statut pour une période de cinq ans au terme de laquelle un chercheur peut décider de rester dans l’université étrangère qui l’a accueilli. Serait-il envisageable d’étendre un tel système à d’autres pays ?

Pierre DAUMARD,

Président de l’université René Descartes - Paris 5.

Les perméabilités entre l’université et le privé existent. Les frontières se trouvent davantage dans les mentalités. Pour l’avoir fait, je constate qu’il est tout à fait possible de travailler pendant plusieurs années dans une entreprise et de regagner ensuite la recherche publique. En revanche, l’inverse est plus difficile

Sylvain COLLONGE

Président de la Confédération des jeunes chercheurs.

Il existe une hypocrisie à développer les emplois contractuels en l’absence de postes stables. Un plan pluriannuel est donc nécessaire pour que les jeunes chercheurs puissent connaître leurs perspectives. En outre, le développement des post-docs laisse penser que le doctorat ne suffit pas pour faire ses preuves et accéder à un emploi stable. Il importe donc de revenir à la reconnaissance du caractère professionnel du doctorat, de donner aux doctorants la possibilité de se consacrer à un véritable travail de recherche rémunéré convenablement et de reprendre le recrutement de jeunes sur des postes stables.

Gilbert BEREZIAT

Président de l’Université Pierre et Marie Curie - Paris 6.

On vient de me confirmer la possibilité pour les thésards financés par des associations caritatives d’accéder au même statut que les allocataires de recherche.

Présidente : Françoise BEVALOT Présidente de l’université de Franche-Comté. Rapporteur : Pascal FOURNIER Président de l’université technologique de Belfort Montbéliard.

La valorisation de la recherche fait partie des missions de l’Université. L’enseignement contribue au passage des connaissances de la recherche vers le milieu extérieur dans la mesure où les étudiants sont amenés à rejoindre le monde économique. Il convient donc de transmettre davantage le goût de l’innovation. La valorisation peut être le fruit d’une collaboration entre l’industrie et l’Université au sein de laboratoires mixtes. Un certain nombre de sujets de recherche fon-damentale viennent également du monde industriel.

Le responsable de l’ANVAR a présenté les missions de son organisme qui consistent davantage à accompagner les démarches qu’à assurer le transfert de connaissances. Dans ce cadre, l’ANVAR a déjà signé une trentaine d’accords et de conventions-cadres avec l’Université.

Des exemples de création d’entreprise ont ensuite été présentés. Le transfert de technologie doit s’insérer dans un cadre négocié qui définit à qui appartient la technologie et comment évoluera la propriété industrielle. La création d’en-treprise ne doit pas être considérée comme une source d’enrichissement de l’Université, mais doit avant tout servir le développement socio-économique. Une présentation de l’incubateur Créalys qui regroupe un certain nombre d’univer-sités et d’écoles dans la région lyonnaise a ensuite été réalisée. Les incubateurs permettent la transition entre l’idée et la création d’entreprise en apportant une évaluation du projet et une aide aux créateurs. Un rapport complet a été réalisé sur ce sujet à la demande du ministère de la Recherche.

La création d’entreprise requiert également un soutien fort des pouvoirs publics et des collectivités locales. La multiplication des agences qui contribuent à la création d’entreprise entraîne un manque de visibilité. Les démarches pourraient être simplifiées et mutualisées. En général, une université n’a pas les moyens de se doter d’une politique de valorisation autonome. Le dépôt de brevets s’avère particulièrement complexe et coûteux pour les établissements qui doivent faire face aux grands groupes mieux armés pour la négociation.

Le sénateur Adnot a, enfin, souligné l’impact de la création de l’université technologique dans son département. Ainsi, même s’il est difficile d’évaluer la valorisation, la présence d’une université produit un impact considérable sur le tissu économique.

Françoise BEVALOT

Présidente de l’université de Franche-Comté.

La nécessité d’une prise en compte de l’activité de valorisation dans la carrière des enseignants-chercheurs et de mieux l’évaluer au sein de l’université a été réaffirmée.

Randy DURAN

Professeur de l’université de Floride, Gainsville, USA.

Bill Gates n’a jamais terminé ses études de deuxième cycle. Beaucoup de mes anciens camarades issus d’écoles d’ingénieur ont créé des start-ups. Ce constat amène donc à orienter notre réflexion vers les possibilités d’inclure davantage les jeunes dans les processus de valorisation.

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Dans le document L’avenir de la recherche publique (Page 32-35)