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2.3.2 Critères de jugements secondaires :

4.5 Modification de répartition des diagnostics

Le diagnostic de douleur thoracique est le seul pour lequel une variation positive a été observée en 2020 en référence à 2019, soit +6.1%., ce qui peut potentiellement s’expliquer par la présence de ce symptôme dans les signes de la COVID-19.

Pour l’ensemble des autres diagnostics étudiés, les taux de variation étaient tous négatifs en 2020. Pour les pathologies traumatiques, il semble licite de penser que l’incidence des traumatismes a diminué en raison de l’effet du confinement. De même, il existe peu de pathologies urgentes en dermatologie, faisant suspecter la part importante de consultations non-urgentes ou inappropriées au sein des SU habituellement.

Mais pour les autres pathologies, ces résultats soulèvent plusieurs questions. En effet, si l’on suppose que la fréquence de ces pathologies est stable dans le temps, cela signifie que les patients atteints de ces pathologies ont pu ne pas consulter aux urgences. Possiblement, ces patients ont pu être pris en charge en ville ou par téléconsultation afin d’éviter de fréquenter les SU en raison de la peur de la COVID- 19. L’autre hypothèse est que ces patients ont pu retarder leur évaluation par un médecin, ce qui aurait pu avoir des conséquences délétères, comme l’augmentation de la morbi-mortalité. En effet, une augmentation significative des taux de complications et d’urgences chirurgicales a été observée au Canada chez les patients consultants aux urgences pour douleur abdominale en 2020 (54).

A l’opposé, nous pouvons supposer qu’une partie des patients consultant habituellement aux urgences appartiennent à la catégorie des patients non-urgents, ce qui expliquerait ces résultats. Une autre hypothèse est qu’il existe une possibilité de surestimation de certains diagnostics par les urgentistes habituellement, dans le cadre de formes atypiques ou douteuses de ces pathologies.

Ainsi, il semblerait nécessaire dans le futur, d’étudier l’impact du confinement et des campagnes de santé publique chez les patients porteurs de pathologies chroniques.

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5 Limites de l’étude

Cette étude était rétrospective, ce qui impliquait un biais potentiel lié aux données manquantes. La collection de nos données à partir des RPU a permis d’inclure 97.9% des passages, soit 2.1% de données manquantes sur l’ensemble des passages inclus, ce qui est acceptable étant donné la taille de l’échantillon.

Nos résultats, concordants avec les données de la littérature, ne sont pas extrapolables à d’autres régions. En effet, les SU du DMU de Marseille sont situés au sein de la 2ème ville de France, avec pour recrutement une population essentiellement

urbaine. Il serait intéressant d’élargir le champ de cette étude en incluant des centres hospitaliers régionaux, témoins de l’activité de l’épidémie dans des zones à moins forte densité de population.

La période d’inclusion que nous avons choisi d’étudier est limitée et ne traduit pas directement les effets du confinement puisque nous ne nous sommes pas intéressés à la période pré-pandémique. Il semblerait également judicieux d’établir un comparatif entre la première vague et la deuxième, étant donné les différences dans les mesures gouvernementales.

La définition des cas suspects et des cas confirmés de COVID-19 était basée sur l’utilisation des RPU. De ce fait, une sous-estimation de la classification relative à ces variables a pu affecter nos résultats. Pour les cas suspects, les formes atypiques, non respiratoires et sans contexte fébrile, n’ont donc pas été identifiées mais ce ne sont pas les formes les plus fréquentes. Certains patients n’ont probablement pas été cotés COVID-19, notamment ceux ambulatoires sans signes de gravité, car ils n’ont pas eu de test diagnostic lors du passage aux urgences.

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6 Conclusion :

Depuis le début de l’année 2020, la cinétique de l’épidémie de SARS-Cov-2 a bouleversé l’organisation des systèmes de soin à l’échelle mondiale. Dans les SU, les objectifs étaient multiples associant la nécessité d’absorber la vague de patients COVID-19, d’éviter la contamination des autres consultants et du personnel, et, de continuer à assurer la prise en charge des patients conventionnels.

Dans le DMU de Marseille, nous avons constaté une baisse globale de 34.2% du nombre de passages aux urgences pendant la période du 1er confinement en 2020

comparé à la même période en 2019, concordante avec les données de la littérature. Cependant cet impact de la COVID-19 a été différent entre les deux SU du DMU. Analyser la diminution du nombre de passages aux urgences comme une diminution de l’activité, semble réducteur en raison de la charge en soins requise par les patients suspects COVID-19. L’analyse de l’activité de la période du 1er confinement a confirmé

le bénéfice d’adapter l’organisation des SU, pour optimiser la gestion de cette situation sanitaire exceptionnelle, via l’augmentation des ressources humaines et la création d’un circuit dédié.

Si l’activité liée au COVID-19 était maximale durant les trois semaines suivant le début du confinement total, il semble indispensable de maintenir des capacités d’accueil conséquentes dans les SU pour les patients non suspects COVID-19 car leur proportion est restée stable dans le temps.

De plus, l’augmentation du taux d’hospitalisation des patients diagnostiqués COVID- 19 souligne l’importance de la gestion des lits d’aval à l’échelle de l’institution. Le rôle des services de soins critiques et des unités d’aval dédiés COVID-19 est majeur pour éviter la saturation des SU.

Enfin, les taux de variations de diagnostics observés pendant le confinement pour les pathologies graves et chroniques suggèrent la possibilité d’un impact négatif sur les patients ayant évité de consulter aux urgences. Il semble nécessaire d’évaluer cet impact lors de futurs travaux.

A l’heure actuelle, il semble nécessaire de mettre en perspective nos données, en comparant les périodes du 1er confinement et du 2ème confinement, qui était partiel ; ce

travail ayant eu lieu avant le début de la deuxième vague épidémique dans notre région.

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7 Annexes :

7.1 Annexe 1 : Classification Infirmière des Malades