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II- ÉTUDE DES DIFFÉRENTS CRITÈRES UTILLISABLES EN ODONTOLOGIE

II.1. Modifications des structures dentaires post mortem

L'homme possède deux dentitions successives et trois dentures. Une temporaire et une

permanente, chacune des deux comportant un nombre défini de dents, avec entre les deux une denture mixte comportant à la fois des dents temporaires et des dents permanentes.

Les dents possèdent une morphologie variée au sein d'une même denture. Elles sont

implantées sur le maxillaire et sur la mandibule et leur croissance est limitée dans le temps.

Les dents humaines sont scindées en couronne/racine, ceci étant séparé par le collet. Elles présentent 3 tissus durs minéralisés : l'émail, la dentine et le cément ainsi que d'un tissu conjonctif mou : la pulpe, remplissant la cavité pulpaire.

Fig. 7. L'organe dentaire : coupe schématique d'une molaire inférieure ( Fronty et coll. 2005 )

La dent est constituée des tissus les plus minéralisés de tout l'organisme. L'émail est une structure acellulaire, avasculaire et dépourvu d'innervation; et sa couche externe est plus dure que les couches sous-jacentes ( Cadwell et coll. 1957) (64).

La dentine et le cément sont donc des structures moins dures et les différences de degrés de minéralisation expliquent certaines lésions post mortem comme par exemple la séparation de l'émail et de la dentine par déshydratation.

A la mort d'un individu, les phénomènes physiologiques cessent. L'apposition de dentine et de cément s'interrompt, ainsi l'estimation de l’âge d'un cadavre correspond à l’âge du sujet au moment du décès. Les phénomènes pathologiques cessent également comme par exemple la carie.(64)

Les tissus minéralisés ne sont plus sensibles aux atteintes pathologiques du vivant de l'individu et sont ainsi "stabilisés" et les tissus mous quant à eux disparaissent rapidement. Mais les cellules de la pulpe dentaire, bénéficiant d'une très grande protection mécanique, peuvent être analysés tardivement après le décès, par exemple pour un examen génétique.

Bien que résistante, la dent subit néanmoins certaines altérations comme des craquelures et des fêlures post mortem qui doivent être différenciées des atteintes ante mortem.

Mais cette résistance fait de la dent un indice de choix dans l'identification des cadavres.

Les dents sont parfois lésées par des traumatismes causés lors d'un décès, que ce soit accidentel ou non. Selon Keith-Simpson (96), l'examen de la bouche peut révéler certains détails indiquant la direction et l'intensité de la force, ainsi que la nature de l'instrument utilisé.

La modification de teinte post mortem peut être physiologique, mais il existe aussi un rosissement au niveau de la dentine près de la pulpe dans les cas de strangulation ou de noyade (133,206), qui est dû à une intense congestion pulpaire associée à des micros

hémorragies. Cette coloration apparait dans un délai en général supérieur à une semaine, délai nécessaire à la survenue de l'hémolyse et à l'imprégnation des canalicules, cependant on peut également la retrouver sur les dents de cadavres enterrés depuis deux semaines à 4 ans.

Fig. 8. Deux exemples de coloration rose post mortem transitoire D’après Fronty et coll. 2005 D’après Hinchliffe. 2011

Bien que le système dentaire soit bien protégé par les tissus durs et mous qui l'entourent et même si la dent est l'élément le plus résistant à l'action du feu grâce à son haut degré de minéralisation, il n'en est pas moins vulnérable aux flammes. Ainsi, les dents soumises au feu présentent, outre une fragilisation considérable, des variations de teintes selon la température atteinte et l'exposition plus ou moins directe aux flammes. (64)

A 175°C, l'émail est légèrement jaune et brillant; à 200°C il reste brillant mais un peu grisâtre et à 225°C il prend une coloration grisâtre tachetée de brun rouge. Au-delà de ces

températures, la dent est morphologiquement atteinte, avec des fissures et des fractures.

Fig. 9. Dent antérieure fracturée et décolorée après un accident de voiture et un incendie ( Hinchliffe 2011 )

Fig. 10. Même dentition que dans la fig.9., montrant les dents postérieures et les restaurations protégées des dommages du feu ( Hinchliffe, 2011 )

Fig. 11.a. A la suite d'un incendie dans une maison, des restes d'une femme ont été retrouvés dans un lit. Radiographie antemortem prise en 2006 ( Hinchliffe 2011 )

Fig.11.b. Radiographie post mortem prise en 2009, montrant le traitement dentaire complet, pouvant être comparé avec les radiographies antemortem. (Hinchliffe 2011)

Face aux agressions chimiques, la dent montre une résistance supérieure à l'os, ce qui lui permet d'être le dernier élément préservé lors de la dissolution criminelle des corps dans l'acide ou les bases. Cependant cette propriété a des limites et même l'émail est sensible aux acides.

Les dents ayant séjourné dans de l'acide sulfurique concentrée ne sont plus reconnaissables après un mois d'immersion et sont dissoutes en trois mois.

Le comportement des matériaux de restauration est variable : les ciments disparaissent

rapidement, la résine résiste plus longtemps, l'or résiste mieux que les matériaux non précieux qui se corrodent et la céramique reste intacte. (90,165)

De plus l'organe dentaire, du fait de son fort degré de minéralisation, représente la partie de l'organisme qui se fossilise le plus rapidement.

Cependant, selon la nature du sol, on peut observer des modifications dans la détérioration des corps et de leurs structures.

Par exemple, selon la région, si le terrain est riche en oxyde métallique, on observera une teinte grisâtre, par contre s'il est riche en sels ferreux, on aura une couleur jaune ocre. Pour un terrain acide, on pourra noter une importante déminéralisation de l'émail jusqu'à sa disparition totale.

Un terrain sablonneux pourra, lui, conserver les dents de manière intactes pendant des siècles.

Parfois, les tissus mous sont également bien conservés par momification naturelle.

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